Sansevieria aethiopica (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Ornemental Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fibre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg


Sansevieria aethiopica Thunb.


Protologue: Prodr. Pl. Cap. 65 (1794).
Famille: Dracaenaceae (APG: Asparagaceae)
Nombre de chromosomes: 2n = 40

Noms vernaculaires

  • Bowstring hemp, piles root, mother-in-law’s tongue (En).
  • Mkonge (Sw).

Origine et répartition géographique

L’aire de Sansevieria aethiopica s’étend en Tanzanie, en Zambie, en Angola, en Namibie, au Botswana, au Zimbabwe et en Afrique du Sud.

Usages

La fibre des feuilles de Sansevieria aethiopica sert à confectionner des ficelles résistantes et des cordages. A l’instar de plusieurs autres espèces du genre, elle est particulièrement prisée pour faire des cordes d’arc, d’où son nom vernaculaire. Les Himbas de Namibie emploient la fibre pour confectionner des vêtements. Au Botswana, on s’en sert pour fabriquer des lignes de pêche ainsi que des filets, et avec les cordages on confectionne des nattes de couchage en ficelant ensemble d’épaisses tiges de papyrus.

Les rhizomes fournissent une eau alimentaire que l’on obtient en mâchant et en recrachant les fibres. Sansevieria aethiopica est planté comme plante ornementale en pots et dans les jardins. L’usage médicinal qui est fait des rhizomes et des feuilles est répandu en Afrique australe. Au Zimbabwe, on fait chauffer les feuilles puis on en presse le jus dans le creux de l’oreille pour soigner les otites, tandis que le rhizome chauffé sert à traiter les maux de dent. On mange les rhizomes frais ou bouillis en cas d’hémorroïdes, de maux d’estomac, d’ulcères, de diarrhées et d’endoparasites. En Namibie, les Bochimans appliquent les feuilles chauffées et broyées en cas de raideur de la nuque pour la soulager. Le jus des feuilles est appliqué sur les plaies pour en accélérer la cicatrisation et sur la poitrine des femmes pour stimuler la lactation.

Production et commerce international

La fibre de Sansevieria est avant tout utilisée localement dans les pays où pousse l’espèce. Aucune donnée récente concernant la production et le commerce de Sansevieria n’est disponible.

Propriétés

Les rhizomes comme les feuilles contiennent de la ruscogénine et des sapogénines apparentées qui ont des propriétés anti-inflammatoires et phlébotoniques. Des essais antibactériens ont donné des résultats négatifs.

Falsifications et succédanés

L’usage traditionnel qui est fait de la fibre de Sansevieria dans certaines parties d’Afrique australe se voit peu à peu supplanter par les fibres du sisal (Agave sisalana Perrine) qui y a été introduit. Toutes les fibres naturelles se heurtent à la forte concurrence des produits synthétiques, comme le polypropylène et le nylon.

Description

Plante herbacée vivace, rhizomateuse, dépourvue de tige, formant généralement de grandes touffes ; rhizome arrondi, souterrain, d’environ 12 mm de diamètre, pourvu de racines fines, fibreuses, orange-gris. Feuilles 13–30 disposées en rosette ; pétiole absent ; limbe étroitement linéaire, de 13–43 cm × 1–2 cm, érigé à faiblement étalé, à demi replié, marbré de bandes foncées, irrégulières, transversales, à bord rouge avec une crête extérieure sans couleur. Inflorescence : grappe spiciforme de 35–75 cm de long, à fleurs denses ; pédoncule avec des bractées membraneuses clairsemées. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ; pédicelle d’environ 5 mm de long ; périanthe tubuleux, d’environ 5 cm de long, globuleux autour de l’ovaire, lobes 6, d’environ 13 mm de long, blancs, pourpres ou crème teintés de rose ou de pourpre ; étamines 6, très exsertes ; ovaire supère, 3-loculaire, style filiforme et long, stigmate capité. Fruit : baie d’environ 10 mm de diamètre, rouge, contenant 1–3 graines. Graines d’environ 5 mm de long, blanches.

Autres données botaniques

Le genre Sansevieria a été diversement inclus dans les familles Amaryllidaceae, Liliaceae, Agavaceae et Dracaenaceae, au vu de ses caractères morphologiques. De récents travaux taxinomiques, se basant sur les caractères moléculaires de l’ADN, ont placé le genre Sansevieria soit dans les familles Convallariaceae, Ruscaceae, soit plus récemment, Asparagaceae. Des propositions ont été faites visant à englober le genre Sansevieria dans son groupe-sœur supposé, les Dracaena. Le genre compte une soixantaine d’espèces, mais étant donné les différents traitements taxinomiques et les délimitations contraires des espèces, il y a lieu de réviser le genre de fond en comble. Récemment, une sous-espèce de Sansevieria aethiopica a été répertoriée au Kenya, mais on ne la connaît à ce jour que d’après le spécimen type.

De nombreuses autres espèces de Sansevieria présentes en Afrique de l’Est et australe sont utilisées comme plantes ornementales, pour leur fibre et en médecine traditionnelle. Sansevieria hyacinthoides (L.) Druce (synonyme : Sansevieria thyrsiflora Petagna) et Sansevieria pearsonii N.E.Br. (synonyme : Sansevieria desertii N.E.Br.) sont utilisées de la même façon que Sansevieria aethiopica. Sansevieria hyacinthoides est indigène de Tanzanie, du Malawi, de Zambie, du Zimbabwe, du Mozambique et d’Afrique du Sud, et présente 2–8 feuilles regroupées en rosette. Sansevieria hyacinthoides a été produit à des fins commerciales au Mexique, et exporté vers les Etats-Unis. Sansevieria pearsonii, qui pousse dans la nature en Angola, en Namibie, au Botswana et au Zimbabwe, compte 5–9 feuilles cylindriques opposées pourvues d’un étroit sillon à l’intérieur. En littérature, le nom Sansevieria guineense a souvent été employé comme synonyme de Sansevieria hyacinthoides. Sansevieria cylindrica Bojer ex Hook. est signalé uniquement en Angola et en Zambie, mais le nom Sansevieria cylindrica a souvent été employé à tort, en dehors de l’aire de l’espèce, pour désigner n’importe quelle plante de Sansevieria pourvue de feuilles cylindriques. Aucun usage n’a été signalé pour cette espèce en Angola ou en Zambie. La véritable Sansevieria zeylanica (L.) Willd. (“Ceylon bowstring hemp”) est indigène du Sri Lanka où elle est cultivée en tant que plante à fibres. Elle a été introduite et naturalisée à Madagascar et à Maurice. Sa présence sur le continent africain n’est pas confirmée. Le nom Sansevieria zeylanica, quand il est appliqué aux spécimens de Sansevieria originaires d’Afrique continentale, désigne avant tout Sansevieria aethiopica.

Anatomie

En coupe transversale, les feuilles de Sansevieria sont divisées en une zone périphérique de chlorenchyme vert, et une zone centrale de cellules capables de stocker l’eau. Les faisceaux de fibres sont présents dans toute la feuille mais ils sont plus grands et plus saillants dans le chlorenchyme.

Croissance et développement

Les espèces de Sansevieria ont une croissance lente et suivent le cycle du métabolisme acide crassulacé (CAM). Les plantes CAM sont capables de fixer le CO2 pendant la nuit et de réaliser la photosynthèse avec des stomates fermés pendant le jour, ce qui limite leur déperdition en eau. Les fleurs de Sansevieria aethiopica, délicatement odorantes, s’ouvrent en fin d’après-midi et restent ouvertes une seule et unique nuit.

Ecologie

Sansevieria aethiopica est présent dans les endroits ouverts secs, les savanes et les zones boisées sur des sols sablonneux ou rocailleux bien drainés. Les Sansevieria spp. ont besoin d’une pluviométrie annuelle minimale d’environ 250 mm. Pour une production commerciale, un climat chaud, humide et des sols bien drainés un peu calcaires sont recommandés. L’ombrage est parfois conseillé, mais ses effets bénéfiques tiennent peut-être davantage à son influence sur l’humidité et les nutriments du sol qu’à un effet direct sur les plantes.

Multiplication et plantation

La multiplication des Sansevieria spp. se fait facilement par division, drageons, boutures de feuilles, graines ou par culture in vitro.

Récolte

Les feuilles sont récoltées durant la saison de végétation car les fibres ramassées pendant la saison sèche sont moins solides. On obtient les meilleurs rendements et la meilleure qualité de fibre en respectant un intervalle entre les récoltes assez long pour ne pas réduire la longueur des feuilles. Une première récolte pourrait avoir lieu 2,5–3,5 ans après la plantation, les suivantes à 2 ans d’intervalle. Si le taux de croissance est élevé, l’intervalle entre les récoltes peut être raccourci.

Rendement

Le meilleur rendement annuel de Sansevieria qui ait été enregistré (3,1 t/ha) a été obtenu grâce à l’hybride “Florida H-13”, un croisement entre Sansevieria trifasciata Prain et Sansevieria pearsonii.

Traitement après récolte

On racle la feuille qui est placée sur une surface molle, en général une jambe ou une cuisse, à l’aide d’un outil en bois, car, autrement si cette opération est pratiquée sur une surface dure, les fibres se brisent. On continue à racler la feuille jusqu’à ce que tous les tissus verts aient été retirés et qu’il ne reste plus que les fibres blanches. Les fibres sont divisées en trois bottes égales, puis sont roulées sur la cuisse avec la paume de la main. On obtient ainsi une ficelle ou une corde très solide. Cette méthode de préparation est couramment employée pour la plupart des espèces de Sansevieria d’Afrique. On met bout à bout de courts morceaux pour former une seule et longue corde. On l’accroche ensuite autour de l’orteil et on la laisse s’enrouler sur elle-même, ce qui a pour effet de donner une corde double, bien plus solide.

Ressources génétiques

Un certain nombre de Sansevieria spp. sont conservées dans des collections de ressources génétiques, notamment dans celles du Millennium Seed Bank Project, au Royaume-Uni, et du National Genebank de Muguga, au Kenya. Sansevieria aethiopica n’est pas menacé d’érosion génétique car aucune étude ne fait état d’une quelconque surexploitation de l’espèce.

Sélection

Aux Etats-Unis, des chercheurs se sont penchés sur plusieurs Sansevieria spp. qui pourraient remplacer le sisal et l’abaca (Musa textilis Née) en tant que source de fibre marine. C’est Sansevieria trifasciata qui a été jugée la mieux adaptée, en raison de la longueur de ses feuilles, de sa teneur en fibre et de sa rusticité. Chez les hybrides avec Sansevieria aethiopica, le port nain de cette dernière s’est avéré dominant, ce qui a limité d’autant l’intérêt pratique que pouvaient représenter ces hybrides pour la production de fibres.

Perspectives

La fibre de Sansevieria aethiopica demeurera importante pour l’usage local. Au cas où la demande mondiale de fibres naturelles viendrait à s’accroître à l’avenir, il faudrait alors songer à une espèce dont le rendement en fibre serait supérieur à celui de Sansevieria aethiopica. Les possibilités d’amélioration génétique et de sélection d’hybrides à fort rendement sont considérables étant donné l’immense pool génétique et le grand nombre d’espèces à l’intérieur du genre Sansevieria.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • Obermeyer, A.A., 1992. Sansevieria. In: Leistner, O.A. (Editor). Flora of southern Africa. Volume 5, part 3. National Botanical Institute, Pretoria, South Africa. pp. 5–9.

Auteur(s)

  • R. Takawira-Nyenya, University of Oslo, Faculty of Mathematics and Natural Sciences, Natural History Museum, P.O. Box 1172, Blindern, N-0318 Oslo, Norway

Citation correcte de cet article

Takawira-Nyenya, R., 2011. Sansevieria aethiopica Thunb. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.

Consulté le 6 mars 2025.


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