Ptaeroxylon obliquum (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
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Médicinal | |
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Fourrage |
Ptaeroxylon obliquum (Thunb.) Radlk.
- Protologue: Sitz.-Ber. Bayer. Akad. 20: 165 (1890).
- Famille: Rutaceae
Noms vernaculaires
- Sneezewood (En).
- Mwandara (Sw).
Origine et répartition géographique
L’aire de répartition de Ptaeroxylon obliquum s’étend depuis la Tanzanie et l’Angola jusqu’à l’Afrique du Sud.
Usages
Le bois est très apprécié pour la réalisation de meubles et de poteaux dans la construction d’habitations. Au Mozambique, il est particulièrement prisé pour la confection des touches de xylophones traditionnels, et à cet effet il est durci au four. Il est également utilisé pour les traverses de chemin de fer et les pieux de clôture résistants. Il convient pour la construction lourde notamment les ouvrages de marine, la parqueterie lourde, la charronnerie, les manches, les articles de sport, les instruments, les jouets, les articles de fantaisie, les équipements de précision, la sculpture, le modelage, les cuves et le tournage. Il sert de bois de feu.
L’écorce, la sciure et la fumée du bois en combustion sont utilisées comme poudre à priser contre les maux de tête. Les infusions d’écorce et de bois passent pour soigner les rhumatismes, l’arthrite et les maladies de cœur. La résine du bois est appliquée sur les verrues et sert à tuer les tiques du bétail. En Namibie, l’infusion de ramilles traite les troubles urinaires. Les copeaux de bois ou la sciure permettent d’éloigner les mites des vêtements. En Tanzanie, la fumée du bois en combustion sert traditionnellement de pesticide aux grains entreposés.
Propriétés
Le bois de cœur est rouge-rose à rouge foncé, virant au brun orangé ou au brun doré à l’air, et il est nettement distinct de l’aubier gris pâle et étroit. Le fil est ondé, le grain fin. Les cernes de croissance sont distincts. Le bois a un lustre satiné et dégage une forte odeur poivrée ; il contient de l’huile qui le rend très inflammable.
C’est un bois lourd, avec une densité d’environ 1000 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche à l’air de manière satisfaisante si le séchage est minutieux. Les taux de retrait sont modérés, de l’état vert à anhydre de 3,6% dans le sens radial et de 5,6% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est stable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 141–150 N/mm², le module d’élasticité de 17 600–17 800 N/mm², la compression axiale de 82–88 N/mm², le cisaillement de 14–15 N/mm², la dureté Janka de flanc de 13 700 N et la dureté Janka en bout de 13 650 N.
Compte tenu de sa dureté, le bois n’est pas difficile à scier, mais difficile à travailler à cause de son fil ondé. Toutefois, il se finit en donnant une surface lisse et lustrée. Les caractéristiques de tournage sont excellentes. Il est nécessaire de faire des avant-trous avant le clouage. Le collage est difficile. C’est un bois extrêmement durable et résistant aux attaques de termites, de Lyctus et de térébrants marins. La sciure est très irritante et peut provoquer des éternuements violents.
Le bois et les feuilles contiennent des chromones ainsi que d’autres composés phénoliques. Certains d’entre eux, la méthylalloptaeroxyline et la perforatine A, ont montré des effets antihypertenseurs. Les 7-hydroxychromones ont une activité anti-oxydante. Ptaeroxylon obliquum manque des limonoïdes que l’on trouve couramment chez les Rutaceae. Un alcaloïde isolé dans l’écorce a montré une activité de dépresseur cardiaque. Des extraits au dichlorométhane de racine, de feuille et de tige ont fait ressortir une activité antiplasmodium modérée in vitro.
Description
- Arbuste ou arbre de taille petite à moyenne, dioïque, généralement caducifolié, atteignant 20(–45) m de haut ; fût souvent rectiligne et cylindrique, jusqu’à 50(–120) cm de diamètre ; surface de l’écorce gris blanchâtre, fissurée longitudinalement chez les grands arbres.
- Feuilles opposées, composées paripennées à 3–8 paires de folioles ; stipules absentes ; pétiole aplati, rachis terminé généralement par un mucron court ; folioles presque sessiles, très asymétriquement oblongues-lancéolées à oblongues-ovales, de 2–6 cm × 0,5–3 cm, à base cunéiforme, à apex émarginé à obtus ou légèrement acuminé, à bord entier, densément couvertes de poils courts lorsque jeunes mais glabrescentes, pennatinervées à nervures latérales étroitement espacées.
- Inflorescence : panicule axillaire resserrée jusqu’à 5 cm de long.
- Fleurs unisexuées, régulières, 4-mères ; pédicelle jusqu’à 6 mm de long ; sépales presque libres, ovales, d’environ 1 mm de long, légèrement poilus ; pétales libres, oblongs, d’environ 5 mm × 1,5 mm, jaune pâle ; fleurs mâles à 4 étamines d’environ 3,5 mm de long et à ovaire rudimentaire minuscule ; fleurs femelles à étamines rudimentaires, à ovaire supère, comprimé latéralement, 2-loculaire, à style plutôt court et stigmate 2-lobé.
- Fruit : capsule oblongue d’environ 2 cm × 1 cm, émarginée à l’apex, brun rougeâtre, à nervures réticulées, déhiscente par 2 valves, renfermant 2 graines.
- Graines à grande aile terminale, d’environ 16 mm × 6 mm.
Autres données botaniques
Ptaeroxylon obliquum pousse relativement vite : entre 40–100 cm/an en hauteur lorsque les conditions sont bonnes. En Afrique australe, les arbres fleurissent en août–décembre lorsqu’ils sont encore défeuillés, en général peu avant que les nouvelles feuilles n’apparaissent. Un arbre en fleurs peut être un spectacle étonnant. Les fruits mûrissent environ 2 mois après la floraison, les fruits mûrs restant sur l’arbre pendant quelque temps.
Le genre Ptaeroxylon est monotypique. Il a été situé dans les Meliaceae et les Sapindaceae et, dans des flores plus récentes, dans les Rutaceae. Dans les années 1970, il a été retiré des Rutaceae pour former une famille à part, les Ptaeroxylaceae, de même que Cedrelopsis de Madagascar, puis plus tard également Bottegoa d’Afrique de l’Est ; d’après une analyse phylogénétique des données moléculaires plus récente, il semblerait qu’il soit plus logique de l’inclure dans la famille élargie des Rutaceae.
Ecologie
On trouve Ptaeroxylon obliquum dans la forêt sèche sempervirente, souvent associé à Podocarpus et Juniperus, et en brousse, du niveau de la mer jusqu’à 2000 m d’altitude. Il tolère la sècheresse et supporte un gel modéré. Il accepte les sols sableux ou rocailleux bien drainés, mais c’est sur des sols schisteux ou contenant de la chaux qu’il se développe le mieux.
Gestion
La régénération naturelle s’effectue souvent en lisière de forêt, mais des plants ont également été observés dans des plantations de Pinus en Afrique du Sud. La régénération peut être abondante lorsqu’une importante clairière ouvre la canopée, les semis pouvant alors recouvrir le sol de la forêt dénudé après la perturbation. On peut ramasser les graines juste avant que les fruits ne s’ouvrent. Aucun prétraitement n’est nécessaire avant le semis. Les graines peuvent être semées dans un mélange à part égale de sable de rivière et de compost, puis recouvertes d’une fine couche de sable. Le taux de germination des graines fraîches est généralement élevé, mais elles perdent rapidement leur viabilité, en l’espace de quelques mois. Un kg contient environ 30 000 graines. Il est recommandé de repiquer les semis lorsqu’ils ont 3 feuilles. Les drageons peuvent aussi servir à la multiplication. Les arbres peuvent être traités en taillis, le recrû intervenant sur environ 75% des tiges coupées. La pourriture du cœur des grumes a été signalée comme fréquente.
Ressources génétiques
Bien que Ptaeroxylon obliquum soit répandu, son aire de répartition se divise en 3 zones d’ampleur différente : (1) le long de la côte angolaise et dans le nord de la Namibie, (2) dans le nord-est de la Tanzanie (les monts Usambara occidentaux), et (3) depuis le Zimbabwe et le sud du Mozambique jusqu’à l’est de l’Afrique du Sud. A cause de son aire de répartition disjointe, cette espèce peut être sujette à l’érosion génétique, en particulier dans les deux premières zones, qui sont comparativement petites et où Ptaeroxylon obliquum semble être peu commun. C’est un arbre protégé en Afrique du Sud, où autrefois d’énormes quantités d’arbres ont été abattues pour le bois d’œuvre et le combustible et où il s’est raréfié, surtout en ce qui concerne les individus de grande taille. Au Mozambique, il est très demandé pour la confection des touches de xylophones traditionnels et a été surexploité.
Perspectives
Ptaeroxylon obliquum est considéré comme une essence à bois d’œuvre précieuse d’Afrique, qui jouit d’une solide réputation grâce à sa durabilité. Du fait de sa forte densité et de sa grande solidité, elle convient particulièrement aux applications spécifiques locales, moins en revanche à l’exportation. Toutefois, il semblerait que dorénavant il faille la conserver. La recherche devrait se pencher davantage sur les propriétés insecticides du bois.
Références principales
- Archer, R. & Reynolds, Y., 2001. Ptaeroxylon obliquum. [Internet] South African National Biodiversity Institute, Cape Town, South Africa. http://www.plantzafrica.com/ plantnop/ptaeroxylonobliq.htm. September 2007.
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Autres références
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Auteur(s)
- R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Lemmens, R.H.M.J., 2008. Ptaeroxylon obliquum (Thunb.) Radlk. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 22 décembre 2024.
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