Phragmites karka (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Phragmites karka (Retz.) Trin. ex Steud.


Protologue: Nomencl. Bot., ed. 2 (Steudel), 2: 324 (1841).
Famille: Poaceae (Gramineae)
Nombre de chromosomes: 2n = 18, 24, 36, 38, 48

Synonymes

  • Arundo karka Retz. (1786),
  • Phragmites vallatoria (Pluk. ex L.) Veldkamp (1992).

Noms vernaculaires

  • Roseau (Fr).
  • Reed, tropical reed, flute reed, nodding reed (En).
  • Caniço (Po).

Origine et répartition géographique

Phragmites karka est présent de l’Afrique jusqu’en Australie et en Océanie, en passant par l’Inde et l’Asie du Sud-Est. En Afrique tropicale, il se rencontre du Sénégal jusqu’en Erythrée et vers le sud jusqu’au Kenya et en Ouganda ; sa présence est également signalée à Madagascar.

Usages

Les tiges de Phragmites karka sont utilisées aux mêmes fins que celles de Phragmites australis (Cav.) Trin. ex Steud., plus commun : pour la couverture des toits, la construction de murs, cloisons et clôtures, ainsi que pour de nombreux produits de vannerie, tels que des nattes, des paniers, des chapeaux, des éventails, des sacs et des sacs à main. Dans la partie nord du Ghana, par exemple, les paniers Bolga du commerce sont faits de ficelle tressée avec des tiges fendues de Phragmites karka. Les tiges avec des panicules servent de balais. Les meilleurs balais sont faits de tiges avec de très jeunes panicules. Les tiges ont été utilisées pour faire des conduites d’eau et des fûts de flèches. En Ouganda, la tige sert à fabriquer des pièges à oiseaux. Au Ghana, on utilise les tiges creuses pour faire des flûtes, des pipes et des sifflets et, au Nigeria, les tiges servent à fabriquer des becs de flûtes. En Inde, les tiges sont une source pour la fabrication de pâte à papier. Il convient également pour fabriquer des planches de bonne qualité et un solvant chimique, le furfural.

En Afrique et en Asie, les jeunes pousses sont consommées, principalement en temps de famine. Les jeunes pousses font également un bon fourrage. Phragmites karka peut être utilisé pour stabiliser des sols, en particulier sur les berges de lacs et de cours d’eau. Il est planté dans des bassins et des zones humides artificielles, principalement pour traiter les eaux usées domestiques et industrielles. Les tiges sèches servent de combustible lorsqu’on ne dispose pas de meilleurs matériaux. Les feuilles sont utilisées comme engrais dans les plans d’eau. Des formes panachées sont plantées comme plantes ornementales.

En médecine traditionnelle en Inde, les racines sont utilisées pour soigner les fractures, et la plante entière est utilisée contre les douleurs rhumatismales. Les rhizomes et racines sont anti-émétiques et diaphorétiques et sont utilisés pour traiter le diabète.

Production et commerce international

Bien que Phragmites karka soit couramment utilisé, aucun renseignement n’est disponible sur sa production et son commerce.

Propriétés

Le roseau séché à l’étuve (tige avec inflorescences) de Phragmites karka contient environ 55% de cellulose (méthode de Cross et Bevan), 23% de pentosanes, 26% de lignine et 3% de cendres. Des pâtes appropriées au papier à lettres et au papier d’impression peuvent être obtenues à partir du roseau grâce à des procédés à base de soude ou de sulfate, avec un rendement en pâte blanchie d’environ 40%. Les fibres de la pâte font (0, 5–)1,2(–3,2) mm de long et (6,6–)11,6(–19,8) μm de large. Les fibres étant très courtes, les pâtes de Phragmites karka doivent être mélangées avec des pâtes à longues fibres pour être utilisées dans des machines à papier commerciales.

Plusieurs projets en Asie ont démontré que des zones humides artificielles, où Phragmites karka est une des espèces composant la flore, permettent un traitement des eaux usées domestiques très efficace dans des conditions tropicales et également l’élimination des éléments nutritifs et des métaux lourds. En Inde, dans une zone humide artificielle avec Phragmites karka planté dans le dernier carré et traitant un effluent de distillerie traité conventionnellement, environ 50% des matières organiques et de l’azote restant ont été éliminés ainsi que 80% du phosphate restant.

Description

Graminée vivace, vigoureuse, érigée, fortement touffue, à rhizome étendu, rampant, ramifié ou à stolons atteignant 20 m de long ; tige (chaume) de 2–8 m de haut et 1,5 cm de diamètre, très trapue, souvent ligneuse à entrenœuds creux et à nœuds glabres. Feuilles alternes et simples ; gaines plus longues que les entrenœuds, d’abord imbriquées et serrées, puis glissant de la tige, arrondies dorsalement, striées, glabres ou poilues à proximité de la ligule ; ligule d’environ 1 mm de long, frangée de poils ; limbe linéaire, de 20–80 cm × 1–4 cm, base élargie, bord lisse ou rugueux, apex raide et effilé à aigu, glabre au-dessus, scabre au-dessous vers l’apex, habituellement à 2–3 dépressions peu profondes. Inflorescence : panicule lâche de 20–75 cm de long avec un axe central relativement vigoureux et des ramifications densément groupées, minces, rugueuses, érigées ou pendantes, plusieurs fois ramifiées. Epillets de 10–12 mm de long, sur un pédicelle de 2–10 mm de long, à 3–7 fleurs, rachille à nombreux poils fins blanc-argenté de 4–8 mm de long ; fleur la plus basse stérile ou mâle et persistante, fleurs suivantes bisexuées et se désarticulant au-dessous de chaque fleur fertile ; glumes carénées, ovales-lancéolées, de 3–4,5 mm de long, à 3(–5) nervures, aiguës, sans arête, glume supérieure plus grande que celle d’au-dessous ; lemme étroitement elliptique, de 7–12 mm de long ; paléole de 2,5–3 mm de long, scabre sur les nervures ; étamines 2 ou 3 ; pistil à ovaire stipité, 2 styles à stigmates plumeux exserts latéralement près de la base de l’épillet. Fruit : caryopse (grain), surmonté par la base stylaire.

Autres données botaniques

Phragmites est un genre cosmopolite d’environ 4 espèces, dont 3 existent en Afrique tropicale. Les espèces sont très similaires, leurs caractères distinctifs se chevauchent et des combinaisons de caractères sont nécessaires pour distinguer les espèces. Le genre est parfois considéré comme monospécifique. On estime parfois que les différences entre Phragmites karka et Phragmites mauritianus Kunth sont trop faibles pour les considérer comme des espèces différentes ; dans la Flore de l’Ethiopie, par exemple, tous les spécimens antérieurement identifiés comme Phragmites mauritianus sont inclus dans Phragmites karka. Toutefois, des analyses génétiques indiquent que les 4 espèces forment des groupes distincts.

Croissance et développement

Les feuilles de Phragmites karka ont des gaines mobiles qui permettent aux feuilles de tourner sous le vent. Dans un peuplement naturel du Rajasthan (Inde), on a mesuré une biomasse sèche debout au-dessus du sol de 4,2–6,7 kg/m², et une biomasse souterraine de 0,8–1,2 kg/m² ; dans une population issue de plantation, la biomasse sèche au-dessus du sol était de 16,7 kg/m².

Ecologie

Phragmites karka est présent dans les régions tropicales et subtropicales en eau douce et sur des sols marécageux saumâtres ou inondés en saison, ainsi que dans des endroits humides, tels que des berges de rivières et de lacs. Il pousse dans les eaux stagnantes et courantes, habituellement sur des sols argileux fortement acides à légèrement alcalins. Les Fulanis, en Afrique de l’Ouest, considèrent sa présence comme une indication de fertilité du sol. Dans les eaux peu profondes, Phragmites karka peut former des masses étendues de végétation qui sont des lieux importants pour l’alimentation et la reproduction des poissons. Les graines d’arbres de la forêt environnante peuvent germer sur ces masses de roseaux, permettant l’extension progressive de la forêt sur le marécage. Phragmites karka peut devenir une adventice dans les systèmes d’irrigation et les rizières.

Multiplication et plantation

Phragmites karka se répand naturellement et peut se multiplier par division et par graines. Une procédure a été développée pour la micropropagation à grande échelle de Phragmites karka à partir de bourgeons axillaires, les bourgeons des parties inférieures et médianes de la tige donnant les meilleurs résultats. La formation de multiples rameaux et de racines survient sur un milieu de base de Murashige et Skoog enrichi avec 0,5 mg/l de benzyladénine (BA), 0,5 mg/l de kinétine et 2% de saccharose.

Gestion

Phragmites karka tolère un léger pâturage, mais en cas de pâturage important il est remplacé par des espèces moins appétentes. On peut le maîtriser à l’état adventice par un lourd pâturage ou par drainage et brûlage. Le brûlage est toléré lorsque les plantes sont inondées.

Rendement

Aucun renseignement n’est disponible sur le rendement de Phragmites karka en Afrique tropicale. Un peuplement homogène de Phragmites karka dans un système marécageux artificiel pour le traitement des eaux usées en Inde centrale a produit environ 12 kg/m² de biomasse sèche en 1 an, dont environ 11 kg/m² était au-dessus du sol.

Traitement après récolte

Avant d’utiliser les tiges comme matériau de couverture, les parties de feuilles restantes sont retirées. La tige peut être fendue avant d’être utilisée pour la couverture des toits. Sur l’île de Java, en Indonésie, les tiges sont parfois aplaties au marteau, coupées en deux, séchées et raclées avant d’être utilisées pour de la vannerie très grossière. Des balais sont fabriqués en attachant fermement les tiges à un morceau de bambou ou de bois central d’environ 2 cm de diamètre, les panicules étant disposées en éventail.

Ressources génétiques

Phragmites karka est répandu et dominant par endroits dans son milieu ; il n’est pas menacé d’érosion génétique. Quelques entrées de Phragmites karka sont incluses dans des collections de ressources génétiques de canne à sucre en Inde.

Sélection

Aucun programme de sélection ou d’amélioration génétique n’est connu.

Perspectives

Phragmites karka et les espèces de Phragmites apparentées resteront probablement une source de matériau pour la couverture et la vannerie ; là où de grands peuplements existent, la récolte commerciale peut devenir plus importante. Il est probable qu’il devienne également plus important dans le traitement biologique des eaux usées et des effluents industriels et pour la stabilisation des berges de cours d’eau et de lacs. Il serait souhaitable que la recherche s’intéresse à la taxinomie du genre Phragmites et également à la répartition de ses espèces.

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Sources de l'illustration

  • Oyen, L.P.A., 2003. Phragmites vallatoria (Pluk. ex L.) J.F. Veldkamp. In: Brink, M. & Escobin, R.P. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 17. Fibre plants. Backhuys Publishers, Leiden, the Netherlands. pp. 209–211.

Auteur(s)

  • L.P.A. Oyen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Oyen, L.P.A., 2011. Phragmites karka (Retz.) Trin. ex Steud. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.

Consulté le 31 mars 2025.


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