Microberlinia brazzavillensis (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
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Médicinal | |
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Microberlinia brazzavillensis A.Chev.
- Protologue: Rev. Int. Bot. Appl. Agric. Trop. 26: 588 (1946).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Noms vernaculaires
- Zingana, zebrano (Fr).
- African zebrawood, zingana, zebrano (En).
Origine et répartition géographique
Microberlinia brazzavillensis est présent au Gabon et au Congo.
Usages
Le bois, commercialisé sous l’appellation “zingana” et “zebrano”, est essentiellement employé pour la confection de mobilier décoratif, le tournage, les placages tranchés et les faces de contreplaqué. On s’en sert également en parqueterie et pour la confection d’instruments de musique tels que les guitares et les tambours, de même que pour la fabrication de skis. Il convient pour la construction, la menuiserie, les boiseries intérieures, les étais de mines, la construction navale, la charronnerie, les traverses de chemin de fer, les échelles, les articles de sports, les jouets et les articles de fantaisie, les manches d’outils et la production de pâte à papier. Au Gabon, on s’en sert de bois de feu.
En médecine traditionnelle congolaise, on se frictionne le corps avec les feuilles broyées pour soigner les rhumatismes et l’œdème des jambes.
Production et commerce international
Dans les années 1960, le Gabon a exporté en moyenne 230 m³/an de sciages de “zingana”. Selon les statistiques de l’ATIBT, le Gabon a exporté 2000 m³ de grumes de zingana en 2001, 9000 m³ en 2002, 6000 m³ en 2003, 7500 m³ en 2004, 11 800 m³ en 2005, 11 500 m³ en 2008 et 15 000 m³ en 2009. Le Cameroun a exporté 1500 m³ de sciages en 2006, mais il s’agit probablement de Microberlinia bisulcata A.Chev., qui est vendu également en tant que “zingana”.
Propriétés
Le bois de cœur, brun jaunâtre pâle avec d’étroites stries brun foncé, prend une teinte lustrée brun doré lorsqu’il est exposé à l’air, et se distingue nettement de l’aubier blanchâtre et de 10 cm de large. Le fil est généralement ondé ou contrefil, le grain grossier mais régulier. C’est un bois lustré. Les rayures donnent aux surfaces sciées sur quartier un aspect très décoratif. Le bois frais dégage une odeur désagréable qui disparaît au séchage.
C’est un bois de poids moyen à lourd, avec une densité de 690–880 kg/m³ à 12% d’humidité, et dur. Il faut le faire sécher lentement et l’empiler avec soin ; il existe un risque sérieux de déformation. Afin de limiter les dégâts lors du séchage, il est recommandé de le débiter sur quartier. Les taux de retrait sont élevés, de l’état vert à anhydre ils sont de 4,8–9,6% dans le sens radial et de 7,3–12,3% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est modérément stable en service.
A 12% d’humidité, le module de rupture est de 72–147(–198) N/mm², le module d’élasticité de 16 200–17 500 N/mm², la compression axiale de 51–77 N/mm², le cisaillement de 7,5–12,5 N/mm², le fendage de 13–26 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 4,1–6,1.
Le bois se scie assez facilement, mais il peut arriver qu’en le tronçonnant on obtienne des surfaces rugueuses. Au rabotage, il est difficile d’obtenir une surface lisse en raison de la présence du contrefil ; le ponçage permet une jolie finition. Au cours de la plupart des opérations, le bois désaffûte modérément les outils. Comme il a tendance à se fendre au clouage, les avant-trous sont nécessaires. Les caractéristiques de collage sont bonnes, et le bois se polit et se vernit bien. Il se tranche bien mais les placages doivent être manipulés avec précaution afin d’éviter les fissures.
Le bois de cœur est durable. Il résiste moyennement aux termites et aux attaques cryptogamiques, mais bien aux térébrants du bois sec. L’aubier est sujet à celles des Lyctus. Le bois de cœur est extrêmement rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation, ce qui rend nécessaire un traitement par incision, contrairement à l’aubier qui est perméable. Des cas d’asthme dus à l’exposition à la sciure ont été signalés.
Falsifications et succédanés
Le bois est assez proche en apparence de celui de Julbernardia pellegriniana Troupin.
Description
- Arbre de taille moyenne à grande atteignant 45 m de haut ; fût dépourvu de branches sur 15 m, droit et cylindrique, jusqu’à 150 cm de diamètre, normalement à contreforts plutôt bas ; surface de l’écorce écailleuse, rougeâtre, écorce interne fibreuse, rose ; cime dense ; rameaux à pubescence courte.
- Feuilles alternes, composées paripennées à 7–14 paires de folioles ; stipules libres, oblongues-linéaires, d’environ 1 cm de long, caduques ; pétiole et rachis mesurant ensemble 6–7 cm de long, sillonnés, plus ou moins ailés, légèrement poilus mais devenant glabres ; folioles opposées, sessiles, oblongues, de 10–16 mm × 5–7 mm, tronquées à la base, asymétriques, arrondies ou faiblement émarginées à l’apex, glabres, pennatinervées.
- Inflorescence : panicule terminale, à pubescence rougeâtre.
- Fleurs bisexuées, zygomorphes, 5-mères ; pédicelle de 1–5,5 mm de long, pourvu à l’apex de 2 bractéoles ovales, épaissies, poilues, de 7,5–10 mm de long ; sépales inégaux, de 5–7 mm × 1–3 mm, 2 soudés et 3 libres, glabres ; pétales libres, oblongs-spatulés, de 6–7 mm × 2–3 mm, 1 légèrement plus large que les 4 autres, en onglet, presque glabres, habituellement blancs ; étamines 10, 9 soudées à la base mais 1 libre, de 9–11 mm de long ; ovaire supère, à stipe long, style long et élancé.
- Fruit : gousse oblongue de 18 cm × 5 cm, aplatie, à stipe net à la base, en pointe à l’apex, à crête longitudinale exserte, glabre, déhiscente par 2 valves ligneuses, contenant 3–6 graines.
- Graines elliptiques, d’environ 2 cm × 1,5 cm, aplaties, noires.
- Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 3–8,5 cm de long, épicotyle de 3–6,5 cm de long ; 2 premières feuilles opposées, à 8–11 paires de folioles.
Autres données botaniques
Le genre Microberlinia comprend 2 espèces limitées à l’Afrique centrale.
Microberlinia bisulcata
Microberlinia bisulcata A.Chev. est un arbre de taille moyenne à grande atteignant 45 m de haut, à fût cylindrique dépourvu de branches sur 20 m et mesurant jusqu’à 75 cm de diamètre, probablement endémique du Cameroun. Son bois est vendu sous les mêmes noms commerciaux que celui de Microberlinia brazzavillensis, a les mêmes usages et présente les mêmes propriétés ; sa densité est de 700–850 kg/m³ à 12% d’humidité. Microberlinia bisulcata est classé comme en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’UICN, le défrichage à des fins agricoles ayant provoqué le déclin à grande échelle de son milieu, et l’exploitation celui de ses peuplements.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 43 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux ≥ 200 μm ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; (47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré) ; (58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur).
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses ; 70 : fibres à parois très épaisses.
- Parenchyme axial : 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 81 : parenchyme axial en losange ; 82 : parenchyme axial aliforme ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 85 : parenchyme axial en bandes larges de plus de trois cellules ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale.
- Rayons : 96 : rayons exclusivement unisériés ; 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; (106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées) ; 115 : 4–12 rayons par mm ; 116 : ≥ 12 rayons par mm.
- Structure étagée : (122 : rayons et/ou éléments axiaux irrégulièrement étagés (échelonnés)).
- Eléments sécrétoires et variantes cambiales : (131 : canaux intercellulaires d’origine traumatique).
- Inclusions minérales : (136 : présence de cristaux prismatiques) ; (142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial) ; (143 : cristaux prismatiques dans les fibres).
(S. N’Danikou, P.E. Gasson & E.A. Wheeler)
Croissance et développement
La floraison et la fructification ont lieu à la fin de la saison des pluies.
Ecologie
Microberlinia brazzavillensis est présent dans les zones de savane, en lisière de forêts, en bordure de rivières, et sur les berges des lagunes sur sol sablonneux ; les arbres sont normalement isolés ou poussent en petits groupes, mais parfois en peuplements presque purs.
Récolte
Au Gabon, le diamètre de fût minimum autorisé pour l’abattage est de 70 cm.
Traitement après récolte
Les grumes sont souvent débarrassées de l’aubier avant d’être exportées.
Ressources génétiques
Microberlinia brazzavillensis est classé comme vulnérable sur la Liste rouge de l’UICN car les peuplements sont souvent de petite taille et les arbres souvent disséminés, avec moins d’un arbre par km².
Perspectives
Le bois de Microberlinia brazzavillensis est très décoratif grâce à ses rayures, mais il se travaille assez difficilement. Il pénètre sur le marché international, mais étant donné que sa distribution est limitée et qu’il est jugé vulnérable, il faut veiller à garantir son exploitation durable.
Références principales
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- Takahashi, A., 1978. Compilation of data on the mechanical properties of foreign woods (part 3) Africa. Shimane University, Matsue, Japan. 248 pp.
- Wieringa, J.J., 1999. Monopetalanthus exit: a systematic study of Aphanocalyx, Bikinia, Icuria, Michelsonia and Tetraberlinia (Leguminosae, Caesalpinioideae). Wageningen Agricultural University Papers 99(4). Wageningen Agricultural University, Wageningen, Netherlands. 320 pp.
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Autres références
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- ATIBT (Association Technique Internationale des Bois Tropicaux), 2007. Statistiques. La lettre de l’ATIBT 26: 38–52.
- Aubréville, A., 1970. Légumineuses - Césalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Cameroun. Volume 9. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 339 pp.
- Bâ, M., Plenchette, C., Duponnois, R., Moyersoen, B. & Diédhiou, A.G., 2012. Ectomycorrhizal symbiosis of tropical African trees. Mycorrhiza 22: 1–29.
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- Bush, R.K., Yunginger, J.W. & Reed, C.E., 1978. Asthma due to African zebrawood (Microberlinia) dust. The American review of Respiratory Disease 117(3): 601–603.
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- CTFT (Centre Technique Forestier Tropical), 1949. Zingana. Fiche botanique et forestière. Bois et Forêts des Tropiques 9: 71–74.
- Keay, R.W.J., Hoyle, A.C. & Duvigneaud, P., 1958. Caesalpiniaceae. In: Keay, R.W.J. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 1, part 2. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 439–484.
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- Phongphaew, P., 2003. The commercial woods of Africa. Linden Publishing, Fresno, California, United States. 206 pp.
- Raponda-Walker, A. & Sillans, R., 1961. Les plantes utiles du Gabon. Paul Lechevalier, Paris, France. 614 pp.
- Vivien, J. & Faure, J.J., 1985. Arbres des forêts denses d’Afrique Centrale. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 565 pp.
Sources de l'illustration
- Aubréville, A., 1968. Légumineuses - Caesalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Gabon. Volume 15. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 362 pp.
- de Saint-Aubin, G., 1963. La forêt du Gabon. Publication No 21 du Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 208 pp.
Auteur(s)
- M. Brink, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Brink, M., 2012. Microberlinia brazzavillensis A.Chev. In: Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. Consulté le 22 décembre 2024.
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