Marantochloa congensis (PROTA)
Introduction |
Marantochloa congensis (K.Schum.) J.Léonard & Mullend.
- Protologue: Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 83: 17 (1950).
- Famille: Marantaceae
Noms vernaculaires
- Yoruba soft cane (En).
Origine et répartition géographique
Marantochloa congensis est présent de la Guinée et de la Sierra Leone jusqu’en Centrafrique, en R.D. du Congo, au Burundi et à Cabinda (Angola).
Usages
La tige et l’écorce de tige sont couramment utilisées pour faire des cordages et pour tresser des nattes, des paniers et des objets ornementaux. Les pétioles sont également signalés comme servant à lier et tresser. On utilise les feuilles pour emballer. En R.D. du Congo, les plantes sont disposées sur le sol pour y dormir. La tige séchée y est utilisée comme tison.
En médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire, les feuilles sont mastiquées et l’extrait est absorbé pour traiter la diarrhée ; une sauce à base de feuilles broyées avec des palmistes et de la viande est consommée contre les palpitations. Au Congo, le jus de racines se prend comme purgatif et les feuilles font partie d’une préparation absorbée comme boisson en cas de menstruations douloureuses et abondantes.
Propriétés
Les cordages en écorce de tige sont résistants, mais les nattes et paniers ne sont pas durables, car les bandes d’écorce perdent rapidement leur flexibilité et tendent à casser facilement une fois sèches.
Botanique
Plante herbacée vivace, érigée ou buissonnante, atteignant 4 m de haut, à rhizome ; tiges ramifiées. Feuilles alternes, antitropes (côté large du limbe alternativement à droite et à gauche) ; pétiole s’engainant à la base, les parties non calleuse et calleuse du pétiole non séparées par une articulation, la partie non calleuse atteignant environ 5 mm de long, la partie apicale calleuse de 2–7(–10) mm de long et souvent poilue, la transition du pétiole dans la nervure médiane marquée par un bec sur la face supérieure, mais continue sur la face inférieure ; limbe asymétrique, atteignant 20 cm × 10 cm, base arrondie, apex acuminé, la pointe n’étant habituellement pas alignée avec la nervure médiane. Inflorescence lâche, d’environ 10 cm de long, pas ou peu ramifiée, munie aux nœuds de bractées abaxiales persistantes de 1–2 cm de long avec des cymules à 2 fleurs ; cymule munie d’une bractée adaxiale, pédoncule d’environ 2 cm de long. Fleurs bisexuées, zygomorphes, blanches ou jaunes ; pédicelle atteignant 5 mm de long ; bractéole absente ; sépales libres, égaux, de 3–4 mm de long ; corolle d’environ 5 mm de long, tubuleuse au-dessous, à 3 lobes ; staminodes et étamine en 2 cycles, formant à la base un tube soudé au tube de la corolle, cycle extérieur constitué de 2 staminodes pétaloïdes, cycle intérieur constitué de 1 étamine et 2 staminodes, dont 1 cucullé avec un appendice en coussin ; ovaire infère, densément poilu, 3-loculaire. Fruit : capsule déhiscente, globuleuse, 3-lobée, lisse, à périanthe fané caduc. Graines à arille basal.
Les fleurs sont pollinisées par les abeilles. La production de fruits est faible, mais compensée par une reproduction végétative vigoureuse via les rhizomes et les pousses adventives à l’aisselle des feuilles et à l’inflorescence.
Le genre Marantochloa comprend environ 15 espèces, réparties dans les zones humides d’Afrique tropicale. Il s’apparente étroitement au genre Ataenidia. Marantochloa cordifolia (K.Schum.) Koechlin est une plante herbacée vivace atteignant 2 m de haut, répartie au Cameroun, au Gabon, au Congo et à Cabinda (Angola). L’écorce de sa tige ou de son pétiole est utilisée pour faire des cordages et pour tisser des nattes, des paniers et des gaines de couteau, et la moelle est transformée en balais. L’espèce est parfois plantée au Cameroun. Marantochloa monophylla (K.Schum.) D’Orey (synonyme : Marantochloa holostachya (Baker) Hutch.) est une plante herbacée vivace atteignant 2 m de haut, avec une tige portant seulement 1–2 feuilles. Il est présent au Nigeria, au Cameroun, en Centrafrique, en Guinée équatoriale, au Gabon, au Congo, en R.D. du Congo et à Cabinda (Angola). Ses feuilles sont utilisées pour envelopper les aliments en cuisine ; on dit qu’elles donnent une bonne odeur aux aliments. Au Gabon, les feuilles sont utilisées comme bouchon pour les calebasses. En R.D. du Congo, la nervure médiane de la feuille est utilisée pour la pêche aux crabes. En médecine traditionnelle en R.D. du Congo, la poudre de feuilles séchées est frottée dans des scarifications sur le ventre de la femme pour faciliter la grossesse. En R.D. du Congo, Marantochloa monophylla est parfois planté dans les champs avec d’autres espèces, pour améliorer leur rendement.
Ecologie
Marantochloa congensis se rencontre depuis le niveau de la mer jusqu’à 1200 m d’altitude dans des endroits humides et ombragés de la forêt, dont la forêt primaire, la forêt secondaire, la ripisylve, la forêt marécageuse, la forêt-galerie, les forêts périodiquement inondées, la forêt mixte et les taillis.
Ressources génétiques
Etant donné sa vaste répartition et sa reproduction végétative vigoureuse, Marantochloa congensis ne semble pas menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Marantochloa congensis est une source locale de matériau de ligature, de vannerie et d’emballage largement utilisée. Aucun renseignement n’est disponible sur le commerce local de ses produits, et il n’existe aucune mention de surexploitation de l’espèce, mais la plante peut avoir un potentiel en culture, et la recherche sur sa multiplication et les pratiques culturales peut donc s’avérer utile.
Références principales
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- Koechlin, J., 1965. Marantaceae. Flore du Cameroun. Volume 4. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. pp. 99–157.
- Tanno, T., 1981. Plant utilization of the Mbuti Pygmies - with special reference to their material culture and use of wild vegetable foods. African Study Monographs 1: 1–53.
- Terashima, H. & Ichikawa, M., 2003. A comparative ethnobotany of the Mbuti and Efe hunter-gatherers in the Ituri forest, Democratic Republic of Congo. African Study Monographs 24(1–2): 1–168.
Autres références
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- Hawthorne, W. & Jongkind, C., 2006. Woody plants of western African forests: a guide to the forest trees, shrubs and lianes from Senegal to Ghana. Kew Publishing, Royal Botanic Gardens, Kew, United Kingdom. 1023 pp.
- Hepper, F.N., 1968. Marantaceae. In: Hepper, F.N. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 3, part 1. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 79–89.
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- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
- Pischtschan, E., Ley, A.C. & Claβen-Bockhoff, R., 2010. Ontogenetic and phylogenetic diversification of the hooded staminode in Marantaceae. Taxon 59(4): 1111–1125.
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Auteur(s)
- M. Brink, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 18 décembre 2024.
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