Laportea aestuans (PROTA)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Prota logo vert.gif
Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svg
Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Légume Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Médicinal Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fibre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Laportea aestuans (L.) Chew


Protologue: Gard. Bull. Sing. 21: 200 (1965).
Famille: Urticaceae

Synonymes

  • Fleurya aestuans (L.) Gaudich. (1830),
  • Laportea bathiei Leandri (1965).

Noms vernaculaires

  • Stinging nettle, West Indian nettle, West Indian woodnettle (En).

Origine et répartition géographique

Laportea aestuans est largement réparti en Afrique tropicale, du Sénégal jusqu’en Erythrée et vers le sud jusqu’en Angola, au Zimbabwe et au Mozambique, ainsi qu’à Madagascar. Il est également présent au Yémen, en Asie tropicale et en Amérique tropicale.

Usages

On tire de la tige une fibre utilisée pour faire du fil, de la ficelle et des cordes. Les feuilles légèrement mucilagineuses sont souvent consommées comme légume et en soupe. La plante est la nourriture préférée de l’escargot comestible géant Achatina achatina.

Laportea aestuans est couramment utilisé en médecine traditionnelle africaine. La bouillie de plante entière écrasée ou le jus de la plante s’ingèrent comme vermifuge et pour le traitement de la hernie. La bouillie de plante entière écrasée s’applique sur le corps en cas d’œdème et d’ulcère. La plante entière séchée et réduite en poudre se frictionne sur des scarifications pour soigner les maux de têtes et le pian syphilitique. L’extrait de plante se boit contre la toux ou se frictionne sur le corps pour traiter la fièvre chez les enfants. Les feuilles légèrement brûlées ou fumées s’appliquent sur les brûlures et s’emploient contre la migraine. Pour traiter la gonorrhée, on enroule la feuille, on la grille et on la broie dans l’eau, puis on boit le liquide. De même en cas de leucorrhée, on broie la feuille dans de l’eau et on boit le liquide. Les soupes à base de feuilles sont réputées bonnes contre l’indigestion. Les feuilles bouillies se prennent contre la constipation, mais pilées avec de l’argile et de l’eau, elles s’appliquent en lavement contre la dysenterie. La feuille réduite en poudre ou le jus des feuilles, mélangé à de l’huile de palme ou du kaolin, s’applique sur les abcès et les plaies, et sur la tête des nourrissons pour refermer la fontanelle. Le jus des feuilles se frictionne contre les maux de dents, et on l’applique sur l’abdomen pour faciliter l’accouchement. Le liquide obtenu en faisant bouillir la feuille s’applique sur les œdèmes, et s’instille dans l’œil pour traiter les infections oculaires secondaires. La macération de feuilles fraîches s’emploie en massage sur le corps pour le traitement des douleurs intercostales et des points de côté. La décoction de feuilles est utilisée contre les maux d’estomac, comme embrocation pour fortifier les enfants rachitiques et soulager la fièvre. L’infusion de feuilles se prend dans le traitement de la filariose, des rhumatismes et des troubles de la ménopause. La décoction de feuilles et de racine se boit comme antidote dans tous les cas d’empoisonnements. L’inflorescence mélangée avec les graines d’Aframomum melegueta K.Schum. se consomme dans le traitement des maux de gorge et des enrouements.

Propriétés

L’écorce produit 45% de fibres, qui sont réparties de façon irrégulière dans l’écorce. Les fibres ultimes font (15–)37–130(–252) μm de large, avec une épaisseur moyenne de paroi des cellules de 20 μm. La fibre est blanche et ne contient pas de lignine. La résistance à la traction est faible. Le dégommage est relativement facile.

Les feuilles fraîches contiennent par 100 g de partie comestible : eau 80 g, énergie 222 kJ (53 kcal), protéines 5,8 g, lipides 0,4 g, glucides 10,0 g, fibres 3,0 g, Ca 440 mg, P 114 mg, Fe 1,5 mg (Leung, Busson & Jardin, 1968).

L’extrait au méthanol, avant et après filtrage par charbon de bois, ainsi que diverses fractions, ont été étudiés contre 12 espèces de bactéries et champignons pathogènes. Les extraits étaient actifs contre 7 d’entre eux, en particulier Staphylococcus aureus. Lors des criblages phytochimiques qui ont suivi, les réactions étaient positives pour les stéroïdes, mais négatives pour les alcaloïdes, les flavonoïdes et les anthraquinones. Dans un autre essai, on a détecté un alcaloïde à l’état de traces dans la plante.

Le contact de la peau avec les poils urticants provoque une douleur et des cloques, mais cet effet disparaît lorsqu’on procède au séchage des plantes.

Description

Plante herbacée annuelle, peu ramifiée, atteignant 1(–3) m de haut ; tige charnue, légèrement ligneuse à la base, densément couverte de poils urticants atteignant 1 mm de long et de poils glandulaires doux de 1–2(–3) mm de long. Feuilles alternes, limitées au sommet de la tige, simples ; stipules linéaires-lancéolées, soudées sur près de la moitié de leur longueur, atteignant 1 cm de long, glabres excepté quelques poils urticants ; pétiole atteignant 16(–20) cm de long, habituellement densément couvert de poils glandulaires doux, entremêlés de quelques poils urticants ; limbe ovale à largement ovale, de (2–)6–20(–30) cm × (1–)3,5–15(–22) cm, base largement cunéiforme à cordée, apex aigu à acuminé, bord denté, avec sur chaque côté 30–40 dents atteignant 5 mm de long, papyracé, surface supérieure à poils urticants raides et disséminés et concrétions minérales punctiformes, surface inférieure à poils urticants sur les nervures, nervures latérales en 4–9 paires. Inflorescence bisexuée, rarement unisexuée, paniculée, à l’aisselle des feuilles supérieures, atteignant 20(–40) cm de long, couverte de poils glandulaires et de poils urticants, à fleurs en glomérules d’environ 5 mm de diamètre ; pédoncule de 4–10 cm de long. Fleurs unisexuées ; fleurs mâles disséminées dans l’inflorescence et mélangées avec les fleurs femelles ou le plus souvent à la base, 4–5-mères, pédicelle d’environ 1 mm de long, périanthe de 1–2 mm de diamètre, habituellement à poils glandulaires, tombant rapidement ; fleurs femelles en glomérules denses, pédicelle d’environ 0,5 mm de long, tépales 4, inégaux, les 2 latéraux d’environ 0,5 mm de long, le tépale dorsal moitié moins long, le tépale ventral plus court, ovaire supère, 1-loculaire, stigmate filiforme. Fruit : akène ovoïde de 1(–2) mm × 1(–2) mm, stipité, comprimé latéralement, comportant de chaque côté un anneau renfermant une zone verruqueuse, disséminé avec le périanthe.

Autres données botaniques

Le genre Laportea comprend 22 espèces, dont la plupart se trouvent en Afrique et à Madagascar. L’écorce de Laportea amberana (Baker) Leandri, arbuste endémique de Madagascar atteignant 1,5 m de haut, produit également une bonne fibre.

Croissance et développement

A Madagascar, Laportea aestuans fleurit en janvier–mai.

Ecologie

Laportea aestuans est présent depuis pratiquement le niveau de la mer jusqu’à 1300 m d’altitude, dans les terres agricoles, le long des routes et dans d’autres endroits perturbés des zones de forêt ou de forêt claire, toujours partiellement à l’ombre, parfois dans les anfractuosités rocheuses. Il est très commun, et souvent considéré comme une adventice.

Maladies et ravageurs

Au Costa Rica et en Martinique, on a montré que Laportea aestuans était l’hôte de nématodes à galles (Meloidogyne spp.), des ravageurs des bananeraies. Il est également l’hôte du virus de la mosaïque du manioc africain (ACMV).

Ressources génétiques

Comme il est commun et largement réparti, Laportea aestuans n’est pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

Laportea aestuans va demeurer une plante à fibres, un légume et une plante médicinale d’usage local, bien que la présence de poils urticants rende la manipulation de la plante difficile. Eu égard à ses emplois courants en médecine traditionnelle africaine, c’est un candidat évident à des recherches pharmacologiques, mais étonnamment, très peu de recherches ont été menées jusqu’à maintenant dans ce domaine.

Références principales

  • Adebajo, A.C., Aladesanmi, A.J. & Oloke, K., 1991. Antimicrobial activity of Laportea aestuans. Fitoterapia 62: 504–505.
  • Burkill, H.M., 2000. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 5, Families S–Z, Addenda. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 686 pp.
  • Chew, W.L., 1967. A monograph of Laportea (Urticaceae). Gardens’ Bulletin Singapore 25: 111–178.
  • Friis, I., 1989. Urticaceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 64 pp.
  • Friis, I., 1991. Urticaceae. In: Launert, E. & Pope, G.V. (Editors). Flora Zambesiaca. Volume 9, part 6. Flora Zambesiaca Managing Committee, London, United Kingdom. pp. 79–116.
  • Jacques-Félix, H. & Rabéchault, H., 1948. Recherches sur les fibres de quelques Urticacées Africaines. Agronomie Tropicale 3: 339–384, 451–488.
  • Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
  • van Valkenburg, J.L.C.H., 2001. Laportea Gaudich. In: van Valkenburg, J.L.C.H. & Bunyapraphatsara, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(2): Medicinal and poisonous plants 2. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 324–327.

Autres références

  • Adjanohoun, E.J., Adjakidjè, V., Ahyi, M.R.A., Aké Assi, L., Akoègninou, A., d’Almeida, J., Apovo, F., Boukef, K., Chadare, M., Cusset, G., Dramane, K., Eyme, J., Gassita, J.N., Gbaguidi, N., Goudote, E., Guinko, S., Houngnon, P., Lo, I., Keita, A., Kiniffo, H.V., Kone-Bamba, D., Musampa Nseyya, A., Saadou, M., Sodogandji, T., De Souza, S., Tchabi, A., Zinsou Dossa, C. & Zohoun, T., 1989. Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques en République Populaire du Bénin. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 895 pp.
  • Ayensu, E.S., 1978. Medicinal plants of West Africa. Reference Publication, Michigan. 330 pp.
  • Boiteau, P., Boiteau, M. & Allorge-Boiteau, L., 1999. Dictionnaire des noms malgaches de végétaux. 4 Volumes + Index des noms scientifiques avec leurs équivalents malgaches. Editions Alzieu, Grenoble, France.
  • Focho, D.A., Ndam, W.T. & Fonge, B.A., 2009. Medicinal plants of Aguambu - Bamumbu in the Lebialem highlands, southwest province of Cameroon. African Journal of Pharmacy and Pharmacology 3(1): 1–13.
  • Friis, I., 1989. Urticaceae. In: Hedberg, I. & Edwards, S. (Editors). Flora of Ethiopia. Volume 3. Pittosporaceae to Araliaceae. The National Herbarium, Addis Ababa University, Addis Ababa, Ethiopia and Department of Systematic Botany, Uppsala University, Uppsala, Sweden. pp. 302–325.
  • Hauman, L., 1948. Urticaceae. In: Robyns, W., Staner, P., De Wildeman, E., Germain, R., Gilbert, G., Hauman, L., Homès, M., Lebrun, J., Louis, J., Vanden Abeele, M. & Boutique, R. (Editors). Flore du Congo belge et du Ruanda-Urundi. Spermatophytes. Volume 1. Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo belge, Brussels, Belgium. pp. 177–218.
  • Jones, D.R., 2003. Plant viruses transmitted by whiteflies. European Journal of Plant Pathology 109: 195–219.
  • Kalanda, K. & Omasombo, W.D., 1995. Contribution à la connaissance des plantes médicinales du Haut-Zaïre - Plantes utilisées dans le traitement des maux d'estomac dans la ville de Kisangani. Revue de Médecines et Pharmacopées Africaines 9(1): 59–69.
  • Keay, R.W.J., 1958. Urticaceae. In: Keay, R.W.J. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 1, part 2. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 616–623.
  • Leandri, J., 1965. Urticacées (Urticaceae). Flore de Madagascar et des Comores (plantes vasculaires), famille 56. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 107 pp.
  • Letouzey, R., 1968. Urticaceae. Flore du Cameroun. Volume 8. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. pp. 67–216.
  • Leung, W.-T.W., Busson, F. & Jardin, C., 1968. Food composition table for use in Africa. FAO, Rome, Italy. 306 pp.
  • López, C.R., 1982. Determinación de los nematodos fitoparásitos asociados al plátano (Musa acuminata × M. balbisiana, AAB) en Río Frío. Agronomía Costarricense 4(2): 143–147.
  • Marais, W. & Jellis, S., 1985. Urticacées. In: Bosser, J., Cadet, T., Guého, J. & Marais, W. (Editors). Flore des Mascareignes. Familles 161–169. The Sugar Industry Research Institute, Mauritius, l’Office de la Recherche Scientifique Outre-Mer, Paris, France & Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 36 pp.
  • Medina, J.C., 1959. Plantas fibrosas da flora mundial. Instituto Agronômico Campinas, Sao Paulo, Brazil. 913 pp.
  • Otchoumou, A., N’Da, K. & Kouassi, K.D., 2005. L’élevage des escargots géants comestibles d’Afrique: inventaire de végétaux sauvages consommés par Achatina achatina (Linne 1758) et préférences alimentaires. Livestock Research for Rural Development 17(3): article 28.
  • Pinto Basto, M.F., 2002. Urticaceae. In: Martins, E.S., Diniz, M.A., Paiva, J., Gomes, I. & Gomes, S. (Editors). Flora de Cabo Verde: Plantas vasculares. No 8. Instituto de Investigação Científica Tropical, Lisbon, Portugal & Instituto Nacional de Investigação e Desenvolvimento Agrário, Praia, Cape Verde. 16 pp.
  • Quénéhervé, P., Chabrier, C., Auwerkerken, A., Topart, P., Martiny, B. & Marie-Luce, S., 2006. Status of weeds as reservoirs of plant parasitic nematodes in banana fields in Martinique. Crop Protection 25(8): 860–867.
  • Raponda-Walker, A. & Sillans, R., 1961. Les plantes utiles du Gabon. Paul Lechevalier, Paris, France. 614 pp.
  • Williamson, J., 1955. Useful plants of Nyasaland. The Government Printer, Zomba, Nyasaland. 168 pp.

Sources de l'illustration

  • Akoègninou, A., van der Burg, W.J. & van der Maesen, L.J.G. (Editors), 2006. Flore analytique du Bénin. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. 1034 pp.

Auteur(s)

  • M. Brink, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Consulté le 1 avril 2025.


  • Voir cette page sur la base de données Prota4U.