Jateorhiza palmata (PROTA)
Introduction |
Jateorhiza palmata (Lam.) Miers
- Protologue: Hook., Niger Fl. : 214 (1849).
- Famille: Menispermaceae
Synonymes
- Jateorhiza columba (Roxb.) Oliv. (1868).
Noms vernaculaires
- Colombo (Fr).
- Columba, calumba, colombo (En).
- Calumba, columba, colombo do África (Po).
- Mkaumwa (Sw).
Origine et répartition géographique
Jateorhiza palmata est présent à l’état naturel au Kenya, en Tanzanie, au Malawi, au Zimbabwe, au Mozambique et en Afrique du Sud (Kwazulu-Natal). Il est cultivé au Mozambique, et cultivé et localement naturalisé dans de nombreux pays tropicaux, y compris le Ghana, Madagascar, l’île Maurice, la Réunion et également en Inde et au Brésil.
Usages
De la racine est tiré le remède jadis populaire nommé “radix calumbae”, importé en Europe du Mozambique et de Tanzanie. On s’en servait contre la dyspepsie et la diarrhée, et il convenait particulièrement aux personnes à l’estomac délicat. En Tanzanie, la racine est consommée contre les morsures de serpent et comme vermifuge. Les Ziguas de Tanzanie s’en servent pour traiter la hernie et les ruptures d’organes. On applique des copeaux de racine sur des scarifications pratiquées dans les abcès pour les faire mûrir. Dans toute l’Afrique du Sud-Est, les racines, réputées toniques, se prennent contre la dysenterie et la diarrhée, et en Inde elles se prennent comme tonique amer aux propriétés antipyrétiques et vermifuges, contre l’irritabilité gastrique et les vomissements durant la grossesse. En Europe, elles sont toujours utilisées dans des mélanges laxatifs aux plantes.
En Italie et aux Etats-Unis, la racine a été autrefois ajoutée à des amers à base de plantes.
Production et commerce international
Il existe un commerce international de racine séchée, dont on ignore l’étendue à ce jour. Elle se vend sur Internet à petite échelle.
Propriétés
Les racines charnues renferment des furanolactones diterpénoïdes (la columbine, la palmarine et la chasmanthine), et plusieurs hétérosides apparentés, dont les palmatosides A–G, et des alcaloïdes protoberbérines (la palmatine, la jatrorrhizine, la bisjatrorrhizine et la columbamine). Elles contiennent également des traces de sapogénines (la diosgénine et la kryptogénine). Les racines contiennent environ 1% d’une huile essentielle verdâtre dont l’odeur rappelle celle du foin ; les racines âgées en sont pratiquement dépourvues. Le thymol est le composé principal de cette huile. Les racines sont riches en amidon.
Dans un essai sur des rats, la columbine a empêché le déclenchement de l’adénocarcinome du côlon suite à une administration du carcinogène azoxyméthane. Il a été constaté que la columbine raccourcissait la durée du sommeil induit par un mélange d’uréthane et de α-chloralose, mais allongeait la durée de sommeil induit par l’hexobarbital. Cela peut s’expliquer par un effet de la columbine sur les enzymes qui métabolisent les médicaments dans le foie. Un extrait au méthanol tiré du rhizome a inhibé la croissance in vitro d’un grand nombre de champignons testés. Dans l’Union européenne, l’usage de l’huile essentielle (extrait de calumba) est autorisé dans l’alimentation animale (CoE 247).
Description
- Liane dioïque à racines tubéreuses ; rameaux densément couverts de poils couchés.
- Feuilles alternes ; stipules absentes ; pétiole de 18–25 cm de long ; limbe à contour largement arrondi, 5-palmatilobé, de 15–35 cm × 16–40 cm, base profondément cordée, lobes ovales et acuminés à l’apex, membraneux, à poils couchés sur les deux faces, palmatinervé à 5 nervures principales.
- Inflorescence mâle : panicule axillaire ramifiée atteignant 40 cm de long, rameaux de 2–10 cm de long, portant des groupes de 3–7 fleurs ; inflorescence femelle : grappe axillaire atteignant 10 cm de long.
- Fleurs unisexuées, sessiles ; sépales 6, les 3 extérieurs oblongs à elliptiques, les 3 intérieurs obovales, d’environ 3 mm × 1,5 mm ; pétales 6, d’environ 2 mm de long, plus ou moins concaves, brusquement courbés vers l’intérieur à l’apex, bords incurvés ; fleurs mâles à 6 étamines libres de 1–2 mm de long, légèrement soudées aux pétales ; fleurs femelles à 6 staminodes linguiformes, ovaire supère, constitué de 3 carpelles ovoïdes libres, styles courts, recourbés, stigmate large.
- Fruit composé de jusqu’à 3 drupéoles ovoïdes de 2–2,5 cm × 1,5–2 cm, couvert de poils raides couchés, noyau ovoïde, aplati, un côté lisse, l’autre à poils soyeux, à 1 graine.
- Graines à albumen charnu, ruminé.
Autres données botaniques
Au Mozambique, il arrive que les tiges sortant des racines soient annuelles.
Le genre Jateorhiza comprend 2 espèces, toutes deux en Afrique tropicale. Autrefois le genre était considéré comme une section de Chasmanthera.
Ecologie
Jateorhiza palmata est présent dans la forêt pluviale et les forêts-galeries, jusqu’à 1500 m d’altitude.
Gestion
Les tubercules s’arrachent par temps sec. Les tubercules sont jetés et seules les racines charnues sont nettoyées et tranchées dans le sens de la largeur ou en oblique, et on fait sécher les tranches à l’ombre. Après séchage, elles ne font plus que 0,5–1,5 cm d’épaisseur. Après lavage et brossage, les tranches sont calibrées et commercialisées sous le nom de “radix calumbae”. On préfère les morceaux compacts et uniformes d’une couleur jaune vif. La substance est brièvement farineuse à la cassure, elle a une odeur légèrement musquée et une saveur très amère. Elle est parfois coupée avec des tranches de rhizome, et en Inde avec des tronçons de tige de Coscinium fenestratum Colebr.
Ressources génétiques
Jateorhiza palmata a une vaste aire de répartition et se cultive dans les jardins familiaux ; il n’est donc pas menacé d’érosion génétique.
Perspectives
La “radix calumbae” a perdu beaucoup de l’importance qu’elle avait jadis en médecine, tout au moins en Occident. Jateorhiza palmata a quelques chances de garder une certaine importance dans les amers à base de plantes, mais rien n’indique qu’il deviendra une source importante d’extraits ou de composés chimiques pour l’industrie pharmaceutique.
Références principales
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- Troupin, G. & Conçalves, M.L., 1973. Menispermaceae. In: Fernandes, A. (Editor). Flora de Moçambique. No 7. Junta de Investigações do Ultramar, Lisbon, Portugal. 26 pp.
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Autres références
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- Itokawa, H., Mizuno, K., Ichihara, Y. & Takeya, K., 1987. Isolation and 13C-NMR studies on three new furanoditerpenyl glucosides from Jateorhiza columba. Planta Medica 53: 271–273.
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Auteur(s)
- L.P.A. Oyen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Oyen, L.P.A., 2008. Jateorhiza palmata (Lam.) Miers. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 22 décembre 2024.