Griffonia simplicifolia (PROTA)

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Griffonia simplicifolia (Vahl ex DC.) Baill.


Protologue: Adansonia 6(2) : 197 (1866).
Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)

Synonymes

  • Bandeiraea simplicifolia (Vahl ex DC.) Benth. (1865).

Origine et répartition géographique

L’aire de répartition de Griffonia simplicifolia va du Liberia au Gabon.

Usages

En Côte d’Ivoire et au Nigeria, la pulpe de l’écorce est employée sur les plaies syphilitiques. La décoction de feuilles s’utilise pour ses vertus émétiques, antitussives et aphrodisiaques. La décoction de tiges et feuilles se prend comme purgatif pour traiter la constipation ; en usage externe, elle s’utilise en lotion antiseptique pour nettoyer les plaies suppurantes. Le jus des feuilles s’instille dans les yeux pour soigner les inflammations oculaires ou s’applique en breuvage ou en lavement pour soigner les affections rénales. Les tiges et l’écorce de tige sont réduites en une pâte qui s’applique sur les dents cariées, et la pâte de feuilles s’applique sur les brûlures. L’écorce de rameau moulue, mélangée à du jus de citron et du piment (Capsicum), s’applique sur des scarifications pour traiter les douleurs intercostales. La mastication des tiges aurait des effets aphrodisiaques. Les feuilles sont déposées dans les poulaillers pour tuer les poux. Au Nigeria, un extrait de racines réduites en poudre servait jadis à traiter l’anémie falciforme.

Le bois est dur et résistant, et au Ghana les tiges servent à fabriquer des cannes de marche. Les feuilles entrent dans la production de vin de palme, auquel elles donnent une saveur amère. Le jus sécrété par les tiges coupées peut se boire pour étancher la soif. Au Ghana, on mastique les racines que l’on fait ensuite sécher pour produire une poudre blanche utilisée par les femmes pour se poudrer le visage. On obtient un colorant noir à partir des feuilles. On transforme les gousses en sifflets pour jouer et en cuillers. Les feuilles sont très appréciées des animaux, dont elles stimuleraient la reproduction. Les bovins élevés en liberté broutent abondamment les arbustes. Les tiges servent à confectionner des paniers et des cages à poules et les fibres qu’on en tire après battage servent d’éponges à mâcher, un moyen populaire au Ghana de se nettoyer les dents. La tige et les racines font office de bâtonnets à mâcher.

Production et commerce international

Les graines de Griffonia simplicifolia constituent une source industrielle de 5-hydroxytryptophane (5-HTP), précurseur de la sérotonine. Mais les statistiques commerciales font défaut. Au début des années 1990, les exportations annuelles du Ghana à destination de l’Allemagne se sont élevées à 80 t. Etant donné l’augmentation de la demande de 5-HTP dans le monde occidental, ce commerce doit s’être développé depuis lors. En 1999, le prix de gros des graines était de US$ 8–9 au kg.

Propriétés

Les feuilles de Griffonia simplicifolia contiennent une huile volatile et des coumarines. Les graines mûres contiennent 6–14% de 5-HTP. Dans les feuilles, le 5-HTP s’accompagne de 5-hydroxytryptamine (la sérotonine), chacun à la concentration de 0,1–0,2%. Chez l’homme, le 5-HTP augmente la synthèse de la sérotonine dans le système nerveux central et son efficacité dans le traitement d’un large spectre de pathologies a été démontrée, notamment la dépression, la fibromyalgie, l’obésité, les maux de tête chroniques et l’insomnie. Le 5-HTP est toxique pour les insectes, c.-à-d. les bruches (Callosobruchus maculatus). Un cyanoglucoside, le lithospermoside (ou griffonine) a été isolé des racines ; c’est le principe actif contre l’anémie falciforme.

Dans les graines, on trouve un certain nombre de lectines. L’une appartient au groupe de l’acétylglucosamine, que l’on trouve couramment chez les Poaceae et les Solanaceae mais qui est rare chez les Leguminosae. Certaines lectines ont des propriétés insecticides. L’isolectine B4 isolée de Griffonia simplicifolia sert de marqueur de petits neurones primaires sensoriels dans la recherche neurologique.

Comme fourrage, Griffonia simplicifolia est apprécié pour sa vigueur, sa forte appétence, sa teneur élevée en protéines brutes (environ 16%), en P (environ 0,12%) et en Ca (environ 2,2%).

Falsifications et succédanés

Le lithospermoside (ou griffonine) a été isolé chez plusieurs plantes, par ex. les espèces africaines Lophira alata Banks ex C.F.Gaertn. et Tylosema fassoglense (Schweinf.) Torre & Hillc.

Description

  • Arbuste ou grande liane à rameaux brun-noir glabres.
  • Feuilles alternes, simples, glabres ; stipules triangulaires, de 1 mm de long, tombant rapidement ; pétiole jusqu’à 1,5 cm de long ; limbe ovale, de 6–12 cm × 3–6 cm, base arrondie à cordée, apex arrondi à courtement acuminé, 3(–5)-nervé partant de la base, nervures réticulées proéminentes sur les deux faces.
  • Inflorescence : grappe axillaire pyramidale de 5–20 cm de long ; bractées et bractéoles triangulaires, très petites, persistantes.
  • Fleurs bisexuées, presque régulières, 5-mères ; pédicelle de 3–4 mm de long ; réceptacle en urne, de 1–1,5 cm de long, vert pâle ; tube du calice de 12–15 mm de long, orange, lobes triangulaires, atteignant 2 mm de long ; pétales presque égaux, elliptiques, de 10–12 mm de long, charnus, verdâtres, à poils courts clairsemés sur le bord ; étamines 10, filets filiformes, atteignant 2 cm de long ; ovaire supère, d’environ 4 mm de long, stipité, style de 1–2 mm de long, persistant, stigmate petit.
  • Fruit : gousse oblique-cylindrique d’environ 8 cm × 4 cm, à stipe de 1–1,5 cm de long, gonflée, coriace, à 1–4 graines.
  • Graines orbiculaires, d’environ 18 mm × 5 mm × 6 mm, glabres.
  • Plantule à germination épigée.

Autres données botaniques

Le genre Griffonia se rencontre en Afrique tropicale. Il appartient à la tribu des Cercideae et comprend 4 espèces. Griffonia physocarpa Baill., Griffonia tessmannii (De Wild.) Compère et Griffonia speciosa (Benth.) Taub. sont présents depuis le Nigeria jusqu’en R.D. du Congo et vers le sud jusqu’en Angola. Ils sont moins communs que Griffonia simplicifolia. Le principal usage de Griffonia physocarpa est celui de plante tinctoriale. En R.D. du Congo, Griffonia tessmannii, Griffonia physocarpa et Griffonia speciosa ont des usages médicinaux similaires. La décoction des parties aériennes se boit pour traiter la gonorrhée et les problèmes gastriques. On baigne les enfants fiévreux dans cette même décoction pour faire baisser la température. Les jeunes feuilles émincées se consomment pour leurs vertus aphrodisiaques ; réduites en pâte, elles servent à masser les parties du corps atteints d’œdèmes. Les graines de Griffonia physocarpa et de Griffonia speciosa contiennent de fortes concentrations de 5-HTP.

Croissance et développement

En Afrique de l’Ouest, Griffonia simplicifolia fleurit de juillet à novembre. Les gousses mûrissent à partir du mois d’août.

Ecologie

Griffonia simplicifolia est présent dans la savane herbeuse, dans les plaines côtières sur les termitières, dans les broussailles, dans la forêt secondaire et perturbée et en lisière de forêt primaire.

Multiplication et plantation

Les essais de multiplication par graines ont donné des résultats médiocres et les différents traitements des semences n’ont pas amélioré la germination, hormis un traitement fongicide, qui semble être bénéfique à la mise en place. Le recours aux boutures a été un échec. Lors d’essais de productivité, des sauvageons ont été utilisés avec succès comme matériel végétal ; mais une application à grande échelle ne serait pas envisageable.

Gestion

Rien n’indique que Griffonia simplicifolia soit cultivée à l’heure actuelle.

Maladies et ravageurs

Griffonia simplicifolia est l’hôte de plusieurs lépidoptères défoliateurs de l’important arbre à bois d’œuvre Mansonia altissima (A.Chev.) A.Chev.

Récolte

Pour ses usages médicinaux locaux, Griffonia simplicifolia est récolté en petites quantités. Bien que la récolte de graines dans la nature soit généralement relativement durable, on rapporte des cas inquiétants de lianes coupées à grande échelle pour permettre de récupérer les graines. Pour la récolte de fourrage, il est préférable d’observer des intervalles de 12 semaines, car les rendements totaux en herbe sont alors considérablement plus élevés que lorsque la récolte est effectuée à 6 semaines d’intervalle.

Rendement

Au Ghana, le rendement en feuillage de Griffonia simplicifolia était comparable à celui de Leucaena leucocephala (Lam.) de Wit, mais l’un et l’autre ont été dépassés par celui de Gliricidia sepium (Jacq.) Kunth ex Walp. On ne dispose pas de données sur les rendements en graines.

Traitement après récolte

Les graines de Griffonia simplicifolia sont soumises à l’extraction dans des usines aux Etats-Unis, en Allemagne et probablement dans d’autres pays. L’extrait est soit une poudre gris-blanc ou des cristaux brun pâle contenant 95–98% de 5-HTP, qui se vendent en gros à environ US$ 800 au kg (prix en 2000). Sous sa forme ultime, il se vend encapsulé en mélange avec des vitamines ou bien mélangé à du thé vert ou du maté.

Ressources génétiques

Même si Griffonia simplicifolia apparaît commun, la valeur commerciale élevée des graines constitue une menace sérieuse. Sa récolte destructrice associée à la pression élevée du pâturage pourrait contribuer à une réduction des peuplements.

Sélection

Les lectines insecticides de Griffonia offrent un intérêt pour les sélectionneurs qui veulent introduire une résistance aux insectes à d’autres plantes cultivées.

Perspectives

La demande pour Griffonia simplicifolia va rester élevée comme alternative naturelle à l’antidépresseur Prozac. Il est nécessaire d’appliquer des mesures permettant une récolte durable ou d’en élaborer. Il faut de toute urgence procéder à des recherches pour domestiquer l’espèce, une première étape étant de résoudre les problèmes liés à sa germination.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • Mangenot, G., 1957. Bandeiraea simplicifolia Benth. Icones Plantarum Africanarum 4, No 79. 4 pp.

Auteur(s)

  • C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Bosch, C.H., 2008. Griffonia simplicifolia (Vahl ex DC.) Baill. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 31 mars 2025.


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