Eucalyptus regnans (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Glucides / amidon | |
Huile essentielle / exsudat | |
Bois d'œuvre | |
Bois de feu | |
Auxiliaire | |
Fibre | |
Eucalyptus regnans F.Muell.
- Protologue: Rep. Acclim. Soc. Vict. : 20 (1870).
- Famille: Myrtaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 22
Noms vernaculaires
- Mountain ash, Australian mountain ash, swamp gum, stringy gum, Victorian ash, white mountain ash (En).
Origine et répartition géographique
Eucalyptus regnans est originaire du sud-est de l’Australie (Victoria et Tasmanie), où il est présent dans les forêts d’origine et les grandes plantations. Il est couramment planté dans les régions subtropicales du monde et dans les tropiques de moyenne altitude, par exemple aux Etats-Unis, au Chili, en Espagne, en Inde et au Sri Lanka. En Nouvelle-Zélande, il est l’une des principales espèces en plantation. En Afrique, Eucalyptus regnans a été planté en Ethiopie, au Kenya, en Tanzanie, au Zimbabwe et en Afrique du Sud.
Usages
Eucalyptus regnans est la principale espèce d’Eucalyptus utilisée par l’industrie papetière en Australie, et l’une des espèces favorites dans les plantations destinées à la pâte à papier en Afrique australe, en Nouvelle- Zélande et en Argentine. Le bois d’œuvre (nom commercial : chêne de Tasmanie) est utilisé à de nombreuses fins, dont les constructions légères et lourdes, le revêtement de sol, la construction de bateaux, la menuiserie, les boiseries intérieures, l’ébénisterie, les ustensiles agricoles, les manches d’outil, les ustensiles de cuisine, les perches, les caisses, les allumettes, le tournage, les placages, le contreplaqué, les panneaux de fibres, les panneaux de particules et la laine de bois. Il est également utilisé comme bois de feu et pour faire du charbon de bois. Les déchets (feuilles, rameaux, écorce) des plantations d’Eucalyptus regnans peuvent être collectés et utilisés comme combustible. Des bandes plantées avec Eucalyptus regnans peuvent être utilisées comme brise-vent. Les abeilles fabriquent du miel à partir de son nectar. Une huile essentielle peut être extraite des feuilles, mais le rendement est si faible que l’espèce a peu de valeur comme source d’huile essentielle.
Production et commerce international
Les plantations mondiales d’Eucalyptus ont été estimées en 1995 à 14,6 millions d’ha, dont 1,8 million d’ha en Afrique, principalement en Afrique du Sud. Une très faible proportion de la production africaine ou mondiale de bois et de pâte d’Eucalyptus provient d’Eucalyptus regnans, mais c’est une espèce importante en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande.
Propriétés
Eucalyptus regnans est considéré comme une des meilleures espèces d’Eucalyptus en termes de rendement et de qualité de pâte, pour tous les types de processus de réduction en pâte mécaniques et chimiques. En Australie, une étude des effets de l’âge de l’arbre sur la qualité de la pâte indique qu’elle augmente jusqu’à 20–60 ans et reste relativement constante ensuite. Les cellules des fibres du bois font 0,5–1,0 mm de long et 18–280 μm de large. La composition chimique des fibres est la suivante : cellulose 49%, hémicelluloses 15%, lignine 28% et cendres 0,4%.
Le bois de cœur est de couleur paille à brun rougeâtre pâle, et il n’est souvent pas nettement différencié de l’aubier plus clair, qui fait jusqu’à 2,5 cm de large. Le fil est souvent droit, le grain grossier. Les cernes sont souvent prononcés. Les surfaces sciées sur quartier ont un joli dessin. La densité est de 510–720 kg/m³ à 12% d’humidité, selon l’âge de l’arbre et ses conditions de croissance, le bois d’arbres cultivés en plantation étant moins dense que celui de peuplements naturels. Par exemple, la densité à 12% d’humidité du bois en provenance des forêts naturelles en Australie est de 650–720 kg/m³, alors que celle du bois issu de plantations africaines est de 510–570 kg/m³. En raison de la densité relativement faible du bois, le séchage à l’air est plus rapide que pour les autres espèces d’Eucalyptus, et l’aubier est facilement traité à la créosote ou à d’autres produits chimiques anti-pourriture. Les taux de retrait sont élevés : le retrait radial est de 7% et tangentiel de 14% entre le bois vert et le bois à 12% d’humidité. Les problèmes fréquemment rencontrés avec le bois comprennent des contraintes de croissance, et le retrait extrême et l’effondrement au séchage, entraînant des déformations et le gauchissement. Les planches sont habituellement sciées sur quartier pour réduire le gauchissement.
Le bois est moyennement résistant, robuste et dur. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 110 N/mm², le module d’élasticité de 16 000 N/mm², et la compression axiale de 63 N/mm². Le bois est facile à travailler, avec seulement une usure modérée des outils. Il se scie proprement et nettement et se moulure bien. Le rabotage sur le fil donne une surface très lisse. Il se fore facilement et proprement, et retient bien les clous, mais un pré-perçage est recommandé. Le bois donne une bonne finition et se colore et se colle bien. Il est relativement pliable, et se déroule et se tranche bien. La durabilité du bois est faible, et il n’est pas approprié pour l’extérieur ou un contact avec le sol. Le bois est sensible aux attaques de térébrants marins et de termites. L’aubier est sensible aux attaques de foreurs du genre Lyctus, et pour cette raison le bois d’œuvre usiné est habituellement vendu sans l’aubier. Le bois de cœur est rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation, l’aubier étant quant à lui perméable.
Le bois a une valeur énergétique de 19 700 kJ/kg à 12% d’humidité, et le charbon de bois qu’on en tire a une valeur énergétique de 28 000 kJ/kg. Le bois brûle bien et laisse peu de cendres, le charbon se consume presque sans fumée. Le taux de conversion du bois en charbon selon la méthode traditionnelle conduit à une perte de plus des deux tiers de son énergie intrinsèque. En Espagne, la valeur énergétique des déchets (feuilles, écorce et rameaux) peut atteindre 65 000 MJ/ha par an.
L’huile essentielle extraite des feuilles et des rameaux d’Eucalyptus regnans est nettement différente de celle des autres espèces d’Eucalyptus, car elle ne contient presque pas de cinéol. Elle est principalement composée d’α-phellandrène et contient également du p-cymène, des eudesmols et de petites quantités d’acétate de géranyle, un ester.
Description
Arbre sempervirent de très grande taille, atteignant 105 m de haut ; fût droit, atteignant 300 cm de diamètre ; écorce rugueuse et fibreuse pour les 15 premiers mètres du tronc, lisse et blanche ou gris-vert au-dessus, se détachant en longues bandes ; cime ouverte. Feuilles alternes, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole cannelé, de 8–25 mm de long ; limbe lancéolé, de 9–23 cm × 1,5–5 cm, légèrement oblique ou s’amenuisant à la base, acuminé à l’apex, brillant, concolore, vert, à nervures obliques. Inflorescence : dichasium ombelliforme, simple, apparié à l’aisselle des feuilles, à 9–15 fleurs ; pédoncule anguleux, de 4–14 mm de long. Fleurs bisexuées, régulières, blanches ; pédicelle de 2–7 mm de long ; boutons floraux obovoïdes, de 4–7 mm × 2–4 mm, divisés en un hypanthium obconique (partie inférieure) d’environ 3 mm × 3–4 mm, et un opercule conique (partie supérieure) de 2–3 mm × 3–4 mm, tombant à l’anthèse ; étamines nombreuses ; ovaire infère, habituellement 3-loculaire. Fruit : capsule obconique à piriforme de 5–9 mm × 4–7 mm, s’ouvrant en 3 valves. Graines pyramidales, de 1,5–3 mm de long, brunes. Plantule à germination épigée.
Autres données botaniques
Le genre Eucalyptus comprend environ 800 espèces, endémiques de l’Australie, sauf pour environ 10 espèces de la partie est de l’Asie du Sud-Est. De nombreuses espèces d’Eucalyptus sont cultivées à l’extérieur de leur aire de répartition naturelle, dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées, en raison de leur croissance rapide et de leur adaptation à diverses conditions écologiques. Eucalyptus est divisé en plusieurs sous-genres (7–10, selon l’auteur), qui sont sous-divisés en nombreuses sections et séries. Les résultats d’études phylogénétiques au sein du genre Eucalyptus suggèrent que le genre est polyphylétique, donc ayant plusieurs origines dans l’évolution et, en conséquence, il a été proposé de le diviser en plusieurs genres distincts. Ceci n’a pas encore été fait, principalement à cause du maelström qui pourrait en découler dans la nomenclature. Les espèces d’Eucalyptus s’hybrident facilement, ce qui rajoute à la complexité taxinomique.
Croissance et développement
Les jeunes plants d’Eucalyptus regnans envoient d’abord une racine pivotante résistante et produisent ensuite des racines latérales. La croissance est initialement lente, mais s’accélère rapidement au cours de la deuxième année. Au stade gaulis, les arbres ont une cime étroite, conique, de 9–12 m de haut, les racines latérales s’étendent loin et envoient dans le sol des pivots secondaires. Au stade perchis, l’arbre fait environ 30 m de haut, a une cime conique, les pivots secondaires se ramifient et la racine pivotante de départ dépérit. Au stade de jeune futaie, la cime s’étend et l’arbre atteint presque sa pleine hauteur alors que les racines latérales et pivotantes secondaires se développent très bien. A maturité, la cime s’ouvre et commence à dépérir, et des contreforts sont présents à la base de l’arbre. La surmaturité est caractérisée par une croissance épicormique du tronc et un dépérissement progressif des zones centrales de la cime et des racines. Des âges de 350–400 ans ont été répertoriés.
La floraison est protandre et les fleurs sont pollinisées par les insectes ou les oiseaux. Il y a aussi bien auto- que allofécondation. Lors d’essais de pollinisation contrôlée, les semis produits après autofécondation ont montré une croissance moindre que celle des semis issus de pollinisation libre. Le délai entre la floraison et la maturation des graines est de 8–10 mois. A la différence de nombreuses autres espèces d’Eucalyptus, Eucalyptus regnans ne se régénère pas à partir de tubercules ligneux. Cela signifie que les arbres matures sont sensibles aux incendies intenses, et que des récoltes en taillis sont généralement impossibles après la première récolte.
Eucalyptus regnans est la plus grande espèce de feuillu au monde. Au Kenya, à 2400 m d’altitude, on a répertorié des arbres de 2 ans d’une hauteur de 9 m, et de 35 ans d’une hauteur de 80 m. Dans une petite plantation à 3000 m d’altitude, des arbres âgés de 30 ans atteignaient 80 m de haut. Des mesures de croissance sont disponibles pour la Tanzanie également. Dans un peuplement de la réserve forestière de Shagayu (1900 m d’altitude, pluviométrie annuelle moyenne de 1200 mm), les arbres avaient une hauteur moyenne de 26,3 m et un diamètre moyen de 22,2 cm à 8 ans, et une hauteur moyenne de 34,6 m et un diamètre moyen de 28,2 cm à 12 ans. A l’Arboretum de Lushoto (1500 m d’altitude, température annuelle moyenne de 18°C, pluviométrie annuelle moyenne de 1070 mm), on a répertorié des arbres de 10 ans de 32,0 m de haut et de 32,0 cm de diamètre. A Olmotonyi (1850 m d’altitude), la hauteur moyenne d’arbres de 13 ans était de 29,8 m et le diamètre moyen de 24,7 cm. A l’Arboretum de Kigogo (2000 m d’altitude, pluviométrie annuelle moyenne de 1800 mm) des arbres de 32 ans mesuraient 44–49 m de haut, pour un diamètre de 65–89 cm.
Ecologie
Eucalyptus regnans préfère un climat frais. Il pousse dans des régions dont la température annuelle moyenne est de 7–20°C, la température maximale moyenne du mois le plus chaud de 17–29°C, et la température minimale moyenne du mois le plus froid de –2 à +10°C. La pluviométrie annuelle moyenne est de 650–2000 mm, avec une saison sèche de 0–2 mois. Il ne tolère pas la sécheresse et les grands froids (au-dessous de –7°C). Dans son aire de répartition naturelle, il est présent du niveau de la mer jusqu’à 1100 m d’altitude, alors que dans les pays tropicaux, il pousse habituellement à 2000–3200 m d’altitude. Lors d’essais de provenance sur 18 espèces d’Eucalyptus à 0–2800 m d’altitude sous les tropiques humides d’Antioquia, en Colombie, Eucalyptus regnans était le plus performant à 2400 m d’altitude, et l’un des trois meilleurs à 2800 m d’altitude. Il nécessite un sol moyennement fertile, bien drainé et est sensible à la salinité.
Comme de nombreuses autres espèces d’Eucalyptus, Eucalyptus regnans est très intolérant à la compétition pour la lumière et les ressources du sol, ce qui signifie que les semis ne poussent pas bien sous un couvert végétal existant. Pour cette raison, les forêts naturelles d’Eucalyptus regnans sont dites auto-éclaircies, c.-à-d. que les individus les plus grands et dominants ombragent les individus plus petits qui meurent. Dans les forêts natives du sud-est de l’Australie, Eucalyptus regnans pousse en peuplements purs ou comme espèce de canopée, avec un sous-étage d’Acacia melanoxylon R.Br. ou d’Acacia dealbata Link.
Eucalyptus regnans a des effets allélopathiques sur les plantes du sous-étage, en particulier sur ses propres semis qui poussent à proximité d’arbres matures ou sur les champs dans lesquels des arbres matures ont poussé. Ces effets sont alternativement attribués à l’accumulation de lipides cireux dans le sol dus à la décomposition de feuilles d’Eucalyptus regnans ou à un champignon de la rhizosphère, Cylindrocarpon destructans. La difficulté qui en résulte pour replanter Eucalyptus regnans après récolte est probablement une raison de la préférence pour Eucalyptus globulus Labill. dans de nombreuses plantations. Cependant, la croissance des semis d’Eucalyptus regnans est très stimulée lorsque le sol est exposé au feu ou à une stérilisation, ce qui peut être dû à la réduction ou la disparition de champignons ou de composés inhibiteurs dans le sol. Ainsi, les peuplements naturels sont habituellement équiennes et peuvent pousser pendant des siècles tant qu’ils ne sont pas endommagés par un grave incendie qui tue tous les arbres sur pied et stimule une germination massive des graines. On observe une forte mortalité parmi ces nouveaux semis et gaules, laissant finalement une fois de plus une forêt mature équienne, qui pousse jusqu’à l’incendie suivant.
L’absence de tubercules ligneux peut être considérée comme un avantage en termes du profil écologique d’Eucalyptus regnans à l’extérieur de son aire de répartition d’origine. Les espèces d’Eucalyptus sont souvent craintes comme plantes envahissantes, et les tubercules ligneux de nombreuses espèces rendent les peuplements d’eucalyptus durs à éradiquer une fois établis. Ce risque n’existe pas avec Eucalyptus regnans, bien que les arbres matures soient d’incroyables producteurs de graines.
Multiplication et plantation
Eucalyptus regnans se multiplie habituellement par graines. Le poids de 1000 graines est de 5,5–12,5 g. Les semences peuvent être conservées pendant plusieurs années dans des récipients hermétiques dans des conditions sèches (taux d’humidité de 5–8%) et fraîches (3–5°C). On recommande la stratification au frais et à l’humidité des graines à 3–5°C pendant 3 semaines pour lever la dormance et favoriser une germination régulière. La germination est optimale à 15–20°C et dure habituellement 10–20 jours. Les semis élevés en pépinières peuvent être replantés après 8–9 mois. En Nouvelle-Zélande, des semis d’Eucalyptus regnans sont souvent cultivés en planche pendant un an avant que les plants à racines nues soient replantés au champ. Leur élevage dans des sachets en polyéthylène en pépinière est également possible. La multiplication in vitro par microboutures obtenues à partir de cultures de pousses issues de nœuds est envisageable.
Les distances de plantation au champ s’inscrivent habituellement entre 2 m × 2 m (2500 arbres/ha) et 3 m × 3 m (1100 arbres/ha). Pour obtenir de grandes grumes de bonne qualité, la plantation doit laisser plus d’espace pour chaque arbre, et doit être associée à des schémas d’émondage et d’éclaircissage. Des espacements moins importants et des densités plus élevées peuvent être utilisés si le produit final est la pâte, du combustible, ou de petits poteaux, mais des espacements de 3 m entre les lignes sont nécessaires pour permettre la mécanisation, et un espacement de 3 m × 3 m est nécessaire pour un désherbage mécanique dans deux directions. Une autre stratégie courante consiste à brûler les déchets de coupe après la récolte d’un peuplement d’Eucalyptus regnans et à disperser à la volée une grande quantité de graines (environ 1 kg/ha) sur le lit de cendres, en éclaircissant ultérieurement les nombreux arbres qui germent et poussent.
Gestion
Le désherbage entre les lignes (souvent mécanique) et le désherbage manuel à proximité des semis est très important pendant la première année de croissance, mais devient moins critique après la fermeture du couvert végétal. On apporte généralement, mais pas nécessairement, de l’engrais aux jeunes plants. En Tasmanie, la fertilisation azotée augmente fortement la croissance, mais les quantités préconisées varient selon les conditions du site. Des doses d’engrais importantes risquent d’acidifier le sol. L’émondage est souvent considéré comme inutile pour les espèces d’Eucalyptus, puisque la plupart s’élaguent naturellement. Cependant, laisser les arbres s’élaguer naturellement par la chute de branches peut amoindrir la qualité du bois en laissant des nœuds et des points d’entrée pour la pourriture. Ceci ne représente pas un problème dans des plantations destinées à la pâte ou au combustible, mais peut diminuer la valeur du bois d’œuvre. L’émondage de jeunes branches peut fortement améliorer la qualité du bois d’œuvre en limitant les nœuds au bois le plus au cœur du tronc. L’émondage des jeunes rameaux doit coïncider avec la fermeture de la canopée ; avant, il pourrait ralentir la croissance. La capacité de recépage d’Eucalyptus regnans est faible en raison de l’absence de tubercules ligneux.
Maladies et ravageurs
Phytophthora fallax est un champignon entraînant le dépérissement de la cime d’Eucalyptus regnans qui survient périodiquement en Nouvelle-Zélande, certains individus montrant un degré différent de sensibilité. Les symptômes comprennent des taches foliaires, l’infection du pétiole et des lésions sur les ramilles. Mycosphaerella cryptica est une maladie des feuilles qui peut entraîner une forte défoliation et le dépérissement. Certaines provenances d’Eucalyptus regnans sont plus sensibles que d’autres, ce qui implique un potentiel pour l’amélioration génétique en termes de résistance à la maladie. Aucun fongicide n’offrirait une bonne protection. Quelques maladies fongiques affectent principalement les graines et les semis, tels que Penicillium spp., Fusarium spp., Phytophthora spp. et Botrytis cinerea, mais ils ne sont pas couramment signalés sur Eucalyptus regnans, et de bonnes pratiques phytosanitaires suffisent à les éviter.
Eucalyptus regnans est une des espèces d’Eucalyptus sensibles au charançon de l’eucalyptus (Gonipterus scutellatus), qui est présent sur tous les continents et qu’on sait présent au Kenya, en Ouganda, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, à Maurice et à Madagascar. On peut lutter contre les charançons de l’eucalyptus grâce à un hyménoptère parasite, Anaphoides nitens. Le capricorne Phoracantha semipunctata est un foreur qui attaque les jeunes arbres, les arbres en stress et les souches des arbres récemment récoltés. On le signale au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Les insecticides n’étant pas efficaces, on doit donc éliminer et brûler les parties infectées. Le principal ravageur des plantations d’Eucalyptus regnans en Tasmanie est Chrysophtharta bimaculata, un coléoptère consommant les feuilles. On lutte contre ce ravageur selon une approche intégrée impliquant des insecticides, des prédateurs naturels et des parasites, associés à une surveillance étroite des effectifs des populations, et à la sélection d’arbres plus résistants. En Afrique, les termites sont un risque dans les pépinières d’Eucalyptus et dans les jeunes plantations jusqu’à 3–4 ans.
Récolte
Pour les plantations denses destinées à la pâte ou au bois de feu, la récolte se fait 8–15 ans après la plantation, alors que les plantations destinées à de grandes grumes sont récoltées une fois que la plantation atteint 30–40 ans et a été éclaircie à l’âge de 10–12 ans. L’écorce peut être prélevée en annelant l’arbre avant l’abattage, et en arrachant l’écorce vers le haut par bandes. Cependant, ceci est habituellement inutile, l’écorce rugueuse étant présente uniquement à la base d’Eucalyptus regnans, et cette écorce étant utilisable dans les processus de réduction en pâte à papier. Pour de très grands arbres, l’écorçage peut être nécessaire après l’abattage et la coupe du tronc. Deux hommes travaillant à la tronçonneuse peuvent couper 300–500 arbres par jour dans une plantation bien agencée. On recommande la coupe à blanc des zones devant accueillir des semis d’Eucalyptus regnans, les arbres sur pied ayant démontré un effet négatif important sur leur croissance.
Rendement
Dans de bonnes conditions et avec de l’engrais, l’accroissement annuel moyen en volume d’Eucalyptus regnans est de 25–30 m³/ha. Dans une plantation datant de 42 ans au Kenya, on a répertorié un accroissement annuel moyen en volume de 56 m³/ha.
Traitement après récolte
Les troncs abattus peuvent être coupés à des longueurs plus courtes au champ pour faciliter le transport, et les feuilles, les branches et les autres déchets peuvent être rassemblés en quelques tas pour faciliter la circulation des personnes et des véhicules. L’émondage des rameaux après l’abattage est habituellement inutile, peu de ramifications étant présentes dans les plantations denses. Pour les plantations importantes dont les arbres sont destinés à une scierie ou à une réduction en pâte hors du site, les arbres ou tronçons sont débardés vers une route par des hommes, des animaux ou des tracteurs. Une fois à proximité d’une route, les arbres sont récupérés par un camion et transportés à l’usine. Les troncs ou tronçons peuvent être laissés au sol pour sécher à l’air pendant plusieurs mois dans les zones où les termites et la putréfaction ne sont pas un problème. Le séchage à l’air sur une surface en dur réduit les risques d’attaques biologiques du bois, et le séchage à couvert est ralenti par une moindre exposition directe au soleil. Ce procédé réduit l’envergure du gauchissement tangentiel qui est, dans une certaine mesure, inévitable pendant le séchage de grumes entières.
Ressources génétiques
Les programmes d’amélioration génétique et d’essais de provenance menés en Australie et en Nouvelle-Zélande, en utilisant la descendance de centaines d’arbres, servent comme une sorte de conservation in situ de la diversité génétique. En plus de ces programmes, les forêts naturelles et les forêts entretenues dans le sud-est de l’Australie et en Tasmanie conservent environ un tiers de la diversité génétique naturelle initiale de l’espèce ; une large proportion de ces forêts descend par régénération de la forêt originale après un feu ou une récolte. Ainsi, l’érosion génétique n’est pas une menace importante, bien que la pratique consistant à replanter les forêts récoltées avec des plants de pépinière ou par semis direct (fréquent depuis 1960) conduit à une réduction de la diversité génétique, car les arbres plantés viennent d’un nombre d’entrées limité.
Sélection
Les principaux (peut-être les seuls) programmes de sélection pour Eucalyptus regnans sont en Australie et en Nouvelle-Zélande, et se concentrent sur la résistance au gel et une croissance rapide.
Perspectives
Eucalyptus regnans n’est pas une espèce principale dans les plantations du monde, et Eucalyptus globulus est généralement utilisé dans des environnements subtropicaux ou tropicaux à haute altitude bien adaptés à Eucalyptus regnans. Eucalyptus regnans est bien adapté à la production de pâte à papier, le produit le plus important de l’Eucalyptus globulus destiné à l’industrie, mais ne peut se substituer à ce dernier pour la production d’huile d’eucalyptus. Peu de travail d’amélioration génétique est effectué sur Eucalyptus regnans, la majeure partie de l’accroissement mondial à venir en termes de plantation et d’utilisation d’eucalyptus viendra donc probablement d’espèces cosmopolites telles qu’Eucalyptus camaldulensis Dehnh., Eucalyptus globulus et Eucalyptus grandis W.Hill ex Maiden. Le bois d’Eucalyptus regnans étant inadapté à des usages extérieurs, son expansion en Afrique en serait quelque peu limitée. Une autre problématique importante est qu’Eucalyptus regnans ne dispose pas de tubercules ligneux, et ne produit donc aucune repousse. Ceci est un inconvénient pour les plantations intensives car cela signifie que les arbres doivent être replantés après chaque récolte, ce qui, associé à la lente croissance des semis d’Eucalyptus regnans dans les sols de peuplements matures, peut être la première limitation à l’utilisation actuelle et future de cette espèce dans les plantations.
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Sources de l'illustration
- Costermans, L., 1983. Native trees and shrubs of south-eastern Australia. Revised edition. New Holland Publishers, Sydney, Australia. 424 pp.
Auteur(s)
- G. Vaughan, Museo Arqueológico de Tunja, UPTC, Avenida Central del Norte, Tunja, Boyacá, Colombia
Citation correcte de cet article
Vaughan, G., 2011. Eucalyptus regnans F.Muell. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 1 avril 2025.
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