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<center>'''CHAPITRE III RAMASSAGE D'ALIMENTS VÉGÉTAUX ET D'ALIMENTS ANIMAUX - CHASSE ET RAMASSAGE'</center>
§ 1. Ramassage d<center>RAMASSAGE D'animaux.ALIMENTS VÉGÉTAUX ET D'ALIMENTS ANIMAUX — CHASSE ET RAMASSAGE</center>
§ 2. Formes primitives de la cuisson des viandes.
§ 3; Origine religieuse (Hahn) de la cc thésaurisation » du bétail.== Ramassage d'animaux ==
§ 4. Jeûnes rituels et bombances rituelles. § 5. Plantes magiques. Caractère religieux du bâton à fouir, de la houe et de la charrue. Travail masculin et travail féminin. La chasse, plus récente que le ramassage. § 1. - — Dans les sociétés huma~nes humaines vivant de c< ramassage >>la recherche: de la nourriture exige beaucoup d'efforts. Aucune partie des plantes utilisables n'échappa jadis au sens aigu des rarnassf'nrs. Mais le monde animal fut lui aussi inventorié. Les quadrupèdes et les oiseaux ne fournirent pas seuls à l'homme des élémen~s utilisables, mais aussi les vers, les chenilles, les limaçons. Rien ne fut dP-daigné.
Une poignée de poux, récoltés sur la tête d'un de ses compagnons, met le nègre d'Afrique d'une excellente humeur.
mais cela n'empêche pas que leur nourriture habituelle est constituée de petits animaux, des rats, des chauves-souris, des lézards, et ainsi de suite, jusqu'à de simples insectes et à leurs larves. Même les plus pauvres de ces peuples agissent conformément à cette règle, par exemple, les Australiens et les pigmées d'Afrique.
== Formes primitives de la cuisson des viandes == § 2. - — Mais nous sommes bien moins renseignés sur la nourriture animale des populations préhistoriques que sur leur nourriture végétale. La chasse est sans contredit une occupation qui donne lieu à une activité cérébrale intense. Au contraire la préparation des viandes pour les mang•e r n'est en elle-même susceptible d'aucun perfectionnement. En fait nous n'avons encore trouvé rien de mieux que de rôtir ou de griller les viandes.
Morgan (t) peut avoir raison en considérant les poissons comme ayant été l'objet des premières préparations culinaires parce qu'ils sont inutilisables à l'état cru. J'ajoute comme figurant aussi parmi les premiers produits du même art les quartiers de viande cuits dans la cendre, la viande bouillie avec son jus, les morceaux de viande ou de poissons séchés ou râpés et jetés dans la soupe ou cuits avec elle, la viande grillée à feu libre. Encore à présent, dans l'est de l'Europe, les petits bergers savent garnir d'argile un jeune corbeau et le rôtir à feu libre.
Mais la nourriture animale et son évolution ne nous occuperont pas. Il n'en faut pas moins caractériser l'instinct de ramassage aussi en ce qui la concerne. Les débuts de l'utilisation de l'animal par l'homme s'y rattachent, question qui reste enveloppée de beaucoup d'obscurité.
== Origine religieuse (Hahn) de la « thésaurisation » du bétail == § 3. - — De toutes les idées de Hahn, c'est bien son hyrothèse sur la domestication des animaux qui a suscité le plus de contradicteurs. Il pense que le culte des astres, fondé sur le retour saisonnier des constellations, évolua dans le sens d'une religion agricole réglant le retour du travail de la pioche et de la charrue : Dans cette religion, la conduite de l'homme vis-à-vis des animaux révèle ses conceptions de la divinité. Sans détailler certains raits ethnologiques ou certaines traditions d'ailleurs importantes (Hahn 1905-1909), signalons seulement ce qui suit, comine marquant l'influence sur l'homme de cette religion agraire. Le sang fortifie la divinité : d'où l'élevage ou au moins l'apprivoisement des animaux, tenus en réserve en prôvision des sacrifices. A cela se relie l'existence du char rituel. Si le char était sacré, l'animal qui le tirait l'était aussi. Puis nous trouvons la magie solaire et
( 1) MoRGAN, LEWIS (H.), Urgesellschaft, 2 ed. Stuttgart, 1908 {1 ere édition en 1876 renfermant déjà toute la théorie du Hackbau).
le lever héliaque du taureau. Je ferai remarquer encore que des idées religieuses doivent être aussi intervenues en ce qui concerne la nourriture animale et que de là viennent les grandes différences que l'on constate dans l'usage qui est fait des viandes. Les matériaux: bruts que l'on possède sur cette question sont d'un classement difficile, mais ils paraissent confirmer plutôt qu'infirmer l'hypothèse de Hahn sur l'origine de l'élevage.
== Jeûnes rituels et bombances rituelles == § 4. - — Qui donc, s'affranchissant des idées préconçues et des points de vue directeurs traditionnels, aura le courage de mettre· tout sùnplement en ordre les nombreux faits connus sur l'évolution de l'alimentation animale ? Apprivoiser un animal n'est pas la m·~me chose que le domestiquer.
Seulement apprivoisé, un animal reste le plus souvent infécond. Il y a aussi des cas où des animaux vraiment domestiqués sont, non pas utilisés, mais seulement « thésaurisés » et on peut se demander quel profit on y trouve. Certains peuples africains attendent pour abattre le bétail et en tirer quelque parti que les bêtes soient à peu près mourantes. Beaucoup de peuples ont des troupeaux considérables et ne traient pas leurs vaches. Ils ignorent absolument l'usage du lait. Dans· le même ordre d'idées, citons l'interdiction rituelle d'utiliser beaucoup de sortes de viandes, le tabou, la prohibition de la viande pour des castes entières ou des peuples entiers, le jeûne, poussé jusqu'à la perte de connaissance et, d'autre part, les bomLances rituelles (1). L'usage de .la chair humaine, qui s'est conservé en cas de famine jusqu'à une époque très récente, est le reste clandestin d'un usage qui a fait partie de pratiques communes jadis à tous les hommes. Il y a, pénétrant notre monde, des énergies étrangères au domaine des choses sensibles.
On s'est peu occupé de toutes ces catégories de faits et pourtant le« côté idéal de la vie» mérite, bien entendu, une sérieuse attention. Hahn objecte à l'ethnologie sa tendance à considérer la notion d'utilité comme le seul ressort agissant de toute l'activité économique et surtout de tout << devenir » historique, comme si, selon la conception régnante au x1xe siècle, comme si toute chose se mesurait en fonction du succès, évalué lui-même .en marks et en pfennigs, ou, mieux encore, en dollars, ce qui assimile une grande découve.rte philosophique ou physique à l'acquisition d'un sac de pommes de terre.
== Plantes magiques. Caractère religieux du bâton à fouir, de la houe et de la charrue. Travail masculin et travail féminin. La chasse, plus récente que le ramassage == § 5. - — On sait que beaucoup de plantes et surtout des plantes utiles ont été associées par l'homme à des conceptions relatives au maître invisible de sa destinée. Suivant une idée généralement admise, c'est peut-être pour cela que certaines plantes d'utilité {1) Nombreux renseignements dans FLIN KER (A. D.), Religiose Fasten i. hygien. und sozialpolit. Beziehung. Vierteljahrsschr. oOenttl. Gesundspflege, 40, 1908 345-359 ; KnüNITZ (J. G.), Oekonom-tec/molog. Enzyklopadie, Bd. 12, 283, avec nombreux renseignements sur le xvme siècle.
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