Myrte (Cazin 1868)

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Mûrier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Narcisse


[672]

Myrte commun

Nom accepté : Myrtus communis


MYRTE. Myrtus communis. L.

Myrtus latifolia. C. Bauh.

Myrte commun.

MYRTICÉES. — MYRTÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.


Le myrte, non moins célèbre que le laurier chez les anciens, servait à couronner les amants heureux. Originaire d'Afrique, il croît en Espagne, dans le midi de la France, et est cultivé comme arbrisseau d'agrément.

Description. — Racine ligneuse, peu profonde. — Tiges rameuses, hautes de 1 à 2 mètres et même quelquefois plus. — Feuilles opposées, luisantes, d'un vert gai, odorantes, persistantes. — Fleurs blanches, axillaires, pédonculées, solitaires (juin-juillet-août). — Calice globuleux, à cinq dents. — Corolle à cinq pétales. — Etamines nombreuses. — Fruit : baie ovalaire, noire, triloculaire, renfermant de petites graines dures et blanches.

Parties usitées. — Les feuilles et les fruits.

Récolte. — Les feuilles sont apportées sèches du Midi. Les baies doivent être choisies récentes, assez grosses, bien sèches, noires, d'un goût astringent.

[Culture. — Terre franche, légère, et mieux de bruyère ; exposition chaude ; on le propage de graines ou de boutures, on le rentre l'hiver.]

Propriétés physiques et chimiques. — Le myrte fournit une huile essentielle qui jouit de propriétés excitantes énergiques. — On préparait avec cette plante un extrait nommé myrtelle ; ses feuilles et ses fleurs distillées donnent une eau appelée eau d'ange, tant elle était estimée. D'après Dioscoride, on préparait par ébullition une sorte de vin appelé myrtedanum, avec les rameaux chargés de feuilles et de fruits de cet arbrisseau. — Dans quelques lieux de la Grèce, de l'Italie et de la Provence, les feuilles de myrte servent pour le tannage des cuirs.

Toutes les parties de cette plante sont astringentes et aromatiques, Vanté outre mesure par les anciens et presque entièrement oublié comme plante médicinale par les modernes, cet arbrisseau ne mérite ni les éloges prodigués par les premiers, ni le dédain des derniers. « L'huile volatile aromatique que fournissent toutes ses parties, le principe astringent que décèle le mélange du sulfate de fer avec son infusion, qu'il noircit, annoncent, dit Loiseleur-Deslongchamps, des propriétés excitantes et astringentes dont on pourrait tirer parti, si tant d'autres moyens ne s'offraient pour remplir les mêmes indications[1]. » Dioscoride et Pline le recommandaient contre la débilité des voies digestives, la diarrhée, les flueurs blanches, les hémorrhagies, et à l'extérieur, dans le relâchement des gencives, la chute du rectum, etc.

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  1. Dictionnaire des sciences médicales, t. XXXV, p. 141.


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Garidel (1)[1] donne la composition d'une liqueur huileuse dont il exagère la vertu : Prenez, baies de myrte bien mûres, un peu desséchées sur l'arbuste, une où deux poignées ; pilez-les dans un mortier, mettez-les dans un pot de terre neuf avec un peu d'eau-de-vie. Au bout de sept à huit jours, passez avec expression, vous aurez un suc huileux propre à raffermir certains organes relâchés. Le myrte, consacré à Vénus, n'offre, quoi qu'en dise Garidel, qu'une ressource bien illusoire pour effacer les traces ineffaçables du culte de cette déesse.

Nulla superabilis arte
Læsa pudicitia est, deperit illa semel.
(OVIDE, Epist.)

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  1. Histoire des plantes de la Provence, 1723.


Myrte bâtard

Nom accepté : Myrica gale


MYRTE BATARD, MYRTE DE BRABANT, MYRTE DES PAYS FROIDS, PIMENT AQUATIQUE, PIMENT HOYAL (Myrica gale, L. Rhus ; Myrtifolia belgica, C. Bauh. ; Elæagus cordi, Lob. ; Myrtus brabantica, Tourn.).

MYRICÉES. Fam. nat. — DIOÉCIE TÉTRANDRIE. L.


Le myrte bâtard croît dans les lieux marécageux et incultes de l'Europe septentrionale. On le trouve dans les marais des Planets à Saint-Léger, aux environs de Versailles, dans les marais du Cériset, de Montfort, etc., et dans beaucoup d'autres parties de la France.

Description. — Racine fibreuse. — Tige rameuse, grêle, d'environ 80 centimètres de hauteur. — Feuilles spatulées, alternes, oblongues, dentées, d'un vert brun, étroites à la base, larges et arrondies au sommet. — Fleurs jaunes, disposées sur des chatons ovales, sessiles, à écailles luisantes, en forme de croissant : les fleurs mâles ayant quatre étamines à anthères ovales et didymes ; les fleurs femelles ayant un ovaire supérieur à deux styles, grêles, à stigmate simple. — Fruit : baie arrondie, noire, à une semence.

Cette plante, d'une odeur forte, aromatique, d'une saveur amère, passe pour tonique, excitante, vermifuge et antipsorique. Elle paraît contenir beaucoup de camphre ; ses feuilles et ses jeunes pousses sont parsemées de petits points qui, selon Peyrilhe, ont beaucoup d'analogie avec la cire. On prétend que ses fruits fournissent, par la décoction dans l'eau, une huile concrète semblable à la cire qu'on obtient de l'arbre à cire (myrica cerifera, L.). Gilibert la recommande aux praticiens. Son odeur forte, dit-il, a autant d'énergie que plusieurs autres plantes tant recommandées. Peyrilhe lui supposait aussi de grandes vertus. Cette plante, dit Bodart, est du nombre de celles qui pourraient être multipliées, en s'appliquant à la propager dans les sites ou nous la trouvons spontanée.