Iddjâs (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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Les Andalous lui donnent le nom d’yeux de bœuf caīūn al-baqar. — ISHAK IBN SOLEIMAN. Il est deux espèces de prunes, une noire et une blanche. La noire est en réalité l’iddjâs; quant à la blanche, elle est connue sous le nom de chahloudj šāhlūǧ. — GALIEN, Livre des Aliments. La meilleure prune est celle qui est volumineuse, molle, d’une faible astringence. La plus mauvaise est celle qui est petite, dure et très astringente. — EL-BASRY. La meilleure prune est celle qui nous vient de Koumès qūmis - ISHAK IBN SOLEIMAN. Préférez celle qui est charnue, qui a la peau mince, avec de l’amertume et un peu d’astringence. La prune noire, bien mûre, d’une douceur franche, est froide au premier degré et humide à la fin du même. — DIOSCORIDES, I, 174. Le prunier est un arbre connu. Son fruit est comestible, mais il ne vaut rien à l’estomac et relâche le ventre. Quant à la prune de Syrie al-šāmī et particulièrement celle de Damas bidimašq, quand elle est séchée, elle devient meilleure à l’estomac et resserre le ventre. — Galien, livre VII. Le fruit de cet arbre relâche le ventre et particulièrement à l’état frais. Quand il est sec, il est moins laxatif. Quant à Dioscorides, je ne comprends pas comment il a pu dire que la prune de Damas administrée à l’intérieur resserrait le ventre, alors que nous la voyons relâcher le ventre d’une manière évidente, moins cependant que la prune qui nous vient de l’Arménie intérieure Ārmīnīat al-dāḫilīat. Et telle en est la raison : la prune qui nous vient de l’Arménie intérieure est plus douce. Dans chacun de ces pays, il en est de l’arbre comme du fruit. Le prunier qui croît dans l’Arménie intérieure est moins astringent que celui de Damas. En somme, tous les arbres et les souches qui ont de l’astringence dans leurs rameaux et leurs feuilles sont employés avec avantage, en décoction, comme gargarisme contre les inflammations de la luette et des amygdales. — DIOSCORIDES. La décoction des feuilles de prunier dans du vin est employée en gargarisme pour combattre l’afflux des humeurs à la luette, aux piliers du voile du palais caḍltā al-lāūzataīn et aux gencives. Le fruit du prunier sauvage, bien mûr et séché, agit de même. En décoction avec du vin cuit, il est d’une meilleure alimentation et il resserre davantage le ventre. — IBN MASSOUIH. La prune est peu nourrissante. Elle ramollit l’estomac en raison de sa viscosité, et elle le refroidit. Elle relâche le ventre à cause de sa viscosité, et elle évacue la bile. Les propriétés que nous venons d’énoncer sont plus prononcées chez la noire que chez l’autre, en raison de sa grande acidité. Quant à la petite espèce, elle ne vaut rien : elle est faiblement laxative. Quand on en fait usage, il faut l’ingérer avant les autres aliments, surtout chez les tempéraments chauds, attendu qu’elle éteint la chaleur et évacue la bile. Les sujets pituitaires doivent prendre, après son ingestion, de l’eau miellée pour déterger les humidités qu’elle engendre dans l’estomac. Quant à l’espèce blanche connue sous le nom de chahloudj, elle est indigeste et n’est pas laxative ainsi que l’autre espèce; aussi l’emploie-t-on comme aliment et non comme médicament. Elle a pour action de ramollir et de refroidir l’estomac. — RAZES, Livre de la Correction des Aliments. La prune est rafraîchissante et laxative. Elle calme la soif. Les plus rafraîchissantes et les moins laxatives sont les acides, à chairs fermes. Les plus acides sont les plus mauvaises pour les tempéraments froids. Quant aux tempéraments chauds, ils n’ont pas besoin qu’on les corrige, à moins qu’ils n’aient l’estomac très affaibli : ils ont en effet besoin de prendre, après leur ingestion, de l’oxymel ancien. Mais les tempéraments froids et les estomacs faibles ont besoin de faire immédiatement après un fréquent usage de vin généreux et de prendre les électuaires ǧūāršanāt (1) que nous avons décrits. — RAZES, dans un autre endroit. La prune sèche détruit l’appétit. Elle convient aux tempéraments chauds, mais non pas aux vieillards : quand ils en font usage, ils doivent prendre ensuite du mastic et de l’encens pour empêcher son adhérence à l’estomac. — ISHAK IBN AMRAN. La prune acide est froide et sèche. Elle convient aux tempéraments chauds. — IBN MASSOUIH, De la Correction des Médicaments laxatifs. La prune a la propriété d’évacuer la bile et d’en émousser l’acuité, de calmer et d’arrêter les vomissements et de combattre le prurit. Si l’on veut en faire usage, il faut prendre celle qui est franchement acide, la faire bouillir dans un vase, puis en ingérer une demi-livre. — ISHAK IBN SOLEIMAN. La prune blanche est mauvaise; elle est peu relâchante en raison de sa dureté et de son peu d’humidité. La meilleure est celle qui est bien mûre. Si on la fait bouillir, que l’on décante l’eau et que l’on en boive avec du sucre ou du miel, c’est un excellent laxatif, surtout si l’on garde longtemps l’abstinence après son ingestion. — Le Livre des Expériences. Le macéré de prunes est salutaire dans les diverses toux où le vinaigre est nuisible. La décoction de la prune sèche, dans laquelle on aura mis seulement du sucre, est utile contre la fièvre bilieuse. — El-Khoùz Āl-ḫūz. L’eau de prune excite les règles. — Livre de L’Agriculture. Le prunier de montagne est un arbre dont les feuilles sont arrondies et plus petites que celles du prunier cultivé. Son fruit est pareillement acide, d’une acidité franche. Cet arbre ne prospère pas dans les jardins. — GALIEN. Le fruit de la prune petite et sauvage est d’une astringence marquée et resserre le ventre (2).
(1) Le mot djouarchenât ǧūāršināt employé par Razès, est le pluriel de djouarchen ǧūāršin que l’on trouve chez Avicenne, dans le chapitre du cinquième livre consacré à des préparations pharmaceutiques. C’est ce que nous appelons aujourd’hui électuaire ou confection.
(2) Dans le nord de l’Afrique, le mot iddjâs ou plutôt endjâs signifie poire. La prune porte les noms de bergoûg et d’a’ïn. Dans la traduction arabe de Dioscorides, nous trouvons en note que la prune s’appelle, à Jaën, bigournia biqūrnīat.