Ghâfets (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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- Dioscorides, IV, 41. L’eupatoire, xxx, est une plante annuelle employée comme broussaille à allumer le feu; elle fournit une tige unique, droite, mince, noire, dure, ligneuse, velue, de la longueur d’une coudée ou plus, à feuilles espacées, divisées en cinq parties ou davantage; ces divisions rappellent les feuilles de pentaphyllon ou de chanvre, de couleur noire, et dentées vers leur sommet (il y a une transposition dans le texte arabe). Du milieu de la tige, sortent des fruits garnis de petits poils et inclinés en bas. A l’état sec, ils s’accrochent aux vêtements.
- Galien, VI.
- Dioscorides.
- L’auteur. Il y a de nombreuses divergences d’opinions sur cette plante parmi les médecins de l’Orient et de l’Occident, au point que pas un d’eux n’a su la vérité. Les médecins du Maghreb extrême et de l’Ifrikiya la remplacent par la plante appelée en berbère terhelân (voy. n° 413) et qui n’est que le thobbâk (Voyez n° 1448). Ils ont été amenés là par les assertions d’Ishak ibn Amrân et d’Ahmed ibn Abi Khâled; mais c’est une grave erreur. En effet, le terhelân est mentionné par Dioscorides, au troisièmc livre, sous le nom grec de konouza, ce qui est le thobbâk en arabe; il en a été parlé à la lettre thâ. Quelques médecins de l’Andalousie emploient la plante, dont nous décrivons ici les caractères et les propriétés d’après Dioscorides et Galien. Les habitants de l’Espagne orientale (que Dieu la rende à l’islam!) lui donnaient le nom de remenda, «.xa^j, dans le langage vulgaire de l’Espagne. Quant aux médecins de l’Irak, de la Syrie et de l’Egypte, ils ne savent rien de ce que nous avons relaté. Ils emploient une autre plante, d’une amertume extrême, à fleurs bleues, légèrement allongées, à rameaux arrondis, aussi minces que le jonc, à feuilles et à tiges de couleur jaunâtre dans toutes ses parties; elle est d’une amertume extrême, plus amère que l’aloès, plus active et plus efficace contre les obstructions du foie et d’autres organes que le médicament considéré par les interprètes comme le ghâfets de Dioscorides et de Galien. Sachez-le bien. D’après Badighoras, on remplace le ghâfets par moitié de son poids d’asurum et son poids et demi d’absinthe.
On a beaucoup discuté sur l’eupatoire. Constatons d’abord qu’on s’accorde à voir dans celui de Dioscorides l’Aigremoine, Agrimonia eupatorium; on a voulu trouver autre chose dans Avicenne et on a fait une espèce dite Eupatorium Avicennœ, E. cannabinum. Nous croyons cependant avec Sprengel qu’Avicenne n’a pas eu d’autre plante en vue que celle de Dioscorides ; il suffit d’un peu de réflexion pour le reconnaître. Comme toujours, sa description est courte, mais conforme à celle de Dioscorides. Il n’ajoute que la comparaison de la fleur avec celle du nénuphar, ce qui est vrai comme couleur. On pourrait presque en dire autant de Mésué. Sprengel a peut-être raison en pensant que l’on aura confondu yJ_yàUa.l» avec y_jjj_jkÀï, ce qui donne à la plante les feuilles de la centaurée et la dénature. De là, selon Sprengel, tant de querelles et un mépris immérité de l’opinion des Arabes. Mésué cependant ajoute qu’on la prend pour l’herbe aux puces, un des noms de l’Inula, comme on lit aussi chez Ibn el-Beïthâr, à l’article. Dans les notes de la traduction arabe de Dioscorides, le synonyme espagnol est StXÀ-iff.