Texte du Capitulare de villis
Ecrit vers 812 et attribué à Charlemagne, ce capitulaire expose ce qui doit être réalisé dans les domaines ou les villages (sens de "villa") qui dépendent de l'empereur.
Extrait de : Élisabeth Magnou-Nortier, 1998. Capitulaire De Villis et curtis imperialibus (vers 810-813) : texte, traduction et commentaire. Revue historique, 607 : 643-690 sur Gallica.
Version de Carlrichard Brühl, Capitulare De villis, Stuttgart, 1971 MGH, Cap. I, n° 32 (800 vel ante ?)
Seuls sont repris les parties de chapitres qui contiennent des noms de plantes. Les traductions ont été laissées telles quelles.
Des plantes méditerranéennes manquent à l'appel, comme l'olivier, le cédratier et le grenadier, sans parler de l'abricotier. Les céréales de grande culture (blés, orge, seigle) ne sont mentionnées qu'indirectement au travers du pain et de la bière. De même, des plante à huile comme la navette ou la caméline sont absentes.
Voir Plantes du Capitulare de villis pour les identifications.
34. Omnino praevidendum est cum omni diligentia, ut quicquid manibus laboraverint aut fecerint, id est lardum, siccamen, sulcia, niusaltus, vinum, acetum, moratum, vinum coctum, garum, sinape, formaticum, butirum, bracios, cervisas, medum, mel, ceram, farinam, omnia cum summo nitore sint facta vel parata. | 34. On doit pourvoir avec beaucoup de diligence à ce que tout ce qui est travaillé ou fabriqué à la main soit préparé et réalisé avec une grande propreté, à savoir le lard, les viandes fumées, les saucisses, le petit salé, le vin, le vinaigre, le vin de mûres, le vin cuit, le garum, la moutarde, le fromage, le beurre, le malt, la cervoise, l'hydromel, le miel, la cire, la farine. |
43. Ad genitia nostra, sicut institutum est, opera ad tempus dare faciant, id est linum, lanam, vvaisdo, vermicula, vvarentia, pectinos laninas, cardones, saponem, unctum, vascula vel reliqua minutia, quae ibidem necessaria sunt. | 43. Qu'ils fassent donner en temps opportun à nos gynécées selon les règles établies [ce qui est nécessaire] au travail, à savoir le lin, la laine, la guède, le vermeil, la garance, les peignes à laine, les chardons à carder, le savon, la graisse, les récipients et toutes les autres menues fournitures qui sont nécessaires [au travail]. |
44. De quadragesimale duae partes(a) ad servitium nostrum veniant per singulos annos, tarn de leguminibus quamque et de piscato seu formatico, butirum, mel, sinape, aceto, milio, panicio, herbulas siccas vel virides, radices, napos, insuper et ceram vel saponem atque cetera minutia. | 44. Pour le maigre du Carême, que chaque année soient mis à notre service les deux tiers tant des légumes, que du poisson et du fromage, du beurre, du miel, de la moutarde, du vinaigre, du millet, du panic, des herbes sèches et fraîches, des racines, des navets, en outre de la cire, du savon et des autres produits. |
45. Ut unusquisque iudex in suo ministerio bonos habeat artifices, id est fabros ferrarios, et aurifices vel argentarios, sutores, tornatores, carpentarios, scutarios, piscatores, aucipites id est aucellatores, saponarios, siceratores, id est qui cervisam vel pomatium sive piratium vel aliud quodcumque liquamen ad bibendum aptum fuerit facere sciant, pista res, qui similam ad opus nostrum faciant, retiatores qui retia facere bene sciant, tam ad venandum quam ad piscandum sive ad aves capiendum, necnon et reliquos ministeriales quos ad numerandum longum est. | 45. Que chaque intendant dispose dans son ressort de bons artisans, à savoir : de forgerons, d'orfèvres, d'artisans travaillant l'argent, de cordonniers, de tourneurs, de charpentiers, de fabricants de boucliers, de pêcheurs, d'oiseleurs, de fabricants de savon, de fabricants de cervoise, de cidre, de poiré, et qui sachent aussi fabriquer tous les autres jus, de boulangers qui façonnent des petits pains pour nos besoins, de fabricants de filets tant pour la chasse que pour la pêche ou la capture des oiseaux, et tous les autres ministériaux qu'il serait long d'énumérer. |
62. Ut unusquisque iudex per singulos aunos ex omni collaboratione nostra quam cum bubus. quos bubulci nostri servant, quid de mansis qui arare debent, quid de sogalibus, quid de censis, quid de fide facta vel freda, quid de feraminibus in forestis nostris sine nostro permisso captis, quid de diversis conpositionibus, quid de molinis, quid de forestibus, quid de cam[b]is, quid de pontibus vel navibus, quid de liberis hominibus et centenis qui partibus fisci nostri deserviunt, quid de mercatis, quid de vineis, quid de illis qui vinum solvunt, quid de feno, quid de lignariis et faculis, quid de axilis vel aliud materiamen, quid de proterariis, quid de leguminibus, quid de milio et panigo, quid de lana, lino vel canava, quid de frugibus arborum, quid de nucibus maioribus vel minoribus, quid de insitis ex diversis arboribus, quid de hortis, quid de napibus, quid de vvivvariis, quid de coriis, quid de pellibus, quid de cornibus, quid de melle et cera, quid de uncto et siu vel sapone, quid de morato, vino cocto, medo et aceto, quid de cervisa, de vino novo et vetere, de annona nova et vetere, [651-172] | 62. Que chaque intendant [sache] chaque année ce qu'il aura eu de tout le produit des terres labourées avec les bœufs que conduisent nos bouviers, des manses qui doivent le service de culture, des porcs, des cens ; de la foi engagée et des amendes, du gibier pris dans nos forêts sans notre permission, des diverses compositions ; des moulins, des forêts, des brasseries, des ponts et des navires ; des hommes libres et des centaines qui servent les intérêts de notre fisc ; des marchés ; des vignes, de ceux qui acquittent du vin, du foin, du bois, des torches, des bardeaux et autres fournitures en bois ; des terres cultivées, des légumes, du millet, du panic, de la laine, du lin, du chanvre, des fruits des arbres, des noyers et des noisetiers, des arbres greffés de toutes espèces ; des jardins, des navets, des viviers, des cuirs, peaux, cornes, du miel et de la cire, de la graisse, du suif et du savon ; du vin de mûres, du vin cuit, de l'hydromel, du vinaigre, de la cervoise, du vin nouveau et du vin vieux ; du blé nouveau et de l'ancien... |
70. Volumus quod in horto omnes herbas habeant : id est lilium, rosas, fenigrecum, costum, salviam, rutam, abrotanum, cucumeres, pepones, cucurbitas, fasiolum, ciminum, ros marinum, careium, cicerum italicum, squillam, gladiolum, dragantea, anesum, coloquentidas, solsequiam, ameum, silum, lactucas, git, eruca alba, nasturtium, parduna, puledium, olisatum, petresilinum, apium, levisticum, savinam, anetum, fenicolum, intubas, diptamnum, sinape, satureiam, sisimbrium, mentam, mentastrum, tanazitam, neptam, febrefugiam, papaver, betas, vulgigina, mismalvas, malvas, carvitas, pastenacas, adripias, blidas, ravacaulos, caulos, uniones, britlas, porros, radices, ascalonias, cepas, alia, warentiam, cardones, fabas maiores, pisos mauriscos, coriandrum, cerfolium, lacteridas, sclareiam. Et ille hortulanus habeat super domum suam Iovis barbam. De arboribus, volumus quod habeant pomarios diversi generis, pirarios diversi generis, prunarios diversi generis, sorbarios, mespilarios, castanearios, persicarios diversi generis, cotoniarios, avellanarios, amandalarios, morarios, lauros, pinos, ficus, nucarios, ceresarios diversi generis. Malorum nomina : gozmaringa, geroldinga, crevedella, spirauca, dulcia, acriores, omnia servatoria, et subito comessura, primitiva. Perariciis servatoria trium et quartum genus, dulciores et cocciores et serotina. |
70. Nous voulons que nos intendants possèdent dans les jardins des plantes de toutes espèces, à savoir, le lis, les roses, le fénugrec, la menthe-coq, la sauge, la rue, l'aurone, Ies concombres, les citrouilles, les calebasses et artichauts d'Espagne, le haricot, le cumin officinal, le romarin, le carvi, le pois-chiche, la scille, le glaïeul, la serpentaire, l'anis, les coloquintes, l'héliotrope, le méum d'athamante, le séseli de Marseille, les laitues, la patte d'araignée, la roquette, le cresson alénois, la bardane, le pouliot, le maceron commun, le persil, le céleri, la livêche, la sabine, l'aneth, le fenouil doux, les chicorées, le dictame de Crète, la moutarde, la sarriette, la menthe aquatique, la menthe des jardins, la menthe à feuille ronde, la tanaisie, l'herbe-aux-chats, la petite centaurée, le pavot des jardins, les bettes, le cabaret, les guimauves, les mauves en arbre, les mauves, les carottes, les panais, l'arroche des jardins, les amarantes blettes, les choux-raves, les choux, les oignons, les appétits, les poireaux, les raves et radis, les échalotes, les ciboules, les aulx, la garance, les chardons à bonnetier, les fèves des marais, les pois, la coriandre, le cerfeuil, les épurges, l'orvale. Que le jardinier ait sur sa maison de la joubarbe. Quant aux arbres, nous voulons que nos intendants aient des pommiers de diverses espèces, des poiriers de diverses espèces, des pruniers de diverses espèces, des sorbiers, des néfliers, des châtaigniers, des pêchers de diverses espèces, des cognassiers, des aveliniers, des amandiers, des mûriers, des lauriers, des pins, des figuiers, des noyers, des cerisiers de diverses espèces. Noms des pommes : gazmaringa, geroldinga, crevedella, spirauca, les unes douces, les autres aigres, toutes de garde ; et celles qu'on mange aussitôt cueillies, et qui sont hâtives. Poires de garde de trois ou quatre espèces, douces, à cuire (?), ou tardives. |