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Aconit (Cazin 1868)

233 octets ajoutés, 27 juillet 2014 à 19:35
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<center>'''ACONIT NAPEL'''. ''Aconitum napellus''.
''Aconitum cœruleum, seu Napellus primus.'' BAUH. — ''Napellus.'' DOD.
'''PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.'''
{|align="center"| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" | A L’INTERIEUR. — Extrait alcoolique (2 sur 7 d'alcool à 21 degrés), 2 centigr. à 25 centigr. en pilules. <br \>Extrait aqueux, 5 centigr. à 30 centigr. en pilules, potions. <br \>Extrait avec les feuilles vertes, 5 à 20 centigr. <br \>Teinture alcoolique (1 sur 5 d'alcool), 56 centigr. à 3 gr. <br \>Teinture éthérée (1 sur 6 d’éther), 10 centigr. à 1 gr. 50 centigr. <br \>Teinture avec feuilles fraîches, alcoolature (1 sur 1 d’alcool à 33 degrés), 25 centigr. à 1 gr. 50 centigr.<br \>[On a proposé de faire l'alcoolature d'aconit avec parties égales de suc frais et d'alcool à 88 degrés ; mais il vaut mieux faire agir le même alcool et dans les mêmes proportions sur les feuilles fraîches contusées. Passer, exprimer et filtrer après huit jours. Bouchardat propose de faire l'alcoolature de racines avec parties égales. Cette préparation est très-active ; elle ne doit être délivrée que sur ordonnance formelle du médecin.] <br \>
Poudre, 2 centigr. à 20 centigr.
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" | A L’EXTERIEUR. — Extrait, de 2 à 4 gr. <br \>Teinture alcoolique, 1 à 8 gr. en liniment. <br \>Poudre, 10 centigr. à 60 centigr., en pommade, etc. <br \>''Aconitine'', 1 à 3 milligr. (avec poudre de réglisse et sirop smiple), en 12 et 16 pilules : 1 de trois en trois heures. <br \>[Formule de E. Hottot : aconitine, 1 centigr.; poudre de réglisse, 2 gr. ; sirop, ‘'Q. S.'' Pour 50 pilules, chacune d'elles contiendra un cinquième de milligramme, 2 à 10 par jour.] <br \>Teinture d’aconitine (aconitine, 5 centigr. ; alcool à 56 degrés, 100 gr.), 20 centigr. à 1 gr. 50 centigr. en potion. <br \>[Chaque gramme de teinture représente 1 milligramme d'aconitine. (E. Hottot.)] <br \>''Pommade'' (Brockes). — Aconitine, 10 centigr. ; alcool, Q. S. Pour dissoudre, axonge, 8 gr. F. S. A. <br \>Embrocation. — Aconitine, 1 gr. ; alcool rectifié, 250 gr, en frictions. <br \>Liniment. — Aconitine, 1 gr. ; huile d’olives, 2 gr. ; axonge, 32 gr. <br \>
''Gouttes d'aconitine.'' — Aconitine, 1 gr. ; alcool rectifié , 10 gr. Pour instiller dans l'oeil.
|}
[Les préparations pharmaceutiques de l’aconit sont très-variables dans leur composition et dans leurs effets ; les plus fidèles sont l’extrait alcoolique et l’alcoolature ; l'extrait alcoolique de la racine est le plus actif, puis vient l'extrait alcoolique du suc, enfin l'extrait aqueux, celui du Codex, qui l'est très-peu ; selon M. Hirtz, l’action de l’extrait de racine d’aconit est à celle de l’extrait des feuilles :: 25 : 1.]
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(1) Le principe actif des renonculacées en général, et en particulier de l'aconit, se détruit par la chaleur et même par la simple dessiccation, les renouculacées fraîches, par exemple,
Hujus in exitum miscet Medea quod olim<br>
Attulerat secum scythis aconitum ab oris.<br>
{{droite|:::(Ovide.)}}
</blockquote>
''Sur l’homme'' : A. ''Effets locaux.'' L’application simple et la friction ne déterminent aucun effet sur la peau recouverte par l'épiderme, si on en excepte toutefois les endroits où cette membrane est très-mince ; il se pro-
 
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dont quelques-unes sont de violents poisons pour les bestiaux, peuvent, à l'état sec, être mangées par eux sans danger.
Il est donc de tonte nécessité que l'extrait de cette plante soit préparé à une basse température. Grandval (''Bulletin de thérapeutique'', 1851, p. 399) a fait connaître, il y a six ou sept ans, un appareil qui permet l'évaporation à siccité dans le vide, non-seulement de l'extrait d'aconit, de celui de ciguë, mais de tous les extraits. Maldan, de l’hôpital de Reims, qui, sous la direction d'Andral, avait expérimenté l'extrait d'aconit dans des cas très-nombreux, à des doses élevées, et avec des résultats presque négatifs, a constaté l'action énergique des extraits d'aconit et de ciguë préparés à l'aide de l'appareil de Grandval. Celui de Berjot, qui évapore aussi dans le vide, produit les mêmes effets.
 
 
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(1) ''Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques'', t. Ier, p. 293.
(Depuis qu'on a étudié avec soin l'antagonisme des substances toxiques, il a été publié bon nombre de faits tendant à établir solidement celui qui existe entre l'aconit et l'opium.)
Pour Teissier (1), dont les expérimentations sur les effects de l'aconit sont très-nombreuses, le caractère essentiel de cette plante est d'agir sur la peau. Il a, dit ce médecin, une propriété éliminatrice spéciale sur celle membrane, qui le rend utile comme médication principale ou comme simple élément de la médication dans toutes les maladies où la perturbation de l’activité cutanée joue un grand rôle….L’aconit n’est point, selon l'opinion de Teissier, un médicament franchement antiphlogistique ; seulement, dans un assez grand nombre de maladies, il diminue la fréquence du pouls en calmant les douleurs qui produisent la fièvre, ou bien en favorisant l'élimination du principe morbide qui l'entretient.
Suivant Trousseau et Pidoux, l'aconit exerce seulement sur l'économie une action stupéfiante en vertu de laquelle il peut calmer les douleurs névralgiques et rhumatismales : « Cette propriété, toutefois, disent ces auteurs, il la possède à un moindre degré que d'autres substances dont l'emploi est en quelque sorte trivial. Sans doute aussi il peut provoquer des sueurs, en modifiant certaines autres sécrétions; mais, en cela, il n'a rien qui le distingue de la ciguë, de la jusquiame, de scille, etc., etc. »
C'est faire à l'aconit une part trop restreinte. Si les plantes narcotiques ou stupéliantes ont des propriétés qui leur sont communes, chacune d'elles en possède qui lui est propre. L'une ne saurait être substituée à l'autre d'une manière absolue. L'aconit a guéri des névralgies et des rhumatismes contre lesquels on avait inutilement employé l'opium, la [[Jusquiame (Cazin 1868)|jusquiame]] et la belladone. L’aconit combat efficacement les douleurs phlegmasiques, parce qu'il agit non-seulement contre les douleurs comme tous les stupéfiants, mais aussi contre l'élément fébrile par une propriété qui lui est particulière ; tandis que l'opium, par son action excitante sur le système sanguin, augmente la fièvre et peut ainsi aggraver la maladie dont il ne fait qu'engourdir momentanément un des symptômes.
L'observation suivante, recueillie dans ma pratique, et que je considère comme très-remarquable, trouve ici sa place :
Lefèvre, loueur de voitures, âgé de trente-huit ans, tempérament lymphatico-sanguin , taille moyenne, cheveux châtains, jouissant habituellement d'une bonne santé, se fit, le 3 décembre 1854, une petite écorchure entre l'ongle et l'extrémité du pouce de la main gauche, en débouchant l'égout d'une écurie où se trouvaient des chevaux morveux qu'il soignait lui-même depuis quelque temps. Cet égout, dans lequel il avait trempé la main, était rempli de l'urine de ces animaux.
Dès le 5 au matin, Lefèvre éprouva des frissons suivis de chaleur et de fièvre. En même temps le pouce blessé devint douloureux, s'enflamma, se tuméfia, prit une teinte rouge-brun qui s'étendit bientôt le long des vaisseaux radiaux jusqu'au tiers inférieur de l'avant-bras. La suppuration s'établit dans la petite plaie et autour de l'ongle, qu'elle détacha. Deux ou trois jours après (le 7 ou le 8), une tumeur du volume d'un œuf
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de pigeon se montra au point où se terminait, à l'avant-bras, la traînée phlegmasique de la peau. Cette tumeur offrait déjà de la fluctuation. On en remit l'ouverture au lendemain. La fièvre continuait; elle était accompagnée de soif, d'anorexie, de nausées, d'irritation gastrique.
Le lendemain (le 8 ou le 9), l'abcès que l'on se proposait d'ouvrir avait disparu ; mais une douleur assez vive s'était fait sentir pendant la nuit dans tout le pied gauche, que l'on trouva enflé jusqu'au-dessus des malléoles, et offrant sur le dos une rougeur érysipélateuse très prononcée. Le docteur qui avait été appelé au début de la maladie, fit appliquer quinze sangsues sur cette dernière partie; les piqûres saignèrent abondamment ; l’inflammation et la douleur se calmèrent. On mit des cataplasmes émollients.
Au bout de trois ou quatre jours (vers le 12 ou le 13), la tumeur présentait de la fluctuation dans une assez grande étendue sur le dos du pied. Le docteur……l’ouvrit docteur…… l’ouvrit largement et donna issue à une grande quantité de pus sanguinolent, épais, semblable à de la lie de vin. La fièvre diminua considérablement et le malade put goûter quelques instants de repos ; cependant l'appétit était presque nul, et les symptômes d'irritation gastrique persistaient. La suppuration était abondante et fétide. Vers la fin du mois, on s'aperçut qu'une nouvelle collection purulente, du volume d'un petit oeuf œuf de poule, s'était formée sans travail inflammatoire sensible à la partie inférieure et interne de la jambe droite. Ouverte à l'instant même, il en sortit un caillot de sang noir et du pus semblable à celui de l'abcès du pied, mais plus fluide. La plaie se cicatrisa en quelques jours. Plusieurs autres abcès peu volumineux se formèrent successivement sur diverses régions du corps ; ils furent ouverts ou se terminèrent par délitescence.
La plaie résultant de l'abcès situé sur le dos du pied gauche continua de suppurer, s'étendit en largeur et en profondeur, et devint bientôt un ulcère fétide et de mauvais caractère. Le pied lui-même était resté tuméfié, œdémateux, rouge-cuivre sur le dos et surtout autour de la plaie. La fièvre diminua peu à peu ; mais le malade, qui tenait constamment le lit, maigrissait et s'affaissait de plus en plus.
Tels sont les renseignements que j’ai pu recueillir sur les six premières semaines de la maladie de Lefèvre, auquel le docteur….prescrivit pour tout traitement des boissons délayantes ou acidulées, l’eau d’orge ou de gruau, le bouillon de veau, et plus tard celui de boeuf bœuf avec des fécules ; à l'extérieur, des cataplasmes émollients, des lotions d'eau de javelle étendue dans l'eau tiède, sur l'ulcère du pied.
Appelé le 17 janvier 1855, je trouve le malade dans l’état suivant : amaigrissement considérable, face cachectique, infiltrée, teint plombé, yeux ternes ; pouls faible, à 78 pulsations, non fébrile ; peau sèche, aride, rarement chaude ; langue épaisse, couverte d’un enduit blanchâtre ; inappétence, constipation souvent opiniâtre, point de soif ; sommeil pénible, souvent interrompu ; accablement moral, découragement causé par la perte, dans l’espace d’un an, de seize chevaux atteints de morve ou de farcin, et surtout par la crainte de laisser dans la misère sa femme et ses enfants.
6° Régime analeptique proportionné à l’appétit et aux forces digestives. Après huit jours de traitement, le malade se trouve un peu mieux ; le pouls est moins faible, le sommeil plus calme et plus prolongé. La constipation est facilement combattue à l’aide des pilules, lesquelles produisent chaque jour une selle copieuse et presque toujours concrète. Mais l'iodure de potassium ne pouvant être supporté à cause des nausées, des douleurs d'estomac, et des efforts de vomissements qu'il occasionne, est remplacé par l'huile de foie de morue, que le malade prend d'abord à la dose de deux cuillerées à bouche par jour, et ensuite de trois et de quatre, en augmentant graduellement.
L'ulcère est promptement modifié par l'action de l'onguent mercuriel ; ses bords s'affaissent, s'aplatissent et présentent l'aspect d'une plaie ordinaire; mais la suppuration est toujours fétide, la détersion s'opère lentement, le gonflement œdémateux persiste. J'y oppose une fomentation composée d'infusion de fleurs de sureau et d'acétate de plomb liquide. J’introduis au fond de l'ulcère un plumasseau recouvert d'onguent de styrax saupoudré d'un mélange de poudre de quinquina, d'hydrochlorate d'ammoniaque et de camphre. Je continue l'application de l'onguent mercuriel sur les bords et à la surface. Ces pansements produisent un bon effet. Le malade affirme n'avoir jamais eu d'affection vénérienne (1). L'état d'émaciation et de débilité éloigne d'ailleurs toute idée de traitement général par le mercure.
Les choses se passent ainsi jusqu'au 25 février, avec une amélioration progressive telle, que le malade, ayant repris ses forces, peut rester levé 6 à 8 heures par jour. Cependant, le 1er mars, un nouvel abcès survient à la partie inférieure interne de l'avant-bras droit, et ne présente pas plus de douleur qu'un abcès par congestion. Ouvert aussitôt, il donne issue à un pus séreux et sanguinolent. La plaie ne suppure que quatre ou cinq jours.
Du reste, l'état général du malade est beaucoup plus satisfaisant. Ses forces et son embonpoint reviennent rapidement ; il continue l’usage de l'huile de foie de morue à la dose de cinq à six cuillerées à bouche par jour, et celui des pilules seulement quand la constipation l'y oblige.
Nous sommes arrivés à la mi-juin : l'ulcère du pied, amené peu à peu à l'état de plaie simple, est presque guéri, et la tuméfaction de cette partie étant tout à fait dissipée, le malade prend un peu d'exercice; mais il ne peut encore supporter la moindre fatigue sans éprouver un grand malaise. La tumeur du mollet, ne présentant aucune amélioration, vient attester la persistance de l’affection farcineuse chronique, ce qui m'engage à tenter l'emploi de l'aconit napel, préconisé comme propre à combattre la pyohémie.
Le 24 juin, je prescris 10 centig. d'extrait alcoolique de cette plante (1) en quatre pilules à prendre dans la journée. Dès le lendemain, je porte la dose à 12 centigrammes. Aucun effet physiologique appréciable n’ayant lieu, je fais prendre le quatrième jour 15 cent. toujours en quatre pilules. La nuit suivante une moiteur générale s'établit et dure environ quatre heures. Le malade fait observer que dans le cours de la maladie il n'a jamais éprouvé cette détente de la peau. Le remède est continué à la même dose, et produit le même effet jusqu'au 5 juillet, époque à laquelle la dose d'extrait est portée à 18 centig. par jour. Dès lors, la sueur commence vers minuit et dure jusqu'au matin. La même dose, continuée chaque jour, produit toujours le même effet. Aucun inconvénient d'ailleurs ne se fait remarquer sous le rapport de l'action toxique de l'aconit. La tumeur du mollet, examinée le 15 juillet, parait moins rouge et moins dure, mais non moins volumineuse.
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