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Pavot (Cazin 1868)

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''Tétanos''. — Cette affection nerveuse par excellence réclame, ainsi que nous l'avons dit plus haut, l'emploi de l'opium à dose élevée et proportionnée à l'intensité de la maladie. « Littleton (''in'' Mérat et Delens) assure que, si on ne guérit pas plus souvent le tétanos avec l'opium, c'est qu'on n'en donne pas assez ; il dit avoir fait prendre une once (30 gr.) de laudanum liquide par jour à un enfant de dix ans qui a guéri, et 14 gros (56 gr.) à un autre sujet, en douze heures de temps, conjointement avec le jalap et le calomel ; ce qui fait dire à Bégin que dans cette maladie l'estomac digère l'opium. C'est surtout dans le tétanos traumatique que l'effet narcotique et antispasmodique de l'opium ne peut se manifester qu'autant qu'on l'administre à doses énormes. Cependant, dans les hôpitaux militaires de la Grande Armée, et notamment pendant la campagne de 1809, en Autriche, si désastreuse par la gravité des blessures, j'ai vu l'opium, administré même aux doses les plus élevées, échouer le plus souvent contre cette cruelle affection.
Coindet, de Genève (''in'' Mérat et Delens), a injecté avec succès une solution d'opium dans les veines d'un tétanique. Guérin a également réussi en en frottant les gencives d'un autre tétanique. On le donne en lavement quand la déglutition ne peut avoir lieu. Hufeland préfère cette voie dans tous les cas. On a quelquefois administré des bains d'opium, en faisant dissoudre plusieurs onces de cette substance dans l'eau du bain. (Moyen très-dispendieux.) Voyez [[#Morphine|MORPHINE]].
''Chorée''. — Trousseau et Pidoux vantent beaucoup l'opium à haute dose dans cette névrose. « Dans les cas les plus rebelles, disent ces auteurs, nous avons d'abord tenté, en désespoir de cause, de hautes doses d'opium, et nous sommes arrivés à des résultats si extraordinaires et si satisfaisants, que nous avons depuis lors traité un grand nombre de chorées par cette méthode. Mais quand la chorée est très-grave, l'opium doit se donner à des doses considérables de 5 centigr. à 1 gr. par jour : à l'Hôtel-Dieu nous avons porté chez une femme la dose de sulfate de morphine jusqu'à 40 centigrammes (8 grains) dans les vingt-quatre heures. En un mot, nous faisons donner 25 milligrammes (1/2 grain) d'opium d'heure en heure, jusqu'à ce que les mouvements convulsifs soient notablement calmés, et qu'il y ait commencement d'ivresse ; puis nous entretenons toujours le malade dans le même état d'intoxication pendant cinq, six et même huit jours; nous nous arrêtons alors pour donner quelques bains et faire reposer le malade. Puis, nous recommençons quelques jours après. Il est rare qu'au bout de quinze jours la chorée ne soit pas tellement modifiée, que la nature achève elle-même la guérison en peu de temps. » Trousseau et Pidoux auraient dû ajouter que l'opium est toujours nuisible dans les cas de chorée où il y a congestion sanguine au cerveau. Dans un cas de cette espèce, que j'ai observé l'année dernière, chez un garçon de dix ans, à tête volumineuse, à face turgescente et très-colorée, l'opium administré par un médecin de campagne, d'après la méthode de Trousseau et Pidoux, produisit immédiatement des accidents tels qu'une abondante hémorrhagie nasale put seule le sauver d'un danger imminent. Si, à côté de l'éloge de l'opium contre la chorée, Trousseau et Pidoux eussent placé les contre-indications de son emploi dans cette maladie, l'erreur que nous venons de signaler n'eût pas été commise.
''Gastralgie, entéralgie, colique''. — « Dans quelques gastralgies violentes et rebelles, disent Trousseau et Pidoux, on se trouve bien quelquefois de l'emploi d'une très-petite dose d'opium donnée un quart d'heure avant ou après le repas. Cela suffit pour faire passer les douleurs et rendre faciles les digestions devenues presque impossibles. » Ce moyen m'a fréquemment réussi. Sandras prescrit la potion suivante : chlorhydrate de morphine, 5 centigr., eau distillée de tilleul, 60 gr., sirop de fleur d'oranger, 15 gr., à prendre une ou deux cuillerées à café. La colique, abstraction faite de sa cause, est promptement calmée par l'opium. Ce médicament a l'inconvénient d'augmenter la constipation, qui accompagne presque toujours les névroses des voies digestives. La belladone, dont l'efficacité dans ces affections est généralement reconnue, n'a pas cet inconvénient et favorise au contraire les déjections alvines.
''Coliques néphrétique et hépatique''. — Cette colique est fréquemment causée par la présence d'un ou de plusieurs calculs dans le rein ou dans l'uretère, l'opium agit ici à la fois contre la douleur et contre le spasme qui retient les calculs. Nous avons rapporté, à l'article [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]], des faits constatant les avantages des extraits combinés d'opium et de belladone dans le traitement des douleurs causées par les calculs retenus dans les voies urinaires. Il en est de même de celles produites par les calculs biliaires. La belladone l'emporte en efficacité contre ces accidents. En pareils cas, j'emploie avec avantage et simultanément l'opium à l'intérieur, et la belladone à l'extérieur en cataplasmes, fomentations, pommade, etc.
L’''hépatalgie essentielle'', maladie que je n'ai observée que trois fois dans le cours de ma longue pratique, et que l'on peut facilement confondre avec celle qui est due à la présence de calculs dans les voies biliaires, cède à l'opium donné à doses proportionnées à l'intensité du mal.
« Il prescrit une pilule d'extrait gommeux d'opium de 5 centigr., de trois heures en trois heures, et plus ordinairement de quatre heures en quatre heures, jusqu'à production d'effet ; ou bien une potion de 120 gr. contenant de 30 à 60 gouttes de laudanum de Sydenham, à prendre par cuillerées à bouche dans les vingt-quatre heures...
« Une chose singulière, c'est que l'opium à cette dose fait peu dormir ; il produit plutôt un sentiment de bien-être qui se réfléchit sur la figure des malades ; il éveille aussi l'appétit et semble être, comme le dit Malgaigne, un excellent digestif. Nous avons eu une preuve de tout cela chez un blessé de juin, atteint dans les parties molles par un biscaïen. Cet homme prit 8 grains d'opium par jour pendant six jours, sans fermer l'œil, mais aussi sans souffrir. Le septième jour, il dormit, et son sommeil fut calme, presque normal. L'appétit revint, le malade mangea, digéra bien tout en prenant son opium, et il alla à la garde-robe sans être obligé de recourir auxlavements.
« Malgaigne prescrit aussi, avons-nous dit, le laudanum à haute dose. Il le préfère dans les cas de dévoiement ou diarrhée. Le laudanum renferme, outre l'opium, une petite proportion de safran, qui, quelque minime qu'elle soit, pourrait néanmoins expliquer la différence des résultats qu'on obtient avec l'extrait d'opium et le laudanum administrés séparément. Le fait est que nous avons vu un homme dont le dévoiement avait résisté à 4 décigr. d'extrait gommeux d'opium, donné par pilules de 5 centigr. toutes les trois
'''NÉVRALGIES, DOULEURS'''. — C'est surtout depuis la découverte des sels de morphine et de leur emploi par la méthode endermique, que l'opium a fourni une précieuse ressource contre les névralgies. En appliquant sur le derme dénudé l'hydrochlorate, le sulfate ou l'acétate de morphine, le plus près possible du point d'origine du nerf douloureux, on obtient, quand la névralgie est superficielle, un soulagement très-prononcé après un quart d'heure. Ce soulagement ne dure guère moins de douze heures et plus de vingt-quatre. Il est donc nécessaire de renouveler l'application deux fois par jour. (Voyez [[#Morphine|MORPHINE]].)
Lorsque la névralgie occupe les rameaux qui se distribuent aux dents, ou même quand elle attaque les nerfs de la tempe et du cou, on fait frictionner les gencives et la face interne de la joue du côté malade avec de l'extrait d'opium mêlé avec un peu d'eau, ou avec une solution assez concentrée de sulfate de morphine. On obtient ainsi des effets thérapeutiques très-puissants et même un peu de narcotisme par l'absorption du médicament, bien que la salive qui en est imprégnée n'ait point été avalée. Dans les otalgies, dans les odontalgies, on applique avec avantage les sels de morphine sur le derme dénué, derrière les oreilles. Dans les névralgies, la dose de l'opium doit être graduellement augmentée et proportionnée à l'intensité de la douleur, surtout dans le tic douloureux.
après l'application de deux sangsues derrière chaque oreille. Le pansement des brûlures avec le cérat laudanisé peut aussi produire le narcotisme. Le ''Journal de chimie'' (1836) rapporte un cas de narcotisme très-grave survenu chez un enfant âgé de deux mois et quelques jours, par l'application, pendant vingt-quatre heures, d'un mélange de cérat et de 13 gouttes de laudanum liquide sur une excoriation très-douloureuse située à la naissance du cou. Les symptômes de narcotisme ne disparurent complètement que le troisième jour.
L'emploi de l'opium à l'extérieur, par la méthode endermique, est beaucoup plus sûr que par la méthode iatraleptique. On met surtout cette méthode en usage dans les cas où il est nécessaire d'enlever promptement une douleur vive, ou lorsque l'estomac ne peut supporter aucune préparation opiacée. On se sert aujourd'hui de préférence, pour cela, des sels de morphine, dont l'absorption est prompte et l'effet instantané. (Voyez plus bas [[#Morphine|''Morphine'']].)
Les bains opiacés, ainsi que nous l'avons dit à l'article [[#Névrose (Cazin 1868)|NÉVROSE]], ont été employés dans le tétanos. On fait dissoudre plusieurs onces d'opium dans l'eau du bain, et on y tient le malade pendant une ou deux heures, suivant l'effet observé. (Ce traitement d'un résultat plus que douteux aurait l'inconvénient d'être excessivement dispendieux, et à peine à la portée des bourses riches.)
Si l'opium, administré en lavement, a paru produire moins d'effet que par la bouche, c'est, comme nous l'avons déjà dit, parce que l'injection étant ordinairement rendue de suite, l'absorption n'a pas le temps de s'opérer. Quand elle est retenue, l'effet du narcotique, nous le répétons, est très-prononcé ; à dose élevée, il peut, par cette voie, comme par la bouche,
Nous ne pensons pas qu'en France la thérapeutique ait mis la narcotine en usage. En Angleterre, Roots<ref>Cité dans ''A Manual of materia medica and therapeutics'', etc., by J. Forbes Royle, and Frederic Headland. London, 1865.</ref> prescrit le sulfate de narcotine jusqu'à la dose de 1 gr., comme succédané du sulfate de quinine dans le traitement des fièvres d'accès. Dans l'Inde, il est employé sur une grande échelle par O'Shaughnessy pour arrêter les paroxysmes de fièvres intermittentes et rémittentes.
 
=== Thébaïne ===
Du reste, c'est cette action sur la pupille, dilatation pour la belladone, contraction pour l'opium, qui est une des manifestations les plus saillantes de l'antagonisme. C'est sur l'apparition des symptômes spéciaux à l'antidote, et spécialement sur l'état de la pupille, qu'il faut se guider pour en continuer ou en suspendre l'emploi.
Lorsque la pupille a été dilatée sous l'influence de la belladone, l'emploi de la fève de Calabar (voyez [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]]) fait cesser cette dilatation et amène
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