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Tabac (Cazin 1868)

31 octets ajoutés, 23 novembre 2016 à 20:16
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== Nicotine ==
(NICOTINE. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. — A. ''Sur les animaux''. — La NICOTINE est un des poisons les plus violents qui existent. Brodie<ref>''Philosophical Transactions'', 1811, p. 178.</ref> avait déjà fait remarquer qu'une goutte appliquée sur la langue d'un chat amène la mort en deux minutes. Berzelius constata qu'une seule goutte tue un chien. Les oiseaux, en raison de l'activité plus grande de leur circulation, succombent plus promptement encore.
L'action toxique a lieu sur quelque point que l'on dépose le poison avec une rapidité proportionnée à la faculté d'absorption dont jouit l'organe impressionné. A la peau, cette absorption doit être favorisée par des frictions. L'effet local considéré comme caustique, comme irritant par Stas et Albers, est nul, si l'on en croit L. Van Praag<ref>''Etudes toxicol. et pharmacodyn. sur la nicotine''. (''Gazette médicale de Paris'', 1856.)</ref>. L'effet secondaire se porte sur le cerveau et sur la moelle ; il se traduit par une incitation puissante des centres nerveux, amenant à sa suite les phénomènes multiples que nous allons décrire.
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être est agité de convulsions violentes ; leur tête, fortement ramenée en arrière, exprime la souffrance ; la respiration s'embarrasse ; la cage thoracique est agitée de mouvements désordonnés et violents ; le cœur accélère ses battements. Cet ensemble de phénomènes se rattache, suivant Vulpian (i)<ref>''Comptes-rendus de la Société de biologie'', 1859.</ref> à un état convulsif spécial, caractérisé par des contractions irrégulières disséminées dans tout le système musculaire. Bientôt les convulsions cessent ; après la période d'excitation spasmodique survient une période de calme, caractérisée par une paralysie généralisée, quelquefois précédée de tremblements particuliers.
« On dirait que le système nerveux, violemment surexcité par le poison, dépense en quelques instants tout son pouvoir d'impulsion ; puis, désarmé, laisse la mort achever son oeuvre (2)<ref>Math. Fageret, ''Du tabac, son influence sur la respiration et la circulation'', thèse inaugurale de Paris, 1867, n° 139.</ref>. »
Etudions maintenant analytiquement l'effet de la nicotine sur les différents systèmes.
lorsque le relâchement se produit, la motricité nerveuse diminue peu à peu pendant que l'irritabilité musculaire subsiste (Vulpian).
La fonction respiratoire reçoit de la nicotine une modification caractéristique ; la respiration s'accélère ; les phénomènes mécaniques augmentent d'énergie ; les phénomènes chimiques sont au contraire entravés dans leur manifestation ; la rapidité des mouvements thoraciques est accompagnée d'un bruit particulier, comme râlant, que Van Praag attribue à un rétrécissement des voies aériennes, et que Cl. Bernard (3)<ref>''Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses''. Paris, 1857, p. 397 et suivantes.</ref> rapporte à des contractions précipitées du diaphragme. Ce dernier phénomène s'observe surtout avec netteté quand on a expérimenté avec des doses très-faibles. A l'approche de la mort, la respiration se ralentit. L'auteur que nous venons de citer n'a constaté cet effet que deux fois. Van Praag l'a souvent vu se montrer très-tard.
Quant au système vasculaire, la nicotine agit sur le coeur, dont elle accélère les battements, qui deviennent aussi tumultueux et plus énergiques sur les gros vaisseaux, qu'elle contracte ; sur les capillaires, qu'elle fait resserrer. Lorsqu'on place sous le microscope la membrane interdigitale d'une
grenouille soumise au poison, on voit se produire une déplétion des petites artères, qui se rétrécissent au point de se vider complètement. Cependant le coeur cœur continue à battre avec énergie, ce qui prouve, ainsi que l'a avancé Cl. Bernard, et contrairement à l'opinion de Vulpian, que dans les petitsvaisseaux est l'obstacle.
Cette contraction des fibres-cellules des vaisseaux est l'analogue de ceiiecelle que la nicotine détermine dans le système musculaire; elle est le resuitresultat de l'excitation transmise aux nerfs vaso-moteurs. ,.
Après la mort, le coeur cœur continue à battre. Ce fait, déjà signalé par BromeBrodie,est admis de tous les physiologistes. Rouget (4) <ref>''Journal de physiologie'', 1860.</ref> a démontré que chez rcles grenouilles empoisonnées par l'agent qui nous occupe les pulsawncoeur pulsations du cœur persistent longtemps après que toute trace d'excitabihte excitabilité a aispdisparu
(1) Comptes-rendus de la Société de biologie, 1859. . )hi„ inaugn- ■
 
(2) Math. Fageret, Du tabac, son influence sur la respiration et la circulation, -
 
raie de Paris, 1867, n» 139. . ,M7 „ 3S7 et
 
(3) Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses. laris, wi !•
suivantes.
 
(4) Journal de physiologie, 1860.
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dans les muscles locomoteurs;, il a aussi trouvé que, lorsque ces battementsdeviennent plus faibles et plus rares, l'action directe de la nicotine les ra-nime ranime instantanément.
Les sécrétions sont sensiblement modifiées. Sur neuf expériences, VanPraag a constaté quatre fois un flux abondant de salive; il n'a rencontréd'augmentation dans les selles et des vomissements que dans les cas ter-minés terminés par la guérison. La sécrétion urinaire n'a présenté aucun changementappréciable.
Quelle action' la nicotine exerce-t-elle sur la pupille? ''A priori'', et en rai-sonnant raisonnant par induction, son action sur les nerfs vaso-moteurs, action oppo-sée! opposée à celle de la belladone, fait supposer qu'elle est antimycliïatiqueantimydriatique.
Jusque dans ces derniers temps, les opinions étaient très-contradictoires.OrfllaOrfila, Cl. Bernard, Van den Corput ont signalé la dilatation de la pupillecomme s'étant montrée chez des mammifères soumis à l'action du poison.Van Praag dit que tout d'abord la pupille se dilate, puis se rétrécit. Reilavait observé la succession inverse des phénomènes. Braun enfin avait con-stamment constamment rencontré l'atrésie.
La plupart de ces observations avaient été faites concurremment avecd'autres, portant sur l'ensemble des symptômes d'intoxication. S'appliquantà résoudre la question en litige, Hirschmann (1) <ref>''Archiv für Anatomie, Physiologie und wissenschaftliche Medicin'', 1863, 3e livraison.</ref> a institué un grand nombred'expériences spéciales. Le résultat de ces recherches peut se résumer ainsi :rétrécissement constant, soit que l'agent ait été appliqué directement surl'oeilœil, soit qu'il ait été introduit dans l'économie par une autre voie. Ce ré-trécissement rétrécissement atteint rapidement son maximum d'intensité et diminue légè-rement légèrement quelque temps après; il reste ensuite stationnaire, puis s'efface gra-duellementgraduellement.
Quand on a obtenu par ce moyen le myosis, et qu'on instille de l'atropinedans l'oeilœil, l'ouverture pupillaire reprend ses dimensions moyennes; ellereste/dans cet état le temps ordinaire de l'atrésie nicotinique, puis survient,par suite de l'action plus persistante de l'atropine, une mydiïase mydriase d'une as-sez assez longue durée. Si on fait agir la nicotine sur une pupille préalablementdilatée par la belladone, le même phénomène se produit.
On peut comparer les effets antimydriatiques à ceux obtenus avec la mor-phinemorphine, et plutôt encore à ceux résultant de l'instillation de la solution d'ex-trait extrait de fève de Calabar.
Lorsque l'empoisonnement par la nicotine est mortel, on trouve le sangartériel noir; les poumons, parsemés de taches livides, présentent à lacoupe un tissu dense et résistant, d'où il découle un sang noirâtre et nonaéré. Les gros vaisseaux, les cavités cardiaques, hormis le ventricule gau-chegauche, sont gorgés de sang demi-fluide. Le sang chassé par la contractionénergique dés des petits vaisseaux s'est porté en masse vers les centres. Orfila asignalé dans le cerveau et ses enveloppes une injection d'une étendue va-riablevariable.
.On"a avancé, mais à tort, que le poison agissait comme destructeur deséléments'delà de la substance nerveuse; on aurait trouvé des déchirements descellules de la moelle et une coloration pigmentaire brune de ces cellules.
En-résumé; , la nicotine est un agent fortement excitant du cerveau etspécialement de la moelle et de la moelle allongée. Sous son influence,«mes toutes les fibres contractiles sont mises en mouvement avec une extrêmeénergie : fibres contractiles du système locomoteur, fibres contractiles desvaisseaux, fibres contractiles des bronches, etc.
M?Ux' flbre? contractiles des bronchesMalgré sa parenté botanique avec la belladone et les autres solanées, etcon ne peut en rien assimiler l'action de la nicotine à celle de ces dernières. Nous avons affaire ici à un mode d'action spécial.
Malgré sa parenté botanique avec la belladone et les autres solanées, on
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W Anhiv fûrAnatomie, Physiologie und wissenschaftlkhe Medicin, 1803, 3« livraison.
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B. ''Chez l'homme''.—Ici — Ici l'empoisonnement par la nicotine (de 6 à 8 goutte-gouttes peuvent amener la mort) s'accompagne de symptômes semblables à ceuxque nous venons de décrire chez les animaux. Il reproduit avec une ranidite rapidité d'évolution en rapport avec l'énergie plus grande de l'agent le tableau"de l'intoxication par le tabac. (Voyez page 1044.) Le traitement est le même, mais le temps laissé à l'action thérapeutique est bien court. ' Chez certains individus ayant succombé, on a trouvé des altérations despremières voies. Dans d'autres cas, il n'a pas été rencontré de lésionlocale. Ainsi, chez le jeune^ G. Fougnies, empoisonné par Bocarmé (i) lalangue était cautérisée, tuméfiée et d'un gris noirâtre, le pharynx rouge' etinjecté, l'oesophage et l'estomac présentaient peu d'altérations, à raison dela promptitude de la mort. Dans un cas plus récent (2), observé par Fonssa-grives et Besnon, à l'hôpital militaire de Cherbourg, chez un individu quis'était suicidé, les voies digestives ont été trouvées intactes dans toute leurétendue. Nous avons vu que pour les animaux il y avait aussi des opinionsdiamétralement opposées. Pour rendre compte de ces inégalités d'observa-tion, il faut admettre des différences dans l'agent ou des modes différentsd'introduction du poison, avec ou sans violence, ou enfin un contact plusou moins prolongé. La toxicologie a étudié avec soin la recherche médico-légale du poison.On trouvera dans les ouvrages spéciaux des renseignements sur ce sujet quele cadre de notre travail ne nous permet pas d'aborder. THÉBAPEIJTIQUE. — On comprend qu'un agent d'une si redoutable énergieait été peu employé. A l'extérieur, on l'a recommandé en teinture (voyezPréparations pharmaceutiques et doses) contre les douleurs névralgiques,Pavesi Ta employé (3) avec succès en injections dans un cas de paralysie dela vessie, rebelle jusque-là à tout autre traitement. Voici la formule de cepraticien : nicotine, 3.60; eau distillée, 360 gr.; mucilage, 30 gr. Pour deuxinjections par jour. Comme le fait observer Réveil (4), la dose prescrite esttrop élevée. On sait que la muqueuse vésicale est douée d'une faculté très-peu marquée d'absorption; malgré cela, l'absorption se fait, et des acci-dents des plus graves pourraient survenir.à la suite de ces injections. On a publié (S) plusieurs observations de tétanos avantageusement modi-fiés ou guéris par la nicotine. Un succès de l'emploi du tabac dans un cas d'empoisonnement par lastrychnine a été le point de départ de cette innovation. La ressemblancesymptomatologique entre l'intoxication strychnique et le tétanos a inspirécette pensée à des praticiens américains et anglais, Haughton et 0'Beirne,entre autres.
Après la description détaillée que nous venons de donner des effets phy-siologiques de la nicotineChez certains individus ayant succombé, on a peine à admettre la réalité de cet antago-nisme et ltrouvé des altérations des premières voies. Dans d'efficacité autres cas, il n'a pas été rencontré de ce mode lésion locale. Ainsi, chez le jeune G. Fougnies, empoisonné par Bocarmé<ref>''Annales d'hygiène et de traitement; mais des faits authentiquesdoivent passer avant tous les raisonnementsmédecine légale'', 1851, t. Chevers (6) admet LVI.</ref>, la langue était cautérisée, tuméfiée et expliqued'un gris noirâtre, le pharynx rouge et injecté, l'antagonisme; la strychnine déterminant œsophage et l'afflux du sang dans la moelleestomac présentaient peu d'altérations, età raison de la nicotine produisant promptitude de la contraction vasculaire mort. Dans un cas plus récent<ref>Ibid., avril 1861.</ref>, observé par Fonssagrives et diminuant ainsi 1 accu-mulation Besnon, à l'hôpital militaire de ce liquide Cherbourg, chez un individu qui s'était suicidé, les voies digestives ont été trouvées intactes dans le centre nerveuxtoute leur étendue. Ce sont Nous avons vu que pour les animaux il y avait aussi des faits à contrôlersérieusementopinions diamétralement opposées. Pour rendre compte de ces inégalités d'observation, il faut admettre des différences dans l'agent ou des modes différents d'introduction du poison, avec ou sans violence, ou enfin un contact plus ou moins prolongé. Dans le cas bien rare où on aurait à prescrire la nicotine
(lvLa toxicologie a étudié avec soin la recherche médico- Annales d'hygiène et de médecine légale, 1851, tdu poison. LYIOn trouvera dans les ouvrages spéciaux des renseignements sur ce sujet que le cadre de notre travail ne nous permet pas d'aborder.
(2) Ibid., avril 1861. «fll,
THÉRAPEUTIQUE. — On comprend qu'un agent d'une si redoutable énergie ait été peu employé. A l'extérieur, on l'a recommandé en teinture (3voyez ''Préparations pharmaceutiques et doses'') contre les douleurs névralgiques. Pavesi l'a employé<ref>''Journal de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles'', IBM) 1854, t. XVIII.</ref> avec succès en injections dans un cas de paralysie de la vessie, rebelle jusque-là à tout autre traitement. Voici la formule de ce praticien : nicotine, 3.60 ; eau distillée, 360 gr. ; mucilage, 30 gr. Pour deux injections par jour. Comme le fait observer Réveil<ref>''Formulaire des médicaments nouveaux'', p. 516.</ref>, la dose prescrite est trop élevée. On sait que la muqueuse vésicale est douée d'une faculté très-peu marquée d'absorption ; malgré cela, l'absorption se fait, et des accidents des plus graves pourraient survenir à la suite de ces injections.
{U) Formulaire des médicaments nouveauxOn a publié<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 30 novembre 1862, p. 516. 474 ; Archives générales de médecine, novembre 1862 ; ''Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie de Bruxelles'', janvier 1863, miiaatp. 59 ; ''Dublin Quarterly Journal'', cité par la ''Gazette des hôpitaux'', 28 février 1863, p. 99.</ref> plusieurs observations de tétanos avantageusement modifiés ou guéris par la nicotine.
(5) Bulletin Un succès de thérapeutique, 30 novembre 1862, pl'emploi du tabac dans un cas d'empoisonnement par la strychnine a été le point de départ de cette innovation. Wh; Archives 9e!La ressemblance symptomatologique entre l'erfey;JL jan-intoxication strychnique et le tétanos a inspirénovembre 1862-cette pensée à des praticiens américains et anglais, Journal de médecine, de chirurgie Haughton et de pharmacologie de ^O'S"Lr Wvier 1863Beirne, pentre autres. 59; Dublin Quarterly Journal, cité par la Gazette des hôpitaux, 28 ievi«
pAprès la description détaillée que nous venons de donner des effets physiologiques de la nicotine, on a peine à admettre la réalité de cet antagonisme et l'efficacité de ce mode de traitement ; mais des faits authentiques doivent passer avant tous les raisonnements. 99Chevers (6)<ref>''Indian Annals of med.science'', 1867.</ref> admet et explique l'antagonisme ; la strychnine déterminant l'afflux du sang dans la moelle, et la nicotine produisant la contraction vasculaire et diminuant ainsi l'accumulation de ce liquide dans le centre nerveux. Ce sont des faits à contrôler sérieusement. Dans le cas bien rare où on aurait à prescrire la nicotine à
(6) Indian Annah of med. science, 186T.
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l'intérieur, il faudrait débuter par des doses très-petites. Van Praag a avancéque 2. centigr. 1/2 n'étaient jamais mortels chez l'homme. Haughton avaitprescrit 3 gouttes dans la journée, à quelques heures d'intervalle.
Ce médicament d'un maniement si difficile réclame une surveillance in-finieinfinie, et nous nous demandons même si l'extrême gravité des cas autorisesuffisamment à en recommander l'emploi. Il faudrait des succès bien établisetplus et plus nombreux pour justifier une thérapeutique aussi aventureuse.)
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