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Aconit (Cazin 1868)

1 octet ajouté, 19 janvier 2013 à 16:14
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Nous sommes arrivés à la mi-juin : l'ulcère du pied, amené peu à peu à l'état de plaie simple, est presque guéri, et la tuméfaction de cette partie étant tout à fait dissipée, le malade prend un peu d'exercice; mais il ne peut encore supporter la moindre fatigue sans éprouver un grand malaise. La tumeur du mollet, ne présentant aucune amélioration, vient attester la persistance de l’affection farcineuse chronique, ce qui m'engage à tenter l'emploi de l'aconit napel, préconisé comme propre à combattre la pyohémie.
Le 24 juin, je prescris 10 centig. d'extrait alcoolique de cette plante (1) en quatre pilules à prendre dans la journée. Dès le lendemain, je porte la dose à 12 centigrammes. Aucun effet physiologique appréciable n'ayant n’ayant lieu, ;e je fais prendre le quatrième jour 15 cent, . toujours en quatre pilules. La nuit suivante une moiteur générale s'établit et dure environ quatre heures. Le malade fait observer que dans le cours de la maladie il n'a jamais éprouvé cette détente de la peau. Le remède est continué à la môme même dose, et produit le même effet jusqu'au 5 juillet, époque à laquelle la dose d'extrait est portée à 18 centig. par jour. Dès lors, la sueur commence vers minuit et dure jusqu'au matin. La môme même dose, continuée chaque jour, produit toujours le même efl'eteffet. Aucun inconvénient d'ailleurs ne se fait remarquer sous le rapport de l'action toxique de l'aconit. La tumeur du mollet, examinée le 15 juillet, parait moins rouge et moins dure, mais non moins volumineuse.
pu Du 15 juillet au 1" 1er septembre, la tumeur est beaucoup moins colorée, diminuée d'un tiers environ, et ramollie. Les petites plaies ne paraissent entretenues que par le décollement de la peau, au-dessous de laquelle je promène le nitrate d'argent pour en favoriser l'adhérence.
Les sueurs nocturnes ayant un peu diminué, et le malade ne s'en trouvant nullement affaibli, je donne l'extrait à la dose de 24 cent, en cinq pilules, dont une est prise dans la nuit. Il y a le lendemain un peu d'obscurcissement dans la vue et quelques vertiges. On continue néanmoins à la même dose du 1" 1er septembre au 20 du même mois, et cet effet ne se reproduit que faiblement pendant trois ou quatre jours. Dans cet espace de temps, la tumeur s'est réduite au quart de son volume primitif, sa couleur rouge-cuivre a presque entièrement disparu, et les petites plaies de sa surface se sont cicatrisées.
Malgré l'usage du médicament jusqu'au 20 octobre et la continuation des sueurs, môme même pendant le jour, le noyau central de l'engorgement n'a subi aucun changement. Je conseille le badigeonnage avec la teinture d'iode. Ce dernier moyen, continué pendant un mois, en le suspendant de temps en temps quand l'effet en est trop actif, amène la résolution complète de la tumeur. Lefèvre a repris ses occupations ordinaires, et paraît tout à fait rétabli.
Les faits relatés dans cette observation n'ont pas besoin de commentaires. Le lecteur en appréciera l'importance. Je dois seulement appeler son attention sur les résultats obtenus en dernier lieu par l'emploi de l'aconit, objet spécial de cet article.
«L'aconit, dit Richard (2), a été mis en usage pour guérir l'épilepsie, les convtdsions convulsions et la paralysie, surtout celle qui est la suite des attaques d'apoplexie. Rappeler, médecin à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, l'a employé fréquemment dans cette dernière circonstance, et en a obtenu des succès souvent répétés. » Stoll indique ce remède dans la chorée. Bergius, Baldinger, Reinhold, ont guéri des fièvres intermittentes rebelles par l'aconit.
(1) Cet extrait avait été préparé par M. Dausse, pharmacien, dont la spécialité est avantageusement connue.
(2) ''Dictionnaire Je de médecine '' en 21 volumes, t. I, p. 321.
[27]
(Une application nouvelle ili' de ce niédicanienl médicament a élé été faite en 1858 par Long, professeur à l'école l’école de médecine h Liverpcjol à Liverpool ; il l'ordonne contre les accès (le fièvre uréthialeuréthrale, en teinture à la dose de 2 f^i-arnnies injrnédiatenieni grammes immédiatement après le cathétéi-isniecathétérisme; — sur trois cas il cite trois succès, — j'ai eu l'occasion de vérifier tlernièrenient dernièrement celte assertion. Le résultat n'a n’a pas été aussi satisfaisant que senihiail semblait me le faii-e faire espérer la relation des obseivati(jns observations de Long ; je n'ai n’ai pu constater (pi'une qu’une légère diminution dans l'intensité des [)hénuraènes phénomènes fébriles.
Signoi'iniSignorini, en 1837, employait l'aconit l’aconit contre la cystite chronique; Greding et lIo\vschii)p Howschipp (18::i.']1823-18ir)1825) contre l'incontinence d'urinel’incontinence d’urine. Le professeui- professeur Fouquier le mettait en usage contre les hydropysies. De CandoUe Candolle dit qu'il qu’il est de temps immémorial employé en Suisse contre ces allectionsaffections.) Greding l'a trouvé efficace dans les gonfiements gonflements glandulaires. West, de Soulz, l'a proposé contre l'aménorrhée, comme si cette maladie ne devait pas oll'rir offrir des différences selon les causes, l'état général du malade, celui de l'utérus, etc. (Marotte (1) préconise l'alcoolature d'aconit dans les métrorrhagies dont l'apparition coïncide avec l'étal de congestion de la période menstruelle.)
Fritz l'a recommandé contre la syphilis constitutionnelle, et Bodarl Bodart le considère comme un excellent succédané du gayac. J'ai calmé très-promptement, par l'extrait d'aconit, des céphalalgies syphilitiques et des douleurs ostéocopes très-intenses. Brera, Biett, Double, Trousseau et Pidoux, Cazenave et d'autres médecins, ont associé l'aconit au mercure et surtout au proto-iodure de mercure dans le traitement des syphilides et des ulcérations vénériennes de la peau. Mais, ainsi que l'ont fait remarquer Trousseau et Pidoux, il est difficile de décider si l'amélioration rapide que l'on a obtenue ne doit pas être exclusivement attribuée au mercure.
Cazenave prescrit l'aconit pour combattre le prurigo en général, et en particulier le prurit vulvaire ou prurigo pudendi, accident qui accompagne souvent la métrite chronique. Il fait prendre des pilules composées d'extrait alcoolique d'aconit et d'extrait de taraxacum, de chaque 1 gr. divisés en 40 pilules, dont le malade prend 1 ou 2 matin et soir. A l'extérieur, Cazenave emploie les émollients, les lotions avec une solution de bichlorure de mercure.
Hanin a vu employer en Suisse la décoction de racine d'aconit dans du beurre (en friction) pour combattre des gales opiniâtres et pour détruire la vermine.
(L'AcoNiTiNE ACONITINE offre dans son action les mêmes eflets effets que l'aconit, et peut, comme alcaloïde, remplacer avantageusement les préparations de la plante elle-même. Dans les expériences sur les animaux, dans les cas d'empoisonnement, môme même tableau de symptômes, même marche de phénomènes, avec un degré d'intensité lié à l'énergie plus grande de l'agent. C'est à cause de l'impureté des produits qu'il employait, que SchrolF Schroff a été amené à difl'érencier différencier l'action des deux poisons. Pour lui, l'alcaloïde serait narcotique ; l'aconit, narcotico-âcre.
Hottot et Liégeois, avec un produit complètement pur (voyez ''Préparations''), ont obtenu des effets semblables, mais très-exagérés; ainsi, une dose de 1 milligr. amène déjà des manifestations physiologiques; à celle de 3 milligr., des phénomènes d'une grande intensité. Nous croyons devoir reproduire ici les conclusions du travail de Hottot et Liégeois (3) :
(1) ''Bulletin général de thérapeutique'', 1862.
(2) ''London med. Gaz''., 18^81848.
(3) Journal de la phijsiolo(jk physiologie de l'homme et des animaux, 1802.
[28]
28 ACONIT NAPEL. <( «  L'aconitine est un poison narcoliconarcotico-âcre, dont les propriétés irritantes se manifestent surtout sur les muqueuses. — L'absorplion absortion de l'aconitine par le tube digestif est plus rapide que l'absorption du curare et de la strychnine par la môme même voie, ce qui explique la rapidité de la mort des animaux chez lesquels les doses extrêmement petites d'aconiline aconitine ont été introduites dans l'estomac. — L'aconitine agit sur les centres nerveux, et successivement sur le bulbe, la moelle et le cerveau. — Les symptômes se traduisent dans l'ordre suivant : abolition de la respiration, de la sensibilité générale, de la sensibilité réflexe, des mouvements volontaires. — L'aconitine trouble les fonctions du coeur, en agissant sur la substance même de cet organe. — Les ellets effets du poison sur les nerfs périphériques succèdent aux elTets effets de poison sur les organes centraux. — L'excitabilité des filaments nerveux moteurs ou sensibles disparaît dans les fibres périphériques avant de disparaître dans les troncs nerveux. »
La question de l'influence directe de l'aconitine sur les mouvements de la pupille trouve ici sa place. Elle a été jusqu'à présent controversée; les uns (Schrotf), attestant qu'elle amenait la dilatation; les autres, avec Fleming, admettant la contraction; mettant à profit la propriété endosmotique de la cornée, Liégeois a péremptoirement démontré la réalité de la dernière opinion. Cela n'infirme en rien la possibilité d'une dilatation, observée comme nous l'avons avancé, dans la période ultime de l'empoisonnement; encore, dans la plupart de ces cas, la pupille reste-t-elle impressionnable à la lumière vive.
L'aconitine participe des propriétés thérapeutiques de la plante, et a été employée dans les mêmes cas. Gubler(l1) a présenté une véritable monographie sur son usage dans les affections congestives et douloureuses (névralgies, rhumatismes), et contre les fièvres intermittentes. Nous renvoyons à ce travail, renfermant des observations très-intéressantes, que l'étendue déjà considérable de .cet article ne nous permet pas de reproduire.
Tui'nbuU Turnbull préconise l'aconitine, en frictions sur le front, dans les affections inflammatoires des membranes pnjfondes profondes de l'oeil. Dans certains cas de surdité, le même observateur s'est bien trouvé de frictions sur la face et le derrière de l'oreille faites avec des gouttes alcooliques de vératrine, de delphine et d'aconiline; d'autres fois il les introduit dans le conduit auditif; dans ce cas, un des premiers effets est le rétablissement de la sécrétion cérumineuse, si elle a été supprimée.
Blanchet {'(2) a utilisé l'aconitine à l'intérieur sous forme de globules dans l'hypercousie et la paracousie. Il l'emploie l’emploie dans ces cas si pénibles où les bruits bizarres prédon)incntprédominent, en injections dans l'oreille moyenne, à l'aide d'une sonde spéciale.
Pletzer, qui a tant contribué à la vulgarisation des injections médicamenteuses sous-cutanées, n'a obtenu aucun résultat avec l'aconitine à la dose d'un trentième à un vingtième de grain. En collyre dans les iridalgies, les inflammations douloureuses de l'oeil et de ses annexes, l'aconitine a des effets marqués.
La médecine homoeopathiquehoméopathique, heureuse de trouver un médicament actif sous un petit volume, pouvant être globuUsà^ ‘’globulisé'', ordonne avei avec prodigalité l'aconitine dans le traitement des névroses, des maladies inflammatoires et des maladies fébriles en général).
(1) ''Bulletin de thérapeutique'', t. LXVI.
(2) Jovrnal ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques^ '', t. XXVI, p. 507.
[[Catégorie:Cazin 1868]]
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