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Pyrèthre (Cazin 1868)

Pulsatille
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Pyrole
PLANCHE XXXII : 1. Polytric. 2. Prèle. 3. Pulmonaire. 4. Pulsatille. 5. Pyrèthre.


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Nom accepté : Anacyclus pyrethrum


PYRÈTHRE. Anthemis pyrethrum. L.

Pyrethrum flore bellidis. C. Bauh. — Pyrethrum officinale. Mer.

Œil de bouc, — camomille pyrèthre, — racine salivaire.

Composées. — Sénécionidées. Fam. nat. — Syngénésie polygamie superflue. L.


Cette plante vivace (Pl. XXXII) croît dans les environs de Montpellier, d'où on en envoie les racines en grosses bottes.

Description. — Racines longues, épaisses, fibreuses, rudes et brunes à l'extérieur, blanches au dedans. — Tiges simples ou peu rameuses, un peu couchées, longues de 60 à 80 centimètres. — Feuilles d'un vert bleuâtre, presque deux fois ailées, finement découpées ; feuilles radicales étalées en rosette sur le collet de la racine. — Fleurs grandes, radiées, terminales, ordinairement solitaires (juillet-août). — Calice commun, hémisphérique, composé d'écailles imbriquées, oblongues. — Demi-fleurons femelles de la circonférence blanchâtres en dessous. — Disque formé par des demi-fleurons hermaphrodites, nombreux, fertiles, d'un beau jaune, à cinq étamines syngénèses. — Fruit : akènes glabres, nombreuses, comprimées, sur un réceptacle convexe garni de paillettes.

Parties usitées. — La racine.

Récolte. — Ne présente rien de particulier, si ce n'est qu'il faut choisir la racine de la première année. On donne quelquefois par fraude, au lieu de vraie pyrèthre, la racine de l'achillée ptarmique, nommée dans quelques ouvrages Pyrèthre ombellifère (pyrethrum ombelliferum), et qui pourrait bien être la pyrèthre de Dioscoride[1].

[Culture. — Cette plante préfère un terrain sec et une exposition un peu chaude ; on la multiplie facilement dans le Midi, soit par semis, soit par éclats de pied, mais dans le Nord de la France on ne peut la cultiver qu'en pots, qu'il faut rentrer l'hiver. Elle est commune en Syrie et dans le nord de l'Afrique.]

Propriétés physiques et chimiques. — La racine de pyrèthre est d'une saveur brûlante et qui provoque une salivation abondante. Cette racine contient, d'après Koene[2], une substance brune très-âcre d'une apparence résineuse ; une huile fixe d'un brun foncé, âcre ; une huile fixe jaune, âcre (ces trois principes constituent la pyréthrine, suivant Koene) ; du tannin, une substance gommeuse, de l'inuline, des sulfates, des hydrochlorates et des carbonates de potasse, des phosphates et des carbonates de chaux, de l'alumine, de la silice, de l'oxyde de fer et de manganèse, du ligneux. La partie active (Pyréthrine) est brune, mollasse et poisseuse. Son odeur est fade et nauséeuse, sa saveur est brûlante ; elle rubéfie la peau. Elle est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, l'acide acétique, les huiles volatiles et les huiles fixes. Elle existe en plus grande quantité dans l'écorce de la racine que dans la partie ligneuse : la pyrèthre vermoulue en contient beaucoup.

(La racine de pyrèthre pulvérisée constitue la poudre insecticide Vicat, employée avec succès contre les punaises. Sa saveur brûlante a été frauduleusement utilisée pour donner une apparence de force aux eaux-de-vie de mauvaise qualité.)


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — poudre, 25 à 80 centigr. et plus, progressivement, en pilules.
Teinture alcoolique (1 sur 4 d'alcool à 36 degrés, 2 à 4 gr. en potion).
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction (30 gr. pour 250 gr. d'eau), excitant en gargarisme et sur la peau.
Vinaigre, collutoire odontalgique de Fox (racine, 1 gr. ; opium, 1 centigr. ; vinaigre, 12 gr. Macérez pendant quelques jours et filtrez) pour calmer les douleurs de dents.

Teinture éthérée (racine de pyrèthre, 1 ; éther sulfurique, 4. Opérez par la méthode de déplacement), odontalgique extrêmement âcre.
Huile (racine de pyrèthre, 1 ; huile d'olive, 2. Faites digérer pendant quelques jours, passez avec expression), rubéfiant.
Poudre, comme sternutatoire.
Racine en petits morceaux, comme sialagogue en la mâchant.

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  1. Lib. III, cap. LXXI.
  2. Journal de Pharmacie, 1836, t. XXII, p. 88.


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La racine de pyrèthre est très-active. On l'emploie surtout comme un des plus puissants sialagogues indigènes. Mâchée par petits morceaux, elle produit une expulsion abondante de salive et une vive irritation avec chaleur brûlante dans la bouche. On la conseille dans l'engorgement des glandes salivaires, les gonflements fluxionnaires indolents des amygdales, les fluxions muqueuses du pharynx, les douleurs rhumatismales dentaires, la paralysie de la langue. Galien[1] s'en servait en frictions sur la colonne vertébrale dans cette dernière affection. Cet auteur combattait les fièvres intermittentes en appliquant sur le corps, lors du frisson, des compresses imbibées de cette décoction : ce moyen très-remarquable est analogue à l'emploi de nos pédiluves sinapisés, récemment proposés pour prévenir l'invasion de l'accès fébrile. La décoction très-concentrée a été mise aussi en usage pour frictionner les membres paralysés, et pour rappeler la transpiration cutanée. Cette racine pulvérisée, introduite dans les narines, provoque de violents éternuements.

On n'emploie pas la racine de pyrèthre à l'intérieur, bien qu'elle puisse être utile comme puissant stimulant. Nacquart[2], en ayant conseillé l'usage à une hémiplégique, le morceau fut avalé par mégarde, et causa pendant deux jours un flux de salive qu'il compare à l'urine visqueuse qu'on rend dans certains cas de catarrhe de la vessie. Ce morceau, au bout de ce temps, étant descendu dans l'estomac, les accidents cessèrent. Dans l'Inde, les Wytiens en prescrivent l'infusion, concurremment avec celle de gingembre, comme stimulant et cordial, contre la paralysie, et dans certaines périodes du typhus[3]. Edward Oxley[4] vante cette racine dans les paralysies rhumatismales, donnée à l'intérieur à la dose de 50 à 75 centigr., deux ou trois fois par jour. Ce praticien l'a portée graduellement jusqu'à la dose de 15 gr. par jour, en substance et en poudre, mêlée avec du mucilage, de la gomme ou du miel. Toutefois, l'emploi doit en être surveillé.

(Il est probable que les Romains la mettaient en usage comme aphrodisiaque ; car, dans l’Art d'aimer[5], Ovide s'élève contre l'excitation factice qui résultait de l'usage de son infusion vineuse :

Tritaque in annoso flava pyrethra mero.)

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  1. De simpl. med., lib. VI.
  2. Mérat et Delens, Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique, t. V, p. 160.
  3. Ainslie, Matière médicale indienne, t. I, p. 301.
  4. Annales de Montpellier, 1806, p. 16, 2e partie.
  5. Livre II.