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Jatropha curcas (Pharmacopées en Guyane)

Hura crepitans
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Jatropha gossypiifolia


Jatropha curcas. Feuilles du médecinier blanc



Jatropha curcas L.

Noms vernaculaires

  • Créole : médecinier blanc [meksinié-blan], médecinier [mésigné, mésignen], pignon d’Inde (LEMÉE, 1956).
  • Wayãpi : tãyaɨ poã.
  • Palikur : meksin seine, mesiyẽ seine.
  • Portugais : pião-branco, pinhão.

Écologie, morphologie

Arbuste cultivé et naturalisé, plus fréquent sur la côte que dans l’intérieur.

Collections de référence

Berton 11 ; Grenand 545 ; Jacquemin 1846 ; Moretti 1375 ; Ouhoud-Renoux 43.

Emplois

Cette espèce et la suivante sont des classiques des pharmacopées d’Amérique tropicale. Pour les Créoles, l’huile extraite des graines est purgative. Les Créoles d’origine Sainte- Lucienne de Saül utilisent les feuilles trempées dans l’eau chaude en les appliquant sur les blessures ou en cataplasme antinévralgique [1]. Elles sont aussi utilisées mélangées à de la chandelle molle (suif) pour traiter les blesses.

Les Palikur et les Wayãpi utilisent pour leur part le latex frais comme analgésique dentaire : un coton imbibé de latex est tamponné sur la dent carriée douloureuse. Enfin, selon BERTON (1997), les Palikur appliquent le latex autour des lèvres avec un coton pour soigner le muguet des nourrissons [2].

Pour l’usage magique, cf. Jatropha gossypiifolia.

Étymologie

  • Créole : de médecinier, « arbre médicinal » et blanc, tous les organes étant plus clairs que chez l’espèce suivante.
  • Palikur : de meksin, « médecinier » et seine, « blanc », par emprunt au créole.
  • Wayãpi : tãi, « dent » ; , « douleur » ; poã, « remède », « remède contre le mal de dent ».

Chimie et pharmacologie

Les graines renferment une toxalbumine : la curcine. Les feuilles sont riches en hétérosides flavoniques et renferment un dimère triterpénique (HUFFORD et OGUNTIMEIN, 1978). Les écorces de tronc renferment du β-sitostérol sous forme libre et sous forme d’hétérosides.

Feuilles et tiges renferment aussi de l’α-amyrine et d’autres triterpènes. Les graines ont une action dépressive sur le système nerveux central, ce qui expliquerait leur propriété purgative. L’huile qu’on en extrait aurait d’ailleurs les mêmes propriétés que l’huile de ricin. Les graines sont aussi insecticides. Malgré la toxicité des substances qu’elles renferment, les graines demeurent utilisées par les populations d’Amérique tropicale.

Des cas d’intoxication, notamment chez les jeunes enfants, sont régulièrement traités par les services d’urgence de Guyane [3].

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  1. Des usages similaires ont été trouvés par le Dr RICHARD en 1937 chez les mineurs Sainte-Luciens de la région de Saint-Élie. Les Tikuna du haut Amazone se servent des feuilles, de façon proche, pour soigner les maux de tête (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).
  2. FLEURY (1991) a aussi trouvé chez les Aluku un premier usage laxatif, un second comme analgésique dentaire et un troisième pour soigner la perlèche. Un usage comme purgatif mais aussi pour soigner les mycoses, la gale et les microfilaires a été observé chez les Tacana (BOURDY et al., 2000).
  3. La fréquence élevée des cancers de l’œsophage observée à Curaçao est peut-être liée à son large emploi sous forme de thé (ADOLF-OPFERKUCH et HECKER, 1984).