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Guadua latifolia (Pharmacopées en Guyane)

Eleusine indica
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Gynerium sagittatum



Guadua latifolia (Humb. et Bonpl.) Kunth


Synonymie

  • Bambusa latifolia Humb. et Bonpl. [1].

Noms vernaculaires

  • Créole : coumouri [koumouri].
  • Wayãpi : kulumuli.
  • Palikur : kuumwi, tuem.
  • Portugais : taquara-açu.

Écologie, morphologie

Grands chaumes ligneux ; espèce commune partout [2].

Collections de référence

Grenand 1737 ; Jacquemin 1617, 1727.

Emplois

Cette espèce est utilisée par les Wayãpi et les Palikur pour tailler des pointes de flèche lancéolées, classiquement réservées à la chasse au gros gibier. Les deux ethnies affirment que ce bambou est naturellement empoisonné, en particulier le léger tomentum qui recouvre le chaume.

Elles insistent sur le fait qu’il favorise un écoulement ininterrompu du sang (propriétés anticoagulantes ?), affaiblissant peu à peu l’animal traqué par le chasseur. Des indications concernant la toxicité des bambous ont déjà été relevées anciennement par divers voyageurs et chroniqueurs : par Gumilla pour une espèce indéterminée chez les Amérindiens de l’Orénoque et par Barrington-Brown, puis par les frères Schomburgk chez les Makushi de Guyana (ROTH, 1924) pour ce même Guadua latifolia.

Chez les Wayãpi, ce bambou, associé à d’autres espèces est, en outre, le « contre-poison » spécifique des maléfices envoyés sous forme de laya (cf. Caladium, Aracées).

Pour ce faire, on allume généralement sous le hamac du malade enfermé sous sa moustiquaire un petit feu sur lequel on pose une marmite pleine d’eau dans laquelle on dispose un paquet fait d’une grande feuille de kuyu (Solanum sessiliflorum Dunal, Solanacées) contenant des jeunes pousses de bambou, des feuilles de kulumuli ka’a (Panicum mertensii Roth, Poacées), de pulupululi (Dieffenbachia seguine, Aracées), de roseau à flèche (Gynerium sagittatum (Aubl.) P. Beauv., Poacées) et de uluwalo (Marantacée indéterminée), le tout soigneusement écrasé.

Lorsque l’eau bout, on crève le paquet et une épaisse vapeur enveloppe alors le malade, provoquant une forte transpiration qui est considérée comme l’extériorisation des fluides pernicieux. Le liquide restant, mis à tiédir, sert à laver le corps du patient. Les résidus sont jetés au soleil levant. On dit alors que le mauvais sort incarné dans le taya et qualifié de poison, repart vers celui qui l’avait envoyé. Ce rituel peut être appliqué sans l’intervention d’un chamane.

Enfin, chez les Palikur, on prépare en macération les jeunes pousses écrasées auxquelles on ajoute trois pétioles de feuilles de roucou (cf. Bixa orellana, Bixacées) : ce remède utilisé en collyre permet de fortifier la vue.

Chimie et pharmacologie

Le laboratoire Roger-Bellon n’a pas trouvé, dans les tests mis en œuvre sur les échantillons que nous avons récoltés, d’action anticoagulante, 19 heures après le traitement à 250 et 500 mg/kg par voie intrapéritonéale. Cependant, les extraits semblent contenir une coumarine qui pourrait expliquer l’activité mentionnée (FORGACS et al., 1983).

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  1. Les bambous croissant en Cuyane restent actuellement difficiles à identifier, essentiellement en raison de la difficulté à recueillir du matériau fertile. Lors de nos enquêtes de terrain, les Palikur nous ont montré sept espèces et les Wayãpi cinq.
  2. Ce bambou pousse en grandes formations monospécifiques soit au bord des cours d'eau, soit à flanc de colline. Il semble que certains peuplements puissent être reliés à la présence ancienne de villages.