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Dieffenbachia seguine (Pharmacopées en Guyane)

Dieffenbachia paludicola
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Dieffenbachia sp. nov.
Dieffenbachia seguine. Infrutescence exposant ses fruits rouges appréciés des oiseaux



Dieffenbachia seguine (Jacq.) Schott

Synonymies

  • Arum seguine Jacq.
  • Caladium maculatum Lodd.
  • Dieffenbachia picta Schott.

Noms vernaculaires

  • Créole : donkin, canne-cochon [kanncochon], canne-séguine (HECKEL, 1897), tayove grand bois [tayov-gran-bwa].
  • Wayãpi : pulupululi.
  • Palikur : irup
  • Portugais : aningapara, cana-marona.

Écologie, morphologie

Grande plante herbacée commune en basse Guyane, rare dans l’intérieur. Elle croît dans les zones humides, mais est également cultivée comme plante ornementale.

Collections de référence

Moretti 44, 275, 791 ; Oldeman 2738 ; Prévost 3580.

Emplois

Les propriétés irritantes et inflammatoires de ce genre sont connues dans le monde entier et diversement mises à profit. La mastication de la tige provoque une inflammation considérable de la bouche (KUBALLA et ANTON, 1977) (cf. étym.). Enfin, les propriétés stérilisantes qu’on lui prête furent étudiées pendant la Seconde Guerre mondiale par les médecins nazis [1]. En Guyane, seuls les Créoles et les Palikur semblent utiliser Dieffenbachia seguine comme plante médicinale.

Chez les Créoles, c’est, en usage externe, un remède contre le pian bois (ulcère de leishmaniose) ; la tige est râpée et appliquée directement, ou bien est mise préalablement à bouillir dans de l’huile, la solution étant ensuite appliquée sous forme d’emplâtre. Chez les Palikur, elle est utilisée en association avec Bidens cynapiifolia (Asteracées). En application locale, quelques gouttes de sève soulagent les douleurs et les démangeaisons occasionnées par certaines chenilles, les guêpes et les fourmis flamants (Ponéridés) ; l’effet désiré survient au bout de dix minutes. Les Wayãpi associent sa feuille à d’autres espèces en une préparation utilisée pour renvoyer les mauvais sorts (cf. Guadua latifolia, Poacées).

Étymologie

  • Créole :
    • 1. de canne, « canne à sucre » et cochon, pour « pécari à lèvre blanche » (Tayassu pecari). Ceux-ci mangent les spadices et les rhizomes de la plante, comme d’ailleurs de diverses autres Aracées terrestres.
    • 2. donkin, de l’anglais régional (Caraïbes), dumb cane, de dumb, « muet » et cane, « canne à sucre », en raison de son utilisation par les planteurs qui réduisaient au silence les esclaves noirs, rebelles à l’asservissement, en leur faisant mâcher des fragments de la tige.

Chimie et pharmacologie

La plante renferme des saponines, des oxalates de calcium et des glucosides cyanogénétiques. L’action sur la leishmaniose s’explique probablement par l’effet nécrosant de cette plante très caustique. Cependant elle n’a pu être confirmée sur un extrait lyophilisé par nos soins [2]. Les propriétés irritantes et inflammatoires sont connues depuis longtemps et l’on relève chaque année un certain nombre de cas d’intoxications sans que l’on connaisse les principes actifs incriminés. Les travaux les plus récents mettent en cause les raphides d’oxalate de calcium particulièrement abondants dans la plante. Les raphides provoquent des lésions tissulaires qui favorisent par la suite la pénétration d’une enzyme protéolytique (KURALLA et ANTON, 1977).

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  1. Cette plante est un poison de chasse chez plusieurs groupes amérindiens. Elle est aussi utilisée, dans plusieurs îles des Antilles et en Amérique tropicale, comme moyen anticonceptionnel. Cet usage a retenu l'attention de nombreux chercheurs dont certains criminels nazis qui, avec cette plante désignée comme Caladium seguinum, procédèrent à des expériences dans les camps de concentration.
    Cette question est régulièrement débattue dans les revues médicales. Cependant, les dépositions au procès de Nuremberg ne permettent pas de conclure de façon certaine si cette plante a été employée au cours de la guerre. « Le temps a manqué aux Nazis, plus que la volonté, pour mener jusqu'au bout leur tentative criminelle » (PLICHET, 66, 1958).
  2. Poisson et Peters, 1979 : travaux non publiés.