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Beccabunga (Cazin 1868)

Basilic
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Belladone
PLANCHE VIII : 1. Beccabunga. 2. Belladone. 3. Bénoite. 4. Berce. 5. Berle.


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Beccabunga

Nom accepté : Veronica beccabunga


BECCABUNGA. Veronica beccabunga. L.

Anagallis aquatica major folio subrotundo. Bauh., Tourn. — Berula seu Anagallis aquatica. Tab., Off.

Beccabunga, — véronique aquatique, — véronique cressonnée.

Rhinanthées. — Scrophularinées. Fam. nat. — Diandrie monogynie. L.


Le beccabunga, plante vivace (Pl. VIII), est très-commun sur les bords des ruisseaux et des fontaines. Il a bien moins d'analogie, soùs le rapport médical, avec les véroniques qu'avec la famille des crucifères. Le bétail broute cette plante avec avidité.

Description. — Racine blanche, verdâtre, fibreuse, traçante. — Tige cylindrique, couchée, rougeâtre et stolonifère intérieurement, se redressant ensuite, prenant une teinte verte, et s’élevant jusqu'à la hauteur de 20 à 30 centimètres et plus. — Feuilles opposées, courtement pétiolées, ovales, glabres, un peu charnues, denticulées. — Fleurs en grappes latérales, axillaires, étalées (juin), chacune portée sur un pédicelle très-grêle et garni à la base de deux bractées. — Calice persistant, à quatre divisions. - Corolle bleue, monopétale, en roue, dont le limbe est partagé en quatre lobes ovales. - Deux étamines insérées au tube court de la corolle, et dont les filaments sont terminés par des anthères oblongues, subsagittées. — Un ovaire supérieur, comprimé latéralement, surmonté d'un style filiforme et d'un stigmate simple, comme tronqué. — Fruit : capsule presque cordiforme, à deux loges, renfermant beaucoup de petites graines arrondies et noirâtres.

Parties usitées. — L'herbe.

[Culture. — Le beccabunga vient mieux dans l'eau et dans les endroits humides, mais il est alors moins actif que lorsqu'il a poussé dans un endroit sec ; on le multiplie par semis faits au printemps ou par éclats des pieds opérés à la même époque ou à l'automne.]


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Récolte. — Il faut choisir le beccabunga qui croît sur le bord des ruisseaux et qui est expose au soleil. Celui qui plonge en entier dans l'eau ou qui croît à l'ombre contient moins de principes actifs. Cette plante doit être employée fraîche.

Propriétés physiques et chimiques. — Dès le premier printemps, lorsqu’elle commence à pousser, et vers la fin de l'été, pendant la fructification, cette plante est seulement aqueuse ou astringente, et peu sapide ; mais lorsqu'elle est développée et prête à fleurir, elle offre dans toutes ses parties une saveur d'abord légèrement acerbe et amère, puis ensuite âcre et piquante comme celle du cresson, avec lequel elle a la plus grande analogie, ainsi qu'avec d'autres crucifères. — Elle fournit un principe volatil, du sulfate de chaux et de l'albumine végétale.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, 10 à 100 gr. par kilogramme d'eau.
Eau distillée (parties égales d'herbe et d'eau), 50 à 100 gr. en potion.
Sirop (1 de sucre dépuré sur 2 de sucre), 30 à 60 gr. en potion.

Suc exprimé, 50 à 100 gr.
Extrait, 2 à 6 gr., en potion, pilules.
Conserve (1 d’herbe sur 2 de sucre), 5 à 30 gr.
Le beccabunga entre dans le vin et le sirop antiscorbutiques.


Cette plante fraîche est excitante, antiscorbutique, diurétique. On donne ordinairement le suc exprimé, que l'on mêle souvent avec d'autres sucs, tels que ceux de cresson, de cochléaria, de fumeterre, de pissenlit, etc.

Les propriétés de cette plante ont été ou trop préconisées ou trop dépréciées. Forestus, Boerhaave, Simon Pauli, Vogel, ont célébré ses vertus. Murray les révoque en doute, et quelques thérapeutistes modernes lui refusent une place parmi les substances médicamenteuses ; mais Guersent[1] a rétabli la réputation vacillante du beccabunga. Il le considère comme un doux antiscorbutique, préférable à des stimulants plus actifs, lorsqu'on craint qu'ils ne portent trop d'irritation et de chaleur, et qu'alors on ajoute aux sucs des crucifères pour en modérer les effets. « C'est à cause de ses propriétés excitantes et légèrement toniques, dit l'auteur que nous venons de citer, qu'il convient dans certaines affections dartreuses et scorbutiques ; il a paru être utile aussi dans quelques espèces de phthisies pulmonaires, et dans des engorgements atoniques des viscères abdominaux qui avaient succédé à la goutte irrégulière. »

On donne quelquefois le suc de beccabunga mêlé au lait ou petit-lait. J'ai fait manger avec avantage la salade de beccabunga dans la cachexie paludéenne et le scorbut. Je m'en suis bien trouvé aussi dans la gravelle.

A l'extérieur, le beccabunga est, comme le cresson, résolutif, stimulant, détersif. Forestus a guéri un ulcère scorbutique énorme, qui occupait toute la partie antérieure du tibia, avec des applications de cette plante cuite dans la bière. Des cataplasmes faits avec les tiges et les feuilles simplement pilées ont dissipé des engorgements hémorrhoïdaux atoniques. Les campagnards se servent de ces cataplasmes contre le panaris.


Petit beccabunga

Nom accepté : Veronica anagallis-aquatica


(Le petit beccabunga, veronica anagallis, mouron d'eau, ne différant guère du précédent que par la taille, possède les mêmes propriétés.)

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  1. Dictionnaire des sciences médicinales, t. III, p.66