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Aulne (Cazin 1868)

Aubépine
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Aunée


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Nom accepté : Alnus glutinosa


AUNE ou AULNE. Betula alnus. L.

Alnus rotundifolia glutinosa viridis. C. Bauh., Tourn. — Alnus glutinosa. Willd., Gært. — Alnus communis. Duham, — Alnus. Dod. — Alnus vulgaris. Reck. — Alnus altera. Clus.

Aune commun, — vergne, — bouleau vergne, — aunet, — anois.

Amentacées bétulacées. fam. nat. — Monoécie tétrandrie. L.


L'aune, commun dans toutes les forêts, et connu de tout le monde, se plaît


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dans les terrains humides, au bord des rivières, dans les marais. Il croit avec tant de rapidité qu’on peut le couper tous les ans. On devrait le multiplier dans les marais fangeux, qu’il dessèche et assainit. On sème les graines au printemps sur une terre légère mêlée de sable, et on le recouvre peu.

Les anciens connaissaient les usages économiques de l'aune. Pline dit que les pilotis d’aune sont d’une éternelle durée, et qu'ils peuvent supporter d'énormes poids. On le plantait le long des rivières pour les contenir dans leur lit. Il est, en effet, prouvé par l’expérience que son bois se conserve dans l'eau pendant des siècles sans s'altérer. On en fait des pilotis en Hollande, à Venise, etc.

Description. — Arbre de 12 à 15 mètres de hauteur. — Tronc droit, revêtu d’une écorce gercée, d’un brun olivâtre. — Rameaux portant des feuilles ovales, obtuses, comme tronquées au sommet, crénelées sur les bords, visqueuses, enduites d’une sorte de vernis et d’un vert sombre ; présentant en dessous, à l’angle de leurs principales nervures ; des touffes de poils lanugineux ; court pétiole. — Fleurs naissant avant les feuilles ; chatons mâles cylindriques, pendants ; chatons femelles courts, serrés, droits et rougeâtres. — Fruits persistant d’une année à l’autre.

Parties usitées. — L'écorce et les feuilles.

Propriétés physiques et chimiques. — Fraîchement coupé, l’aune a une teinte rougeâtre qui s'éclaircit et s'efface en peu de temps. Lorsqu’il est sec, il prend une couleur d'un rose très-pâle tirant sur le jaune. Il a le grain fin, homogène, et conserve parfaitement la couleur d’ébène qu'on lui donne. Il brûle parfaitement et donne une flamme claire. Les pâtissiers, les boulangers, les verriers le préfèrent à tout autre bois pour chauffer leurs fours. L'écorce, riche de tannin, sert au tannage et à la teinture. Macérée pendant quelque temps avec la limaille de fer, elle donne une couleur noire dont le cuir et les étoffes s’imprègnent, et avec laquelle on peut faire de l’encre. On retire aussi des bourgeons une couleur cannelle.

L'écorce d'aune est astringente, fébrifuge.

Si nous n'avions pas l'écorce de chêne, celle d'aune serait souvent employée comme astringente. Roussille-Chamseru[1] a préconisé l’écorce d’aune, à double dose (10 à 30 gr. et plus dans l'apyrexie), comme un des meilleurs succédanés du quinquina. Je pense qu’on pourrait avec avantage associer cette écorce à la gentiane, à la petite centaurée, à l’absinthe ou à la chausse-trappe, afin de la rapprocher plus encore, par cette addition, de l’écorce du Pérou. Fabregou l'appelle le quinquina indigène.

Je ne dois pas laisser ignorer un fait qui s’est plusieurs fois offert à mon observation. Lorsqu'un cheval est atteint d'un écoulement muqueux et purulent sortant abondamment par les naseaux, on l’attache dans une pâture de manière à ne lui laisser que l’herbe pour toute nourriture, et pour toute boisson l’eau déposée dans une cuve tenant en macération une assez grande quantité d'écorce d'aune. Par ce traitement simple, le cheval guérit dans l’espace d'un à deux mois. Quelques campagnards m’ont dit avoir guéri la morve par ce moyen ; mais comme ils ont pu confondre une affection purement muqueuse avec cette maladie, je ne puis rien affirmer à cet égard. Cette médication est, sous le rapport de la médecine comparée, de nature a fixer l’attention des médecins.

La décoction d’écorce d'aune en gargarisme passait autrefois pour un excellent remède dans les affections de la gorge. Je l'ai vu employer avec succès dans les angines peu intenses. Elle agit ici comme l’alun, les feuilles de noyer et tous les astringents. Elle convient aussi dans l’amygdalite chronique, les engorgements des gencives et les ulcérations de la muqueuse buccale. On peut s’en servir aussi pour lotionner les ulcères atoniques et variqueux, la décoction des feuilles produit le même effet. Ces moyens m’ont réussi, en injection dans la leucorrhée.

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  1. Journal général de médecine, t. II, p. 295.


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Murray a vanté les feuilles d’aune appliquées sur le sein, comme un moyen efficace, pour arrêter l'écoulement du lait chez les nourrices. On les expose préalablement à la chaleur du feu, et on renouvelle ce topique deux ou trois fois par jour.

Buchner[1] a employé ces feuilles avec succès en pareil cas, et pour résoudre les engorgements laiteux des mamelles. A l’exemple de Murray, il les hache, les fait sécher dans une assiette jusqu’à exsudation d'un liquide, et les applique sur le sein plusieurs fois par jour. Ce moyen m’a réussi dans un cas de galactorrhée, qui durait depuis un mois.

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  1. Journal de chimie médicale, janvier 1843.