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Arrête-bœuf (Cazin 1868)

Arnica
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Arroche
PLANCHE V : 1. Aristoloche clématite. 2. Aristoloche ronde. 3. Armoise. 4. Arnica. 5. Arrête-bœuf.


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Nom accepté : Ononis spinosa


ARRÊTE-BŒUF. Ononis spinosa.

Ononis, sive resta bovis. Bauh. — Ononis spinosa, flore purpureo . Park., Tourn. — Ononis arvensis. Lam.

Bugrano, — bougrane, — bougrande, — bugrave, — chaupoint, — tenon, — herbe aux ânes.

Légumineuses. Fam. nat. — Diadelphie décandrie. L.


L'arrête-bœuf (Pl. V) est une plante vivace qui croît partout en France, surtout dans les lieux incultes, les pâturages médiocres, les terrains sablonneux, les champs incultes, sur les bords des chemins. Les moutons, les chevaux et les cochons la refusent ; les vaches et les chèvres la broutent, ainsi que les ânes, qui, dit-on, aiment en outre à se vautrer sur cette plante.

Description. — Racine brune à l’extérieur, présentant des rayons médullaires très-apparents, pouvant atteindre la grosseur du doigt, longue de 6 centimètres et plus, rampant sous le sol, et par son extrême ténacité arrêtant parfois tout court la charrue, de là le nom d'arrête- bœuf. — Tiges de 30 à 60 centimètres, dures, couchées ou étalées, à rameaux avortés-épineux, pubescentes et légèrement visqueuses. — Feuilles inférieures trifoliées, pétiolées, composées de folioles ovales-obtuses, dentées, striées, vertes, légèrement pubescentes, les supérieures simples, stipulées et finement dentées. — Fleurs roses, quelquefois blanches, axillaires, à pédoncules courts, soli-


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laires ou géminées, disposées en grappes feuillées terminales (juin-septembre). — Calice velu, monophylle, à cinq divisions linéaires. — Corolle papilionacée, à étendard très-ample, rayé de lignes plus foncées, dépassant les ailes ; carène prolongée en bec. Dix étamines monadelphes ; ovaire supérieur ovale, verdàtre, surmonté d'un style filiforme, que termine un stigmate simple et obtus. — Fruit : gousse ou légume court, renflé, velu, uniloculaire, bivalve, dépassé par les divisions du calice, contenant des graines réniformes.

Parties usitées. — La racine, les feuilles et les fleurs.

[Culture. — On ne la cultive que dans les jardins de botanique ; elle vient mieux dans les terres légères, et se propage aisément par graines semées en place ou re piquées.]

Récolte. — On peut arracher la racine d'arréte-bœuf en tout temps. Quand elle est sèche et bien préparée, elle est blanche en dedans, grise en dehors ; sa cassure offre des rayons du centre à la circonférence.

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur de la racine de bugrane est désagréable, sa saveur douceâtre et nauséabonde. L'eau bouillante et l'alcool s'emparent de ses principes actifs, [elle renferme un principe doux analogue à la glycirrhizine ; M. Hilasiwetz en a extrait un principe qu’il nomme ononine, et qui sous l'influence de la baryte se transforme en onospine ; celle-ci est un glycoside, puisque sous l'influence de l'acide sulfurique elle produit de la glycose et de l'ononétine.]


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction (racine) , 30 à 60 gr. par kilogramme d’eau.
Poudre, 2 à 4 gr.

A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des feuilles et des fleurs en gargarisme.


La racine de bugrane a été considérée, de temps immémorial, comme apéritive et diurétique. C'est principalement à l'écorce de cette racine qu'on attribuait de grandes vertus. Galien la place au premier rang des diurétiques. Simon Pauli ne connaît pas de meilleur remède contre le calcul des reins et de la vessie…… Bergius dit l'avoir donnée avec succès dans l'ischurie pro venant de la présence des calculs dans la vessie, et son illustre collègue Acrel a constaté l'action puissante de la racine de bugrane sur les organes urinaires et génitaux ; il atteste avoir vu des dysuries calculeuses, des sarcocèles, des hydrocèles, des hydrosarcocèles, entièrement dissipés ou notablement diminués parce médicament. Matthiole avait déjà rapporté l'histoire d'un homme qui, ayant continué pendant plusieurs mois l'usage de là poudre de racine d'arrête-bœuf dans du vin, fut guéri d'une hernie charnue (sarcocèle) que les médecins voulaient opérer. Plenck et Schneider ont recommandé cette racine dans l'engorgement des testicules. Mayer et Gilibert la conseillent avec plus de raison dans les obstructions des viscères, dans les cachexies, la chlorose.

C'est à cause de toutes ces exagérations que la bugrane est aujourd'hui presque abandonnée : un éloge non mérité fait méconnaître les qualités réelles. Cependant celte plante ne mérite pas l'oubli dans lequel elle est tombée. Je l'ai souvent mise en usage dans les tisanes diurétiques. Je l'ai vue seule, en décoction concentrée, dissiper une anasarque contre laquelle on avait inutilement employé les diurétiques les plus puissants, tels que la scille, la digitale, l'acétate de potasse, etc. Elle peut être très-utile dans tous les épanchements séreux, les infiltrations cachectiques, les engorgements hépatiques et spléniques, l'ictère, etc. Hildenbrand recommande une tisane antinéphrétique composée de : racine de bugrane, 30 tram. ; eau, 500 gr. réduits à 400 gr. avec addition de 15 gr. d’oxymel scillitique ; à prendre une demi-tasse toutes les heures dans la gravelle, le catarrhe chronique de la vessie, la cystite à sa période de chronicité, l'engorgement de la prostate. Cette formule peut être employée aussi dans l'albuminurie chronique, les hydropisies, et dans tous les cas où les diurétiques stimulants sont indiqués. Je la remplace très-bien chez les pauvres par une décoction d'arrête-bœuf et d'oignon éduleorée avec le miel.


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La propriété diurétique n'est pas exclusivement concentrée dans la racine. Dehaen rapporte l'exemple d'une guérison opérée par la décoction des feuilles. (La médecine vétérinaire l'utilise pour faire uriner les chevaux, dont l'urine devient de couleur orange après son emploi.)

(Il est probable que le véhicule joue par son abondance un grand rôle dans l'action diurétique de la bugrane.)

Les gens de la campagne emploient la décoction aqueuse de feuilles et de fleurs d'arrête-bœuf en gargarisme avec un peu de miel et de vinaigre dans les maux de gorge. La décoclion concentrée de toute la plante a été reconnue efficace en gargarisme et en collutoire contre les ulcères scorbutiques des gencives ; elle a même été utile, dit-on, dans les ulcères vénériens. Nous possédons, pour combattre ces derniers, des moyens plus énergiques et surtout mieux éprouvés.