Anis (Cazin 1868)
Anis
Nom accepté : Pimpinella anisum
Anisum herbariis. Bauh. — Apium anisum dictum, semine suaveolente. T.
Anis vert, — boucage à fruits suaves, — anis boucage, — pimpinelle anis.
OMBELLIFÈRES. — AMMINÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE DIGYNIE. L.
Plante annuelle, qui croît spontanément en Egypte, en Turquie, en Sicile, en Italie. On la cultive en France, principalement en Touraine et dans les départements méridionaux, où l'on en fait des semis considérables.
Description. — Racine fusiforme, fibreuse, blanchâtre. — Tige de 30 à 40 centimètres, herbacée, cylindrique, creuse, rameuse, pubescente. — Feuilles alternes, amplexicaules, glabres ; les radicales pétiolées, trifoliées, dentées ; les moyennes ailées, subréniformes, arrondies, incisées ou dentées ; les supérieures en découpures d'autant plus étroites et pointues, qu'elles sont plus près du sommet. — Fleurs blanches, petites,
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en ombelles doubles terminales, sans involucre ni involucelles (juillet). — Calice nul ou à peine visible. — Corolle de cinq pétales égaux, ovales, sommets recourbés en dessus. — Cinq étamines plus longues que les pétales, à filets blancs subulés. — Deux styles très-courts. — Fruit gris-verdâtre, ovoïde, strié, nu, à deux semences convexes, accolées par une surface plane.
Parties usitées. — Les fruits, improprement appelés semences.
Culture, récolte. — L'anis se plaît plus particulièrement dans les terrains sablonneux et calcaires ; il réussit beaucoup mieux sur les coteaux qu'à toute autre exposition. Comme le froid lui est très-nuisible, on ne doit le semer qu'au printemps, lorsque les gelées ne sont plus à craindre. La terre, préparée par de bons labours, doit être aussi meuble que possible. On sème à la volée, et on ne recouvre la graine que légèrement. On aide la germination par des arrosements, qu'il faut continuer autant que possible si la saison est sèche. On sarcle dès que la graine est levée ; un second sarclage est nécessaire avant l'époque de la floraison. Quelquefois les racines repoussent encore la seconde année, bien que cette plante soit ordinairement annuelle.
On commence ordinairement la récolte des fruits d'anis au mois d'août ; mais elle a lieu successivement. Il faut cueillir les bouquets à mesure qu'ils brunissent, en choisissant pour cela un beau jour et sans attendre la chute de la rosée ; on les bat au fléau comme le blé. Le fruit est ensuite vanné, pour le rendre bien net ; et pour lui conserver son arôme on le préserve de l'action de l'air en le renfermant dans des sacs que l'on place dans un lieu sec.
Ces fruits sont l'objet d'un commerce très-étendu ; on en distingue plusieurs variétés. L'anis de Touraine est vert et plus doux ; celui d'Albi est plus blanc et plus aromatique ; celui de Malte ou d'Espagne est le plus estimé.
Propriétés physiques et chimiques. — Le fruit d’anis a une odeur aromatique particulière très-agréable, une saveur piquante, un peu chaude, à la fois stimulante et sucrée. On en obtient par expression une huile fixe, et par la distillation une huile essentielle transparente et se concrétant à 10° R. au-dessus de zéro. On lui a donné quelquefois le nom de stéaroptène d'anis. Elle constitue le principe actif de ce fruit : 1,500 gr. de ce dernier fournissent environ 30 gr. d'huile essentielle. L’iode solidifie subitement cette huile, avec dégagement de chaleur et de vapeurs colorées ; l'acide sulfurique la colore en rouge, puis la solidifie. Ces épreuves la distinguent et la font reconnaître.
[On falsifie souvent l'essence d'anis avec des huiles fixes, du blanc de baleine, de la cire ou de la paraffine ; on reconnaît cette fraude par l'alcool très-concentré qui ne dissout pas toutes ces matières et qui dissout l'essence d'anis.
L’essence d’anis peut être représentée par C20 H12 O2 ; elle est le point de départ d'une série chimique fort importante ; traitée par l'acide azotique, elle produit un mélange huileux d'hydrure d'anisyle = C16 H7 O4 et d'acide anisique = C16 H5 O7 HO.]
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 8 à 15 gr. par kilogramme d'eau bouillante. |
Sirop (1 d'eau distillée sur 2 de sucre), 30 à 60 gr. en potion. |
L’anis entre dans l'eau générale, le sirop d'Érysimum composé, le sirop d'armoise composé, le sirop de roses pâles composé, l'électuaire lénitif, la confection Hamech, la thériaque, l'aniso, les pilules de Morton, et écossaises d'Anderson, l'esprit carminatif de Sylvius, etc. L'huile essentielle d'anis entre dans le baume de soufre anisé.
Dans certains pays du Nord, les fruits d'anis entrent dans la fabrication du pain. En Angleterre on les mêle au pain d'épices. En France, ce sont principalement les confiseurs qui s’en servent ; ils en font des dragées excellentes (anis de Verdun), des liqueurs (anisette de Bordeaux, vespetro, etc.).
L'anis est considéré comme stimulant, stomachique, carminatif, diurétique, expectorant, emménagogue. On l'emploie dans la débilité des voies digestives, la gastralgie, les flatuosités, les coliques flatulentes et spasmo-
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diques, les tranchées des enfants, la dyspepsie, les céphalalgies nerveuses et celles qui paraissent dépendre d'un mauvais état des voies digestives, les vertiges, les éblouissements et tous les troubles nerveux du cerveau et des sens : de là le titre de céphalique donné à ce fruit.
S'il faut en croire le rapport de Trew, une ou deux gouttes d'huile essentielle d'anis peuvent donner la mort à un pigeon, et quelques gouttes ont produit chez un homme un délire subit qui n'a été dissipé que par l'usage des émétiques[1].
(Pour Foussagrives, il suffit d'en introduire quelques gouttes dans l'estomac de chiens de diverses tailles, pour déterminer chez ces animaux des accidents quelquefois foudroyants. Bouchardat avait déjà prouvé que 2 gouttes dans 1 litre d'eau suffisent pour tuer un grand nombre de poissons. Une dose un peu plus forte fait périr les grenouilles, les salamandres, etc.)[2].
L'anis a toujours occupé une place distinguée dans la matière médicale. Dioscoride mentionne sa qualité échauffante et le proclame comme diurétique, excitant, carminatif, aphrodisiaque, galactopoïétique ; il le dit propre à calmer la céphalalgie, à modérer les fleurs blanches, à étancher la soif des hydropiques, à corriger la mauvaise haleine. En sait-on davantage aujourd’hui ?
Il faut néanmoins distinguer dans les affections du tube digestif qui produisent les flatuosités, les coliques, la dyspepsie, etc., celles qui sont essentiellement phlegmasiques ou sous la dépendance de l'irritation fixe de la muqueuse, de celles qui sont atoniques ou nerveuses. Dans les premières, les excitants, tels que l’anis, l'angélique, le fenouil, la menthe, etc., sont évidemment nuisibles ; tandis que, dans les secondes, ils sont d'une efficacité qui justifie tout ce qu'ont dit les anciens en faveur de ces plantes, et notamment de l'anis.
On associe souvent la semence d'anis aux purgatifs, pour en rendre la saveur et l'odeur moins désagréables, et aussi pour diminuer les coliques, les flatuosités, le spasme intestinal. Elle était un des aromates avec lesquels Mesué corrigeait l'action du momordica elaterium.
« Nous avons vu, disent Trousseau et Pidoux, des nourrices calmer les coliques de leurs nourrissons en buvant elles-mêmes une infusion d'anis, et nous nous sommes assurés que le lait de ces femmes avait une odeur d'anis assez prononcée. »
L'anis est généralement regardé comme ayant la propriété d'augmenter la quantité du lait chez les nourrices. Peut-être, disent les médecins que nous venons de citer, n'est-ce qu'en rendant leurs digestions meilleures et plus promptes. Virey présume que cet effet est dû à la secousse légère imprimée à tout le système vasculaire. En effet, ajoute ce médecin, on observe que toutes les ombellifères augmentent le lait chez les animaux, et que même ce fluide en retient souvent l'odeur.
L'action expectorante de l'anis est faible. Cependant on l'a souvent administré dans les catarrhes chroniques, où il agit aussi comme légèrement diaphonique. Les asthmatiques se soulagent en fumant des fruits d'anis.
Dans les cas d'atonie des reins et de l'utérus, cette semence peut exciter la sécrétion des urines et la menstruation. Elle purge bien les enfants nouveaux-nés à la dose de 1 gr. 20 centigr. Je l'ai quelquefois mêlée avec autant de magnésie pour purger doucement et neutraliser en même temps les acides des premières voies chez les enfants.
L'usage de l'anis, selon Mérat et Delens, donne une mauvaise odeur aux urines.
A l'extérieur, cette semence est vantée comme résolutive contre les en-
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- ↑ Richard, Dictionnaire de médecine, article ANIS.
- ↑ Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1860, p. 89.
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gorgements laiteux et les ecchymoses, en fomentations, lotions, cataplasmes.
Anis étoilé
Nom accepté : Illicium verum
[L’anis étoilé ou badiane (Illicium anisatum, magnoliacées), de la Chine, renferme une essence qui jouit de toutes les propriétés de celles de l'anis vert.]