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Hedera (Rolland, Flore populaire)

Révision de 23 octobre 2020 à 17:25 par Michel Chauvet (discussion | contributions)


Cornus
Eugène Rolland, Flore populaire, 1896-1914
Gomphrena


[Tome IX, 130]

ARALIACÉES


Hedera helix

Hedera helix (Linné). — LE LIERRE.


Noms de la plante :

  • hedera, latin (Hedera quoniam libenter a capris editur. Mattheus Sylvaticus, XIIIe s.)
  • hedera nigra, edera, edernon, cissaron, cissa, cessa, cisus, cissos, melaon, cisson, necion, cisteron, camilicintus, l. du m. â., Goetz.
  • hedra, edra, edrea, edera arborea, l. du m. â., Dief. caprificus, l. du m. â., Pritz et Jess.
  • herba camillea, l. du m. â., W. Schmitz, Miscellanea tironiana, 1896, p. 59.
  • cisa, l. du m. â., Simon Januensis, 1486.
  • cœlera nigra, l. du m. â., Du C.
  • edera magna, l. du XVe s., J. Camus, op. sal., p. 62.
  • hedera mas, hedera muralis, anc. nomencl., Dodoens, 1557.
  • hedera major, hedera corymbosa, anc. nomencl., Bauhin, 1671.
  • σουβίτης, gaulois, Dioscoride, II, 210.
  • bobusserron, bobus serron, bobus sellon, gaulois, Apulée, De herb., 99.
  • edra, f., elre, m., leune, m., anc. prov., cedre, m., edre, m., cere, m., ere, m., ire, f., eyre, f., hierre, m., yerre, m., yare, m., lierre, m. ou f., lyarre, m., iedre noire, hiere noire, lierre rampant, lyarre noir, lyerre de muraille, lierre arborée, anc. franç. — dreya, f., Montréal (Gers), au moy. âge, Levy. — liedre, f., anc. gascon.
  • èdro, f., èdré, f., écoudré, f., yèdre, f., hèdre, f., lèdre, f., lédré, f., lèdre, f., lidre, f., lyèdre, falko d'alhadrë, jèdro, f., jèdre, f., drèjo, f., éoudo, f., lédyé, m., lëdëno, f., yédënë, f., èllèra, f., lelora, f., èlra, f., èrlo, f., réoula, f., hyarne, f., éoura, f., éourré, m., léouré, f., liouré, m., liéourë, f., léouro, f., liouro,


[131]

f., nourré, m., liouzé, m., èlna, f., éouna, f., éouné, m., lhaouné, m., éouno, f., léouno, f., louèy'no, f., lèy'no, f., liane, f., lioun, m., liouno, f., léougno, f., lhaouno, f., enné, m., fuelhe d'ènné, f., fëlho d'ènniche, ènna, f., lanna, f., ènno, f., fuélho d'ènno, f., lènno, f., éour, f., èrra, f., érréa, m., lèro, f., lâra, f., lhèro, f., leur, m., leûr, m., lêr, m., lheur, m., lir, m., liro, f., ira, f., iri, f., ila, f., fôlhe d'ilè, f., l'îl, m., feuille de ghèr, f., ghèr, m., lar, m., èy're, f., àyère, f., àyèy're, f., lèy're, f., luilhe-lèy're, f., lày'rë, f., lihèy'ro, f., lhay'rë, m., lhèr, m., lhire, f., glèr, m., ghy'èr, m., yèy'ro, f., yèy're, f., yèr, m., yâr, m., yar, m., yor, m., feuilles de yar, m., lièra, f., lièro, f., liër, m., liar, m., jéy'ro, f., jèy'ré, m., fëlho dé lèbro, f., lhèbr, m., lhavr, m., yèvr, m., yâvr, m., yarn, m., éouda, f., lhèdjé, m., lhézé, m., lièze, m., liège, m., liage, m., liè, m., liô, m., , m., lièrètte, f., éy'rto, f., éyèta, f., éru, m., yèru, m., léru, m., liéru, m., gléru, m., glhèru, m., grèélu, m., lièrou, m., lièrô, m., lièra, m., léy'ria, m., irilhe, f., lièbé, m., en divers patois.
  • liérass, m., Veauchette (Loire). r. p. — lierre-bois, m., Centre. Jaub. — lièro grimpanto, f., Molles (Allier), r. p.
  • terrestre, m., franç., Pinaeus, 1561. — Franc-comtois, docum. de 1578. Beauquier. — yar térès, m., térêtr, m., tarête, m., torête m., térétrou (accent sur ), m., tarétrou, m., tourétrou, tanrètrô, m., tanrètr., m., tanrère, m., tanré, m., tori, m., toré, m., térèle, f., tarétyë, m., trétyë m., en div. pat. de Suisse rom., F.-Comté, Côte-d'Or, Yonne, Meuse.
  • ranpe, m., ranpe de bois, ranpe de maison, ranpe, ranpl, m.. ranpar, m., rampe, m., ranpan, m., rinpan, m., en divers pat. de Lorraine. — ronpan, m., Ruffey, près Dijon, r. p.
  • ranpyoule, f., ranpyële, f., ranpouële, f., ranprële, f., ranpruële, f.. en div. pat. de Belg. wall., dép. du Nord. — Cranpyoule, f., wallon, Grandg.
  • gripètte, f., liégeois, Forir, r.
  • gravissò, m., gravichò, m., graviche, f., Saône-et-L., Nièvre.
  • rèchize, f., Feraise (Vosges), Haill.
  • courëdzo, f., courëdzado, f., courzado, f., Limousin, Auvergne.
  • chindono, f., env. de Valence (Drôme), r. p.
  • brou, m., braou [1], m., brëou, m., H.-Bretagne, Maine, Anjou, Poitou.

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  1. D'où braoulu, couvert de lierre.


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  • joli bois, m., Arcis-sur-Aube, Thévenot.
  • bouiss-van, m., La Chambre (Sav.), r. p.
  • sèghii, fém., env. de Saint-Quentin (Aisne), r. p.
  • coutère, m., dans le Sud-Est (les feuilles de lierre sont employées pour couvrir les cautères), A. Thomas, dans Romania, 1907, p. 620.
  • hill, bret. de Plouaret (C.-du-N.), r. p.
  • iliéo, bret. de Lannion, c. p. M. Y. Kerleau. — ilio, éliô, Liégard.
  • deliô-rid, bret. Le Gon.
  • déo, bret. de Sainte-Triphine (C.-du-N.), r. p. (Sur les noms bretons du lierre, voyez E. Ernault dans Rev. Celt., 1904, p. 64-69.)
  • idhio, cornique.
  • veyl, ebich, eiloof, eyckloof, ieft, klimop, anc. flam.
  • klimop, eiloof, eerdvel, iefte, ebich, wintergroen, dial. flam. et holl. (A. de C.)


La grappe de fruits du lierre est appelée :

  • corymbus, latin.
  • botryo hederae, butriane ederae, isatrus, baga ederae, baccar, carpocissus, l. du m. â, Goetz.
  • corymbes, m. pl., franç., Boaisteau. - [Boaistuau] Hist. prodig., 1561, fet 92.
  • raisins de liarre, franç. Thierry, 1564.
  • parles d'île (= perles de lierre), pal'nôss, f. pl., env. de Civray (Vienne), Lal.
  • palinoutes, f. pl., Malesherhes (Loiret), r. p.


La gomme ou résine faite avec les fruits du lierre est appelée :

  • opocissus, opocisson, gummi ederae, lat. du m. â.
  • gomme hederé, m., gomme de lierre, m. franç. docum. de 1664, Savary, 1759.
  • gomme hederie, m., ancien Lyonnais, Savary, 1759.


Un terrain ou un mur couvert d'une grande quantité de lierre est appelé :

  • éounass, m., éouniè, m., Gard, Félin.
  • éourédo, f., Hérault, Mistr.


Toponomastique. — Le Lierre, nom de diverses localités.

  • La Baume-Lierre, localité du Var, Soc. des Sciences du Var, 1865, p. 23.
  • Font del Eluc ou Font de l'Ebre, doc. de 1467, Font de l'Ebre, aujour-


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d'hui, Novolas en 1860, Ecclesia de Eula en 1119, Sancta Maria de Evola en 1413. Neaule en 1690, Les Eoures en 1773, aujourd'hui, loc. des B.-du-Rh., Mortr.
  • Le Pas du Lierre, loc. près Roquevaire (B.-du-Rh.), Mistr.
  • Les Males-Hyères, loc. du Gard, Germer-Durand.
  • Les Hières, Les Ecourres, H.-Alpes, Roman.
  • Léourèda, quartier des environs de Montpellier.
  • Le Rocher du Lierre, loc. de la Drôme, Brun-Durand
  • Lierré, Lierru, loc. de la Mayenne, Maitre.
  • Saint-Hilaire-le-Lierru, loc. de la Sarthe.
  • Hedera, lat. du XIIe s., Hierre, loc. près Paris, Lebeuf, Hist. du dioc. de Paris, 1883, V, 209.
  • Le Sentier des Lierres, lieu dit de la forêt de Fontainebleau.
  • Lyerrucum ou Lerrutum ou Lierrutum, lat. du m. â. — Lierru, loc. de l'Eure, Blosseville.
  • Le Mont d'Hère, local. de l'Orne.


Onomastique : Lierre, De Lierre, Le Lierre, de Leyre, Deliège, Debrou, noms de famille. — [Enne - H. G.]

« Plus vert que feuille d'ierre » , anc. franç., Roquefort, Gloss. rom., supplément, p. 188. — « Si com la ruelle d'ïerre Se tient fresche, nouvelle et vers (verte), Et le cuers de la fame ouvers Tous temps por l'ome decevoir. » Joh. Loth, Die Sprichw. d. altfranz. Fabliaux, I, 12. — Vert comme le lierre se dit quelquefois de ceux qui ont la jaunisse.

« Frouer, c'est souffler dans une feuille de lierre à laquelle on a fait un trou rond avec les dents ou un couteau, en levant la principale côte du milieu à un tiers de distance de la queue. En soufflant dans cette feuille pliée en deux dans sa longueur, on attire les petits oiseaux. » J.-B. Simon, La Pipée, 1738, p. 57.

« En octobre et novembre le fruict de la vigne est en sa perfection et il est un vray pronostique et indicatif de la prochaine vinée. » Blaise De Vigenere, Images de Philostrate, 1578. — « Toute belle apparence que vous trouverez au lierre, soit au bois, ès fueilles et aux grappes, soyez seur de la rencontrer en la vigne ès vendanges suyvantes. » G. Bouchet, Serées, Rouen, 1635, I, 68. — « Si le lierre est chargé de fruits, il y aura beaucoup de raisins. Si ces fruits sont beaux et noirs, les raisins seront beaux et noirs, et l'on fera du bon vin. » Meurthe, Adam. — « Quand le taurêtre est bien éparnà (bien en fruits),


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La vendange fait du kià (du clair, c.-à-d. est abondante) ; mais si la grappe avorte et coule, le raisin s'en ressentira. » Franche-Comté, Rev. litt. de Fr.-Comte, 1865, p. 279. — « Quand le térétre est bien en grains, tu peux compter sur beaucoup de raisins. » C.-d'Or, Luchet, La Côte-d'Or à vol d'oiseau, 1858. — « Si le térétre dégrène, le raisin dégrène. » C.-d'Or, Idem.

« On met ès portes des feuilles de lierre pour montrer qu'il y a du vin à vendre. » XVIe s., G. Bouchet, édit. Reyb., I, 47.

« Je ne voy si volontiers
Les boutiques des grossiers,
Comme j'aime en chaque rue
Les bouchons des taverniers.
Belle hierre que je suis
Joyeux, quand ma veue
Regarde en tant de logis
Ta branche pendue ! "
XVe s., Vaudevires d'Olivier Basselin.

« Vino vendibili suspensà hederâ nihil opus. » Prov. lat. du m. â. « Vin délicat, friand et bon N'a mestier lierre ne brandon. » Prov. anc. fr., Reinberg.

« En Lorraine, autrefois, au repas du Roi-boit, pour empêcher que les toasts répétés n'enivrassent, on ornait de couronnes de lierre les bouteilles, les lampes et tous les meubles de l'appartement. » P. Barbier (dans Magasin des demoiselles, 1866, p. 102).

« Liés ensemble comme le lierre et l'ormeau. » Thomassin, Regrets facét., 1632, p. 191.

« Praestat vineae ulmum esse quam hederae = Myeulx vault ormeau être à la vigne que garder le lierre de ruine. » Bovillus, 1531, fet 33, , v°.

« Le lierre, fidelle nourisson revest et ombrage, de ses feuilles le chesne vieil et sec, au pied duquel il est surereu, comme par remerciement et pour rendre à sa nourrice la pareille. » Du Jonc, Chimère de la mendicité, 1607, fet 20, v°. — « Le lierre croist au pied d'un fort chesne, sur lequel s'appuyant il monte jusques à la sommité de ses rameaux et l'enlace en telle sorte qu'il l'estouffe, faisant par ce moyen mourir ingrattement celuy qui estoit tout son soutien, mais le lierre n'y gaigne guère, d'autant que le chesne sechant, il [le lierre] seche par conséquent ou, pour le moins, s'il vit, il faut qu'il se traîne


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par terre. » Nouveau Panurge avec sa végétation, 1615, p. 133. - « L'arbre soutient le lierre en jeunesse Et le nourrit tant qu'amont s'évertue. Quand il est creu, si fort son arbre presse Qu'à la parfin le suffoque et le tue. » La Perrière, Théâtre des bons engins, 1539. — « Quand lou garric toumbo La léouno séco = quand le chêne tombe le lierre périt. » Tarn, Combes-Labourelie.

« Le lierre et la vigne qui ont les rameaux débiles cherchent toujours quelque appuy, mais il arrive souvent que la muraille accable le lierre quand elle l'a soutenu quelque temps et que la treille par sa cheute fracasse les pampres. » J.-P. Camus, Diotrephe, 1626, I, 83.

« Le lierre abat la muraille qui l'esleve et le nourrit = c'est de l'ingratitude. » J.-P. Camus, Traité du Chef de l'Église, 1630, p. 13. — « Il est comme le lierre qui démolit la muraille à laquelle il s'attache. » Nice, Toselli. [Cf. le prov. breton cité Mél., XI, 207, E. E.]

« Cette fille m'est attachée (dit un vieux) — oui, comme le lierre aux ruines » (lui répondit-on.) Erny, Théâtre en instance, 1904, p. 132. — « Il a pour cette femme une passion que rien ne peut détruire, c'est le lierre au mur... » La Vie populaire, recueil de romans, 1885, p. 69. — « Embrasser quelqu'un comme le lierre la muraille. » Coq à l'asne sur le mariage d'un courtisan, 1620, p. 6.

« Plus accostable qu'un lierre. » Auvray, Banquet des Muses, 1632, p. 114.

« Ce cuide li lierres Que tuit soyent ses frères." XIIIe s., Le Roux De L. — « Vouldroit le lierre que chascun fust son frere. » XVIe s., Gaston Phœbus, éd. Lav., p. 238.

« Tombar lou cross de la léouno = tomber le creux du lierre, c'est-à-dire de l'estomac, c'est perdre la respiration. » Limousin, Bombal, Conte de Champalibau, 1893, p. 66.

« D'une fille coureuse on dit : elle est comme la lièrette, elle court assez. » Poncin (Ain), r. p.

« Le jour de la Première Communion, les enfants font bénir, à l'église, une branche de lierre, que le soir ils mettent au chevet de leur lit, en mémoire de ce que N. S. a été couronné d'une couronne de lierre. » Neuchâtel (Suisse).

« Porter six semaines à l'avance un collier de grains de lierre est un des moyens d'avoir un bon numéro à la conscription. » Yonne, A. Moiset, Us. de l'Yonne, 1888.


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« On guérit les cors en faisant infuser une feuille de lierre dans du vinaigre pendant neuf jours puis en en frottant les cors pendant neuf autres jours. » Malesherbes (Loiret).

« Le lierre est employé comme remède par ceux qui sont atteints du feu de Saint-Laurent. Pour que le remède fasse son effet, il faut cueillir la plante au clair de la lune, la mettre tremper dans l'eau pendant trois jours, et se laver ensuite avec cette eau. » Bocage normand, Lecœur.

« Contre les maladies des bêtes. On fait prendre aux animaux malades des feuilles de lierre en nombre impair, cinq, sept, neuf ou onze. Mais c'est avec neuf feuilles qu'on a le plus chance de les guérir. » Saint-Caradec-Trégouel (Morbihan), c. p. M. P. Le Nestour.

« Treize grains de lierre arborescent meurs et pulverisez pendant neuf mois rendent la femme stérile. » Guyon, Cours de médecine, 1673, I, 365.

« Quand un malade tarde à guérir, la diseuse de nouvaines se présente et lui persuade qu'elle seule peut le tirer de là.

« En retournant à sa maison, elle cueille une poignée de feuilles de liège, et elle en choisit certain nombre qu'elle met tremper pendant 24 heures dans l'eau bénite de Pâques ou de la Pentecôte, selon la saison. Il faut toujours de la dernière faite, sans quoi l'expérience manquerait. Il en serait de même si l'on mélangeait l'ancienne eau bénite avec la nouvelle : dans ce cas l'une mangerait l'autre, et toutes deux perdraient leur vertu.

« S'étant donc pourvue de feuilles de liège et d'eau bénite convenables, notre guerisseuse y dépose cinq à six feuilles à chacune desquelles elle attribue un nom de saint différent, afin de savoir duquel le malade est tint (lisez tenu). Dans sa pensée ce sont les saints qui tiennent les gens en état de maladie afin qu'on les invoque pour être guéri. [Cf. l'expression commune « ne savoir à quel saint se vouer ». E. E.] Mais tout le monde ne sait pas s'y prendre pour savoir quel saint tient ainsi les patients en son pouvoir. C'est de là que le besoin d'une personne initiée ad hoc a fini par se faire sentir dans beaucoup de communes.

« Vingt-quatre heures après l'immersion des feuilles, la diseuse de neuvaines les retire avec précaution et examine lesquelles sont tachées ; car il est certain que ce sont les saints auxquels ont été attribuées ces feuilles dont son client est tint.


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« Une fois ce résultat obtenu, la pythonisse retourne à la maison du malade et ordonne de supprimer toute espèce de remède, jusqu'à ce qu'elle ait fait sa neuvaine en l'honneur du saint ou des saints dont les feuilles ont été tachées. Au bout de la neuvaine, elle fait dire une messe à l'intention du malade, et met un cierge brûler devant la statue du saint qui le tient. Si le cierge brûle bien, c'est bon signe ! si, au contraire, un nœud ou un autre défaut dans la mèche l'empêche de brûler clair, il faudra recommencer l'opération. » Pays de Bray (Seine-Inf.), Le Magasin normand, 1869, VI, 170. — Cf. Rev. d. trad. pop., 1896, p. 261 et Sant-Amand, Lettres d'un Voyageur à l'embouchure de la Seine, 1828, p. 130.

« Quelqu'un est-il atteint d'une maladie inconnue, aussitôt on s'empresse de mettre neuf feuilles de cette plante dans un vase rempli d'eau bénite, en ayant soin d'attacher à la queue de chacune d'elles un petit morceau de papier où est inscrit le nom d'un saint. Au bout de neuf jours, les feuilles sont prises une à une, et celle qui porte le plus de taches indique le saint qu'il faut invoquer pour obtenir la guérison du malade. » Bocage normand, Lecœur.

« Pour savoir à quel saint un malade doit recourir, il doit placer des feuilles de lierre, sur des pierres, avec des numéros correspondants aux divers saints du pays et et les y laisser la nuit. Le matin suivant, la feuille la plus marquetée dira quel est le saint à qui l'on doit s'adresser. » Pays d'Albret (L.-et-G.), Dardy, II, 365. — « On plonge une feuille de l. dans un verre d'eau ; selon la forme qu'elle prend, on sait que l'enfant est malade de tel ou tel saint. » Lot, Rey, Monographie de Castelfranc, 1880, p. 23.

« Pour savoir quels sont les saints qui ont besoin de prières, on prend des feuilles de lierre à chacune desquelles on attache un papier portant le nom d'un membre de la famille décédé. Quelques jours après, celles qui sont couvertes de rainure et de taches représentent les parents ayant besoin de prières, les autres restent intactes. Les taches, selon leur nature, indiquent le genre de prières qui est demandé par les morts. Ainsi une simple ligne demande une messe, une tache jaune, un grand service mortuaire, etc. » Lot, c. p. M.-J. Daymard.

« Pour savoir si quelque chose réussira, on met des feuilles de l. dans l'eau pendant neuf jours ; si les feuilles, alors, tombent


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au fond, l'affaire ne réussira pas ; au contraire, si elles surnagent. » Pierrefonds (Oise), r. p.

« On répand des feuilles de lierre sur le corps des jeunes filles mortes. » Var, Millin, Voy. dans le Midi, III, 5. — « On jette du lierre sur le cercueil d'une jeune fille vierge, en signe de stérilité et des roses blanches, en signe de virginité. » Provence, Mistral, I, p. 1082.

« Si une fille envoye une feuille de lierre, dans une lettre, à un jeune homme, elle sera sûre de l'épouser, mais, lui, mourra jeune. » Naintré (Vienne), r. p.


Symbolique. — « Le lierre signifie : ingratitude. » Traité cur. des coul., 1649. Le lierre est le symbole de l'amitié : je meurs où je m'attache. — [D'où, par déformation inconsciente ou facétieuse : « je suis comme le lièvre, je meurs où je m'attache »· E. E.] « Une image représentant un lierre entourant un chêne mort signifie : Je sèche avec toi. » La Feuille, Devises, 1693. — « Le l. signifie : fidélité, tendresse réciproque. » Nouv. Dict. du lang. de l'amour, 1836. — « Un bouquet envoyé à une fille ou mis à sa fenêtre est une sanglante injure ; on veut dire par là qu'elle est une chèvre coiffée (une coureuse), la chèvre mangeant volontiers le lierre. » Dordogne, Corrèze, Gironde, r. p.


Devinette. — « Berlu sur berlu, si tu ne devines pas, tu seras pendu. — Le lierre Sébillot, Devin. de la Haute Bret.