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Pulsatille (Cazin 1868)

Révision de 12 décembre 2016 à 23:36 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

Pulmonaire
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Pyrèthre


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Noms acceptés : Anemone pulsatilla et Anemone pratensis


PULSATILLE. Anemone pulsatilla. L.

Pulsatilla folio crassiore et majore flore. C. Bauh., Tourn. — Pulsatilla vulgaris. Lob. — Herba venti. Trag.

Pulsatille commune, — anémone, — coquelourde, — herbe-au-vent, — fleur-du-vent, — fleur de Pâques, — passe-fleur, — teigne-œuf, — fleur-aux-dames.

RENONCULACÉES. — ANÉMONÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYNIE. L.


La pulsatille (Pl. XXXII) se trouve dans les terrains secs et montagneux


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de la France, les bois sablonneux, les prés secs, etc. On la trouve dans 1e bois de Boulogne, à Saint-Maur. Je l'ai rencontrée en Picardie, sur le bord des bois. Elle se rapproche beaucoup de l'anémone des prés ou pulsatille noire (pulsatilla nigricans, L.) par ses caractères botaniques comme par ses propriétés ; elle semble même ne s'en distinguer que par la plus grande élévation de sa tige et la rectitude de ses pétales ; (aussi réunirons-nous dans cet article ce qui a trait aux deux pulsatilles, quoique Fonssagrives[1] consacre à chacune d'elles une étude spéciale et expose ses doutes sur l'égale activité des deux variétés). — Cette plante, malgré son âcreté, est recherchée des moutons, qu'elle nourrit mal ; elle produit même la pourriture chez ces animaux, ainsi que l'a observé Huzard[2].

Description. — Racine noirâtre assez grosse, longue, formée par la réunion de plusieurs souches courtes et fibreuses. — Tige : hampe cylindrique couverte de poils longs et soyeux, haute de 15 à 30 centimètres. — Feuilles radicales pétiolées, deux ou trois fois ailées. — Fleurs d'un rouge purpurin, souvent violacées, grandes, solitaires et penchées (avril-juin). — Calice corolliforme de cinq à six sépales oblongs. — Involucre composé de folioles sessiles caulinaires, multifides, formant une sorte de verticille à 7 ou 8 centimètres de la fleur. — Etamines nombreuses, plus courtes que les sépales, rangées en grand nombre autour de plusieurs styles à stigmate placés sur des ovaires groupés sur un réceptacle hémisphérique. — Fruit : akènes surmontés d'aigrettes plumeuses produites par le développement des styles.

Parties usitées. — Toute la plante.

Récolte. — Elle se fait un peu avant la floraison, époque à laquelle la plante jouit de toutes ses propriétés. Ces dernières s'affaiblissent à mesure que la dessication s'opère.

[Culture. — On trouve l'anémone pulsatille surtout dans les lieux découverts, les bois sablonneux, les coteaux calcaires, etc., elle s'accommode de tous les terrains. On la propage facilement de graines ou d'éclats de branches.]

Propriétés physiques et chimiques. — La pulsatille, plante inodore, est, comme ses congénères, d'une âcreté qui, moins prononcée dans la racine, se manifeste surtout dans les feuilles. Heyer[3] a observé le premier que l'eau distillée de l'anémone des prés, qui est laiteuse, laisse déposer au bout de quelques mois des cristaux blancs, striés, insipides, volatils, inflammables, analogues au camphre. Storck[4] a reconnu que ces cristaux acquéraient par la fusion une saveur piquante, et laissaient sur la langue cautérisée des taches blanches. Jacquin[5] paraît avoir étudié de nouveau, en 1809, cette substance. En 1814, Robert, pharmacien à Rouen, retira de l'anémone pulsatille, sans doute, quoiqu'il cite l'anémone des prés, une matière tout à fait semblable, qu'il dit positivement n'être ni acide ni alcaline. Vauquelin, l'ayant examinée, a constaté qu'elle n'est soluble qu'à chaud dans l'eau ou l'alcool, et qu'elle s'en précipite par le refroidissement ; il pense qu'elle doit prendre place dans la classe des substances huileuses concrètes. Elle a été rangée par Gmelin, dans sa chimie organique, parmi les matières camphrées, sous le nom de camphre de l'anémone pulsatille, et déjà, en 1820, Mérat[6] l'avait classée avec le camphre parmi les aromites. En effet, c'est la même substance qu'a trouvée Schwartz dans l'anémone, des bois, et qu'il a décrite sous le nom d'acide anémonique.

[Heyer (de Brunswick) a extrait de l'anémone pulsatille le même principe neutre, et l'a nommé anémonine, et auquel Löwig et Weimann ont assigné la formule C7 H3 O4, et Fehlenz celle de C5 H2 O2. C'est une substance, blanche cristalline qui se ramollit à 150 degrés et se décompose à une température plus élevée ; elle est peu soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Les alcalis, l'oxyde de plomb et le carbonate d'argent la transforment en acide anémonique (C7 H4 O3, HO).]

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  1. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. IV, p. 414 et suiv.
  2. Flore médicale, t. I, p. 76.
  3. Journal de Crell, cité par Storck, De usu pulsatillæ, etc.. 1771, p. 10.
  4. Ibid., p. 11.
  5. Bulletin de pharmacie, t. I, p. 421.
  6. Dictionnaire des sciences médicales, t. XLV, p. 194.


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PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 2 à 15 gr. pour Q.S. d'eau ; après un quart d'infusion, on passe pour obtenir 360 gr. de liquide. Dose, de 90 à 120 gr., trois fois par jour.
(Eau distillée, 1 partie de plante fraîche pour 4 d'eau. Dose, de 1 à 2 gr.
Alcoolature : (piler la plante dans un mortier de marbre et la mettre en contact avec son poids d'alcool à 90° centésimaux. Filtrer après dix jours).
Extrait aqueux (1 kilogr. de feuilles sèches donnent 27 gr. d'extrait).
Störck employait le suc non dépuré. On préfère actuellement l'extrait préparé avec le suc préalablement dépuré. — Dose : de 5 à 50 centig. et plus, progressivement, en plusieurs doses dans la journée.

Saccharolé : extrait aqueux, 1 gr. ; sucre blanc, 20 gr. Mêlez. — 1 gr. trois fois par jour.
L'extrait alcoolique est inerte ; le suc éthéré préconisé par Bouchardat est peu employé.
Mixture de pulsatille stibiée (Rust) : extrait de suc, 2 gr. ; vin stibié, 15 gr. Dose, de 20 à 60 gouttes, trois fois par jour). (Amaurose.)

A L'EXTÉRIEUR. — Feuilles fraîches pilées comme rubéfiant et vésicant, épicarpique ou résolutif. — En surveiller l'emploi.
Poudre, comme sternutatoire.
Eau distillée, etc.
(Collyre de Græfe : infusion, 180 gr. ; sublimé corrosif, 5 centigr. — Contre les taches de la cornée et les cataractes au début.)


La pulsatille commune, comme nous l'avons dit plus haut, est âcre et irritante. (Pilée fraîche et appliquée sur la peau, elle y produit de l'érythème et même la vésication, si l'application est prolongée ; cette action peut aller jusqu'à la mortification des parties soumises à son action). Bulliard rapporte le fait d'un vieillard chez lequel cette plante, laissée pendant douze heures sur le mollet, dans l'intention de guérir un rhumatisme très-douloureux, produisit la gangrène d'une grande partie du membre. Le mal céda aux scarifications et aux fomentations d'eau-de-vie camphrée. Cet homme fut en même temps complètement débarrassé de son rhumatisme.

(Le suc de la pulsatille produit sur la langue un sentiment intense d'âcreté ; un enfant cherchant à sentir de la pulsatille noire récemment pilée, fut pris d'une conjonctivite aiguë ; on cite encore le cas d'une ulcération de muqueuse labiale consécutive au contact prolongé d'une fleur de la même plante. De semblables phénomènes d'irritation se produisent par aspiration du côté des fosses nasales). Les deux espèces de pulsatille, données à l'intérieur à haute dose, enflamment l'estomac et frappent de stupeur le système nerveux. Elles sont rangées parmi les poisons âcres. A l'état sec, les bestiaux la mangent sans danger : 15 à 24 gr, de poudre sèche n'ont pas incommodé des chiens, tandis que 60 gr. de suc de la plante fraîche les ont tués en six heures[1]. (L'extrait agit un peu moins énergiquement; 4 gr. amènent la mort des mêmes animaux en six heures.

Bien que Bock, dès 1546, en ait signalé les propriétés irritantes, (Helwing[2] a le premier, d'une façon sérieuse, appelé l'attention sur la pulsatille. Mais c'est Störck[3] qui a mis en vogue la pulsatille des prés, espèce très-voisine, ainsi que nous venons de le faire remarquer, de notre pulsatille commune. Ce dernier, et d'autres auteurs après lui, ont vanté la pulsatille noire comme propre à combattre efficacement l'amaurose, les taies de la cornée, la cataracte, la paralysie, les rhumatismes, l'aménorrhée, la mélancolie, la syphilis consécutive, les ulcères opiniâtres, les dartres. C'est surtout dans ]e traitement de ces dernières que le célèbre médecin de Vienne dit avoir obtenu les résultats les plus avantageux de cette plante. Il employait ordinairement l'extrait, en commençant par une petite dose, qu'il augmentait graduellement (5 ou 10 centigr. à 1 gr. progressivement).

D'un autre côté, Smucker, Richter, et Bergius, dont le témoignage est également irrécusable, ont répété sans succès les expériences de Storck. Entre ces résultats contradictoires, l'observateur, en se livrant à de nou-

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  1. Orfila, Toxicologie, 5e édit., t. II, p. 152.
  2. Flora campana, seu pulsatilla cum suis speciebus et varietatibus methodice considerata et variis observationibus oculis curiosorum exposita ; in-12, fig. Lipsiæ, 1720.
  3. De usu pulsatillæ nigricant. medic. Vindebon., 1771.


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velles études sur cette plante, doit se placer de manière à voir sans prévention jusqu'à quel point l'exagération est chez les uns, et le scepticisme chez les autres. En attendant, nous devons faire remarquer ici, comme nous l'avons fait pour la ciguë, que Störck préparait ses extraits avec beaucoup de soin, afin de conserver la partie active du médicament ; il évitait surtout de l'exposer à une très-grande chaleur. Les médecins qui, après ce célèbre expérimentateur, ont employé la pulsatille sans succès, avaient-ils mis en usage les mêmes préparations ? Avaient-ils procédé de la même manière ? S'étaient-ils, en un mot, placés dans les mêmes conditions ?

Hufeland[1] place la pulsatille au nombre des moyens dont on s'est le mieux trouvé dans le traitement de l'amaurose.

Bonnel de la Brageresse[2] regardait l'extrait de pulsatille comme le remède le plus efficace contre le vice dartreux. Il l'administrait à la dose de 8 centigr. deux fois par jour, et faisait en même temps lotionner les parties affectées avec la décoction de jusquiame et de ciguë.

Ramm[3] a obtenu des résultats avantageux de l'extrait de pulsatille dans la coqueluche. Il prétend avoir employé ce remède pendant dix ans chez un grand nombre de malades, et ne l'avoir vu échouer qu'une seule fois. Il donnait l'extrait à la dose d'un quart de grain à un grain et demi, suivant l'âge, quatre fois par jour. Il le prescrivait aussi aux adultes atteints de toux sèches et spasmodiques, à la dose de 2 ou 3 grains répétée trois fois dans la journée. Ramon[4] s'est aussi très-bien trouvé de l'emploi de la pulsatille dans la coqueluche.

Quelques médecins ont employé, dit-on, avec avantage, l'infusion des feuilles de pulsatille commune dans les engorgements des viscères abdominaux et dans l'hydropisie. On ne doit pas dépasser, dans cette infusion, la dose de 2 gr. chaque fois. Sous quelque forme qu'on administre la pulsatille, il ne faut commencer que par de petites doses, en augmentant progressivement et avec circonspection.

Ajoutons à tout ce que nous venons de rapporter sur l'usage de la pulsatille à l'intérieur, que Tragus recommandait beaucoup la semence de cette plante cuite dans du vin contre les calculs, et que les femmes allemandes en prenaient dans la suppression des règles.

(Ce serait être incomplet que de ne pas rappeler la foi aveugle que, depuis Hahnemann, auteur que Reil veut faire considérer comme le restaurateur de la pulsatille[5], les homœopathes ont dans le suc de cette plante administré à dose infinitésimale.)

La pulsatille ne se rencontre que rarement dans le pays que j'habite ; je ne l'ai jamais employée. Les vétérinaires en appliquent les feuilles, comme résolutives, sur les tumeurs froides et sur les vieux ulcères des chevaux pour les déterger. Les paysans entourent le poignet de ces mêmes feuilles pliées pour se guérir de la fièvre intermittente ; conseil reproduit par Simon Pauli et Olaüs Borrichius.

En résumé, on peut en agissant avec prudence, mettre à profit la propriété rubéfiante et vésicante de la pulsatille, quand, dans un cas pressant, on est privé de sinapismes et de vésicatoires. La poudre des feuilles et des fleurs sèches de cette plante est un très-bon sternutatoire. Quand elles sont fraîches, il suffit de les broyer sous le nez avec les doigts pour provoquer un violent éternuement. Tournefort recommandait l'emploi de ce sternutatoire dans les affections soporeuses, et Schroeder dans le coryza chronique.

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  1. Manuel de médecine pratique, p. 287.
  2. Ancien Journal de médecine, t. LVIII, p. 476.
  3. Bibliothèque médicale nationale et étrangère, t. VI, p. 521.
  4. Bulletin des sciences médicales de Férussac, 1828.
  5. La pulsatille avant Hahnemann, in l'Art médical, 3e année, t. V, p. 75.


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(Le même auteur a recommandé l'eau distillée en lotions pour faire disparaître les éphélides lenticulaires ou taches de rousseur. Helwig a signalé ses propriétés cicatrisantes.)