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Lilas
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Linaire


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Lin

Nom accepté : Linum usitatissimum


LIN. Linum usitatissimum. L.

Linum arvense. C. Bauh. — Linum sativum, latifolium africanum. Tourn.

LINACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE PENTAGYNIE. L.


Cette plante annuelle, originaire d'Egypte et d'Italie, croît naturellement dans les champs et est cultivée en grand, surtout dans le nord de la France, comme plante textile et pour l'huile que fournit sa graine.

Description. — Racine grêle, presque simple, garnie de quelques fibres latérales. — Tige de 40 à 70 centimètres, droite, menue, glabre, cylindrique, rameuse vers son sommet. — Feuilles sessiles, éparses, glabres, d'un vert un peu glauque, entières, dressées, pointues. — Fleurs bleues, pédonculées, les unes axillaires, les autres terminales (juin-juillet). — Corolle à cinq pétales. — Calice persistant à cinq folioles ovales. - Cinq étamines un peu soudées à leur base. — Cinq styles. — Fruit : capsule globuleuse, à cinq valves rapprochées, et dont les bords rentrants forment autant de loges qui paraissent être doubles. — Une semence luisante, oblongue, dans chaque loge.

Parties usitées. — La semence et la tige.

Récolte. — La culture et la récolte du lin, du domaine de la grande culture, sont très-bien traitées dans la Maison rustique du XIXe siècle.

[Culture. — Le lin purgatif n'est cultivé que dans les jardins botaniques ; le lin usuel est l'objet d'une culture considérable que tout le monde connaît.]

Propriétés physiques et chimiques; usages économiques. - La semence du lin est inodore, d'une saveur fade à l'état frais, rance lorsqu'elle est vieille. Elle contient, d'après Meyer, de Koenigsberg[1], du mucilage, de l'extractif doux, de l'amidon, de la cire, de la résine molle, une, matière colorante, une matière résineuse, de l'albumine, du gluten, une huile grasse, des sels, etc.

Le mucus (bassorine, suivant Dublanc), qu'on a aussi appelé linine, entre pour 10 pour 100 dans la composition de la graine de lin, et la gomme soluble pour 20 pour 100. On en retire par l'éther 35 pour 100 d'huile. — Becquerel a reconnu, en outre, dans cette semence, la présence d'un peu de sucre. L'amande a la composition de toutes les semences émulsives, mais c'est dans l'enveloppe que se trouve le mucilage et les matières extractives et colorantes. — Le mucilage du lin a été spécialement etudié par Vauquelin[2]. Il l'a trouvé composé de gomme, d'une substance animalisée analogue au mucus, d'acide acétique libre, d'acétate et de phosphate de potasse et de chaux, de sulfate et de muriate de potasse. La matière animalisée est unie intimement à la gomme.

La bonne farine de lin se tasse en une seule masse aans la main fermée, et conserve sa forme après la pression. Elle graisse instantanément le papier sur lequel on la presse, forme une émulsion blanche avec l'eau. Le décocté de cette farine bleuira par la tein-

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  1. Journal de chimie médicale, 1828, t. IV, p. 230.
  2. Annales de chimie, 1811, vol. LXXX, p. 318.


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ture aqueuse d'iode si elle est falsifiée par le son ou des substances amylacées. L'eau pourra faire apprécier l'abondance du mucilage. La calcination fera découvrir le mélange de substances minérales. La farine de lin donne 3 à 6 pour 100 de cendres,

Les hommes, dans certains pays, ont fait usage de la graine de lin comme aliment. On assure qu'elle servait à cet usage chez quelques peuplades asiatiques ; mais elle n'offre qu'une nourriture visqueuse et indigeste, surtout pour les estomacs délicats. A Middelbourg, une disette ayant, au rapport de J. Bauhin, contraint les habitants de faire une sorte de pain avec la graine de lin, un grand nombre furent atteints de tuméfactions dans les hypochondres, à la face et dans d'autres parties ; plusieurs en moururent. Les pigeons nourris de cette semence contractent, dit-on, une saveur rance et désagréable.

L'huile de lin sert pour l'éclairage, pour la composition de l'encre des typographes, pour lubrifier les ressorts et pour adoucir les frottements des rouages mécaniques, pour composer des vernis, etc. Bouillie avec de la litharge et épaissie par l'ébullition prolongée, cette huile sert à la fabrication des sondes, des bougies, des pessaires et autres instruments de chirurgie dits en gomme élastique. Le tourteau de lin sert à nourrir les bestiaux, à engraisser la volaille.

Les fibres de l'écorce de la tige de lin fournissent, sous la main de l'homme, la filasse, le fil, divers tissus, etc. Le papier, qui reçoit la pensée et transmet à la postérité, par la merveilleuse invention de l'imprimerie, les productions de l'esprit humain, n'est que du vieux linge converti en pâte et convenablement préparé. La filasse, mise au fond d'un entonnoir, sert de filtre aux liqueurs qu'on y verse. Ce filtre est à la fois commode et laisse passer promptement le liquide. On connaît l'usage de la toile et de la charpie en chirurgie.

L'eau dans laquelle on a fait rouir le lin devient vénéneuse pour l'homme et pour les animaux. La poussière qui s'échappe de la filasse quand on la travaille dans les filatures, attaque les voies respiratoires, et produit l'hémoptysie, l'asthme, etc.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion des semences, 6 à 18 gr. par kilogramme d'eau, pendant quelques minutes seulement, afin qu'elle ne soit pas trop épaisse.
Infusion composée : graine de lin, 15 gr. ; réglisse en morceaux, 8 gr. ; eau bouillante, 500 gr. ; faites macérer deux heures, en vase clos, passez ; l'addition d'un peu de miel la rend encore plus agréable.
Huile (par expression à froid), par cuillerées, plus ou moins, selon l'effet qu'on désire.
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des graines, de 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau, pour injections, lotions, fomentations, lavements, bains.
Farine, en cataplasmes.
Huile, en frictions, embrocations, etc.
Les cataplasmes préparés avec le son et la

décoction de graine de lin sont plus économiques et plus légers que ceux que l'on fait avec la farine de lin simplement mêlée à l'eau. Le marc ou tourteau, dont on a extrait l'huile, peut être employé dans les cataplasmes émollients. Derheims, pharmacien à Saint-Omer, conseille même de n'employer en cataplasme que la semence privée d'huile, afin d'éviter l'éruption ou l'érysipèle léger résultant de l'application sur la peau de la graine de lin rance.
L'huile de lin ne doit être employée que récemment exprimée à froid et douce. On lui fait perdre, dit-on, sa rancidité, en l'agitant fortement et à diverses reprises avec de l'eau tiède,
La graine de lin fait partie du sirop de marrube, de l'onguent d'althea, de l'emplâtre de diachylon, de l'emplâtre de mucilage, etc.


Les semences de lin sont mucilagineuses, émollientes, adoucissantes, apéritives, diurétiques. Elles sont employées, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, dans presque toutes les maladies inflammatoires, telles que la gastrite, l'entérite, la dysenterie, la péritonite, les hémorrhagies actives, la cystite, l'ischurie, la strangurie, la blennorrhagie, la pneumonie, la pleurésie, etc. ; Dans toutes les inflammations externes, les ulcères irrités, les plaies douloureuses, etc., ces semences forment la base des cataplasmes émollients.

L'action de l'infusion de semences de lin, observée principalement sur les voies urinaires, est due non-seulement au mucilage qu'elle contient en abondance, mais aussi aux principes chimiques qui entrent dans la composition de ce mucilage. Ce qui prouve les bons effets de cette combinaison, c'est que d'autres substances douces ou mucilagineuses ne sont pas aussi efficaces.

J'ai remplacé depuis longtemps la gomme arabique et tous les muci-


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lages coûteux par celui de la graine de lin. Il n'a pas, comme celui de gomme, l'inconvénient de produire la constipation, et est bien plus antiphlogistique.

L'huile de lin, que Gesner et Wauters substituaient à l'huile d'amandes douces, est très-relâchante. Prise par cuillerées à bouche, à peu de distance les unes des autres, elle agit comme laxative. A des distances assez éloignées, et mêlée avec un sirop, elle est seulement adoucissante. Ce dernier mode d'administration convient dans les cas de phlegmasie, et particulièrement dans celles des organes de la respiration. Baglivi[1], Sydenham, Gesner, Dehaen, vantent son efficacité dans la pleurésie. D'autres auteurs la recommandent dans l'hémoptysie ; elle convient surtout, dans cette dernière maladie, lorsqu'il y a une vive irritation des bronches. En pareil cas, je l'ai employée une fois avec un succès marqué. Dehaen et Van Swieten la préconisent, prise à grande dose, contre l'iléus et la colique métallique. Ruland a guéri un paysan dont le ventre était devenu dur comme une pierre par l'engouement stercoral, en lui administrant un lavement de 5 onces (150 gr.) d'huile de lin. Michel[2] l'a donnée aussi avec succès dans les constipations opiniâtres. Suivant les Ephémérides d'Allemagne[3] l'huile de lin, à la dose d'une cuillerée prise le matin à jeun pendant quelque temps, guérit le carreau. Cette huile aurait-elle, ainsi qu'on l'a cru de toutes les huiles, la même propriété que celle de foie de morue ? Van Ryn[4] assure avoir constaté l'efficacité constante contre les hémorrhoïdes, pendant près d'un quart de siècle, de l'huile de lin récente administrée à la dose de 60 gr. matin et soir. Le traitement dure tout au plus une semaine. J'ai eu récemment l'occasion de vérifier cette efficacité contre une affection hémorrhoïdaire opiniâtre et fréquemment douloureuse.

Wauters, praticien trop peu connu, l'a mise en usage avec succès dans un cas remarquable d'empoisonnement par la coloquinte chez un riche paysan qui, par avarice, avait demandé une médecine à un maréchal-ferrant.

Murray a fait expulser par l'usage de cette huile une grande quantité de vers du canal intestinal, et Heberden la préférait à toute autre huile pour chasser les ascarides vermiculaires qui s'accumulent parfois dans le rectum des enfants. Dans ce dernier cas, je l'ai administrée avec avantage à la fois par la bouche et en lavement. Le mélange d'une cuillerée d'huile de lin et de pareille quantité de suc de citron ou de vinaigre sucré, m'a souvent réussi comme vermifuge chez les enfants.

Les bains généraux ou locaux préparés avec la décoction de graine de lin conviennent aux vieillards qui ont la peau sèche et aride, aux enfants amaigris, souffrants, sujets aux convulsions, aux femmes nerveuses, irritables, aux hypocondriaques, aux hémorrhoïdaires. Ils sont d'une grande utilité dans les affections cutanées en général, et en particulier dans les dartres douloureuses ou avec prurit insupportable, les inflammations, etc.

(On connaît l'usage si répandu des cataplasmes de farine de graine de lin, comme agent émollient et antiphlogistique, en chirurgie, dans les affections phlegmoneuses, les inflammations de toute nature et de tout siège.

Dans les maladies inflammatoires du tube digestif particulièrement, on les entretient sur l'abdomen pour ainsi dire d'une manière permanente, toutes les fois que leur poids ne force pas de les remplacer par des fomentations ou des embrocations.

Nous devons à ce sujet détruire une erreur trop répandue dans le vul-

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  1. Oleum lini ab omnibus laudatum pro maximo remedio contra pleuritidem, quodque raro fallet. (Baglivi, Opera omnia, p. 38. Antwerp, 1715.)
  2. Journal de médecine, t. XVII, p. 41 et suiv.
  3. 1re année, obs. 216, p. 240.
  4. Annuaire de Roulers, 1851.


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gaire. Il faut employer le cataplasme, sauf indication spéciale, tiède, et non aussi chaud qu'on peut le supporter.

Les cataplasmes sur le ventre chez les enfants constituent un excellent moyen d'abattre la fièvre. Chez ceux auxquels on ne peut, par raison de santé ou par mauvais vouloir, donner de bains généraux, je me suis très-bien trouvé de l'enveloppement de tout le corps dans des cataplasmes de farine de graine de lin.

Dans tous les cas, les cataplasmes s'emploient à nu ou entre deux linges fins. On les arrose souvent de laudanum, etc., etc.)

L'huile de lin, battue avec partie égale d'eau de chaux, forme un liniment employé avec succès contre la brûlure. C'est un moyen populaire qui, comme tant d'autres, à été adopté par la science sous le nom de liniment oléo-calcaire.

Je me sers souvent à la campagne de la filasse ou de l'étoupe pour recevoir les cataplasmes ou autres topiques, tels que les sinapismes, le blanc d'œuf battu avec de l'eau-de-vie camphrée, et l'alun, après les luxations, etc. La filasse s'adapte et enveloppe mieux que le linge, qui, d'ailleurs, est rare chez les pauvres. L'étoupe m'a été plus d'une fois utile comme remplissage dans les fractures pour le premier appareil, quand rien autre chose ne se présentait sous la main.

On a aussi employé le papier en médecine. On l'a recommandé en décoction dans la diarrhée et la dysenterie. J'ai vu des personnes atteintes de diarrhées chroniques prendre avec avantage, chaque jour, une sorte de soupe faite avec du papier blanc bouilli dans le lait. Mâché et appliqué sur le lieu d'une hémorrhagie, le papier peut, à l'aide de la compression, arrêter cette dernière. Appelé pour un cas d'hémorrhagie survenu à la suite de l'extraction d'une dent molaire, et qui durait depuis quinze heures malgré les moyens employés par le chirurgien qui avait fait l'opération, je pus faire cesser cet accident à l'instant même en tamponnant l'alvéole avec du papier mâché et en maintenant les mâchoires rapprochées pendant une heure, de manière à exercer sur ce papier une compression suffisante. L'application du papier dit de soie, du papier à cigarettes, constitue un bon moyen d'empêcher l'accès de l'air sur les blessures superficielles, les brûlures aux premier et deuxième degrés, les excoriations. Il s'imbibe de la lymphe plastique qui suinte, et forme un épiderme factice protecteur.

(Le papier sert de support à des médicaments destinés à l'usage externe ; nous citerons les papiers cantharidés, vésicants, épispastiques, atropinés, etc. On le charge aussi de substances médicamenteuses devant agir pendant la combustion, et on brûle ce papier sous différentes formes.

Trousseau recommande de fumer des cigarettes de papier et, après aspiration, de faire passer lentement la fumée dans les bronches par une seconde inspiration. Les cigarettes peuvent être préalablement imbibées d'une solution arsenicale, mercurielle, nitrée, belladonée, etc., selon l'indication. Nous citerons pour exemple les différentes variétés de papiers antiasthmatiques, qui, presque tous, ont pour parties actives les solanées vireuses.)

Le carton sert à faire des attelles dans les cas de fractures des membres chez les enfants, et même chez les adultes.

Ce serait sortir de notre sujet que nous appesantir sur les dispositions différentes qu'on lui donne soit dans les appareils de Seutin, soit dans ceux de Burgraeve (ouate et carton), soit encore dans ceux de Sommé (carton seul). Nous renvoyons pour cela aux traités spéciaux et aux journaux de ces quinze dernières années.)

On connaît sous le nom de PYROTHONIDE une liqueur empyreumatique, ou huile pyrogénée résultant de la combustion du linge de lin ou de chanvre, ou du papier (huile de papier de Lemery). Ce liquide noirâtre, très-âcre,


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proposé comme agent thérapeutique par Ranque[1], est, selon cet auteur, un astringent efficace dans les hémorrhagies utérines, la leucorrhée, la blennorrhée, etc. Dans ces cas, on l'emploie dans la proportion de 30 à 50 gr. par 120 gr. d'eau, en injections dans le vagin sept à huit fois par jour, ou en compresses imbibées entre le prépuce et le gland. On l'emploie aussi contre les engelures, en fomentation, et dans l'ophthalmie chronique, en en instillant quelques gouttes pures entre les paupières plusieurs fois dans les vingt-quatre heures, et en bassinant ces mêmes paupières avec le liquide étendu d'eau. Ranque, plein de confiance dans le pyrothonide, croit qu'en en touchant la vessie au moyen d'une sonde qui en serait enduite, on pourrait guérir le catarrhe de cet organe, et qu'introduit dans l'estomac et dans les intestins, il dissiperait certaines phlegmasies chroniques du tube digestif qui résistent aux moyens antiphlogistiques ordinaires. Il n'est pas inutile de faire remarquer que ce médecin recommande en même temps les boissons adoucissantes et un régime sévère.

Le pyrothonide évaporé convenablement donne un extrait qui se conserve très-bien et qu'on peut employer en dissolution dans une suffisante quantité d'eau.

(Lorsqu'on met quelques gouttes d'huile de papier sur la langue, on n'éprouve aucun effet immédiat, mais la sensation du goût est totalement abolie, de sorte qu'on peut alors avaler sans dégoût les substances les plus désagréables) (Johnson).

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  1. Mémoire sur l'emploi de la pyrothonide. Paris, 1827. (Ce mot était alors du féminin.)


Lin cathartique

LIN PURGATIF. Linum catharticum. L.

Linum pratense flosculis exiguis. C. Bauh., Tourn. - Linum minimum. J. Bauh.

Lin cathartique, — lin sauvage, — lin de montagne, — linet.

LINACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE PENTAGYNIE. L.


Cette plante annuelle (Pl. XXIII), assez commune en France, se trouve dans les prés secs, dans les pâturages montueux, sur le bord des chemins, les coteaux, etc.

Description. — Racine dure, menue, blanche, peu fibreuse. — Tige droite, grêle, bifurquée, glabre, d'un vert glauque, haute de 15 à 25 centimètres. — Feuilles opposées, ovales-lancéolées, glabres. — Fleurs blanches, terminales, penchées, avant leur développement, longuement pédicellées (juin-septembre). — Calice à cinq folioles glanduleuses. — Cinq pétales blancs, jaunâtres à leur onglet, une fois plus longs que le calice. — Dix étamines. — Cinq styles. — Une capsule globuleuse, ù dix loges monospermes.

Parties usitées.— L'herbe.

Récolte.— Ne présente rien de particulier.

[Culture. — Le lin purgatif n'est cultivé que dans les jardins botaniques ; on le multiplie par graines.]

Propriétés physiques et chimiques. — La saveur très-amère et nauséeuse de cette plante décèle un principe âcre. (Pagenstacher en a isolé une substance pulvérulente, à laquelle il a donné le nom de linine, un peu amère, à peine soluble dans l'eau, l'éther et les huiles, soluble dans l'alcool, cristallisant dans la solution acétique.)


PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion dans le petit-lait ou dans l'eau, 8 à 15 gr. par kilogramme.
Poudre, 1 à 4 gr., en électuaire, pilules ou dans du vin.
Extrait aqueux, 25 à 30 centigr.
Suivant Butler-Lane[1], en épuisant par

l'eau chaude le lin cathartique desséché, on obtient un sixième de son poids d'un extrait très-soluhle dans l'eau. On doit préférer, dit cet auteur, l'extrait à l'infusion de la plante, dont l'odeur est nauséeuse et repoussante.

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  1. Monthly Journal of medical science, 1851.


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Le lin cathartique a été recommandé comme purgatif par divers auteurs et surtout par Linné. Quelques médecins le regardent aussi comme diurétique, fébrifuge, antiarthritique, etc. En Irlande et dans quelques provinces de l'Angleterre, le peuple emploie cette plante, bouillie dans le vin ou la bière, à la dose d'une poignée. Dans l'île d'Oesel[1], on la donne aux enfants pour évacuer les vers. F. Ray dit que l'infusion d'une poignée de ce lin avec ses tiges et ses sommités, faite dans du vin blanc, pendant la nuit sur des cendres chaudes, purge assez fortement et excite quelquefois le vomissement. James lui reproche l'inconvénient de produire le gonflement flatueux du bas-ventre ; mais il est facile de prévenir cet effet au moyen d'une semence carminative, telle que la semence d'anis, de coriandre, etc. Vogel assure qu'à la dose de 4 gr. en poudre, ou d'une poignée infusée dans l'eau ou dans le petit-lait, cette plante purge doucement et suffisamment. Geoffroy dit que les feuilles récentes, contuses et réduites en bol, à la dose de 4 à 8 gr., ou la poudre de ces mêmes feuilles à la dose de 4 gr., mêlée avec un peu de crème de tartre et de semences d'anis, offrent un purgatif très-doux et très-utile contre les fièvres intermittentes et l'hydropisie. Coste et Wilmet ont substitué le lin cathartique au séné, en l'employant à la dose de 8 gr. en infusion dans 120 gr. d'eau bouillante. Wauters l'a aussi considéré comme le meilleur succédané de cette plante. « Le grand nombre de purgatifs que nous offre la matière médicale, disent Loiseleur-Deslongchamps et Marquis, l'habitude de se servir, de préférence, des médicaments exotiques, ont fait entièrement négliger cette plante, qui paraît cependant d'un usage commode et sans inconvénient, et qui se trouve partout. Elle est du nombre de celles sur lesquelles il ne pourrait être qu'utile de faire de nouveaux essais (2)[2]. » De Luce, de Saint-Pétersbourg (in Foy), dit avoir employé avec succès, comme anthelminthique et purgatif, le lin cathartique à la dose de 8 gr. en poudre ou de 15 gr. en infusion dans 120 gr. d'eau bouillante. Butler-Lane a eu à se louer de son emploi dans les affections rhumatismales chroniques, surtout celles qui ont leur siège dans les muscles, les maladies catharrales et les ascites tenant à quelque affection hépatique, Il est plus que probable que cette plante n'a d'autre action, dans ces cas, que celle de tous les purgatifs, à moins qu'on ne l'administre en même temps à dose diurétique.

Je viens joindre le témoignage des faits à tout ce que les auteurs recommandables que je viens de citer ont avancé en faveur du lin cathartique. J'ai employé tantôt les feuilles récentes et en bol, tantôt l'infusion de ces mêmes feuilles (8 à 15 gr. dans 120 gr. d'eau), avec addition d'un peu de semence d'anis, et je puis affirmer que ce purgatif a constamment prodnit le même effet que le séné. Gomment se fait-il donc qu'avec la globulaire, dans certaines contrées, le lin cathartique, le liseron, le nerprun et la gratiole partout, on aille encore chercher une plante dans le Levant pour se purger en France ?

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  1. Topographie de l'île d'Oesel. Saint-Pétersbourg, 1824.
  2. Dictionnaire des sciences médicales, t. XVIII, p. 275.