Fumeterre (Cazin 1868)
Fumeterre officinale
Voir la page [[]]
FUMETERRE. Fumaria officinalis. L.
Fumaria officinarum et Dioscoridis. C. BAUH.
Fumeterre officinale, — fumeterre vulgaire, — fiel de terre, —pied de geline. FDMARIACÉES. Fam. nat. — DIADELPHIE HEXANDRIE. L.
Xafumeterre (PI. XIX), plante annuelle, croît dans toute l'Europe, et se trouve dans les champs, les terres cultivées, les vignes, les jardins. Malgré son amertume, les vaches et les moutons la broutent; les chevaux et les cochons n'en veulent point.
y .flcsçrfption— Racines blanches, pivotantes, fibreuses, allongées, perpendicu- >BeVv" Tige grêle, tendre, étalée, lisse, succulente, très-rameuse, longue de 25 à .pli centimètres.— Feuilles glabres, alternes, pétiolées, un peu obtuses, deux fois ailées,
nun vert glauque ou cendré. — Fleurs d'un blanc rougeâtre, tachetées de pourpre à ■M somïnet, petites, nombreuses, en grappes terminales lâches, ayant chacune une
nrçctee membraneuse (mai-octobre).— Calice petit, à deux sépales lancéolées, caduques,
natteignant pas la moitié de la longueur de la corolle.— Corolle oblongue, irrégulière,
- t^y .P^a!es inégaux, d'une apparence papilionacée ; le supérieur terminé en épe-
■m ! i, eurs cohérents au sommet, offrant une aile membraneuse et des épais-
a£ ™*'~ Six étam:nes hypogynes, en deux faisceaux, portant chacun trois
';MP '•*'ir °™re suPérieur ™ Peu comprimé, uniloculaire, à style filiforme, arqué, uuc. — Fruit : capsule globuleuse, glabre, à une seule loge monosperme.
jS î('»»n médicale, 15 juin 1850.
3 V Th'if f*£ blé- Tnèse de Paris> 1855- 13) Thèse de Montpellier, 1862 downloadModeText.vue.download 487 sur 1308
458 FUMETERRE.
Parties usitées. — L'herbe.
[Culture. — La fumeterre sauvage est très-abondante, on se la procure dans If- jardins en les semant au printemps.] '
Récolte. — Elle se fait au mois de juin, quand les fleurs commencent à s'ouvrir Elle doit être desséchée promptement.
Propriétés physiques et chimiques.— Lorsqu'on l'écrase, cette plante exhale une odeur herbacée; sa saveur amère, désagréable dans l'état frais, augmente par la dessiccation. On y a trouvé, du malate de chaux et des principes estraclils amers, solubles dans l'eau, le vin et l'alcool. Peschier, de Genève, en a retiré une base alcaline particulière, un alcali amer, la fumarine, de fextractif, de la résine et un acide cristallisable. La matière alcaline, peu étudiée, a une saveur amère ; elle est visqueuse soluble dans l'eau, dans l'alcool et dans l'éther. '
[Winckler a trouvé dans la fumeterre un acide particulier cristallisable, volatil, so- luble dans l'alcool et dans l'éther, c'est l'acide fumarique. Demarsuy a démontré qu'il était semblable à l'acide paramaléique = C4H05,HO, obtenu par Pelouze dans la dis- tillation sèche de l'acide malique.]
Substances incompatibles. — Les sels de fer.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Décoction et infusion, de 30
à 60 gr. par kilogramme d'eau, de bière, de
vin, etc. Suc exprimé, de 30 à 100 gr., seul ou mêlé au
petit-lait. Sirop (parties égales de suc et de sucre), de
50 à 100 er.
Extrait, de 2 à 10 gr., en bols, pilules,julep,
potions, etc. Conserve, de 5 à 15 gr.
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction pour fomenta- tion, suc délayé dans l'eau, herbe en cata- plasme.
La fumeterre entre dans le sirop de chicorée composé. Elle faisait partie de l'élec- tuaire de psilium, de l'électuaire de séné, des pilules angéliques, de la confection Hamech, etc., préparations aujourd'hui oubliées.
La fumeterre est regardée comme tonique, fondante, dépuiative, vermi- fuge. On l'emploie dans la débilité des voies digestives, l'ictère, les engor- gements des viscères abdominaux; dans les affections cutanées, scorbu- tiques et scrofuleuses; dans les dartres, l'éléphantiasis, etc.
Les médecins de l'antiquité faisaient un grand usage de la fumeterre contre les diverses maladies que nous venons d'énumérer. Les modernes l'ont aussi employée avec succès. Gilibert regarde cette plante comme un bon antiscorbutique, et Hoffmann lui attribue de grands succès contre les affections lentes des viscères, l'hypocondrie et les scrofules. C'est principa- lement contre les affections cutanées chroniques qu'elle a montré une effi- cacité incontestable. Leidenfrost, Thomson, Bodart, raagent la fumeterre parmi les meilleurs moyens curatifs de la lèpre en général, et particulière- ment du radesyge, que Demangeon appelle éléphantiasis du Nord. Le mé- decin suédois Strandberg a constaté ses propriétés antidartreuses. Je join- drai à ces témoignages celui de Pinel, dont la réserve thérapeutique est connue. « Je pourrais citer, dit ce médecin, une observation faite avec soin sur la guérison d'une dartre invétérée qui se manifestait au bras. La malade eut la constance de faire usage, pendant près de six mois, de la fumeterre infusée dans du lait, en même temps qu'elle pratiquait des lotions sur la ; partie avec la môme infusion. Après cette époque, il n'a resté aucune trace de maladie (1).»
Desbois, de Rochefort, qui place le siège des affections cutanées dans le foie, considère la fumeterre comme le meilleur des herpétiques, le plus <* ven'able pour combattre la viscosité bilieuse.
D'après Hannon (2), la fumeterre officinale, loin d'être un tonique eu dépuratif, serait une plante essentiellement hyposthénisante, dontlusag
(1) Encyclopédie méthodique, art. DARTRES.
(2) Presse médicale belge, 1853.
[459]
prolongé pourrait conduire à l'anémie. A la dose de 2 ou 3 centigr., dit Hannon, la FUMARINE est modérément excitante ; à plus haute dose, 20 centigr., elle irrite d'abord, puis elle produit des effets contro-stimu- lants. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que la fumeterre est, suivant le même auteur, un hyposthénisant à la manière du quinquina et du sulfate de quinine. Les mots ne changent point la nature des choses. On conti- nuera donc de l'administrer comme dans tous les temps et d'après les mêmes indications.
Je fais un usage fréquent de la fumeterre dans les tisanes dépuratives. L'été, j'emploie de préférence le suc de cette plante ; comme elle est beau- coup plus commune que le trèfle d'eau, je la substitue souvent à ce dernier dans les sucs antiscorbutiques. Les enfants atteints de croûtes de lait, de débilité des voies digestives et d'affections vermineuses, se trouvent très- bien de l'usage du sirop de fumeterre, qu'on administre seul ou mêlé à la décoction de pensée sauvage.
' La fumeterre n'est pas plus anthelminthique que les autres amers ; elle n'est guère employée à l'extérieur. Cependant on l'a quelquefois appliquée avec avantage sur les dartres. On l'emploie alors en décoction dans le lait. Le suc délayé dans l'eau a été aussi administré dans les mêmes cas. On l'a même employé dans la gale. Tragus (in Ray) se servait dans cette dermatose d'un onguent composé de parties égales de suc de fumeterre et de suc de racine de patience, avec addition d'un peu de vinaigre et de miel.
Autres fumeterres
Suivant la plupart des auteurs, plusieurs autres espèces de fumeterre, telles que les fumaria média, spicata, capreolata, etc., jouissent des mêmes propriétés que la fumeterre officinale, et elles peuvent remplacer celle-ci. L Steinheil (1) a remarqué que, dans les fumaria capreolata et média, la sa- veur, au lieu d'être franchement amère comme dans la fumeterre. officinale, était excessivement acre et brûlante. Cette différence de saveur avait porté Steinheil à croire qu'il pouvait en exister une dans les propriétés médicales de ces plantes; il attribua dès lors l'effet purgatif qui a quelquefois lieu par Mmimstration de la fumeterre, à la substitution du fumaria média et du ■fumaria capreolata au fumaria officinalis dans la préparation du suc. J'ai em- ployé séparément, et à plusieurs reprises, ces trois espèces de fumeterre, et j'ai pu me convaincre qu'en effet l'excitation intestinale et la purgation se l'manifestaient toujours d'une manière plus ou moins prononcée après l'in-
- gestion du suc des deux premières espèces, tandis que celui de fumeterre
officinale, donné à la même dose, ne produisait rien de semblable. Il est donc prudent de n'employer que la fumeterre officinale, dont le degré
i :lénergie et les propriétés sont bien connus.
- [Nous citerons encore comme pouvant remplacer la fumeterre officinale
afumëterre à petites fleurs (F. parviflora. Lam.), de Vaillant (F. Vaillansii,
- j.Lpisel).]
PliffiTERRE BULBEUSE. Fumaria bulbosa, L.; Corydalis bulbçsa. Aris- tomiafabacea des pharmacies, à cause de la forme de sa racine analogue à celle de l'aristoloche.
tb?'SCiPiptioM* ~"' Differe de la fumeterre officinale par sa racine bulbeuse ; sa stesf?-/ de 12 à 15 centimètres; ses feuilles composées, à folioles assez larges, inci- Si {?' obtuses; ses fleurs plus grandes, ayant un éperon plus allongé, et des wteesjl époque de sa floraison (février-avril).
don!*?ppié*és Physiques et chimiques. — Sa racine contient de l'ami-
rw tSert de noun'iture aux Kalmoucks et autres peuples de la Russie. eiiïï r &m ei> a isolé de Ia fumeterre bulbeuse un principe immédiat qu'il a nommé «imine. C est une poudre blanche, insipide, incristallisable au-dessous de 100 de-
(1) Archives de botanique, 1833,1.1, p. 420.
[460]
grés; peu soluble dans l'eau, soluble dans les alcalis et l'éther; elle forme avecl« acides des sels cristallisables ; elle a été trouvée dans la serpentaire de Virginie rtuirl- holdt la représente par C«H2,018.] •
Cette fumeterre a été regardée comme emménagogue, anthelminthi» antiseptique, etc. Elle a été quelquefois substituée à la fumeterre officinale' bien que ses propriétés soient mal déterminées. [La corydaline a été ti vantée dans ces derniers temps en Amérique comme fébrifuge.]