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Lilas (Cazin 1868)

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Lierre terrestre
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Lin


[587]

Lilas

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LILAS. Syringa vulgaris. L. Syringa coerulea. G. BAUH.—Syringa coerulea sive alba. TOURN. Lilas vulgaris. LAM. OLEACÉES. — SYRINGÉES. Fam. nat. — DIANDRIJË MONOGÏNIE. L. Cet arbrisseau, originaire de l'Asie-Mineure, que l'on cultive dans nos jar- l"is pour la beauté de ses fleurs> est connu de tout le monde. Les bestiaux ■ reiusent, et les insectes, excepté les cantharides, n'y touchent pas, à cause

■ia grande amertume de toutes ses parties. J_J^*tes usitées. — Les feuilles, l'écorce, les fleurs, les fruits, les semences.

W Ancien Journal de médecine, t. XLI, p. 51/i. downloadModeText.vue.download 617 sur 1308


588 LILAS.

Récolte. — L'écorce doit être récoltée au printemps ou à l'automne, les feuille- pendant la floraison, les fruits à leur maturité, avant la déhiscence des capsules.

Culture. — On multiplie le lilas de graines semées aussitôt après leur maturité si qui lèvent au printemps suivant, ou bien de boutures ou d'éclats de pieds.]

Propriétés physiques et chimiques. — Les feuilles et les fleurs, sur- tout les fruits et les semences du lilas, sont très-amers. Les feuilles et les fruits con- tiennent, d'après Milet (1), un principe amer, analogue pour sa saveur aux sels de qui- nine, et qu'il nomme lilacine. Leroy, d'Anvers (2), a également reconnu dans cette plante une matière cristallisable. tîobinet a de même signalé l'existence de ce principe (connu aussi sous le nom de syringine. ) [Les fleurs répandent une odeur suave, les par- fumeurs en isolent le parfum par la méthode tfenfleurage.]

Le lilas n'avait été employé en médecine que comme tonique amer dans les affections asthéniques des organes digestifs, lorsqu'en 1822 Cruveilhier, alors médecin à Limoges, le proposa, dans un opuscule intitulé Médecine éclairée par Vanatomie, comme succédané du quinquina contre les fièvres in- termittentes. Il fit préparer avec les capsules encore vertes de cette plante un extrait mou qu'il administra à la dose de 4 gr. pendant deux ou trois jours, à six malades atteints de fièvres intermittentes et qui guérirent tons, sans excepter une femme âgée de soixante-dix ans, qui avait la fièvre quarte depuis vingt-trois ans. Quelques médecins de Bordeaux (3), ayant répété ces essais, s'empressèrent de déclarer que ce remède n'avait aucune valeur fé- brifuge. Il n'avait été rien publié depuis cette époque sur ce médicament, qui, suivant Trousseau et Pidoux, n'aurait jamais dû sortir de l'obscurité dans laquelle il était resté, lorsque Clément, médecin à Vallenoy (Cher) (4), ■ vint s'inscrire en faux contre les assertions de la Société de médecinede Bordeaux. Depuis le Ie 1' janvier 1854 jusqu'au 31 décembre, ce médecin» donné l'extrait de lilas à cent cinq personnes atteintes de fièvres intermit- tentes, contre lesquelles cet extrait lui a tout aussi constamment réussi que le sulfate de quinine. Dans quelques circonstances, dans des cas de récidive après l'administration du sel quinique, le nouveau fébrifuge eut un succès complet. En 1853, Clément avait employé trois extraits préparés, l'un avec les baies de lilas, un autre avec les feuilles, et un troisième avec l'écorce; celui qui lui a paru mériter la préférence est l'extrait de baies; la doseaété généralement de 2 à 4 ou 5 gr., ordinairement administrés en pilules dans l'intervalle des accès. Dans les observations recueillies par l'auteur, la fièvre a été coupée après la première ou la seconde dose du médicament; rare- ment on a été obligé de recourir à une troisième dose pour obtenir cet heu- reux résultat.

J'ai administré en 1846 la décoction de capsules vertes de lilas (30gr. pour 700 gr. d'eau réduits à 500 gr.) dans quatre cas de fièvre intermittente tierce. Trois fois elle a manqué son effet. Le seul cas uù j'aie pu lui attribuer la cessation des accès est d'autant plus douteux que le malade avait df éprouvé une diminution notable dans l'intensité du dernier paroxysme. M» les résultats obtenus par Cruveilhier, et le soupçon de la non-execul» complète de mes ordonnances dans les cas que je viens de citer, m enga- gèrent à essayer de nouveau ce fébrifuge indigène. En 1851, pendant lcie, j'eus l'occasion d'administrer l'extrait aqueux des capsules de lilas à qw personnes atteintes de fièvres intermittentes, dont trois ayant le type» et un le type quotidien. Chez les trois premiers, la fièvre diminua sensu • ment après l'administration de 4 gr d'extrait de lilas délayés dans unp de vin. La même dose, prise le surlendemain, suffit pour faire disparai

fl) Journal de pharmacie et de chimie, 1842, t. I, p. 25.

(2) Archives de médecine belge, juillet 1844.

(3) Notice sur les travaux de la Société de médecine de Bordeaux, 1822, p. 9-

(4) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1855, t. XXVI, p. 261. downloadModeText.vue.download 618 sur 1308


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presque entièrement l'accès, qu'une troisième dose, donnée le jour suivant, enleva complètement. Chez le malade atteint de fièvre quotidienne, il y avait rechute après l'emploi trop tôt discontinué du sulfate de quinine. L'extrait de lilas, donné chaque jour à la dose de 5 gr., amena graduelle- ment la guérison, qui fut complète après la cinquième dose. Bien que ces quelques faits, comparés aux observations de Cruveilhier et Clément, aient peu d'importance, je n'ai pas cru devoir les passer sous silence : c'est une obole jetée dans le trésor de la thérapeutique indigène.

En Russie, le peuple traite le rhumatisme articulaire par l'application d'une huile de lilas. Pour préparer cet onguent, on prend une assez grande quantité de fleurs fraîches de cet arbrisseau, on les met dans un vase de verre, on verse dessus de l'huile d'olive ; on couvre le verre de papier, et on le laisse exposé au soleil pendant quinze jours. On frictionne deux fois par jour avec cette huile, jusqu'à absorption complète, les articulations affectées.