Chélidoine (Cazin 1868)
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CHÉLIDOINE. Clielidouiiiin majus. L.
ClieUdoniinn majus vidgaris. B.\uh, — CItelidonium hoematodes. Moeisch. Grande chélidoine,— éclaire,— gi-andc éclaire, — lieibc d'hirondelle, — fclougène, — felongne, herbe dentaire. PAPAVÉRACÉES. I'\ini. nat. — ^OLYA^DRIE monogyme. L. Celte plante vivace (PI. XIV) se trouve dans toute la France, dans les fossés humides, dans les haies, sur les vieux nnirs des jardins, dans les lieux incultes, dans les ruines et sur les rochers. Ilesci*i|»tioii. — Racine fiisirormo, fi])reiise, clievohio, d'ini ])rnn loiigoàlrc. — Tige de 3 à 7 décinièlics do liaiiloiir, cylindriqno, raniousc, grêle, fragile, pultoscente, à longs poils épnrs, nions, étalés. — Foiiiilos alternes, molles, glabres, glauques audessous, pétiolces, à 3-7 segments ovales, à lobes incisés, crénelés, pétiokilés ou décurronls sur la tige. — Fleurs jaunes, liernia[ilu'odites, disposées en oniljelies pauciflores à la partie supérieure des ramifications de la tige (avril-septembrej. — Calice à deux
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sépales libros, caducs, convexes, jaiinàlies. — Corolle à (|iiatic pr-lales oiiveils, entiers, plus étroits h ia hase, oliovajes. — Ktainines en noniluc indéfini, liypo^^ines, lil)res, égales. — Antiièies Itilobées, iniorses. — Ovaire liliir, ailon^M", compose de deux carpelles sépai(f's par une fausse cloison inconipléle, niultio\ulee. — Deux stigmates sessiles, peisislanls, Itilobes. — Kiiiil sec, polysperme, linf'aire, sili(|uiroiine, souvent .'i deux \al\es se détacliani de la hase au sonunet, en laissant persister le châssis iormé par les placentas.— Graines ohlongues, luisantes, noirâtres, munies d'une arille blanche placée vers le hile. Partie» lisit^'4>(4. — ha racine, l'herbe el les fleurs. {CiiKiire. — ha ché'lidoine cultivi'e, (pie Ton ne liouve que dans les jardins Ijolanicpies, est niiiins active (|Ue celle qui vient s|iontan('menl dans les campagnes ; on la propage par division des pieds.] K^'colle, — ha cIk'1 idoine qui a ('té n'coltée dans un terrain sec ou sur de vieux nuirs est beaucoup jjIus active que celle qui a ciù dans des lieux humides et ombragés. On ne doit la choisir ni Iroj) jeune ni tiop grande. Il ne l'aul pas la recueillir api'ès la floraison, ha dessiccation lui l'ait perdre une partie de son arrêté, tandis qu'elle augmente au contraire son amertume, ha racine, qui est consich'rée comme plus active que les autres |)arlies de la plante, devient presque noire par la dessiccation. Pro|ii"i6t«'« |>1iys!(|ue[g et eliiiiii(|iieiî$. — A Tétat hais, la chélidoinc exhale une odeur désagréable que Tournelorl compare à celle des fculs couvés. Des incisions laites à la tige découle un suc jaune, caustique, d'une saveur acre, tenace, trèsanière, et qui renferme le principe actif de la plante. Ce suc, exposé à l'air, s'épaissit, prend une couleur jaune, devient oraug(', puis biun, et ne se dissout [)lus que difficilement dans l'eau, ha couleur de ce suc semble y indiquer la présence de la gommegutte; et, en effet, Thomson assure qu'il en recèle. Chevallier et Lassaigne, qui ont analysé la chélidoine, y ont trouvé une substance ri'sineuse amère, jaune, une matière gommo-résineuse jaune orangé, amèi'e, nauséabonde, du citrate de chaux, du phosphate calcaire, de l'acide malique libre, du nili'ate et de l'Iiydi-ochloi'ate de potasse, une substance mucilagineuse, de Falhumine et de la sili('e. Godefroy en a isolé, il y a quelques années, une matière blanche cristalline à laquehe il a donné le nom de Chélidunine et que l'on cvnii être le principe toxiipie de ce végétal. [ha clielidoitine est solide, iuodoi'e, cristallisable, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool el dans ['('Iher ,sa formule = C'lh-° Az^C') (Wiil) ; elle est accompagnée dans la chélidoine d'une auti'e base hichcL'nithrine, découverte ])ar Piobst et i'oliex; d'api-ès Schiel elle serait analogue à la sanguinarine extraite dç la lacine de sanguinaii'e du Canada et aurait pour foriuule = C"il'" AzO^. C'est un alcaloïde pulvérulent qui se colore en rouge par les vapeurs acides. Probst a également trouvé dans la chélidoine en combinaison avec la chaux un acide qu'il a a|)|)elé c lie lirlo nique, dont la formule = C'*ir-0"' 3H0; il cristallise en aiguilles incolores allongées, elllorescentes, soluldes dans l'eau, l'alcool et les acides; il est tribasique
- on l'y trouve avec les acides malique et citrique d(j;i signalés par Chevallier et
hassaigne . (Mentionnons enfin la chélidoxaulhine, matière colorante jaune et amère, extraite des feuilles et des fleurs.) l'RKPAlîATIOXS en.VRM.VCKLTIQLES ET DOSES. A L'iNTKniEL'R. — hifusion ou décoction des feuilles, 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau (par tasses). Décoction de la racine, 10 à 15 gr par. l<ilogranmic d'eau (par tasses en vingt-quatre licures). Suc exprimé, 50 centigr. à /( gr. dans de l'eau sucrée, en i)otiou ou pur. Poudre de la racine, 2 à 3 gr. dans un véhicule, en pilulis, électuai,:e. Extrait (1 sur 10 d'eauj, 25 centigr. à 10 gr. ju'ogiessivcmcnt, ou suivant l'eHut que l'on veut produire. Vin (15 à 50 gr. de racine pour 1 kilngr. de vin), 30 à 60 gr. chaque matin. A L'KXTKiuEiit. — Suc de la plaite fiaîclie, Q. S. seul ou étendu dans l'eau, po;ir topique rubéfiant ou stimidaut de la peau. Pommade avec Taxonge et le suc ou l'extrait, décoction pour lotions, injections, etc. Le SUC de chélidoine à haiile dose est un poison irritant qui détermine des accidents niorlels, soit qu'on radiuinisfre à l'inlérieiu% soit qu'on le mette en contact avec le tissu cellulaire. Il tue les chiens à la dose de GO à î)() gr. L'e.xlrait aqueux préparc avec la plante fraîche est tout aussi vénéneux. 11 détermine une vive inflammation des organes digestifs, el, secon
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daircment, une irritation du système nerveux. Orfila ponsc que la chclidoine agit spécialement sur les poumons, car dans les cadavres des chiens qui ont été empoisonnes avec le suc ou l'extrait de cette piaule, on trouve en général ces organes livides, peu crépitants, et gorgés de sang. Dans une observation d'empoisonnement de toute une famille par la chélidoine (1), il y eut en même temps superpurgation et symptômes cérébraux tout particuliers, du délire, des visions, etc. La chélidoine est donc considérée avec raison comme un poison narcolico- âcre, dont l'action première est irritante et l'action secondaire ou par absorption évidemment narcotique. La jjrédominance de l'une ou de l'autre action fournit les indications ;\ remplir dans celte espèce d'empoisonnement. On devra donc faire cesser le plus tôt possible l'incitation locale par l'expulsion du poison au moyen de l'eau chaude simple ou mêlée à une certaine quantité d'albumine ou de miel, et en s'inlroduisant une plume ou les doigts dans la gorge. L'émélique, qui exerce primitivement une action irritante locale, et dont l'elfet secondaii'e est hyposlhénisant, nous paraît ne devoir être ici employé qu'autant qu'il serait impossibl(> de provoquer le vomissement par les moyens que nous venons d'indiquer. Après l'expulsion du poison i)ar le vomissement, on condjat l'irritation subséquente par les boissons mueilagineuses, le lait, la décoction de guimauve ou de graine de lin, etc. A cause de l'elfet secondaire de l'empoisonnement, on ne doit employer la saignée, soit générale, soit locale, lorsqu'elle semble indiquée, qu'avec une extrême réserve. Loisque le poison n'a pu être promptement expulse, que son action sur les centres nerveux se manifeste par des symptômes cérébraux particuliers et analogues à ceux que produisent les poisons narcotiques, tels que l'assoupissement, le délire, les hallucinations, etc., on doit alors recourir aux moyens indiqués en pareil cas. On administrera le café, l'éther, le vin, les spiritueux, le camphre à la dose de lo ;\ 20 centigr. répétée de temps en temps dans une mixture mucilagineuse, ou donnée en lavement émollient, et préalablement dissous dans un jaune d'oeuf. Les affusions froides, les frictions stimulantes avec l'eau-de-vie, l'ammoniaque étendue dans l'eau, les sinapismes ambulants, etc. La chélidoine, à dose thérapeutique, est excitante, diurétique et purgative. Elle peut être utile dans les engorgements abdominaux, l'hydropisie, l'ictère, les affections scrofuleuses, syphilitiques ou dartreuses, la goutte, la gravelle,-etc. Les feuilles fraîches sont rubéfiantes et vésicantes. Le suc est caustique et détersif, lorsqu'il est étendu dans l'eau. La chélidoine, qui croît partout et que les anciens avaient parfaitement appréciée, ne mérite pas l'oubli auquel elle a été condanmée par les médecins modernes. Son énergie est très-grande et ses effets plus ou moins prononcés, suivant la dose à laquelle on l'administre et ses divers modes de pré|)aration. Une cuillerée de suc de chélidoine, dit Bodart, purge et fait vomir. Il m'a sufli de celte dose mêlée avec autant d'eau sucrée pour obtenir un effet éméto-catharlique violent chez une jeune fdle atteinte d'une fièvre quarte, avec gonflement de la rate et état cachectique très-pro!ioncé. La perturbation causée par l'action de ce médicament amena une grande amélioration dans l'état de cette jeune fille. KWr n'éprcniva plus que de faibles accès qui, plus lard, cédèrent tout à fait à l'usage d'une forte décoction de trèfle d'eau et d'écorce de saule blanc. Je crois, avec les anciens, qiu; les propriétés de la grande-éclaire sont plus énergiques dans la racine. Galien et Dioscoride administraient celle racine en infusion dans du vin blanc, pour la guérison de l'ictère. Forestus la faisait bouillir dans la bière. Je l'ai employée de l'une et de l'autre raa- (1) Philosophical Transactions, t. XX, n» 242.
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nièrc, srion los circonstances et la position de fortune des malades, dans riiydropisic et dans los embarras aloniques des viscères, qu'il est plus facile d'appi'écier chez le malade (jne (re.\pli(iuei', el ((lie l'on l'ciiconlre fiéquemmcnl chez les pauvr(!s exposés à raclioii du froid humide et soumis à toutes les aidres causes de d(>slinction qui \cs enlonicid. Lanf^e (1) cuqiloie de piél'éreiice l'exlrail de chélidoine prépara avec du vin ù nu feu doux, et l'ordonne ù la dose de l ^m-. 20 cenlif,'r. à 1 gr. 50 ce.ili;;r. dissous dans de l'eau dislillée, que l'on fait j)i'en(lre au malade cha(iue jour pendant plusieurs semaines, pour cctmhatlre l'ictère, les (i«'vres inlermitteides et les obstructions lentes des viscèi-es abdominaux. J'ai vu employer avec succès ^'onlre la };ravelle et l'hydropisie, par le conseil d'un f^uéiisseiu' de campafi;ne, la rai'ine de chélidoine infusée dans le vin blanc (30 ù 00 ,i;r. (le racine pour I kilogr. de vin); ce vin était pris :\ la dose de 30 ù 90 'fiv. chaque matin, et agissait j\ la fois comme diurétique et comme laxatil. ^ Joël (2) employait avec succès, dans l'ictère, l'hydropisie et les cachexies, un vin composé de racine de chélidoine et de baies de genévrier concassées, de chaque 30 gr. el de 500 gr. de vin blanc. Je me suis bien trouvé de l'usage de ce vin dans les hydropisies et dans la cachexie paludéenne. Dans celle dernière alfeclion j'y ajoutais fréquemment les feuilles de chaussctrape, d'absinthe ou de petite centaurée. On a pensé que la racine de chélidoine était le remède spécifique de Van Helmonl contre l'hydropisie ascitc. (Hufeland, Gilibert assurent avoir guéri des ictères chroniques par l'usage de la décoction de chélidoine. Pour le premier de ces observateurs, c'est un médicament anlibilieux. Hademachcr, apologiste moderne de Paracelse (3), le range dans la classe des remèdes hépatiques particuliers. La teinture est d'un usage journalier en Allemagne dans les affections du foie. Wagner et Linné ont employé la chélidoine avec succès dans les fièvres intermittentes.) Ilécamier regardait aussi cette plante comme ayant sur les engorgements indolents de la rate une action particulière. Garancière (i) regarde la chélidoine comme très-utile dans toutes les maladies chroniques de la poitrine. Les paysans du Limousin, au rapport de Laruc-Dubarry (5), font prendre une forte décoction de chéiiddine contre la dysenterie. Suivant instinctivement la loi de la tolérance, ces bons paysans auraient [u fournir à un médecin observateur la première idée de la reforme médicale qui a illustré le nom de Rnsori. La chélidoine semble avoir sur le système lymphatique une propriété spéciale, qui la rend efficace dans les engorgements glanduleux, les scrofules, les affections cutanées chroniques, etc. J'ai ado[)té dans l'administration de la chélidoine la méthode indiquée par le professeur Wendt : j'exprime, en été, le suc de toute la plante, et le môle ù une égale quantité de miel. La dose de ce mélange, qui d'abord est de 8 gr., est graduellement portée à 16 gr. délayés dans une à deux cuillerées d'eau. Au printemps et en automne, je n'emploie que le suc de la racine, el, en hiver, je donne l'extrait de la plante tout entière, dont je forme des pilules de 10 ccntigr. ; je commence par en donner deux; puis j'arrive progressivement à dix, et je continue celte dose jusqu'à la guérison. Administrée de cette manière, la chélidoine est un médicament d'autant plus utile qu'on le trouve toujours sous la main. Je l'ai employée avec succès (1) Mi'fhcine domestique de Brunswick. (2) Oper, med., p. 303. Amsielo '., 1663. (3) Ikiue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. III, p. 368, 1855. {Il) Traité de la consomption anglaise. (5) Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne, t. II, p. 18, 1850.
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chez lin garçon de ferme, enfant de l'hospice, âgé de dix-sept ans, (run tempérament éminemment lymi)haliqiie , et atteint d'une dartre squameuse humide occupant les aines et la ])artie interne et supérieure des cuisses. Cette affection datait d'un an environ. Je conmiençai le traitement au mois de juin i8.'}3, en donnant d'abord G gr. de suc d'éclairc mêlé avec autant de miel, et j'augmentai graduellement l't de manière qu'au quinzième jour de traitement le malade en prenait 1^ gr. : ;\ cette époque l'amélioration était sensible. Je fis alors prali([iu'r des onctions avec une pommade composée de suc de la menu- plante bouillie dans du saindoux jusqu'à consonq) lion de ce suc, d'après le conseil d'un curé qui avait employé cette pommade dans des cas semblables. Au bout d'un mois de ce traitement, aussi simple que peu coûteux, la darire était entièrement guérie. Ce jeune homme, que j'ai revu depuis, jouit d'une très-bonne santé. Le suc de chélidoine, à la dose de 5 h Ogr. délayés dans 700 gr. de petitlait, à prendre chaque jour, est un bon dépuratif contre les affections cutanées chroniques, les scrofules, etc. Ce même petit-lait, auquel on ajoute 4 gr. de crème de tartre et 30 gr. de sirop de chicorée, m'a réussi dans un cas d'ictère, qui, pendant six mois, avait résisté ;\ un traitement rationnellement dirigé. On attribuait jadis à la chélidoine, non-seulement une action stimulante et diurétique, mais aussi une propriété sudorifique. Palmarius (1) dit que le suc de la racine de cette plante, exprimé et mêlé avec un peu de vin blanc ou du vinaigre rosat, a été d'un puissant secours pour quelques-uns, et a chassé le poison par les sueurs. Le fameux Julien Paumiers, de la Faculté de Paris, faisait grand cas du suc de la même racine dans la fièvre jaune. La chélidoine est un purgatif prompt et certain que le médecin d(; campagne peut employer dans presque tous les cas où ce genre de médication est indiqué, et surtout dans les maladies chroniques. Cette propriété est due à la présence de la gomme-gutte. Moins active que cette dernière, la chélidoine en a tous les avantages sans en avoir les inconvénients. Ce purgatif indigène est le plus efficace de tous ceux que l'on a proposés comme succédanés des évacuants exotiques. S'il nous venait de l'Amérique ou des Indes, on le trouverait dans toutes les pharmacies, et tous les médecins le prescriraient. Quand donc finira cette cxoticomanic, qui rend la médecine inacessible au pauvi-e, et la France tributaire de l'étranger pour des ressources qu'elle possède et dont elle pourrait user à si bon marché? Le suc ou l'extrait de grande-éclaire, mêlé avec le jaune d'oeuf, le mucilage de semence de coing, de racine de guimauve ou de graine de lin, dans suffisante quantité d'eau sucrée, forme la base d'une potion purgative, légèrement laxative ou altérante, suivant la dose à laquelle on l'administre. J'ai quelquefois employé avec succès comme vermifuge l'extrait de chélidoine en pilules avec le calomel. L'usage de ces pilules, continué longtemps, m'a réussi dans quelques affections scro'fuleuses et dartreuses présumées d'origine syphilitique par hérédité, dans les engorgements chroniques du foie et de la rate, et dans les constipations opiniâtres dues à l'inertie des intestins. L'effet laxatif produit par la chélidoine permet d'administrer le protochlorure de mercure à petites doses, sans craindre son action sur la bouche. On sait qu'une petite quantité de calomel répétée et qui séjourne dans les jjremières voies, où elle est absorbée, cause plus facilement la salivation qu'une dose plus forte de cette substance déterminant des contractions intestinales et la purgation. J'ai aussi employé avec avantage, comme vermifuge, le suc de chélidoine pur ou en émulsion avec le jaune d'oeuf et une suffisante quantité d'eau et (1) Traité des maladies contagieuses, c. xviii, p. 136.
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de sucre, à la dose de 15 gouttes à une cuillerée à café pour les enfants, et jusqu'à une demi-cuillcrcc à boichc pour les adultes. A celte dernière dose, il est pnrf^atif et uiènu! éméto-cathartique. A plus petite dose, il a}j;it eoniinc anlhchninthiquc, altrratit ou laxatif. Entre autres faits puisés dans ni;i pratique, et (pic je pourrais citer, je rappc^rlerai le suivant : Une petite tille de M. Delapoterie, Jïgée de trois ans, i)àle, faible, ayant les membres };ièles, le ventre gros sans être dur ni tendu, les pujjilles dilatées, de la salivalion, le bout de la langue rouge, des grincements de dents pendant le sommeil, avait rendu, dans une diarrhée (pii avait duré deux jours, un lombric vivant. Je lui fis prendre le matin 10 gouttes de sue de chélidoine dans un peu de j.ume d'ceuf délayé avec deux cuillerées d'eau sucrée. A midi, le même jour, l'enfant avait rendu, avec deux selles demiliquides, cinq lombrieoïdes deo;\ G pouces de longueur; une seconde dose, donnée le lendemain (de lo à 18 gouttes), procura l'expulsion de douze autres vers de même longueur. (C'est ;\ titre de purgatif drasticjuc que la chélidoine peut avoir une certaine influence dans l'aménorrhée) (1). La chélidoine doit être maniée avec prudence. Administrée inconsidérément comme remède, elle a quelquefois produit l'empoisonnement. Pollet a observé un empoisonnement de ce genre (:2) chez une femme qui, malgré ses soins, succomba sous la violence du poison. Les anciens pi-éparaient dans un vase de cuivre un collyre composé de suc de chélidoine et de miel. Je ne dirai pas, avec certains enthousiastes, que l'on a prévenu la cataracte et guéri des amauroses par l'usage interne Cl externe de cette plante; mais je puis affirmer que nos paysans ont souvent guéri des ophthalmies chroniques qui avaient résisté à toutes les ressources de l'oculistique, par la décoction de ses feuilles employée comme collyre. Ce moyen est tout fi fait populaire et a dû être connu de temps immémcjrial, ainsi que l'annonce le nom de gtande- éclaire , fondé sans doute sur une ])ropriélé constatée par l'expérience. Le suc, à la dose d'environ 4 gr. étendus dans 60 à 100 gr. d'eau fraîche ou d'eau distillée de roses, est, d'après Roques, un collyre efficace dans les ophthalmies serofuleuses, les ulcérations chroniques des paupières, poui-vu que rinflammation soit modérée. J'ai moi-même employé avec succès le suc des feuilles de chélidoine, étendu dans plus ou moins d'eau fraîche, en collyre pour les ulcères des paupières, les bléphariles muqueuses ou glanduleuses, les ophthalmies chroniques, les laies de la cornée et les restes du plérigion. L'emploi de ce collyre réclame de la circonspection : le suc pur de celte plante, en contact avec la conjonctive, i)eut déterminer une vive irritation et même une inflammation grave de l'organe de la vue. Je pense néanmoins que le suc des feuilles de chélidoine, plus ou moins étendu dans l'eau et même pur, conviendrait, instillé entre les paupières, dans l'oijhthalmie purulente des nouveaux- nés; c'est un moyen à essayer. J'ai appliqué la racine fraîche de grande-éclairo sur les tumeurs scrofuleuse* ulcérécs; elles ont eu un effet marqué et à peu près semblable à celui que produit la racine d'arum employée de la même manière. Le suc des feuilles et des racines de cette plante, pur ou mêlé avec plus ou moins d'eau, selon qu'on veut lui donner plus ou moins d'activité, appliqué avec de la charpie sur les ulcères de mauvaise nature, les modifie avantageusement, les déterge et les met dans des conditions qui en favorisent la cicatrisation. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater les bons effets •de ces applications. Les injections de ce suc dans les ulcères sinueux (1) Abeille médicale, 18/i5, p. 153. (2) Annales île la Société médicale d'observations de la Flandre oaileiUale, 18^9.
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pourraient, en déterminant nno irrilation plilegmasiquo do leurs parois, en produire l'adhérence, si j'en juiie par l'essai que j'en ai fait dans un cas de décollement survenu à la suite (l'un abccs ouvert sponlanéiucnt à l'aisselle, entretenant une suppuration assez abondante depuis trois mois, et que j'ai guéri par ce moyen. Je laissais séjcnu-ncr le suc injecté jusqu'à production de la chaleur et de la doiileur, ce qui .nvait lieu au bout de deux à trois minutes. J'exerçais ensuite une compression graduée. (Ferncl avait déjà dit : Sinus q>:oquc et fistuJas e.rpurgat, etc.) J'ai usé plusieurs fois avec succès contre la teigne d'une pommade composée de parties égales de suc de chélidoine, de savon blanc et de pommade camphrée (15 gr. de camphre pour 50 gr. d'axonge). Après avoir mis le cuir chevelu à nu, an moyen de cataplasmes émoUicnls, je le lais lolionnfr avec une forte décoction de feuilles fraîches de chélidoine pendant six à huit minutes, et je frictionne ensuite toute la partie malade avec la pommade indiquée. Ce pansement est répété chaque matin. La guérison a été obtenue du quinzième au Ircnlièmc jour. J'ai vu mettre en usage avec succès, pour provoquer l'écoulement des règles, un pédiluve préparé avec une grande quantité de chélidoine fraîche en décoction dans une suffisante quantité d'eau. Ce pédiluve gonfle promptement les veines des extrémités inférieures et leur donne Tapparence d'une dilatation variqueuse. On pourrait l'cmijloyer dans tous les cas où les bains de pi(Hls ii-ritants sont indiqués. (Fabre recommande (I), comme topique antiherpétique, appliqué à 1' ide d'un pinceau sur les points malades, un glycérolé (le chélidoine ainsi formé : glycérine, 15 gr.; extrait de chélidoine maj., 2 gr.; acide tannique, 2 gr.; alcool de chélidoine maj., Q. S.) On applique le suc de grande-éclaire pour détruire les verrues et les cors, mais son action, trop faible pour cela, est assez forte pour enflammer les parties voisines et augmenter le mal au lieu de le détruire. (Selon quelques expériences qui nous sont propres, mais qui sont trop peu nombreuses pour nous permettre d'affirmer quoi que ce soit, la chélidoine aurait les propriétés d'un éméto-cathartique très-violent, irritant fortement le tube digestif. Probst a reconnu à la chcicrythrinc une action narcotique.)