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Alkékenge (Cazin 1868)

Révision de 25 janvier 2013 à 14:59 par Michel Chauvet (discussion | contributions) (Alkékenge)

Révision de 25 janvier 2013 à 14:59 par Michel Chauvet (discussion | contributions) (Alkékenge)

Alisier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Alleluia



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Alkékenge

Voir la page Physalis alkekengi


ALKÉKENGE. Physalis alkekengi. L.

Alkekengi officinarum. T. — Solanum vesicarium. C. B.

Coqueret, — coquerelle, — cerise d'hiver ou de Juif, — physiale, — halicacabum, — herbe à cloques.

SOLANÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.

L’alkékenge (Pl. III), dont la racine est vivace, croît spontanément dans les champs cultivés, les bois taillis et les vignes du midi et de l'ouest de la France. On la cultive dans les jardins. Elle est aussi spontanée en Allemagne, en Italie, en Espagne. Elle a quelque ressemblance avec la belladone, dont elle diffère d'ailleurs totalement par l'innocuité de son action physiologique, et par ses propriétés thérapeutiques, par son calice coloré et accrescent et par la couleur de ses baies qui sont rouges ou jaunes au lieu d'être noires.

Description. — Racine articulée, jetant çà et là des fibres grêles, qui rampent au loin. — Tige de 30 à 50 centimètres de hauteur, dressée, anguleuse, un peu velue,


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rameuse, verte d'abord, puis rougeâtre, prenant de la consistance à l'automne. — Feuilles larges, glabres, géminées à la base, les supérieures ovales et un peu pointues. — Fleurs d'un blanc terne, solitaires, inclinées en bas, sur des pédoncules axillaires (juin-septembre). — Corolle monopétale à tube court, couvrant cinq étamines, un style, un stigmate. — Calice monophylle, à cinq découpures aiguës, velu, se développant et devenant à l'époque de la maturation un cornet membraneux, acquérant une couleur rouge écarlate à mesure que sa maturité avance, entourant complètement la baie, qui est globuleuse, contenant un grand nombre de petites graines aplaties, chagrinées et réniformes.

Parties usitées. — Les baies, les tiges et les feuilles.

[Culture. — Elle est assez abondante pour les besoins de la médecine ; on sème la graine en pots à l'automne ou au printemps ; on repique lorsque les pieds sont assez forts. Elle se propage d'elle-même et devient souvent incommode.]

Récolte. — L'alkékenge ne doit être récoltée qu'à l'époque de la maturité des fruits, c'est-à-dire depuis la fin d'août jusqu'en septembre. Les tiges et les baies acquièrent une couleur rouge ou jaune qui indique leur maturité. La dessiccation sera plus prompte si l'on sépare les baies des calices, car la transpiration des premières entretient l'humidité des secondes. Les baies se dessèchent lentement, se flétrissent, se vident ; en les broyant, on en sépare facilement les graines. La dessiccation en plein air n'est jamais suffisante pour obtenir une division ou pulvérisation facile de la plante. Il est nécessaire de la passer à l'étuve ou au four chauffé à 40 degrés, de l'y laisser de huit à douze heures avant de la soumettre à l'action du pilon.

Propriétés physiques et chimiques. — La poudre d'alkékenge est d'une amertume franche et persistante. Celle des baies a de plus une acidité marquée qui n'est pas désagréable. Dessaigne et Chautard, en traitant les feuilles par l'eau froide, agitant l'hydrolé avec du chloroforme, séparant celui-ci, reprenant le résidu de l'évaporation de celui-là par l'alcool additionné de charbon, et précipitant après filtration par l'eau, ont obtenu une matière cristalline, amère, non alcaline, qu'ils ont nommée Physaline.

Dans certains pays on colore le beurre avec le suc de baies de coqueret.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Baies fraîches et mûres, de 6 à 20 gr. par jour.

Infusion des baies, 15 à 60 gr. par kilogramme d'eau.

Poudre (tiges, baies), 4 à 18 gr. en une seule ou en plusieurs fois, dans de l'eau ou du vin, ou, mieux, dans le via d'alkékenge.

Vin (30 gr. de feuilles, tiges ou fruits macérés pendant huit jours dans 1 kilogr. de vin), 15 à 30 gr. comme diurétique, 60 à 100 gr. comme fébrifuge.

Extrait (rarement employé), de 8 à 15 et 20 gr.

(Les pilules antigoutteuses de Laville ont pour base l'extrait d'alkékenge. On y ajoute une solution de silicate de soude, dont la densité soit marquée à 80 degrés dans la proportion de 1 partie pour 3 d'extrait. Ce mélange, rendu consistant au moyen de la poudre, de Chamedris, est divisé en pilules de 30 centigrammes ; de 2 à 6 par jour.)

A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, 60 à 120 gr. par kilogramme d'eau, pour lotions, fomentations, injections calmantes.

Les baies d'alkékenge entrent dans la composition du sirop composé de chicorée.

Acidulés, mucilagineuses, rafraîchissantes et diurétiques, les baies d'alkékenge, qui se servent sur les tables en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, etc., ont été longtemps employées dans la gravelle, les rétentions d'urine, les hydropisies, l'ictère, etc. Dioscoride les prescrivait contre l'ictère et l'ischurie; il dit même les avoir conseillées dans l'épilepsie. Arnaud de Villeneuve les préconise comme diurétiques. Ray les employait dans la goutte. Les habitants de la campagne les ont toujours récoltées avec soin pour s'en servir dans les rétentions d'urine. Ils la donnent souvent en décoction aux bestiaux atteints de dysurie.

Comme Gilibert, j'ai employé des baies d'alkékenge avec succès dans la gravelle, l’œdème et l'anasarque, qui suivent les fièvres intermittente». Dans les hydropisies qui dépendent de légions organiques du centre circulatoire, dans l'hydropéricarde, les infiltrations séreuses qui suivent la scarlatine, l'albuminurie, les affections graves des reins et de la vessie; etc. Ces baies


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m'ont été très-utiles comme à la fois diurétiques et anodines. Dans ces cas, je les fais prendre en décoction. Elles déterminent un flux abondant d'urines sans trop stimuler les organes. Contre les hydropisies passives, je fais écraser sept ou huit baies dans un verre de vin blanc, que le malade prend à jeun, en y joignant l'infusion ou la décoction pour boisson.

Les feuilles, les tiges et les calices, sont également diurétiques, et conviennent surtout, à cause du principe amer qu'elles renferment, dans les cas d'asthénie que nous venons d'indiquer, et notamment dans la cachexie paludéenne. Les effets physiologiques de la poudre (feuilles, tiges, capsules) ont été sensibles chez les malades faibles, anémiques, et particulièrement chez les femmes chlorotiques. Plusieurs de ces dernières ont ressenti peu d'instants après son administration, même à petite dose, des bourdonnements d'oreille, un peu d'ivresse et un ralentissement assez notable du pouls. Les effets consécutifs étaient le retour du pouls à son type normal, la coloration du teint, le développement des forces musculaires. L'action diurétique a été de nouveau constatée. A forte dose, le médicament produit un sentiment de pesanteur à la région gastrique, et de la constipation. Après plusieurs jours d'emploi, il a occasionne chez deux malades quelques coliques suivies de diarrhée qui a disparu promptement. Administrée plusieurs fois après le repas, même à forte dose, cette poudre n'a nullement troublé la digestion.

Gendron, médecin à Château-du-Loir, a publié une série d'expériences sur les propriétés fébrifuges de la poudre de calices et de baies d'alkékenge. Plus tard les feuilles et les tiges ont été employées avec le même succès. Ces expériences, répétées à l’hôpital de Vendôme par Gendron et Faton, ont presque toujours réussi à guérir des fièvres intermittentes, si communes parmi les soldats casernés aux bords du Loir, et au niveau des prairies submergées. « J'ai recueilli depuis, dit Gendron, un assez grand nombre d'observations qui confirment les premières, et malgré plusieurs échecs de la médication sur les fiévreux, pendant l'automne dernier, nous n'hésitons pas à conclure que la poudre d'alkékenge; convenablement administrée, guérit un grand nombre de malades atteints de fièvres intermittentes. Ce médicament n'a ni la promptitude ni la sûreté du sulfate de quinine; mais, ne coûtant rien à nos cultivateurs, ils s'astreignent aisément à continuer son usage après l'interruption de la fièvre, et ils sont moins exposés aux récidives.

« Lorsque le troisième accès de fièvre n'est pas supprimé par l'alkékenge, ou du moins très-notablement amoindri, on doit peu compter sur son effet fébrifuge.

« Toutefois, les individus aux prises avec la cachexie fébrile, qu'il y eût ou non tuméfaction de la rate, reprenaient sensiblement de la force et de la coloration, même lorsque les accès n'étaient pas complètement interrompus. Une dose de sulfate de quinine suffisait alors pour couper la fièvre, et à la suite deux doses par jour d’alkékenge prévenaient les récidives et complétaient la guérison…. Dans les fièvres larvées et les névralgies intermittentes, l’alkékenge a constamment réussi à éteindre les accès…. Plusieurs ont été guéris de fièvres intermittentes dès la première dose; c'est le petit nombre. Ordinairement les accès décroissent sensiblement ; le troisième est réduit à un simple malaise; le quatrième manque complètement..

«Nous avons eu l’occasion de l’employer avec succès contre une fièvre tierce algide…. Depuis ce fait, qui m'avait donné une grande confiance dans l'alkékenge, je dois avouer que la médication a subi plusieurs échecs. J'ai appris à mes dépens, ou, si l'on veut, aux dépens des malades, que de fortes doses d'alkékenge, données une fois par jour, ne valaient pas des doses moindres et répétées plusieurs fois dans les vingt-quatre heures.


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« Chez les malades atteints de doubles-tierces ou de doubles-quartes, il faut remarquer que les petits accès ont cédé plus vite que les plus forts, à quelque adresse que fût la médication, c'est-à-dire, que le médicament fût donné avant le petit accès, ou, suivant le précepte de Torti, avant le fort accès.

« Les fièvres rémittentes, les névralgies périodiques, ont toujours été combattues avec succès par l'alkékenge. Enfin, lorsque le quatrième accès d'une fièvre intermittente n'était pas supprimé complètement par la médication, 25 centigr. de sulfate de quinine suffisaient pour couper la fièvre, et quelques doses d'alkékenge, les jours suivants, mettaient les malades à l'abri des récidives.

« ....... A l’hôpital de Vendôme, on a réussi presque constamment en prescrivant, dans l’intervalle des accès, deux doses par jour de 6 gram. chacune ; 4 gram. donnés quatre fois par jour, ont également coupé des fièvres de différent types, et dans des conditions variables de sujets, d'âge, de sexe, de localité et d'ancienneté de pyrexie. Cette méthode me paraît la plus convenable. Les préceptes de Torti, sur l'administration du quinquina à doses fortes et uniques, et le plus loin possible de l'accès, ne paraissent pas jusqu'à présent applicables à la médication par l'alkékenge.

« II résulte de nos expériences que celte substance peut être employée en toute sécurité, à quelque dose que ce soit, avant comme après le repas, dans l'intervalle comme au début des accès de fièvres.

« Si elle n'exclut pas toujours l'usage du sulfate de quinine, elle réduit du moins son emploi trop coûteux. » (1)

J'ai employé la poudre d'alkékenge dans trois cas de fièvre intermittente. Le premier cas, au printemps de 1853, chez une femme de trente-cinq ans, habitant la vallée humide de la Liane, était une fièvre tierce intense, par récidive après avoir été coupée au moyen de trois doses de sulfate de quinine. Trois doses de 4 gram. de poudre d'alkékenge, données dans chaque intermission, interceptèrent la fièvre au 3e accès à dater du jour de la prise du médicament. Les deux autres cas étaient, l'un une fièvre double-tierce automnale guérie au 4e jour de l'administration du médicament; l'autre une fièvre quotidienne ayant deux mois de durée, qui a été diminuée de moitié en intensité et que deux doses de sulfate de quinine (de 50 cent.) ont dissipée entièrement.

(A l'exemple de Ray, Laville préconise comme préventives des accès de goutte, des pilules dont nous avons plus haut donné la formule.

Sans nous prononcer d'une façon définitive sur la réalité des succès de ce traitement, nous sommes porté à penser d'après notre expérience personnelle que l'effet en est variable, sinon douteux.)

Les feuilles de coqueret peuvent être employées à l'extérieur en fomentations et en cataplasmes, comme émollientes et calmantes.


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(1) Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1851.