Raphia vinifera (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Fruit | |
Légume | |
Oléagineux | |
Glucides / amidon | |
Médicinal | |
Bois d'œuvre | |
Fibre | |
Raphia vinifera P.Beauv.
- Protologue: Fl. Oware 1: 77 (1806).
- Famille: Arecaceae (Palmae)
- Nombre de chromosomes: 2n = 28
Synonymes
- Raphia diasticha Burret (1942).
Noms vernaculaires
- Palmier bambou, palmier raphia, raphia (Fr).
- Bamboo palm, king bamboo palm, raphia palm (En).
Origine et répartition géographique
Raphia vinifera est réparti du Bénin jusqu’en R.D. du Congo. Sa présence signalée plus à l’ouest est due à des erreurs d’identification. Raphia vinifera est cultivé au Nigeria et au Cameroun.
Usages
L’épiderme des jeunes folioles donne de la fibre de raphia qui est utilisée pour faire des paniers, des nattes, des chapeaux, des sacs, des cordes, des hamacs et des costumes de cérémonie. Cette fibre peut être tissée en toile. Les Kubas, en R.D. du Congo, sont bien connus pour tisser de beaux tissus de raphia, utilisés, par exemple, comme jupes de danse de cérémonies et panneaux de tissu brodés pour les rituels de la cour. En Europe, la fibre de raphia (principalement de Raphia farinifera (Gaertn.) Hyl.) est utilisée comme matériau de ligature pour l’horticulture et l’artisanat. Les feuilles sont très appréciées pour la couverture des toits. Les pétioles et les rachis des feuilles de Raphia vinifera sont souvent utilisés comme perches et chevrons et pour faire des éléments d’ébénisterie tels que des tabourets, des cadres de lit et des bancs. Les nervures médianes fendues sont tissées en tapis. Au Bénin et au Nigeria, les troncs sont généralement utilisés pour les structures des maisons.
L’arbre est parfois saigné pour la sève qui fermente en vin de palme, mais pas très souvent, car le goût du vin n’est pas apprécié. Le mésocarpe huileux est consommé et peut être fermenté en boisson forte. Le fruit cru est utilisé comme appât pour oiseaux et comme poison pour la pêche. La décoction du bourgeon apical se prend pour traiter la gonorrhée et d’autres infections génito-urinaires.
Production et commerce international
La plus grande partie du raphia faisant l’objet d’un commerce international est produite à Madagascar à partir de Raphia farinifera.
Propriétés
La fibre de raphia est bien adaptée à des fins horticoles, car elle est souple et durable et ne présente pas de bords tranchants pouvant endommager les parties tendres de la plante. Elle est facilement teintée, ce qui la rend appropriée pour la production d’articles de fantaisie. La qualité de la fibre de raphia extraite de Raphia vinifera est inférieure à celle de Raphia hookeri G.Mann & H.Wendl., car chez ce dernier, la couche sous-cutanée des folioles est constituée de fibres épaisses disposées en une couche rubanée continue, alors que chez Raphia vinifera, les fibres ne sont pas disposées en couche rubanée, mais de manière discontinue, ce qui implique la moindre solidité de sa fibre de raphia. Le matériau de couverture fait à partir des feuilles serait durable.
Le mésocarpe de fruits récoltés au Nigeria contenait 3,6% d’humidité, 4,4% de protéines brutes, 29,1% de lipides, 53,4% de glucides, 5,6% de fibres brutes et 4,1% de cendres. Le rendement en huile du mésocarpe était de 28,5%, alors que celui des graines n’était que de 0,9%. Les principaux acides gras de l’huile du mésocarpe et des lipides des graines de Raphia vinifera sont l’acide palmitique, l’acide oléique et l’acide linoléique. L’huile du mésocarpe ressemble à celle du palmier à huile, tant par sa couleur que par son goût, son odeur et sa composition chimique, sauf qu’elle contient plus d’acide linoléique, ce qui lui donne une teneur plus élevée en acides insaturés.
Des extraits à l’éthanol et des extraits aqueux du fruit ont montré une toxicité pour les poissons dans des essais sur le poisson-chat africain (Clarias gariepinus).
Botanique
Arbre monoïque, à tronc trapu atteignant 5 m de haut. Feuilles composées pennées, arquées, atteignant 13 m de long, s’engainant à la base ; gaine inerme, se fendant en face du pétiole ; pétiole cannelé au-dessus, inerme ; rachis trapu, sans piquants, brun pâle à orange ; folioles linéaires, atteignant 150 cm de long, pliées une fois, vert vif et brillant au-dessus, relativement glauques et cireuses au-dessous, bords et nervures principales épineux. Inflorescence axillaire, retombante, atteignant 150 cm de long, ramifiée en 2 ordres ; bractées du pédoncule et bases des ramifications en anneau ; inflorescences partielles de 30–60 cm de long ; rachilles en 4 rangs, lâches, effilées, de 10–15 cm de long, arquées, comprimées latéralement, s’amenuisant, à fleurs en 2 rangs. Fleurs unisexuées ; fleurs mâles à l’apex des rameaux de l’inflorescence, fleurs femelles à la base ; fleurs mâles arquées, de 8 mm de long, bractéole brusquement 2-carénée et enveloppant le calice, calice presque en coupe, 3-lobé, corolle environ 3 fois aussi longue que le calice, se divisant en 3 segments, légèrement épaissis à l’apex, étamines (6–)9, insérées sur la corolle, filets épais, libres ou connés sur la moitié de leur longueur ; fleurs femelles à bractéole extérieure légèrement plus longue que le calice, calice en coupe, à 3 dents, corolle d’un tiers plus longue que le calice, divisée à mi-chemin en 3 segments pointus, anneau staminoïdal soudé à la corolle, à 9 anthères stériles, ovaire supère, 3-loculaire. Fruit : cylindrique-ellipsoïde, de 5–9 cm × 3–4 cm, à bec pointu de 3–5 mm de long, couvert d’écailles en (8–)9 rangs, contenant habituellement 1 graine ; écailles rhomboïdes, d’environ 20 mm × 20 mm, plates ou concaves vers la pointe, jaune-brun. Graines ovoïdes à ellipsoïdes ; mésocarpe huileux ; albumen profondément ruminé.
Le genre Raphia comprend environ 20 espèces, principalement africaines, surtout présentes dans les régions marécageuses. Une espèce, Raphia taedigera (Mart.) Mart., se trouve en Amérique tropicale. Raphia taedigera ressemble fortement à Raphia vinifera et on suppose qu’il est dérivé de matériel végétal de ce dernier, arrivé d’Afrique par les courants océaniques. Raphia australis Oberm. & Strey (“kosi palm”), un palmier à tronc unique atteignant 24 m de haut, présent seulement dans le sud du Mozambique et au nord-est de l’Afrique du Sud, a longtemps été considéré conspécifique avec Raphia vinifera. Il a toutefois des inflorescences érigées, alors que celles de Raphia vinifera sont retombantes. Les grandes feuilles sont parfois utilisées pour la couverture des toits. Les pétioles flottent et sont utilisés pour les radeaux et comme balancier d’appui pour des pirogues. Ils sont également utilisés pour la construction des maisons et les clôtures.
Les espèces de Raphia ont des troncs monocarpiques, c’est-à-dire qu’ils fleurissent et fructifient une seule fois, puis meurent. Les inflorescences sont produites plus ou moins au même moment à l’aisselle des feuilles les plus distales. La saignée pour le vin peut endommager l’inflorescence, rendant la floraison impossible et accélérant la mort. La durée entre la plantation et la floraison de Raphia vinifera est d’environ 8 ans.
Ecologie
Raphia vinifera est présent dans des marécages et d’autres endroits humides, en particulier sur les bords de ruisseaux.
Gestion
Les palmiers Raphia se multiplient généralement par graines. Dans les pépinières, on recommande un espacement de 30 cm × 30 cm. Les plants peuvent également être récoltés dans la nature et élevés en pépinière avant d’être replantés au champ. Raphia vinifera est également multiplié par drageons. La multiplication par culture de tissus peut représenter un potentiel pour Raphia.
La pourriture du fruit, causée par Thielaviopsis paradoxa (synonyme : Chalara paradoxa) affecte Raphia vinifera au Nigeria, provoquant une pourriture brun foncé du mésocarpe. C’est un agent pathogène secondaire entrant dans le fruit par des blessures, tuant parfois l’embryon, et provoquant la perte du matériel de plantation. Le puceron Cerataphis palmae peut causer des dégâts considérables sur Raphia vinifera, par ex. au Nigeria.
Ressources génétiques
On ne connaît ni collection de ressources génétiques ni programme d’amélioration génétique de Raphia vinifera.
Perspectives
Comme d’autres espèces de Raphia, Raphia vinifera est une source locale très utile de nombreux produits, dont de la fibre de raphia, du matériau de construction, du cœur de palmier, de l’huile et des médicaments traditionnels. L’huile du mésocarpe a été proposée comme biocarburant, mais elle ne semble pas représenter une option viable car Raphia vinifera fleurit et fructifie une seule fois avant de mourir.
Références principales
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Autres références
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Auteur(s)
- R.B. Jiofack Tafokou, Ecologic Museum of Cameroon, P.O. Box 8038, Yaoundé, Cameroon
Citation correcte de cet article
Jiofack Tafokou, R.B., 2011. Raphia vinifera P.Beauv. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 2 juin 2025.
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