Momordica charantia (Pharmacopées en Guyane)

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Lagenaria siceraria
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Cyperus articulatus


Momordica charantia. Fruit de sorossi



Momordica charantia L.

Noms vernaculaires

  • Créole : sorossi [sorosi], sérossi [sérosi] (Mana).
  • Créole antillais : pomme coulie.
  • Portugais : melão-de-São-Caetano.

Écologie, morphologie

Liane souvent cultivée, très fréquente en zone dégradée.

Collections de référence

Moretti 1 ; Prévost 3559.

Emplois

Chez les Créoles, le bain préparé avec cette plante est un antiseptique réservé aux enfants. La tisane des feuilles est réputée fébrifuge [1]. Le suc des feuilles pressées entre dans la composition de loochs vermifuges. Le fruit est employé comme antidiabétique. Cet usage se rencontre dans de nombreux pays tropicaux.

Étymologie

ALLSOPP (1996) pense que sorossi (cerasee dans les Caraïbes anglophones) est un mot d’origine africaine.

Chimie et pharmacologie

Plusieurs études ont montré la présence de 5-hydroxytryptamines, de diosgénine et de β- sitostérol ayant des propriétés œstrogéniques. L’action hypoglycémiante a été confirmée et serait due, selon certains auteurs, à un stéroïde glucosidique appelé « charantine » (OLIVER-BEVER, 1980).

Le même glucoside aurait des propriétés abortives sur le rat. Des chercheurs ont également isolé un polypeptide possédant un poids moléculaire de 11000 et présentant une forte action hypoglycémiante (KHANNA et al., 1981).

Les études menées par la suite ont permis d’avancer dans la connaissance de cette drogue végétale couramment employée dans de nombreux pays tropicaux.

Les propriétés abortives sont dues à une protéine, la trichosentine, dont la séquence en acides aminés a été établie. L’action sur la glycémie est encore l’objet de controverses, bien que la majorité des chercheurs reconnaisse maintenant les qualités antihyperglycémiantes des fruits, que de nombreuses expérimentations cliniques sont venues conforter.

En revanche, aucune preuve expérimentale n’a jusqu’ici établi de façon incontestable l’action antipaludique des parties aériennes, alors que cet usage est très répandu en Amazonie. Ainsi, les essais que nous avons réalisés sur un lyophilisat de macération aqueuse des parties aériennes, in vitro sur culture de Plasmodium falciparum et in vivo sur Plasmodium de rongeur, n’ont pas montré d’activité aux doses maximales utilisées : 100 pg/ml et 1 g/kg ; (SAUVAIN et MORETTI, travaux non publiés). L’échantillon a été récolté en Bolivie où cette plante, appelée balsamina, est souvent employée comme antipaludique par les médecins des services de santé rurale.

Signalons enfin que les feuilles sont particulièrement riches en fer et renferment de la riboflavine ; elles peuvent donc être recommandées pour lutter contre l’anémie. Une revue assez complète des usages, des études chimiques et pharmacologiques de cette plante figure dans la Pharmacopée caribéenne (ROBINEAU et al., 1999). Les participants au programme TRAMIL ont d’ailleurs classé dans la catégorie « recommandable » les usages externes de la plante pour le traitement des affections cutanées, prurits, pédiculoses et furonculoses (ibid., 1999).

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  1. Ces usages antiseptiques et fébrifuges sont également signalés au Venezuela (DELASCIO CHITTY, 1985).