Mirabilis jalapa (TRAMIL)
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- Nom accepté : Mirabilis jalapa
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Sommaire
Noms vernaculaires significatifs TRAMIL
- Guadeloupe, Marie-Galante : bel dinuy, belle de nuit
- Rép. Dominicaine : buena noche
- autres noms créoles : bèl dinuit, bèldènui, bèl lannuit
Distribution géographique
Largement distribuée en Amérique tropicale.
Description botanique
Plante herbacée pouvant atteindre jusqu’à 1,5 m; tige ramifiée avec des branches érigées ou ascendantes. Feuilles ovales, apex aiguës ou atténué, base arrondie ou subcordée (comme un coeur), souvent ciliées, parfois pubescentes; pédoncules habituellement de 1 à 2 mm de long. Fleurs nombreuses groupées en cymes à l’extrémité des branches, souvent entourées par de petites feuilles, involucre et calice campanulés. Périanthe de 3 à 5,5 cm, de couleurs variées, limbe élargi, 5 étamines, saillant légèrement du périanthe. Akènes avec 5 côtes radiales saillantes, texture verruqueuse, de couleur uniforme ou variée, marron, marron clair ou très foncé.
Vouchers :
- Zanoni,42676,JBSD
- Fournet,4676,GUAD
- Balz,6,INRA
- Boulogne,TB,12,UAG
Usages traditionnels significatifs TRAMIL
- contusion, demisi (entorse) : parties aériennes, pilées/froissées, cataplasme1,3-4
- nacíos (furoncles) : feuille, jus, application locale2
Recommandations
Selon l’information disponible :
L’emploi contre les contusions, demisi (entorse) et furoncles est classé REC sur la base de l’usage significatif traditionnel documenté par les enquêtes TRAMIL et l’information scientifique publiée.
Toute application topique doit se conformer à de strictes mesures d’hygiène qui empêcheront la contamination ou une infection surajoutée.
Si l’état du patient se détériore ou si l’ecchymose, l’entorse ou les furoncles persistent plus de 5 à 7 jours, consulter un médecin.
Ne pas administrer pendant la grossesse, en période d’allaitement ni à des enfants de moins de 8 ans.
Chimie
La feuille contient des glucides : 2-carboxyarabinitol5, des stéroïdes : campestérol, β-sitostérol; des alcanes, alcools et cétones : n-dotriacontane, n-hentriacontane, n-heptacosane, hexacosan-1-ol, le n-hexacosane, n-nonacosane, n-octacosane, n-pentacosane, n-pentatriacontane, n-tétracosane, le n-tetratriacontane, n-triacontane, tricosan-12-one, la n-tricosane, le n-tritriacontane; acide en C4 : acide tartrique; lipides : acide lignocérique6.
Les parties aériennes contiennent des stéroïdes : brassicastérol, β-sitostérol, le stigmastérol; triterpènes : acide oléanolique, acide ursolique7 ; flavonoïdes : quercétine8.
Le criblage phytochimique des parties aériennes a montré : alcaloïdes (-), flavonoïdes (+), saponines stéroïdiens (+)8 et iridoïdes (+)9.
Activités biologiques
L’extrait aqueux brut de feuille (1 à 100 mg/kg), par voie orale à la souris Swiss albinos mâle adulte (25-35 g), modèle de contorsions induites par injection intrapéritonéale d’acide acétique à 0,6%, avec de la morphine (10 mg/kg) par voie orale comme témoin positif, a réduit pendant 30 minutes le nombre de contorsions abdominales provoquées par l’acide acétique administré une heure après le traitement par voie orale, avec une inhibition maximale de 65 ± 13%, et une estimation de la DI50 de 5,5 mg/kg. Dans le test de retrait de la queue (test tail-flick), (1 à 100 mg/kg) par voie orale, en mesurant le temps de réaction pour le retrait de la queue après trempage dans un bain chaud à 48°C, a également obtenu un effet antinociceptif significatif (10 mg/kg). Cet effet a commencé à 0,5 et a duré jusqu’à 1 h après le traitement10.
L’extrait aqueux (macération à froid) lyophilisée de feuille sèche, (200 et 400 mg/kg), a été administré par voie orale au rat Wistar (150-200 g), modèle inflammatoire par la carraghénine, le diclofenac sodique (10 mg/kg) étant le témoin positif, administré 30 min. avant l’injection de carraghénine en tant qu’agent phlogistique, dans la partie plantaire de la patte du rat. La dose de 200 mg/kg a empêché la formation d’un œdème de 15%, 26,4%, 31,3% et 39% à 1, 2, 3 et 4 heures, respectivement. A la dose de 400 mg/kg, le % d’inhibition a été de 25,6%, 35%, 50% et 56,3% après 1, 2, 3 et 4 heures, respectivement11.
La plante a montré une activité antibactérienne et antifongique contre les agents biologiques provoquant pyodermite et dermatomycoses12.
Le jus et la macération aqueuse de feuille par voie topique ont montré une activité anti-inflammatoire observée cliniquement sur les maladies de la peau causées par des champignons sur peau humaine13.
L’extrait hydroalcoolique de parties aériennes appliqué au rat femelle, n’a pas induit de stimulation utérine14.
La teinture de feuille sèche, (30 μL/disque) in vitro, n’a pas eu d’activité antimicrobienne contre Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus ni Candida albicans15.
La décoction de fleur, feuille et racine sèches (1 g/mL) in vitro a été fongicide contre Epidermophyton floccosum, Trichophyton mentagrophytes mais inactif contre Microsporum canis et Trichophyton mentagrophytes16.
Toxicité
Travail TRAMIL17
La feuille fraîche écrasée (0,6 g/6 cm2 de peau saine), a été appliquée par voie topique sur le lapin New Zealand albinos, 3 mâles (1,5 kg), modèle OCDE 404 d’irritation cutanée aiguë. Trois sites distincts ont été utilisés et les animaux placés en cages de rétention; après 4 heures, le patch a été retiré et les lectures de l’érythème et de l’œdème ont été faites à 1, 24, 48 et 72 heures, sans révéler aucun signe clinique, ce qui classe la feuille dans la catégorie non-irritant.
L’extrait éthanolique de feuille, en dose unique (10, 30, 100, 300, 1000 mg/kg) par voie orale à la souris, n’a causé la mort d’aucun animal10. En ce qui concerne les effets secondaires, l’extrait n’a pas modifié l’activité locomotrice, la température du corps, le transit gastro-intestinal ni produit de lésions gastriques10.
Le jus de feuille et sa macération aqueuse en application topique n’ont pas provoqué d’effets cliniques d’irritabilité ou d’hypersensibilité de la peau humaine13.
L’extrait hydroalcoolique des parties aériennes, par voie intrapéritonéale à la souris, a montré une dose maximale tolérée de 1 g/kg14.
On ne dispose pas d’information pouvant garantir l’innocuité de l’usage de ce remède administré aux enfants, aux femmes enceintes ou allaitantes.
Préparation et dosage
Contre contusion, entorse ou furoncles :
Laver la peau avec de l’eau bouillie et du savon, appliquer les feuilles écrasées directement sur la lésion en quantité suffisante pour couvrir la zone affectée. Couvrir avec un linge propre ou un pansement et renouveller toutes les 12 heures.
Toute préparation médicinale doit être conservée au froid et utilisée dans les 24 heures.
Références
- EDOUARD JA, 1992 Enquête TRAMIL. Lycée agricole, Baie-Mahault, Guadeloupe.
- GERMOSEN-ROBINEAU L, GERONIMO M, AMPARO C, 1984 Encuesta TRAMIL. enda-caribe, Santo Domingo, Rep. Dominicana.
- BALZ E, BOYER A, BURAUD M, 2007 Enquête TRAMIL à Marie-Galante. U. Bordeaux 3, U. Paris XI Chatenay- Malabry, UAG, Guadeloupe.
- BOULOGNE I, 2009 Enquête TRAMIL, (Terre-de-Bas et Terre-de-Haut) Les Saintes, UAG, Guadeloupe.
- MOORE B, ISIDORO E, SEEMANN JR, 1993 Distribution of 2-carboxyarabinitol among plants. Phytochemistry 34(3):703-707.
- BEHARI M, ANDHIWAL CK, STREBL M, 1976 Some chemical constituents of the leaves of Mirabilis jalapa. Collect Czech Chem Commun 41:295.
- SIDDIQUI S, SIDDIQUI B, ADIL Q, BEGUM S, 1990 Constituents of Mirabilis jalapa. Fitoterapia 61(5):471.
- WOO WS, CHI HJ, YUN HS, WOO LK, 1976 Phytochemical screening of Korean medicinal plants I. Yakhak Hoe Chi 20:138-144.
- CHI HJ, KIM HS, LEE SY, 1981 Iridoid-containing Korean medicinal plants (I). Korean J Pharmacog 12:19-22.
- WALKER CI, TREVISAN G, ROSSATO MF, FRANCISCATO C, PEREIRA ME, FERREIRA J, MANFRON MP, 2008 Antinociceptive activity of Mirabilis jalapa in mice. J Ethnopharmacol 120(2):169-175.
- SINGH M, KUMAR V, SINGH I, GAUTTAM V, KALIA AN, 2010 Anti-inflammatory activity of aqueous extract of Mirabilis jalapa Linn. leaves. Pharmacognosy Res 2(6):364-367.
- JUAREZ A, 1985 Estudio de la acción antibacteriana y antimicótica in vitro e in vivo de la planta Mirabilis jalapa en piodermias y dermatomicosis. Tesis Mag. Sc. nº 46 39, Universidad de San Carlos de Guatemala.
- CARBALLO A, 1994 Plantas medicinales del Escambray cubano. Apuntes científicos. Laboratorio provincial de producción de medicamentos. Sancti Spiritus, Cuba.
- DHAR M, DHAR M, DHAWAN B, MEHROTRA B, RAY C, 1968 Screening of Indian plants for biological activity: part I. Indian J Exp Biol 6:232-247.
- CACERES A, GIRON L, ALVARADO S, TORRES M, 1987 Screening of antimicrobial activity of plants popularly used in Guatemala for the treatment of dermatomucosal diseases. J Ethnopharmacol 20(3):223-237.
- CACERES A, LOPEZ B, GIRON M, LOGEMANN H, 1991 Plants used in Guatemala for the treatment of dermatophytic infections. 1. Screening for antimycotic activity of 44 plant extracts. J Ethnopharmacol 31(3):263-276.
- LOPEZ M, MOREJON Z, BACALLAO Y, ACOSTA L, MORON F, 2009 Irritabilidad dérmica primaria de hojas frescas machacadas de Mirabilis jalapa L. Investigación TRAMIL. Laboratorio Central de Farmacología, Facultad de Ciencias Médicas “Dr. Salvador Allende”, La Habana, Cuba.