Lis (Cazin 1868)
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Nom accepté : Lilium candidum
Lilium album vulgare. J. Bauh., Tourn.
LILIACÉES. — TULIPACÉES. Fam. nat. — HEXANDRIE MONOGYNIE. L.
Le lis blanc, tenant, par sa beauté, la première place dans la famille à laquelle il a donné son nom, et que nous cultivons dans nos jardins, nous vient de l'Orient. Il fut, dès les temps les plus anciens, le symbole de la pureté : on l'appelait la rose de Junon. Il était aussi l'emblème de l'espérance, que l'on voit représentée sur plusieurs médailles antiques, tenant cette fleur à la main, avec ces mots : Spes publica. « Ne semble-t-il pas, dit Loiseleur-Deslongchamps[1], que ce soit pour la France que ces médailles aient été frappées[2] ? »
Description. — Racine bulbeuse, jaunâtre, ovale, écailleuse en dehors, garnie en dessous de grosses fibres fasciculées. — Tige simple, droite, cylindrique, haute de 60 à 90 centimètres. — Feuilles éparses, sessiles, ondulées, lisses, oblongues et un peu aiguës. — Fleurs d'une éclatante blancheur et d'une odeur délicieuse, pédonculées, disposées en une grappe lâche et terminale (juillet). — Calice pétaloïde, campanulé, à six divisions profondes. — Six étamines à anthères oblongues. — Un ovaire supérieur oblong à six cannelures. — Un style simple. — Un stigmate épais à trois lobes. — Fruit: capsule trigone à six sillons, à trois loges et à trois valves polyspermes.
Parties usitées. — Les bulbes et les fleurs fraîches.
Récolte. — En tout temps pour les bulbes.
[Culture. — Le lis croît dans tous les sols, excepté dans ceux qui sont trop secs et trop compactes ; il préfère l'exposition du midi ; on le propage de graines ou de bulbilles que l'on trouve autour du bulbe principal et que l'on sépare à la fin de l'automne.]
Propriétés physiques et chimiques. — Les fleurs ont une odeur suave, mais en même temps forte et pénétrante. Cette odeur, qui se dissipe promptement par la dessiccation, se communique facilement à l'eau, à l'alcool, aux huiles, ce qui rend le lis précieux aux parfumeurs. Le bulbe contient un mucilage abondant (le quart de son poids), de la fécule, et quelques traces d'un principe amer, nauséabond, qui disparait à la cuisson.
A L'INTÉRIEUR.— Eau distillée (1 sur 4 d'eau), 50 à 100 gr., on potion. |
Pétales, en cataplasme, en décoction pour lotion, fomentation. |
L'oignon de lis est mucilagineux, émollient, maturatif. Cuit dans 1 eau ou dans le lait, on en forme des cataplasmes vulgairement employés sur les tumeurs inflammatoires pour diminuer la tension et la douleur, ou hâter la maturation. C'est ainsi qu'il est utile dans le phlegmon, le furoncle, l'anthrax, le panaris, les plaies enflammées, les engelures, etc. L'huile de lis a été employée en liniment sur les brûlures, les gerçures du mamelon ; on l'a
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- ↑ Dictionnaire des sciences médicales, t. XXVIII, p. 325.
- ↑ (Simple réflexion : Le premier volume du Dictionnaire des sciences médicales date de 1812 ; celui d'où est extraite cette citation porte le millésime 1818. Inde laus.)
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fait entrer dans les cataplasmes, dans les lavements adoucissants. L'huile seule produirait, sans doute, le même effet.
L'eau distillée de lis, regardée comme calmante, était préconisée autrefois contre la toux, les affections nerveuses, les irritations gastriques, etc. Elle est aujourd'hui presque abandonnée comme inerte.
Les pétales de cette plante peuvent être employés comme les bulbes, en cataplasme, en lavement ; on s'en est servi en collyre dans l'ophthalmie. Les anthères, qui paraissent être le siège de l'arôme du lis, ont été regardées comme anodines, antispasmodiques et emménagogues. La simple émanation des fleurs de lis peut, en viciant l'air d'un appartement, causer des accidents nerveux, des syncopes et même la mort, ainsi que Murray et plusieurs autres auteurs en rapportent des exemples.