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Euphorbia poissonii (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Euphorbia poissonii Pax


Protologue: Bull. Mus. natn. Hist. nat., Paris 8: 62 (1902).
Famille: Euphorbiaceae

Noms vernaculaires

  • Candle plant (En).

Origine et répartition géographique

Euphorbia poissonii est présent du sud du Burkina Faso et du Ghana jusqu’au Cameroun. Il est probablement présent aussi en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali.

Usages

Le latex d’Euphorbia poissonii est très caustique et toxique, et très irritant pour la peau et les muqueuses. Il peut rendre aveugle lorsqu’il entre en contact avec les yeux. Malgré sa toxicité, il est utilisé en médecine. Au Nigeria, on en applique quelques gouttes sur les plaies du ver de Guinée et le papillome cutané. On prend quelques gouttes de latex avec de la canne à sucre, du vin de palme ou de la soupe comme purgatif. Au Cameroun, le lumbago se soigne avec des applications de latex extrait des feuilles. Placé dans une dent cariée, le latex sert aussi à apaiser la douleur ou à aider à déchausser la dent et rendre l’extraction plus facile.

Dans toute l’Afrique de l’Ouest, le latex est utilisé comme poison pour la pêche. Un morceau de tige est mélangé avec les graines de Strophanthus pour confectionner du poison de flèche. Au Nigeria, on ajouterait parfois du latex au tabac à priser pour le rendre plus âcre. Les Haoussas versent du latex sur des céréales pour attraper les pintades sauvages. Il sert également dans des appâts destinés à tuer les rongeurs et les oiseaux, et à débourrer les peaux. Enduit sur les branches, le latex sert de glu pour capturer les oiseaux. Il est extrêmement toxique lorsqu’on l’ajoute aux aliments, à l’eau potable et aux noix de cola, et il arrive qu’au Nigeria, des homicides soient commis par empoisonnement à Euphorbia poissonii.

En Afrique de l’Ouest, Euphorbia poissonii est parfois planté dans les jardins comme plante ornementale ou en haie autour des champs et des cimetières. En Europe et aux Etats-Unis, on le trouve en pot dans les collections de plantes succulentes. Les fleurs sont beaucoup butinées par les abeilles et d’autres insectes.

Euphorbia poissonii ressemble fortement à Euphorbia unispina N.E.Br., et ils ont des usages similaires.

Production et commerce international

Plusieurs composés isolés d’Euphorbia poissonii sont commercialisés à l’échelle internationale. En 2007, les prix de la résinifératoxine vendue sur internet allaient de US$ 35 (1 mg) à US$ 525 (25 mg) ; ceux de la tinyatoxine, de US$ 60 (1 mg) à US$ 240 (5 mg). Euphorbia poissonii est également vendu sur internet comme plante ornementale.

Propriétés

Le latex d’Euphorbia poissonii contient des esters d’alcools diterpènes du type tigliane (le 12-désoxyphorbol et le 12-désoxy-16-hydroxyphorbol), un alcool diterpène du type daphnane (le résiniféronol), et plusieurs esters d’un alcool diterpène macrocyclique, le 19-hydroxyingol, par ex. l’euphorianine, qui est pentacyclique. La plupart des composés isolés sont des monoesters et des diesters du 12-désoxyphorbol. Les esters de daphnane sont généralement connus pour leurs puissantes propriétés d’irritation dermique, tandis que les esters de tigliane sont toxiques et favorisent la formation de tumeurs ; cependant, certains des composés de tigliane, en particulier les dérivés du 12-désoxyphorbol, ont une activité anticancéreuse.

La diversité des composés irritants présents en fortes concentrations se reflète dans l’activité irritante du latex, qui est 30 fois plus forte dans le latex d’Euphorbia poissonii (ID50 = 0,1 μg / 5 μl) que dans le latex d’Euphorbia unispina par ex., bien qu’après 24 heures, l’activité de chacun de ces latex soit de force quasi équivalente. Les esters aromatiques isolés du type daphnane sont des irritants plus puissants lors des essais de sensibilisation sur l’oreille de souris que les esters aromatiques de type tigliane, surtout la résinifératoxine (ID50 = 0,00021 nMol / 5 μg) et la tinyatoxine (ID50 = 0,0012 nMol / 5 μg). Sur les 6 esters aromatiques de tigliane isolés, le très irritant 12-désoxyphorbol-13-O-phénylacétate-20-O-acétate (ID50 = 0,075 nMol / 5 μg) est le principal composé ; la candletoxine A, la candletoxine B et le DPP (12-désoxyphorbol 13-phénylacétate) sont eux aussi fortement irritants. L’activité irritante de la résinifératoxine et de la tinyatoxine est rapide. Elle culmine au bout de 4 heures avant de redevenir inactive après 24 heures.

La résinifératoxine et la tinyatoxine sont extrêmement toxiques, car elles se lient aux récepteurs de la douleur de la même façon que la capsaïcine, mais bien plus puissamment. Elles stimulent les neurones pour qu’ils déchargent à répétition jusqu’à ce que le neurone meure, ce qui déclenche une douleur fulgurante et plonge la victime dans un grave choc anaphylactique. La résinifératoxine est utilisée dans le traitement de l’incontinence liée à une hyperactivité de la vessie. Elle a également des propriétés antiappétentes et analgésiques. On s’est efforcé de synthétiser ce composé. En laboratoire, le DPP a induit l’expression du VIH-1 chez des cellules T infectées de manière latente et les a rendues sensibles à une élimination par une immunotoxine. Le DPP est 20 à 40 fois plus puissant que l’ester de phorbol apparenté, la prostratine, et la combinaison d’une forte puissance et d’une activité antipromotrice de tumeur en fait un candidat intéressant dans les traitements contre l’infection au VIH-1.

Lors d’études phytochimiques supplémentaires sur le latex, on a isolé des dérivés de 19-hydroxyingol. Ces composés se sont montrés cytotoxiques contre 6 lignées de cellules de tumeurs solides chez l’homme (carcinome du poumon, du sein, du rein et du pancréas, adénocarcinome du côlon et de la prostate). Par ailleurs, la plupart des esters dérivés du 12-désoxyphorbol ont montré une cytotoxicité sélective contre la lignée de cellules du carcinome rénal chez l’homme, avec pour un seul composé une puissance 10 000 fois supérieure à celle d’un médicament anticancéreux, l’adriamycine.

Un extrait de racine d’origine nigériane, testé pour ses propriétés molluscicides sur l’escargot d’eau douce Bulinus globulus, aurait été inerte.

Description

Arbuste monoïque, en forme de candélabre, atteignant 2 m de haut ; rameaux cylindriques, de 3–3,5(–4) cm de diamètre, gris argenté, couverts de tubercules arrondis proéminents et de boucliers cornés d’épines atteignant 8 mm de diamètre, gris, à 1 épine chez les plantes jeunes ou à épine rudimentaire, à latex blanc. Feuilles disposées en spirale à l’apex de la tige en 8–10 rangées, simples et entières, tombant rapidement ; stipules, si présentes, modifiées en petites épines, tombant rapidement ; pétiole court, épais ; limbe obovale ou en cuiller, de 5–14 cm × 3–7 cm, base longuement cunéiforme, apex profondément émarginé, charnu, glabre, pennatinervé. Inflorescence : cymes axillaires, nombreuses à l’extrémité des rameaux, constituées de groupes de fleurs appelés “cyathes” ; pédoncule et rameaux courts ; bractées 2, ovales, d’environ 2 mm de long, membraneuses ; cyathe d’environ 8 mm de diamètre, à involucre en forme de court entonnoir, vert, 5-lobé à lobes largement ovales et frangés, glandes 5, elliptiques, se touchant, vertes, chaque involucre contenant 1 fleur femelle entourée de nombreuses fleurs mâles. Fleurs unisexuées ; fleurs mâles sessiles, périanthe absent, étamine courtement exserte, rouge ; fleurs femelles à pédicelle incurvé de 5–12 mm de long chez le fruit, périanthe 3-lobé, ovaire supère, glabre, 3-loculaire, styles 3. Fruit : capsule profondément 3-lobée de 5–6 mm de diamètre, lobes presque globuleux, glabres, à 3 graines. Graines ovoïdes d’environ 2 mm de long, lisses, gris pâle avec quelques marques sombres.

Autres données botaniques

Le genre Euphorbia comprend environ 2000 espèces et est présent dans le monde entier, avec au moins 750 espèces sur le continent africain et environ 150 espèces à Madagascar et sur les îles de l’océan Indien. Euphorbia poissonii appartient au sous-genre Euphorbia, section Euphorbia, vaste groupe caractérisé par des tiges succulentes et anguleuses, des stipules modifiées en petites épines, un bouclier d’épines comportant une paire d’épines (parfois soudées en une seule épine), des inflorescences axillaires et des graines sans caroncule. Euphorbia poissonii ressemble fortement à Euphorbia unispina N.E.Br., et leurs usages médicinaux se recoupent.

Euphorbia sapinii

Euphorbia sapinii De Wild. est présent du Cameroun et de la Centrafrique jusque dans l’ouest de la R.D. du Congo ; il s’apparente étroitement à Euphorbia poissonii et Euphorbia unispina. En Centrafrique et en R.D. du Congo, on frictionne la peau des chiens avec le latex pour traiter la gale. Le latex est également l’ingrédient d’un poison de lance ; il est utilisé comme poison pour la pêche et parfois comme poison d’arbitrage sous forme de collyre.

Croissance et développement

Euphorbia poissonii fleurit à la fin de la saison sèche, avant la formation de nouvelles feuilles.

Ecologie

Euphorbia poissonii est présent sur les rochers et les sols secs et pierreux, habituellement dans les forêts claires à couvert herbeux, à 400–700 m d’altitude.

Multiplication et plantation

Euphorbia poissonii peut se multiplier par graines et par boutures. Les boutures doivent faire au moins 20 cm de long et il est préférable de les sectionner à partir de la base d’une branche dont la surface coupée est ligneuse. Une fois coupées, il faut les laisser sécher au moins 2 semaines pour qu’elles forment un cal à l’extrémité sectionnée.

Gestion

Le latex d’Euphorbia poissonii se récolte sur des plantes sauvages ou celles plantées à proximité des villages.

Récolte

La récolte de feuilles est saisonnière car la plante est dépourvue de feuilles à la saison sèche.

Ressources génétiques et sélection

Bien qu’Euphorbia pereskiifolia ne soit présent qu’au Kenya et en Tanzanie, rien n’indique qu’il soit menacé d’érosion génétique. En tant qu’espèce d’Euphorbia (semi-)succulente, son commerce international est régulé par l’annexe 2 de la CITES.

Ressources génétiques

Euphorbia poissonii possède une aire de répartition relativement vaste et il est commun par endroits. Il n’est donc pas menacé d’érosion génétique. Le commerce mondial de toutes les espèces succulentes d’Euphorbia est régulé par l’annexe 2 de la CITES.

Perspectives

Malgré des activités biologiques utiles, l’utilisation à des fins médicinales d’Euphorbia poissonii est limitée par la toxicité du latex. Cependant, certains de ses composés offrent de bonnes perspectives ; par exemple, la résinifératoxine fait l’objet d’essais cliniques de phase II et le DPP peut être utilisé dans le traitement d’une infection persistante au VIH-1.

La taxinomie et les aires de répartition d’Euphorbia poissonii, d’Euphorbia unispina et de certaines autres espèces étroitement apparentées ont besoin d’être révisées car ces espèces se ressemblent beaucoup.

Références principales

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Auteur(s)

  • A.T. Tchinda, Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM), Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, B.P. 6163, Yaoundé, Cameroun

Citation correcte de cet article

Tchinda, A.T., 2008. Euphorbia poissonii Pax. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 5 avril 2025.


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