Dialium pachyphyllum (PROTA)
Introduction |
Dialium pachyphyllum Harms
- Protologue: Bot. Jahrb. Syst. 53: 468 (1915).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Synonymes
- Dialium macranthum A.Chev. (1916),
- Dialium yambataense Vermoesen (1923).
Origine et répartition géographique
Dialium pachyphyllum se rencontre depuis le sud-est du Nigeria jusqu’en Centrafrique et vers le sud jusqu’au nord de l’Angola.
Usages
Au Gabon, le bois, connu sous le nom de “omvong”, s’utilise pour les poteaux dans la construction de maisons et en R.D. du Congo pour le tournage. Il convient pour la construction lourde dont les travaux hydrauliques, pour la parqueterie à usage intensif, la menuiserie, les boiseries intérieures, les étais de mines, la construction navale, la charronnerie, le mobilier, les traverses de chemin de fer, les échelles, les articles de sport, les jouets, les bibelots, les cuves, les ustensiles agricoles, les manches d’outils, le tournage et les placages tranchés. En R.D. du Congo, il est prisé pour la production de charbon de bois.
Au Congo, on prend les jeunes feuilles broyées avec du sel pour traiter la toux, alors qu’au Gabon on administre la macération d’écorce à cette fin. En R.D. du Congo, la décoction d’écorce s’administre en lavement contre la stérilité. La gomme-résine de l’écorce est considérée comme toxique et a été utilisée en R.D. du Congo comme poison d’épreuve et dans la préparation d’un poison de flèche ; cependant, au Congo elle est appliqué sur les plaies pour les cicatriser.
Propriétés
Le bois de cœur, brun à brun rosé, parfois avec des stries et des taches plus foncées, se démarque nettement de l’aubier qui est blanc jaunâtre ou brun pâle, et large. Le fil est habituellement droit, parfois légèrement contrefil, le grain est fin. Le bois est résineux. Il est lourd, avec une densité de 890–1060 kg/m³ à 12% d’humidité, dur et résistant. Le séchage peut causer des déformations et des fentes, et doit se faire soigneusement. Les taux de retrait sont élevés, de l’état vert à anhydre ils sont de 5,3–5,8% radialement et de 10,4–11,0% tangentiellement. Il est recommandé de scier les grumes sur quartier pour obtenir les meilleurs résultats. Une fois sec, le bois est instable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 172–263 N/mm², le module d’élasticité de 20 100–25 200 N/mm², la compression axiale de 73–116 N/mm², la compression transversale de 4–17 N/mm², le cisaillement de 10 N/mm², la dureté Janka de flanc de 14 000 N, la dureté Janka en bout de 14 100 N et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 11,4–14,7.
Le bois est très difficile à scier en raison de la présence de silice ; les lames de coupe s’émoussent extrêmement vite, s’échauffent et tachent le bois. Le bois est difficile à travailler tant à la main qu’à la machine, mais il se rabote bien pour obtenir une bonne finition avec un beau poli même sans apprêt. Il tient bien les clous et les vis, mais des avant-trous sont nécessaires. Il se colle et se tourne bien, et il convient pour les placages tranchés. Le bois est durable ; il est normalement résistant aux attaques des champignons, des foreurs du bois sec, des termites et des térébrants marins. L’aubier est sensible aux Lyctus. Le bois de cœur est extrêmement rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation. La sciure peut provoquer une irritation des muqueuses chez les professionnels du bois.
Description
- Arbre de taille petite à moyenne atteignant 20(–30) m de haut ; fût dépourvu de branches sur 15 m, normalement droit et cylindrique ou légèrement cannelé à la base, jusqu’à 90 cm de diamètre, muni de contreforts petits à assez grands ; surface de l’écorce écailleuse à petites écailles irrégulières, brun jaunâtre à brun rougeâtre, écorce interne mince, cassante, blanc jaunâtre à rosée, à exsudat poisseux, rougeâtre ; cime arrondie, dense, à branches sinueuses ; rameaux à nombreuses lenticelles, rapidement glabres.
- Feuilles alternes, composées imparipennées à 3–5 folioles ; stipules linéaires, caduques ; pétiole et rachis mesurant ensemble 8–17 cm de long ; pétiolules d’environ 0,5 cm de long ; folioles alternes ou presque opposées, oblongues-elliptiques, de 8–23 cm × 3–8 cm, cunéiformes à arrondies à la base, acuminées à l’apex, coriaces, glabres, pennatinervées à environ 10 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : panicule terminale ou axillaire jusqu’à 20 cm de long, à poils brun jaunâtre.
- Fleurs bisexuées, zygomorphes, parfumées ; pédicelle court ; sépales 5, libres, triangulaires, d’environ 4 mm de long, pubescents ; pétale 1, spatulé, d’environ 4 mm de long, jaunâtre ; disque pentagonal, d’environ 2 mm de diamètre, à pubescence brun foncé ; étamines 2 ; ovaire supère, ovoïde, sessile, pubescent, 1-loculaire, style arqué.
- Fruit : gousse légèrement aplatie, globuleuse à obovoïde, d’environ 2,5 cm × 1,5 cm, à poils denses brun foncé, à pulpe blanc verdâtre, sépales persistants à la base, indéhiscente, à 1(–2) graines.
- Graines ellipsoïdes aplaties, d’environ 1 cm de long, brun foncé à noires.
Autres données botaniques
Le genre Dialium comprend près de 30 espèces et est pantropical. Une quinzaine d’espèces se rencontrent en Afrique continentale tropicale et 3 à Madagascar, alors que l’Asie tropicale héberge environ 7 et l’Amérique tropicale une.
Dialium pachyphyllum est très proche de Dialium angolense Welw. ex Oliv. et peut-être conspécifique.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; (27 : ponctuations intervasculaires grandes (≥ 10 μm)) ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 86 : parenchyme axial en lignes minces, au maximum larges de trois cellules ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale.
- Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
- Structure étagée : 118 : tous les rayons étagés ; 120 : parenchyme axial et/ou éléments de vaisseaux étagés.
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial ; 159 : présence de corpuscules siliceux ; 161 : corpuscules siliceux dans les cellules du parenchyme axial.
Croissance et développement
Au Gabon, les arbres fleurissent le plus souvent de novembre à janvier, et les fruits mûrissent environ 6 mois après la floraison. La pulpe sucrée du fruit est consommée par les singes, qui disséminent probablement les graines.
Ecologie
Dialium pachyphyllum est présent dans la forêt pluviale sempervirente dense, jusqu’à 700 m d’altitude. On le trouve aussi bien sur des sites bien drainés que marécageux.
Gestion
En forêt au Gabon, on a enregistré un volume de bois moyen de Dialium pachyphyllum de 6 m³ par ha. Sur un transect en Guinée équatoriale, on a observé une densité moyenne de 0,6 arbres par ha avec un diamètre de fût supérieur à 70 cm.
Récolte
Au Gabon, le diamètre de fût minimum permis pour l’abattage est de 70 cm.
Ressources génétiques
Dialium pachyphyllum a une aire de répartition assez large et semble assez commun dans de nombreuses régions au sein de son aire. Bien qu’il se rencontre souvent disséminé dans la forêt et qu’il préfère la forêt primaire, il n’y a pas d’indications actuellement qu’il soit menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Bien que Dialium pachyphyllum fournisse un bois d’œuvre utile particulièrement prisé pour la construction lourde, il y a peu d’information disponible sur de nombreux aspects. Davantage de recherche se justifie sur sa croissance, son développement et sa gestion judicieuse en forêt naturelle. Les difficultés rencontrées dans le sciage et le travail du bois entravent son usage domestique.
Références principales
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Autres références
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- Keay, R.W.J., 1989. Trees of Nigeria. A revised version of Nigerian trees (1960, 1964) by Keay, R.W.J., Onochie, C.F.A. & Stanfield, D.P. Clarendon Press, Oxford, United Kingdom. 476 pp.
- Konda ku Mbuta, Kabakura Mwima, Mbembe Bitengeli, Itufa Y'Okolo, Mahuku Kavuna, Mafuta Mandanga, Mpoyi Kalambayi, Ndemankeni Izamajole, Kadima Kazembe, Kelela Booto, Ngiuvu Vasaki, Bongombola Mwabonsika & Dumu Lody, 2010. Plantes médicinales de traditions. Province de l'Equateur - R.D. Congo. Institut de Recherche en Sciences de la Santé (I.R.S.S.), Kinshasa, D.R.Congo. 418 pp.
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- Wilks, C. & Issembé, Y., 2000. Les arbres de la Guinée Equatoriale: Guide pratique d’identification: région continentale. Projet CUREF, Bata, Guinée Equatoriale. 546 pp.
Sources de l'illustration
- Aubréville, A., 1970. Légumineuses - Césalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Cameroun. Volume 9. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 339 pp.
- Wilks, C. & Issembé, Y., 2000. Les arbres de la Guinée Equatoriale: Guide pratique d’identification: région continentale. Projet CUREF, Bata, Guinée Equatoriale. 546 pp.
Auteur(s)
- J.K. Mensah, Forestry Research Institute of Ghana (FORIG), University P.O. Box 63, KNUST, Kumasi, Ghana
Citation correcte de cet article
Mensah, J.K., 2012. Dialium pachyphyllum Harms. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas.
Consulté le 31 mai 2025.
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