Croton mongue (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Bois d'œuvre
Bois de feu

Croton mongue Baill.

répartition en Afrique (sauvage)

rameau en fleurs

inflorescence

Protologue: Adansonia 1: 158 (1861).

Famille: Euphorbiaceae

Origine et répartition géographique

Croton mongue est endémique du nord et de l’est de Madagascar.

Usages

Le bois, connu localement sous le nom de “molanga”, est utilisé à l’occasion, surtout pour les voliges des toits de tuiles, les tuteurs de plantes, les piquets de clôture, les boîtes et les allumettes, et comme bois de feu. Il se prête à la menuiserie, aux moulures, au contreplaqué et aux panneaux de particules. L’infusion d’écorce est administrée comme tonique en cas d’anorexie, de fatigue et de dépression. La décoction d’écorce et de feuille est prescrite en bains et en lotions pour traiter la blennorragie.

Propriétés

Le bois de cœur, blanchâtre, ne se distingue pas nettement de l’aubier. Le fil est droit, le grain moyen. Les surfaces du bois sont légèrement lustrées. C’est un bois léger, avec une densité de 400–560 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche rapidement à l’air, avec des risques modérés de déformation, de gerce et d’effondrement. Des planches de 4 cm d’épaisseur mettent 5–6 mois pour sécher à l’air. Une fois sec, le bois n’est que moyennement stable en service. Les taux de retrait lors du séchage sont faibles.

A 12% d’humidité, le module de rupture est de 98–139 N/mm², le module d’élasticité de 9000–11 000 N/mm², la compression axiale de 38–48 N/mm² et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 1,5–2,8.

C’est un bois qui se scie et se travaille facilement tant à la main qu’à la machine. Il se rabote et se ponce normalement en donnant une surface lisse et lustrée. Les caractéristiques de vissage, de collage, de vernissage, de peinture et d’assemblage sont toutes satisfaisantes, contrairement à la tenue des clous qui n’est que médiocre. Le bois se prête au placage déroulé. Il n’est pas durable, car il est sensible aux attaques de champignons et d’insectes. Il peut être facilement traité avec des produits de conservation.

Une protéine toxique, la monguine, qui a été extraite des graines, inhibe la synthèse des protéines.

Description

• Arbuste ou arbre de taille petite à moyenne atteignant 20(–30) m de haut, sempervirent ; fût jusqu’à 50(–60) cm de diamètre ; surface de l’écorce lisse à légèrement rugueuse, blanchâtre, à lenticelles, écorce interne brune à brun verdâtre ; cime arrondie ; ramilles à pilosité dense et courte.
• Feuilles alternes, simples ; stipules caduques ; pétiole atteignant 15 cm de long, poilu ; limbe ovale, jusqu’à 18 cm × 16 cm, cordé à la base, à 2 glandes basales, courtement acuminé à l’apex, à bords finement dentés, papyracé, couvert de poils étoilés au-dessus, et d’une pubescence laineuse et argentée au-dessous, (3–)5–7-nervé depuis la base et avec seulement quelques paires de nervures latérales.
• Inflorescence : grappe axillaire ou terminale atteignant 35 cm de long, à fleurs lâches, entièrement mâle ou avec quelques fleurs femelles à la base.
• Fleurs unisexuées, régulières, 5-mères, jaunâtres à blanc crème, à sépales valvés, à pétales imbriqués et à glandes du disque libres ; fleurs mâles à environ 16 étamines libres ; fleurs femelles à ovaire supère, globuleux à légèrement 3-lobé, et à 3 styles courtement bifides.
• Fruit : capsule globuleuse de 1–1,5 cm de diamètre, vert pâle, couverte de poils grisâtres à brunâtres, déhiscente, contenant 3 graines.
• Graines ovoïdes, d’environ 1 cm de long, légèrement côtelées et rugueuses, blanchâtres à gris-brun.
• Plantule à germination épigée.

Autres données botaniques

Les semis atteignent en moyenne 28 cm de haut au bout d’un an. Croton mongue est réputé avoir une croissance rapide. Il peut fleurir de juillet à septembre et ses fruits mûrissent dès le mois de janvier.

Le genre Croton comprend près de 1200 espèces que l’on trouve partout dans les zones chaudes du monde. C’est aux Amériques qu’il est le mieux représenté, tandis qu’environ 65 espèces sont présentes sur le continent africain et près de 125 à Madagascar.

Croton cotoneaster et muricatus

Le bois de certaines autres espèces de Croton est parfois utilisé à Madagascar. Celui de Croton cotoneaster Müll.Arg. (synonyme : Croton mahafaliensis Leandri) sert à confectionner certaines parties des pirogues traditionnelles, alors que celui de Croton muricatus Vahl est employé pour réaliser les treillis en construction légère.

Ecologie

Croton mongue se rencontre dans la forêt, souvent en forêt secondaire ou dégradée en bordure de rivières, jusqu’à 1300 m d’altitude. On le trouve dans les régions où la pluviométrie annuelle est de 2000–3000 mm, qui connaissent jusqu’à 3 mois de sécheresse, et où la température annuelle moyenne est de l’ordre de 17°C. Il pousse sur les sols argileux et latéritiques.

Gestion

Croton mongue est une espèce pionnière. Les graines peuvent germer en abondance si elles sont exposées au soleil. On peut améliorer leur germination en les trempant dans l’eau pendant 48 heures. Le taux de germination est d’environ 65%, et elle débute au bout de 3–7 semaines.

Ressources génétiques

Croton mongue est répandu à Madagascar et se rencontre dans les milieux perturbés. Par conséquent, rien n’indique qu’il soit menacé d’érosion génétique.

Perspectives

On a pensé que Croton mongue pourrait convenir à la production d’allumettes sur une grande échelle, mais l’étroitesse de son fût constitue un sérieux inconvénient. Il pourrait avoir de l’avenir pour le reboisement des terres dégradées.

Références principales

• Blaser, J., Rajoelison, G., Tsiza, G., Rajemison, M., Rabevohitra, R., Randrianjafy, H., Razafindrianilana, N., Rakotovao, G. & Comtet, S., 1993. Choix des essences pour la sylviculture à Madagascar. Akon’ny Ala: Bulletin du Département des Eaux et Forêts 12–13. 166 pp.

• Boiteau, P., Boiteau, M. & Allorge-Boiteau, L., 1999. Dictionnaire des noms malgaches de végétaux. 4 Volumes + Index des noms scientifiques avec leurs équivalents malgaches. Editions Alzieu, Grenoble, France.

• Guéneau, P., Bedel, J. & Thiel, J., 1970–1975. Bois et essences malgaches. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 150 pp.

• Parant, B., Chichignoud, M. & Rakotovao, G., 1985. Présentation graphique des caractères des principaux bois tropicaux. Tome 5. Bois de Madagascar. CIRAD, Montpellier, France. 161 pp.

• Rakotovao, G., Rabevohitra, R., Gerard, J., Détienne, P. & Collas de Chatelperron, P., en préparation. Atlas des bois de Madagascar. FOFIFA-DRFP, Antananarivo, Madagascar.

Autres références

• Ralison, C., Creppy, E.E., Boulanger, Y. & Dirheimer, G., 1986. Purification and characterization of a toxin inhibiting protein synthesis from Croton mongue, a Madagascar Euphorbiaceae. Biochimie 68: 1225–1230.

• Razakanirina, D., 1980. Contribution à l’étude du Croton mongue. Mémoire de DEA en Sciences Biologiques Appliquées, orientation Ecologie, Agronomie: option Ecologie Végétale, Université d’Antananarivo, Madagascar. 46 pp.

• Schatz, G.E., 2001. Generic tree flora of Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 477 pp.

Auteur(s)

• R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

• D. Louppe, CIRAD, Département Environnements et Sociétés, Cirad es-dir, Campus international de Baillarguet, TA C-DIR / B (Bât. C, Bur. 113), 34398 Montpellier Cedex 5, France

Consulté le 3 avril 2025.

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