Salvia (Rolland, Flore populaire)
Sommaire
[Tome VIII, 178]
Salvia
- Nom accepté : Salvia
- ἐλελίσφακος, grec ancien. — salvia, alavia, cosalon, lat. de Dioscoride, publ. par Stadler. — corsalvium, l. du Ve s., Apuleius. — elelisphacus, elilisphacon, elelisfascos, elisfacos, elisfagus, lilisfagus, lilifagus, lilifagium, liliflagus, lisifagus, elirifagum, ellifagus, livissacus, salvia, salvegia, l. du m. â. — fafsigallicus, l. du XVe s., Nicolaus, 1510, fet 326, v°. — lingua humana, l. du XVe s., J. Camus, Op. sal., p. 135.
- salvia, salvio, salbo, chalbio, sarvia, salvî, f., servî, f., sèrva, f., charva, f., sêvre, f., saouvio, saouvi, f., sabio, sabi, f., chaoubio, chabio, saouge, sôgi, f., chôge, f., souge, f., sâge, f., sahhe, f., seûge, f., sôche, f., sôch, m., saouce, f , sôce, f., zôche, f., saoudýo, f., sooudjo, sooudzo, sôdjë, f., sâdje, f., sèdje, f., sètche, f., saoude, f., sôdze, f., saouzo, f., sôzi, f., sôze, f., sôz’, m., en div. patois.
- chôvle, f., env. de Saint-Quentin (Aisne), r. p.
- chêrvthë (av. th angl.), f., Terres froides (Dauphiné), Devaux, p. 427.
- sadjatt’, f., Les Bois (Suisse rom.), c. p. M. Ed. Edmont.
- sârthe (av. th angl.), f., env. de Chambéry, Const.
- sârtche, f., Etalle (Luxembourg belge), r. p.
- sèdje et sâdje, f., wallon ardennois, liégeois, verviétois, J. Feller.
- salgie, salge, saulge, sauvie, anc. franç.
- sôlge, f., Gisors (Eure), r. p.
- sôglé, m., Tavaux (Jura), r. p.
- sordge, f., Saulxures-s.-Mos. (Vosges), r. p.
- sôrge, f., sorge, f., Vosges, Luxemb. wallon.
- sale, f., Valenc., Héc. ; Hesdin (P.-de-C.), r. p. [1] ; Saint-Pol (P.-de-C.) [Ed. Edm.]. — sôl, masc., Les Andelys (Eure), r. p. — sôle, fém., Orne, Indre. — soûle, f., Tours (Indre-et-L.), r. p. — saoule, f., Mayenne, Côte-d'Or, Cantal. — sabitt, m., Mimbaste (Landes), r. p. — svénia, f., Châtillon-de-Mich. (Ain), r. p. — saouyë, f., Lavoute-Chilhac (Haute-L.), r. p. — sày’, f., C. Lecesne ; Saint-Remi-Chaussée (Nord), Héc. — seuge, Dagny-Lamberoy, Aisne, c. p. M. L.-B. Riomet. — sës nostrèy’, f., Baincthun (P.-de-C.), c. p. M. Ed. Edmont.
____________________
- ↑ A Quarouble (Nord), on se sert de la sale comme condiment pour manger le gambon fumé (jambon) el dans la k'ête pressée (nom donné au fromage de porc), L -B. Riomet.
[179]
- siège, f., fr. du XVIe s., Dorveaux, Lespl., p. 54. — saougo, f., La Malène (Loz.), r. p. ; Laguiole (Aveyr.), r. p. — sôk, m., Pierrefonds (Oise), r. p. — soûgre, f., Ponts-de-Cé (M.-et-L.), r. p. — sange, f., Flers (Orne), r. p. ; La Haye-Pesnel (Manche), r. p. — souange, f., Saint-Georges-des-Gros. (Orne), r. p. — sôgëy’, f., Izé (Mayenne). — souagé, f., Xertigny (Vosges). — saouazé, f. (?), Portes (Gard), r. p. — sôgè, m., La Motte-Beuvron (Loir-et-Ch.). — chôgè, m., Ribecourt (Oise). — saulgier, m., saugier, m., anc. fr., Parangon des nouvelles honnestes, 1531, réimpress. de 1865, p. 56 ; Gohorry, Fontaine périll., 1572, fet 15. — sôviè, masc., Thiers (P.-de-D.). — sa-ügîre, f., Anneville-s.-Mer (Manche).
- musauge, f. (vieux), Gommecourt (Seine-et-O.), c. p. M. Ed. Edmont.
- érbo dé bouén omé, bouén omé (= bonshommes), m. pl., provençal, Garidel, 1716 ; etc., etc. — bononbra, f., env. de Moûtiers-en-Tarent. (Sav.), Const. — Aime (Savoie), r. p. — prodomme, m., anc. fr., Romania, 1907, p. 287. — érbo doou prudomé, prudomé, m., Montpellier, Gouan, 1762 ; Anduze (Gard), Vig. — Arles, Laug. ; Avignon, Pal.
- béni mé quèrré qué té garirè, m., Saint-Pons (Hér.), Barth. ; Pamiers, Gar. — béni mé quérré, m., toulous., Tourn. ; Castres, Couz. — saoch, breton.
- saug, moyen breton ; saoch, sauch, breton moderne ; soch, chauj, breton de Vannes. [E. E.] [1].
- salvia, sarvia, dial. ital.
- salver, m., salverer, m., Bavière. — salbine, f., Suisse all. — hummelblume (= fleur des bourdons), Altkirch (Alsace).
- salie, self, selve, zelve ; saalde, seldje, dial. holl. et flam. ; savie, anc. flam., Dod., 1644 (A. de C.).
Voir d'autres noms gallo-romans de la sauge dans Gilliéron et Edmont, Atlas ling., fasc. 25, carte 1195.
Un lieu planté de sauges est appelé :
- salviarium, lat. du m. â., Du C.
____________________
- ↑ Les qualités salutaires dont témoigne le nom latin de cette plante (dérivé de salvus) ont été appréciées au loin : le dictionnaire français-vannetais de « Monsieur L’A*** (Leide, 1744) » donne cet exemple : « Les Hollandais ont à la Chine quatre livres de Thé pour une livre de Sauge ». Le P. Grégoire distingue : la sauge commune, saoch cumun, ou bras (grande) ; la petite s., s. munud ; la s. d'outre-mer, s. Bro-saus (d'Angleterre), et la s. sauvage, s. gouëz [E. E.].
[180]
- saugier, m., anc. fr., Du C.
- Saby, f., commune de Monein (B.-P.) en 1385 Savi, L. Batcave.
ONOMASTIQUE. — Broute-Saulge, nom de famille au moyen âge, Bonnardot, Registres de Paris, 1888, IV, 600 ; Soc. d'agricult. de la Marne, 1901, p. 80.
- Lassalvy, Sauvy, noms de famille actuels dans le Midi.
- Sauguet, fief, commune de Montaz et canton d'Arzacq (B.-P.) 1618, d'où le nom fréquent en Béarn Lassauguette, c. p. M. L. Batcave.
« Gris de sauge = espèce de gris. » Instruct. gén. pour la teinture, 1671, p. 35.
« Feuille de sauge = espèce de pioche dont se servent les maçons et terrassiers. » Savary, 1741. — « Feuille de sauge = instrument de maréchalerie, sorte de bistouri. » Dictionn. de l'encyclop., 1751.
« Il savoit tous les moyens pour empescher que sa femme ne prestat sa feuille de sauge, où les femmes ont logé leur honneur, assez près de mardy gras. » XVIe s., Noel du Fail, édit. Assézat, Il, 32.
« Salvia bufonum nidus esse dicitur. » Ephemer. nat. curios., 1697-1698, Appendix, p. 87. — « C'est une chose seüre que sous la sauge sont acoutumées se rassembler quelques bêtes venimeuses qui l'infectent et l'enveniment de leur alaine. » Secrets du seigneur Alexis, 1573, p. 11. — « Les Italiens plantent la rue auprès de la sauge pour en chasser les crapauds. » Garidel, 1716.
« Pour préserver la maison du tonnerre, on y garde de la sauge qu'on a fait bénir le jour de l'Assomption. Pour préserver la moisson, on en met aux quatre coins du champ. » Solwaster (Belg.), Wallonia, 1899, p. 195.
« Quand le bouquet de sauge dépérit, La maison s'amoindrit. » Franche-Comté, Perron, Prov., p. 27.
Celui qui donne de la sauge de son jardin fait mourir le chef de la famille. Même croyance pour l'Esperis matronœlis, wallon, J. Feller.
« Le garçon, qui va faire la demande d'une jeune fille en mariage, porte à sa boutonnière un bouquet de sauge. » Allier, Musée des familles, 1850-51, p. 317.
« On dit que la sauge cicatrise les plaies du cœur ; aussi en offre-
[181]
- t-on à l'amoureux qui se laisse prendre sa bonne amie. » Franche-Comté, Perron, Prov., p. 27. — « Chappeau de saulge vieul porter = je suis abandonné par ma maîtresse. » G. Paris, Chansons du XVe s., 1875, p. 20. — « On se mocqua du pauvre Lambert (évincé d'un mariage qu'il projetait) et toutes les dames lui envoyèrent des bouquets de sauge. » XVIIe s., Tallemant des Réaux, Historiettes, édit. de 1862, V, 340. — « Quand un jeune homme ou une jeune fille voit son futur ou sa future se marier avec une autre personne, on lui envoie, par dérision, un bouquet de sauge. » Jura, Grosj. et Br. ; A. de Chesnel, Dict. des Superst. ; Haute-Saône, Pizard, Docum. sur Noroy, 1808. — Sur cet usage, voyez L'Intermédiaire, XIX, 696.
« Quand la sauge est putrifiée dans le fiens (fumier), il s'y engendre un oyseau qui a la queue serpentine et blanche, desquelles cendres si l'on en met aux lampes et chaleilz, il semblera que toute la maison soit pleine de serpens. » Platine, 1548, p. 120.
PROVERBE. — Qu'a de salvio dins soun jardi N'a pas bezoun de medeci (Qui a de la sauge dans son jardin N'a pas besoin de médecin), Tarn-et-Garonne, c. p. M. A. Perboso. [Perbosc]
[Ceci est la traduction en langue populaire du vers de l'Ecole de Salerne si célèbre au moyen âge : Cur moriatur homo, cui salvia crescit in hortis ? — Autrement, nous n'abordons pas ici l'emploi des plantes en médecine ; c'est un autre sujet. — Nous donnons pourtant la communication suivante de M. Batcave, mais à cause du patois, H. G.]
Remède pour le mal de dents cité par Lespy, Grammaire Béarnaise, 2e éd., p. 118. Per garir los caxaus, prenetz hun topy nœu ho bielh, e botatz hy sabia e maiorana e de totas bonas gerbas e mi[ey]a pinta de bii roge, e fetz lo fort bori. — E pus que agatz hun ardit o duo de pebe, e co pyelatz. Pour guérir les dents (le mal des grosses dents) prenez un pot neuf ou vieux, mettez-y sauge, marjolaine, toutes bonnes herbes et demi-pinte de vin rouge ; faites fort bouillir. — Et puis avez un liard ou deux de poivre, et le pilez (Archives des B. P. E. 359, texte de 1480), c. p. M. L. Batcave.
On dit encore, en Béarn, pour guérir le cancer : Per goari lou hig cancer que cœu prene tres paquets de cade nau hoeilhes de sabie et fra la + sus lou mau en disent : « Hig maladit, oey e pousquis perde lou cap e douma l'arradits + + Fiat, Fiat. »
[182]
- Pour guérir le cancer, il faut prendre trois paquets de chacun, neuf feuilles de sauge et faire la croix sur le mal en disant : « cancer maudit, puisses-tu perdre aujourd'hui la tête et demain la racine + +· Ainsi soit fait. Ainsi soit fait, c. p. M. L. Batcave.
Langage des fleurs : « La sauge menue signifie : chasteté et santé ; la grosse sauge signifie : entreprise ; la sauge fleurie signifie : j'ay desir de vous voir. » Récréat. gal., 1671, p. 195. — « La petite sauge est l'emblème de l'estime. » Leneveux, 1837.
« Un bouquet mis extérieurement à la fenêtre d'une fille signifie : méfie-toi, il va t'arriver un malheur. » Ruffey, près Dijon, r. p.
Salvia pratensis
- Nom accepté : Salvia pratensis
- salvia agrestis, ambrosiana, sphacelus Theophrasti, anc. nomencl., Dodoens, 1557. — salvia major, salvia latifolia, salvia hortulana, anc. nomencl., Bauh., 1671.
- sauge à la grande feuille, franç., D'Auvergne, Secr. de méd., 1668, p. 188. — grande sauge, franç., Dodoens-L'Escluse, 1557.
- langue de bœuf, Berry, Vendée, Saintonge. — léngo dé bioou, Campagnac (Aveyr.). — langue de loup, Mauron (Morbihan), r. p. — gueule de loup, Corbigny (Nièvre), r. p. — bouco dé loup, f., Aveyr., Vayss. — bec d'oiseau, Sougé (Indre), r. p. — ange des prés, m., env. de Châteauroux (Indre), r. p.
- sudé bië (= soldat bleu), m., Montbéliard, Contej.
- erba dòna, f., Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes), c. p. M. Ed. Edmont.
- bounomo pèr (= bonhomme bleu), m., vaudois, Vicat, 1776.
- bouén omé blur, m. pl., provençal, Capoduro.
- gra-mère (= grand'mère), f., grande vanvërièl’, f., vanvërièl’, f., Marquion (P.-de-C.), r. p.
- grafè dë thi~ (= griffes, ongles de chien), f. pl., Fray (Sav.), r. p.
- suçoméou, m., Ampus (Var), r. p. (Les enfants sucent la fleur) — supètte, f., Char.-Inf., r. p. — chuchòla, f., Le Bugue (Dord.), c. p. M. Ed. Edmont.
- herbe à choléra, Sully (Loiret), r. p.
- bourratché fol, m., bourratcho salbatcho, f., languedoc.
- bourratché fol (= bourrache sauvage), Montauban, Gat.
- bétoine, f., herbe Saint-Jean, Haute-Marne.
[183]
- ortriye de curé, f., Nesle (Somme), r. p. (?)
- tête nègre, f., Yviers (Char.), c. p. M. Ed. Edmont.
- fête-Dieu, env. de Chablis (Yonne), r. p. — herbe de Saint-Jean, franç., Mizauld, Jardin médecinal, 1605, p. 87. — sàn-Djàn, m., Seyne (B.-Alpes), Honn.
- cavolaccio, cavolo salvatico, lattugaccio, chiarella, erba de sant Albert, mazurana salvadga, dial. ital.
- schafzunge, blaui soldaten, wild müsli, wild sälfli, holländer, gockeler, dial. all. — wilde salie, dial. flam. et holl.
Salvia officinalis
- Nom accepté : Salvia officinalis
- bechion, l. du m. â., Goetz. — eupatorium, hepatorium, espurium, esprium, esbrium, esborium, esbum, esdrium, esorium, euphrasia, eubrasia, frasia, ambrosia, ambrosiana, salvia agrestis, salbeia, selba, salgea agrestis, salvia minor, salvia minuta, lat. du m. â. — fagnon, l. du m. â., Mowat. — salvia minor adoratissima, nomencl. du XVIe s., Max Schmidt. — salvia nobilis, salvia usualis, anc. nomencl., Dodoens, 1557. — salvia minor aurita et non aurita, salvia angustifolia, salvia acuta, salvia tenuifolia auriculata, sphacelus Theophrasti, anc. nomencl., Bauh., 1671.
- saulge franche, f., anc. fr., Fuchsius, 1546.
- saulge de bois, franç., Ch. Estienne, 1561.
- saulge sauvage, franç., Le Jardin de santé, 1539.
- franche saulge, saulge franche, saulge de bois, saulge sauvage, saulge menue, menue saulge, petite saulge, saulge à oreilles, sauge pointue, anc. fr. — menue sôze, f., Anjou. — sauge de Provence, fr., Rozier, 1793.
- salvieta, f., anc. provenç., Rayn. — saouvièto, f., prov. — saléte, f., Valenciennes, Héc. — chobior, m., Le Buisson (Dordogne), r. p. — sôdzéta, f., Suisse rom. — chôdzéta, f., chôdzèta dè cousëney're (= saugette des cuisinières), f., fribourg., Sav.
- eupatoire, m., franç., Le Jardin de santé, 1539.
- ambrose, f., ambreise, f., anc. franç., Mowat. — ambrosée, f., franç., Ch. Estienne, 1561. — thé de France. — herbe sacrée, f., franç., Cariot [Ed. Edm.].
- couarou, m., Mizoen (Isère), r. p.
- madrona, f., Laroque-des-Alb. (Pyr.-Or.), Carrère.
- tarrak, m., Pyr.-Orient., Guisset, Las Illes, 1902, p. 17.
- moradux, espagn. et catal., Antonius Nebriss., 1587. — bulkiskraut,
[184]
- anc. all., Dief. — scaliziz, langue inconnue du pays de Wiesbade, au XIIe s., Descemet.
- savie, anc. flam. (Gr. Herbarius de 1514. Agrippa l'a appelée herbe sainte parce que, mangée, elle est très utile aux femmes enceintes (Dod., p. 467), c. p. A. de C.
On faisait autrefois infuser de la sauge dans du vin qui alors était appelé :
- vinum salviatum, l. du m. â., Du C. — vin sageis, m., saugie, f., anc. fr. Du C., VI, 50 et VIl, 295. — vin saugé, m., Goeurot, s. d. (vers 1520), fet VI, r°. « Le vin saugé duquel sont coutumiers boire les habitants de Paris et de France après vendanges et tout le temps d'hiver. »
« Il y a un fromage appelé fromage de sauge ou fromage vert ; il est fait avec de la sauge, du souci, etc. » Aulagnier, 1830.
« Mirlipot = sauge infusée dans de l'eau chaude qu'on prend quelquefois en guise de thé. » Dict. de Trév., 1752. Cf. le mot marlipò qui signifie sauge en piémontois selon Capello.
« Saugé de chappon = sauce qu'on fait sur un chappon avec de la sauge. » Duez, 1664.
« Une femme fumait de la petite sauge dans une patte de homard. » Ed. Corbière, Cric-crac, roman marit., 1846, Il, 75.
« Saugé de chappon = chapon assaisonné avec une sauce à la sauge. » Duez, 1664.
« Pas de bonnes andouilles sans sauge. » Limousin, Lépinay.
« Manjà dé pourqué embé dé saouvio = manger du porc avec de la sauge, se pourlécher les babines, éprouver un vif mécontentement. » Languedoc, D'Hombres.
« Une chose sans sel ni saulge = une chose sans saveur, absurde. » Cotgr., 1650. — « Il n'y a ni sel ni sauge à ses lettres imprimées qu'il croist estre autant de chefs d'œuvre, » XVIIe s., Tallement des Réaux, éd. de 1853, III, 244.
- « Salvia salvatrix
- Naturae consiliatrix. »
- Carm. proverb. loci comm., 1670, p. 88.
- « Cur moriatur homo
- Cui crescit salvia in horto ?
[185]
- Contra vim mortis
- Non est medicamen in hortis. »
- Adage bien connu attribué
- à l'École de Salerne.
- « Salvia cum ruta
- Faciunt tibi pocula tuta. »
- Adage attribué à l'École de Salerne.
« Sur un ancien pot de pharmacie contenant des feuilles de sauge, il y avait écrit : mé saouvi émé saouvi. » Provence, Mistr.
« Qui a saouvi din soun jardin N'a pas besoun dé médécin » Provence, Achard, 1785. — « Lé qué a salbio dins soun ort S'ésbiguo dé la mort. » Ariège, Alm. pat. de l'Ar. ; 1897, p. 10. — « As dé salvio dins toun ort Et sios mort ! = comment! tu as de la sauge dans ton jardin et tu es malade à en mourir ! » albigeois, Combettes-Labourelie, Roman et patois, 1878, p. 128.
« La sauge était la plante favorite de la Vierge Marie, ce qui a donné lieu à ce dicton :
- Qué vi dé saouvi é n'én prén
- La Bouano-Méro s'én souvén. »
- Toulon, Patout.
J. Roumanille a fait d'une légende de la Vierge Marie pendant la fuite en Egypte un « Noël provençal » que j'ai lu dans le Gaulois du Dimanche, du 11 décembre 1909, et il termine ainsi en prose :
« Et c'est depuis ce temps-là que la sauge a tant de vertus et que l'on dit en Provence :
- Quau de la sàuvi noun prèn,
- De la Vièrgi noun sénsouvèn.
C'est-à-dire :
- Celui qui n'a pas recours à la sauge,
- Ne se souvient pas de la Vierge. »
- Addition de H. G.
« Un jour on entendit une fée dire à une autre fée prise et enfermée par des hommes : gardez-vous de vendre le secret de la sauge car si les riches le savaient ils laisseraient mourir de faim les
[186]
pauvres. » Aveyr., Mém. de la Soc. d. lettres de l'Aveyr., 1868-73, p. 49.
« La femme qui veut perdre son laict doit sauter trois fois ou durant trois matins sur la sauge d'un jardin d'un prestre. » Laur. Joubert, Erreurs popul., 1600, p. 172.
« Aucuns villageois contre la fievre usent de ceste superstition : à sçavoir ils mangent par neuf jours à jeun des feuilles de sauge, le premier jour neuf, le second huict, et ainsi consequemment, diminuant par chacun jour d'une feuille jusques au dernier desdits neuf jours ; la persuasion qu'ils ont en ce remede leur rapporte guarison. » XVIe s., Liébault, Maison rustique.
« Pour garir fievres continues il fault escrire les trois premiers mots de la paternoster sur une feuille de sauge nostrée [1] et icelle mengier par trois matinées et il garira. » XVe s., Evangile des Quenouilles.
« Il y a deux sortes de dartres : les dartres molles et les dartres farineuses. Selon le cas, on place dessus, pour les guérir, l'envers ou l'endroit d'une feuille de sauge. Ces feuilles jouissent de cette propriété remarquable, c'est que, placées d'un côté elles font sécher le mal, placées de l'autre, elles le font vider. Il faut connaître le bon côté et c'est le secret de la sorcière. » Nièvre, Mém. de la Société académique du Nivernais, 1887, p. 156.
A Quarouble (Nord), quand on a le rhume avec fièvre, on prend du thé al’ sal’ (à la sauge). — A chaque ducasse ou fête de famille on mange le gambon fumé, sous la couenne duquel on a mis d’el' sal’ hachée menue (L.-B. Riomet).
« Agrippa a appelé la Sauge (anc. flam. Savie) Sacra herba, parce qu'elle est très utile aux femmes enceintes qui sont sujettes à des flux immodérés : car elle fixe le fruit dans le corps, le fait grandir et le fortifie. Il dit encore que si une femme, après s'être tenue éloignée de son mari trois jours durant, boit un pot de jus de sauge et se rapproche alors de son mari, la conception se fera sûrement, » Dodonaeus, Cruydt-boeck, 1644, p. 467 (A. de C.).
____________________
- ↑ De chez nous, du pays.
[187]
Salvia sclarea, horminum
- Noms acceptés : Salvia sclarea, Salvia viridis
- germinalis, lat. de Dioscoride publ. par Stadler. — sclareda, clareda, sclarcia, lat. du m. â., Goetz. (Sur le mot sclareia voyez A. Thomas dans Rev. de phil. et de litt. anc., 1907, 199-201.) — scaraleia, l. du m. â., Tijdschr. v. nederl. Letterk, Leiden, 1894, p. 282. — sclarega, l. du m. â., Zeitsch. für deutsches Alterth., 1872, p. 362. — sclaria, l. du m. â., W. Stokes, Welsh plantn. — orminon, origalis, eminoda, rejectalis, l. du m. â., Mowat. — scarlea, l. du m. â., Cordus, 1561. — alectorolophus, anc. nomencl., Duchesne, 1544. — slaregia, l. du m. â., Aelfricus ; Napier, Old engl. glosses, 1900, p. 229.
- bofraga, l. du m. â., Mone, Quellen d. teutsch. Liter., 1830, p. 285.
- gallitricum, galliricum, galli crista, galli crispa, centrum galli, centrix galli, verbena, horminum, horminium, orvala, sclarea, l. du m. â., Du C. ; Dief. ; Mowat ; etc.
- ceptrum galli, l. du XVe s., Herbarius cum herb. fig., Moguntiæ ; 1484. matrisalvia, anc. nomencl., Dodoens, 1557.
- horminum sclarea, horminum scarlea, anc. nomencl., Bauh., 1671.
- saulge d'oultremer, f., franç., C. Stephanus, Sylva, 1538, p. 48. (Il s'agit ici spécialement du Salvia horminum).
- sauge panachée, f., franç., Liger, 1758, p. 221.
- sôjoud, masc., Saint-Symphorien (Indre-et-L.), r. p.
- choviolo, f., Le Buisson (Dordogne), r. p. (C'est la sauge femelle par opposition au chobior qui est la salvia offic.)
- chan~biô, m., Chomérac (Ardèche), r. p.
- sclarée, f., franç. du XIIe s., Bibl. de l'éc. des chartes, 1869, p. 331.
- herbe carrée, Centre, Jaub. (corrupt. du mot sclarée.)
- herbe à la carrée, Haute-Bret., Sébillot, Addit.
- gallitric, m., franç. du XVe s., J. Camus, Op. sal. — calabistry, m., fr. du XVIe s. J. Camus, Livre d'h. (corrupt. du mot gallitric.)
- creste au coq, franç., Ch. Estienne, 1561. — creste de geline, f., franç., Duchesne, 1544.
- gallo, cresta, madrone, Laroque-des-Albères (Pyr.-Orient.), Carrère.
- orval, m., anc. fr., Mizauld, Jardin médecinal, 1605, p. 87 ; Blegny, 1689. — orval blanc, m., franç., Saint-Germain, 1784. — orvà,
____________________
- ↑ La Salvia horminum n'existe en France qu'à l'état cultivé. Elle ressemble beaucoup à la précédente.
[188]
- masc., Genève, Humbert ; Savoie, Fen. — orvault, m., anc. fr., Guy de Chauliac, éd. Nicaise, 1890, p. 681. — orvô, m., vaudois, Vicat, 1776 ; Beaune (C.-d'Or), r. p. — arvô, m., Saint-Jean-de-Maurienne, Const. ; Chambéry, Colla.
- oval, m., Fougerolles (Mayenne), r. p. — orvale, f., anc. fr., Duchesne, 1544 ; Molinaeus, 1587 ; etc., etc ; Centre, Jaub. ; Char.-Inf., r. p. — orgalle, f., anc. fr., J. Camus, Récept., p. 8. — grande orvalle, f., franç., Délices de la camp., 1673, p. 51. — orbalo, f., touto bono, f., toulousain, Tournon.
- ourvèlo, f., Laguiole (Aveyr.). r. p. — orvèl’, f., Meuse, Labourasse. — loryâte, f., Saint-Georges-des-Gros. (Orne), r. p.
- toute bonne, f., franç., Duchesne, 1544 ; etc., etc.
- tota bouna, f., folhiè chound-bon (= feuilles qui sentent bon), f., pl., fribourg., Sav.
- hormin, m., ormin, m., franç., Duez, 1664.
- érbo doou tày’, Avignon, Palun.
- érbo dé la copo, f., Brive (Corr.), Lép.
- plante républicaine (parce qu'elle a les trois couleurs, bleu, blanc, rouge), Naintré (Vienne), r. p.
- bouén omé blàn (= bons hommes blancs), m. pl., provenç., Honnerat.
- chartrouso, f., Les Angles (Gard), Réguis, Mat. méd., p. 39.
- violon, m., Baugé (M.-et-L.), Rev. d. tr. p., 1905, p. 281.
- balsamite, f., fr. du XVIe s., J. Camus, Livre d'h.
- baume, M.-et-L., Desv.
- éscapulaire, m., Tavaux (Jura), r. p.
- piè d' bëdè, m., Marquion (P.-de-C.), r. p. (?)
- ouéarzèk, bret. des env. de Lorient, r. p.
- scarleça, boçomo, italien de Lombardie au XVe s., De Bosco, Luminare majus, 1496, f° 41, r°. — moscatella, moscatellina, schiarea, erba digallo, busòm, matricale sarvaggia, erva de santa Lucia, dial. ital. — clarea, gallocresta, ormino, espagn. — cresta de gall, catal. — sherlaiu, roumain.
- aindurrina, gandollarra, basque.
- sclaregia, sclarega, sclarea, scaralega, scherilegia, scharlach, scharley, scharlen, scalweye, scraleve, salbeia, sailuirre, hamenkamp, anc. et moy. haut all. — muscatellerkraut, dial. all. — scharleye, anc. flam. (Dod.).
- staelwyrt, slareze, slarige, anglo-saxon. — herb clary, cleere eye, beyond sea sage, ocle christi, angl., Cotgr., 1650.
TOPONOMASTIQUE : Les Orvales, local. de la Suisse rom., Jaccard.
[189]
« La graine de l'orvale mise dans l'œil enlève les grains de poussière. » J. des Caurres, Œuvres diversifiées, 1584, fet 646 v°. — « La graine d'horminum sauvage, appliquée avec miel, nettoye les tayes et les mailles des yeux. » Du Pinet, 1660, p. 304.
« Quand la guerre est déclarée, si l'on conserve à la maison un bouquet de cette plante, personne de la famille ne mourra à l'armée. » Naintré (Vienne), r. p.
____________________
[Les compléments qui suivent viennent de Additions et corrections du tome 8 (Rolland, Flore populaire)]
[213]
p. 188, aouredal, bret., P. Grégoire. Il dit que quelques-uns appliquent, à tort, ce nom au seneçon ; D. Le Pelletier ne donne que ce dernier sens, et Le Gonidec l'appuie de considérations étymologiques de valeurs inégales. Il est probable que aour-e-tal est l'équivalent du franç. or-vault, qu'on a ensuite transformé en aour-e-dal, « son front (est) de l'or », formation plus conforme aux habitudes de la langue [E. E.].
____________________
Salvia verbenaca
- Nom accepté : Salvia verbenaca
- verbenette à feuilles de lavande, f., fr., Saint-Germain, 1784. — sauge-verveine, fr., Le Coq, 1844. — buone sege, Nice, Penzig. — louzou-croaz, breton, Crouan.
- balsamina, yerba de los ajos, yerba de la golondrina, espagn. — tarrech, catal.
Salvia æthiopis
- Nom accepté : Salvia aethiopis
- æthiopis, nomencl. du XVIe s., Mattirolo ; Ratzenberger.
- oropesa, espagnol, Asso, 1779.
Salvia glutinosa
- Nom accepté : Salvia glutinosa
- tabac bâtard, tabac sauvage, Savoie. (On en fume les feuilles.) — arvôn, m., Chambéry, Colla.
Salvia coccinea
- Nom accepté : Salvia coccinea
- sauge cardinale, f., franç., Bon jardinier pour 1805. — mélisse rouge, fr., Saint-Germain, 1784.