Pourpier à grandes fleurs (Potager d'un curieux, 1899)
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Nom accepté : Portulaca grandiflora
« Racine tubéreuse. Tige rameuse, de 20 à 25 centimètres de long, ronde, lisse, charnue, rougeâtre; feuilles assez écartées et longues de 4 à 5 centimètres, cylindriques, terminées en pointe, sessiles, contractées à la base de façon à paraître pétiolées, charnues et d'un vert glauque; aisselles seules munies de poils nombreux, longs, enchevêtrés. Fleurs terminales, sessiles, groupées par trois ou quatre à l'extrémité des rameaux et entourées d'un involucre dont les folioles ressemblent aux feuilles caulinaires et sont entremêlées de poils à la base. Calice à deux divisions étalées, ovales, vertes, scarieuses à l'extrémité et velues au point d'insertion. Corolle grande, belle, beaucoup pluslongue que le calice, de couleur orange ou d'un rouge pourpre très vif. Pétales 5, soudés à leur base et semblant faire corps avec la base du calice à son point d'insertion sur l'ovaire. Étamines nombreuses, réunies à la base du calice et de la corolle et entre elles à un faible degré. Filets d'un pourpre foncé. Anthères rondes, biloculaires, pourprées. Pollen d'un jaune brillant. Ovaire supère, conique, pluriloculaire; graines nombreuses. Style aussi long que les étamines, filiforme. Stigmates de 7 à 9, rayonnants, ténus, pubescents, recourbés à leur extrémité. » (Hook., loc. cit.)
En juin 1879, nous disions : Cette plante croît spontanément, inconnue ou négligée, au pied des Cordillères,
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et nous ne saurions mieux faire que de reproduire ce qui s'y rapporte dans les lettres de l'un de nos correspondants (26 janvier 1878) : « J'ai été obligé d'attendre
Fig. 69. — Pourpier à grandes fleurs (Portulaca grandiflora).
le 26 janvier pour vous envoyer une variété du Pourpier tubéreux, sauvage près des montagnes des Andes. Voici son histoire : Je fus frappé de voir un champ couvert d'une fleur violette, très grande pour une plante naine.
J'en récoltai quelques pieds en 1875 et je les plantai
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comme plantes d'agrément. Quelle fut ma surprise lorsque, au mois d'avril, je trouvai des tubercules d'une forme allongée, d'une longueur de Offi,06 et de la grosseur du doigt. J'en coupai un, dont la chair me parut grasse. Je fis cuire des tubercules dans la cendre et je leur trouvai un goût exquis. Je cultivai le Pourpier tubéreux en 1877 et j'eus la satisfaction d'obtenir des tubercules beaucoup plus gros que les premiers récoltés.
« Ce Pourpier végète dans des sables secs et brûlants. Les plus mauvais terrains siliceux lui conviennent. »
Le même correspondant, dans une lettre datée d'avril 1878, ajoute ce qui suit : « J'ai obtenu cette année de très beaux tubercules de Pourpier. Quelques-uns ont atteint une longueur de 0m,12 sur 0m,08 de circonférence. J'ai donc une amélioration très sensible sur mes cultures, puisque j'ai doublé le volume des tubercules en une seule année. J'en ai fait cuire un quart d'heure à l'eau bouillante ; je les ai sautés au beurre : c'est un plat excellent. J'en fais cuire dans la cendre, que je mange seulement avec du sel ; le goût en est exquis. Je vous envoie des graines de ma culture et d'autres de la plante spontanée.
Voici quelques explications : le Pourpier tubéreux croît dans du sable sec. Ainsi, je vous recommande d'en semer dans du sable pur ou dans une terre très sableuse.
Je crois que cette plante préfère la mauvaise terre au terreau. Dans le terreau, elle végète avec une admirable vigueur, mais ses tubercules restent petits. Je vous donne ces détails pris sur mes expériences. Les meilleurs résultats sont obtenus dans du sable, tenu légèrement frais (1). Exposition au grand grand soleil. »
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(1) Notre correspondant avait dit d'abord : dans des sables secs et brûlants.
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Nous avons semé en godets, sous châssis, à froid, les graines que nous avons reçues. Nous n'avons obtenu qu'un petit nombre de plantes, que nous avons mises en place, en plein air, sur un bout de vieille couche.
Nous aurions pu assurément planter dans du sable, mais nous nous proposions, avant tout, d'avoir des plantes vigoureuses et d'en récolter les graines, dussent les tubercules être moins développés.
Nous ne nous en sommes pas tenus au semis et, dès que nous avons disposé de plantes assez fortes, nous avons fait des boutures qui, toutes, ont repris facilement. On peut donc pratiquer le semis et le bouturage ; le bouturage principalement. Nous espérions obtenir des tubercules que nous aurions plantés et que nous supposions devoir nous donner des plantes plus fortes et une récolte plus hâtive et plus abondante.
Il n'en a rien été; après six années consécutives de culture attentive, nous n'avons pas été plus avancés que le premier jour. Nous n'avons obtenu que des tubercules insignifiants en nombre et en volume.
La rigueur de nos hivers n'apporte cependant aucun obstacle à la culture du Pourpier, puisqu'il s'agit d'une culture annuelle et estivale ; l'habitat de la plante spontanée n'est d'ailleurs pas exempt de gelées et le thermomètre y descend parfois à 6 ou 7 degrés au-dessous de zéro.
Exclusivement occupés des plantes potagères, nous n'avons rien dit de la fleur du Pourpier qui fait l'objet de ce chapitre. Elle est très grande et d'une chaude coloration en rose violacé vif, voisin du violet. Les amateurs qui l'ont vue s'accordent à reconnaître qu'elle est plus grande que dans aucune autre variété du Pourpier à grandes fleurs.