Coix lacryma-jobi
Coix lacryma-jobi L.
Ordre | Poales |
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Famille | Poaceae |
Genre | Coix |
2n = 4x = 20
Origine : Inde, Birmanie
sauvage ou cultivé
Français | larmes de Job |
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Anglais | Job’s tears |
- fruits durs pour chapelets et colliers
- fruits du ma-yuen comme céréale
- fourrage
- médicinal
Sommaire
Description
Elle pousse en touffes de un à trois mètres de haut, ses feuilles sont largement rubanées et les lourds épis, à maturité, pendent vers la terre alourdis par leurs nombreux grains. Botaniquement parlant ces grains sont de faux-fruits constitués par une enveloppe dure, un involucre, contenant à la fois de minuscules fleurs puis les graines après la pollinisation qui se fait par le vent.
Ces faux fruits en forme de larme varient considérablement en taille, forme et couleur ; celle-ci va du blanc ivoire au noir en passant par plusieurs tons de bleu et de marron. Ils sont tantôt oblongs, tantôt très ronds ou encore fins et tubulaires. La surface de l’involucre est soit lisse et brillante, soit striée
Noms populaires
français | larmes de Job, larmilles, herbe à chapelets |
anglais | Job’s tears; adlay (Philippines) |
allemand | Hiobsträne |
néerlandais | jobstranen |
italien | lacrime di Giobbe, lacrime delle Indie |
espagnol | lágrima de san Pedro, ruema ; lágrimas de Job (Argentine) ; cuenta de la Virgen (Saint-Domingue) |
portugais | lágrimas de Job, lágrimas de Nossa Senhora, erva dos rosários |
arabe | damu Daud, damu Ayub |
swahili | mtasubihu, mtasbihi |
chinois | yì yǐ, ta-wan-tzu ; chuān gǔ, ma-yuen (forme céréale) |
japonais | hatomugi |
hindi | gangī, sankru |
Philippines | adlai (bisaya) ; kaudlasan, katigbi (tagalog) (PROSEA) |
Indonésie | jali, jali betul, jali watu (PROSEA) |
Malaysia | jelai batu, jelai pulut, menjelai (PROSEA) |
Thaïlande | duai (général), maduai (nord) (PROSEA) |
Vietnam | ý dĩ, bo bo, cườm gạo (PROSEA) |
Cambodge | skuöy (PROSEA) |
lao | deuay, mak ; deuay hin, mak ; ເດືອຍ, ຫມາກ ; ເດືອຍ ຫິນ, ຫມາກ |
Classification
Coix lacryma-jobi L. (1753)
Cultivars
Les botanistes ont répertorié un grand nombre de variétés. La variété comestible la plus courante au Laos et dans les pays voisins est var. ma yuen (Romanet) Stapf.. Ce nom viendrait de celui d’un général chinois du 1er siècle de notre ère qui aurait été frappé par la résistance des soldats vietnamiens qu’il venait de vaincre et qui se nourrissaient de cette céréale. Il introduisit alors la plante en Chine.
Histoire
Originaire probablement de Birmanie, en tous les cas du sud-est de l’Asie, Coix lacryma-jobi est cultivée en Inde depuis 3 ou 4000 ans et en Chine depuis 2000 ans. Elle a été une céréale de premier plan avant le riz et le maïs et elle est cultivée désormais comme culture secondaire dans tous les pays tropicaux.
Ce sont les explorateurs arabes qui, en introduisant cette graminée en Europe, lui ont donné d’abord ce nom « Damu Ayub » « larmes de Job ». Linné l’a choisi ensuite comme nom scientifique et de nombreuses langues occidentales comme nom commun. En Asie où les références sont différentes les noms sont plus variés. Au Laos, comme en Thaïlande, la plante se nomme deuay et l’on distingue mak deuay et mak deuay hin la seconde étant dure et non comestible. Mais on dira aussi mak deuay ta kai « deuay œil de poulet », mak deuay ta khouay « deuay œil de buffle » en fonction de la taille du faux fruit. En vietnamien on emploie le nom cu'o'm-gao que l’on peut traduire par « quasi-céréale perle », terme intéressant car il nous rappelle que les larmes de Job sont sans doute la plus ancienne céréale cultivée dans le monde.
Lorsque Job, obéissant aux injonctions successives de Dieu, eut tout perdu, il s’assit sur le tas de fumier qui lui restait et se mit à pleurer. Le livre de Job et les polémiques qu’il suscite marquent à ce point les cultures arabo-judéo-chrétienne que plusieurs plantes sont nommées « larmes de Job », en particulier Coix lacryma-jobi.
Usages
Gastronomie
Cependant la variété comestible est assez difficile à traiter car la pellicule qui recouvre le « fruit » s’enlève malaisément. Les Lao la consomment comme le riz, essentiellement quand celui-ci vient à manquer ; ils en font également des desserts (nam van) à base de lait de coco. A partir du mois d’octobre on peut goûter ses grains bouillis vendus comme amuse-gueule au bord des routes. Les Vietnamiens en font une farine fine et très blanche qui sert à fabriquer des gâteaux de fête. Et nous dit Petelot « on en nourrit les enfants et les vieillards et les femmes ne manquent pas d’en consommer pour soutenir leur lactation ». Il ajoute qu’ « en Chine on les met dans les soupes et ils servent d’accommodement au canard, au poulet et au poisson » ( III 276).En Chine toujours avec la graine fermentée sont fabriqués bière et vin alors qu’au Japon on fait un thé avec l’enveloppe dure.
On a pu penser que cette consommation était, de nos jours, négligeable ; or les chiffres montrent que la culture des larmes de job est en pleine extension au Laos où elle prend le pas sur celle du maïs ; La province de Louang Prabang en aurait exporté 20 000 tonnes l’année dernière, essentiellement vers la Chine. Toutes les études insistent en effet sur la richesse de cette céréale en protéines ; en outre comme elle ne contient pas de gluten elle peut être consommée sans restriction par les gens allergique à cette substance et elle est de plus en plus mise à l’honneur par la diététique moderne.
Des perles naturelles
Les gros grains de cette graminée, naturellement polis, sont traversés par une fibre qui, une fois retirée, laisse un petit trou très pratique pour passer un fil de collier ou un fil à coudre. Ces particularités en font un matériau privilégié pour la confection de bijoux et de broderies. Les tuniques, les chaussures, les saces d’épaule de certaines ethnies (Karen, Akha, Hmong) sont rebrodées de larmes de job. Ces broderies permettent souvent de distinguer les femmes mariées des jeunes filles et de marquer la place de chacune dans la société villageoise. Bien entendu les touristes profitent aussi de cet artisanat en achetant collier et bracelets faits de larmes de Job. En Occident les larmes de job ont également servies à faire des chapelets d’où un autre nom de la plante « herbe à chapelet »
Une graine « froide »
En médecine traditionnelle lao les larmes de Job, de nature froide et sucrée, sont considérées comme efficaces pour dissoudre les calculs de l’appareil urinaire, d’ailleurs la plante est parfois nommée deuay niou, niou étant une maladie qui empêche d’uriner. Un thé de graines de Job est recommandé pour avoir une belle peau et les racines en décoction seraient bonnes pour les règles difficiles.
En Chine on fait des tisanes avec l’enveloppe du grain ou avec les graines bouillies et un substitut de café avec les graines grillées. Mais c’est en médecine traditionnelle chinoise que cette céréale est la plus utilisée au point que des recherches en laboratoire sont menées pour définir ses utilisations en pharmacologie et une étude de 1994 aurait isolé des propriétés anti-tumorales.
Petits usages
Une plante domestiquée par l’homme depuis si longtemps a forcément des usages multiples. Ainsi les larmes de job servent d’aliment pour le bétail et la volaille au même titre que le maïs et paraît-t-il les éléphants raffolent de ces grandes tiges chargées de grains. L’enveloppe de ces grains est ajoutée, comme celle du riz, aux terres de culture pour les améliorer.
Un autre usage, musical celui-là, est à noter dans certains pays d’Afrique où des gourdes sont recouvertes par moitié d’un filet cousue de larmes de Job qui rendent un son très particulier quand l’instrument est secoué pour accompagner un rythme.
Références
- Chauvet, Michel, 2018. Encyclopédie des plantes alimentaires. Paris, Belin. 880 p. (p. 287)
- Petelot, Alfred, 1954. Les plantes médicinales du Cambodge, du Laos et du Vietnam. 4 tomes. Saigon, Etat du Vietnam.