Coatzontecomatlxochitl
Du nahuatl cōā-tzontecomatl-xōchitl, serpent-tête-fleur, "fleur à tête de serpent", aussi connue sous le nom de cōātzontecoxōchitl, désignerait une orchidée mexicaine du genre Stanhopea J. Frost ex Hook. 1829, tigrina ou hernandezii, selon Wimmer[1].
Sommaire
Description de Hernández, NOVAE HISPAN. Livre III, Chap. 132, p. 241
- De Coatzontecoxochitl
- Radicibus firmatur fibratis, oblongis, ac praecoci ficui adhuc virescenti valde similibus, virentibus, striatis, et contortis : ex quibus eduntur folia Iridis, sed longiora et latiora : flores capitibus serpentum similes, unde nomen, rubeoque colore, punctis tamen interstincto, candido et pallescente promiscue micantes, et caules tenues, virentes, breves, laevesque.
- Calidis provenit, et interdum etiam temperatis regionibus juxta rupes, aut arborum truncis adhaerens, licet jam ad hortos cultaque loca descenderit, viridariaque exornet, in quibus excolitur deliciarum ac florum gratia.
- Est enim flos forma spectabilis, Liliacei odoris, et quem vix quisquam possit verbis exprimere aut penicillo pro dignitate imitari ; a principibusque Indorum ob elegantiam et miraculum valde expetitus, et in magno habitus pretio.
- Blanditiis et cultura non eget , sed ex unica radice foecundissimus fit proventus. Ex hisce floribus, eque aliis praecedentium quarumdam herbarum congenerum huic, et rubro Maizio parabantur principum Indorum placentae, quas edebant contemperando ventriculi calori, sive is accidisset a solis aestu, sub cujus radiis contraxissent moras , sive ab alia quavis interna causa externave. Frigida siquidem humentique constat temperie.
Traduction
De la coatzontecoxochitl
[Cette plante est] tenue par des racines fibreuses, oblongues, vertes, ressemblant fortement à des figues précoces qui verdissent, striées et tournées. De ces racines sortent des feuilles d'iris, mais plus longues et plus larges : les fleurs sont semblables à la tête d'un serpent, d'où son nom. Elles sont de couleur rouge, mais cette couleur est interrompue de points blancs et pâles contigus, éclatants, et la tige est fine, verte , courte, parfaitement lisse.
[Cette plante] vient de régions chaudes, et occasionnellement se rencontre sur des escarpements de régions tempérées. Elle adhère aux troncs des arbres et il est permis de la descendre cependant jusqu'aux jardins et aux lieux de culte, ou aux arboreta, où elle sert de décoration. Dans ces lieux elle est cultivée/honorée pour le plaisir qu'offrent ses fleurs.
Ces fleurs, en effet, sont spectaculaires, elles ont l'odeur des lys, et personne ne pourrait exprimer sans une grande difficulté [leur beauté] par mots ou même dignement la reproduire par le pinceau. Et les indiens la tiennent comme la première des fleurs, comme excessivement élégante et miraculeuse, par habitude, ils la chérissent en fait beaucoup.
Cette plante n'a pas besoin de soins ni de culture [attentive], en effet, à partir de chaque racine elle produit avec la plus grande fécondité. Les indiens aiment à préparer le maïs rouge en association avec ces fleurs-là, ainsi qu'avec quelques autres excellentes herbes du même genre, ce qu'ils mangent par la suite à fin de modérer la chaleur stomacale, que cette chaleur résulte d'une exposition à l'ardeur du soleil, après avoir passé trop de temps sous ses rais, ou de quelque autre cause interne ou externe. Il s'en suit que le froid qu'elle requiert [mais s'agit-il de la plante ? ou de la préparation ? ce n'est pas clair, même si par construction, il s'agirait plus vraisemblablement de la préparation] doit être humide et tempéré. Il -- Trad. provisoire de Rémi Tournebize (discussion) 21 juin 2013 à 19:29 (CEST)
Description de Hernández, 1790, Chap. 121
NB. La description suivante ne correspond pas du tout à un Stanhopea. Il se peut qu'il y ait eu confusion lors de la recompilation effectuée par Casimiro Gómez Ortega.
- " De Coatzontecoxochitl, seu flores capitis colubri
- Coatzontecoxochitl quam alii Coatzontecomatl seu caput colubri vocant herba parva est radici obrotundae insistens fibrataeque ex qua fundit caules multos tenues ac breves et in eis folia parva cordis figura virore diluto tincta ac flores modicos et candentes. Radix lacte manat quae unciae unius devorata pondere appetentiam excitat. Calida temperie constat locisque provenit calentibus."
Traduction
De la coatzontecoxochitl aux fleurs à têtes de couleuvre
Coatzontecoxochitl qu'ils appellent coatzontecomatl à cause de sa tête de couleuvre est une petite herbe qui s'attache par des racines [NT. Hernandez évoque les pseudo-bulbes sous le nom de "racine"] quasi-sphériques et fibreuses desquelles émergent des tiges nombreuses, fines et courtes, portant peu de feuilles qui ont une forme cordée et une couleur vert pâle. Les fleurs sont sans importance et d'une blancheur éclatante. La racine produit un lait dont tu pèseras une petite quantité à avaler pour exciter l'appétit. De toute évidence, il lui faut des températures élevées puisqu'elle provient de régions chaudes. -- Trad. Rémi Tournebize (discussion) 21 juin 2013 à 19:35 (CEST)
Usages ethnobotaniques
D'après Diguet, 1910 :
- "La mouture du nixtamal[2] doit se préparer journellement, car la pâte de maïs ou masa s'altère rapidement. Cette masa sert principalement à la confection du tlaxcalli ou tortilla qui aujourd'hui encore tient lieu de pain pour la grande majorité du peuple mexicain.
- [...] Aux temps précolombiens, on ajoutait souvent au tlaxalli une série d'ingrédients afin d'en varier le goût ; c'est ainsi que, suivant Sahagun, à la tortilla des seigneurs et des gens riches, qui se préparait avec du maïs rouge ou xiuhtoctlaulli, on incorporait, afin d'exciter l'appétit, la fleur de l'orchidée connue sous le nom de coatzontecoxochitl (Stanhopea tigrina Batem.)."
D'après Gerste , 1909, p. 64 :
- "Il en était une autre de beauté inestimable, dit Hernandez, et très appréciée des grands, le coatzontecoxochitl (fleur tachetée en tête de serpent). Nul n'était admis sans bouquet en la présence du roi."
Note de Gerste :
- "Quand les Lincei romains [NT. Gerste évoque l'Académie des Lynx, première académie scientifique d'Europe] en virent un dessin colorié, provenant du Mexique, « ils en furent ravis au point de l'adopter comme emblème de leur docte académie, sous le nom de Fior del Lince » (Clavigero, 1787)."
Puis p. 124 :
- "Xochitl: sous ce terme venaient se ranger les plantes d'ornementation. Parmi les Anguloa [de la famille] des orchidées, nous avons par exemple : le coatzontecoxochitl (fleur à la tête de vipère), plante médicinale dont la superbe fleur tachetée était en grand renom chez les Aztèques[3] ; dans d'autres genres, le cozticcoatzontecoxochitl (Cattleya citrina [de la famille] des orchidées), qui s'interprète : "fleur jaune ressemblant à une tête de vipère" ; nopalxochicuezaltic (Epiphyllum speciosum [de la famille] des cactées ; littéralement, fleur de nopal qui a l'apparence d'une flamme), etc."
Bibliographie
Clavigero, Francisco Saverio. 1787. Storia antica del Messico. Vol. I. p. 18. Pl. I URL
Diguet, Léon. 1910. Le Maïs et le Maguey, chez les anciennes populations du Mexique. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 7-1-2. pp. 5-35. URL
Gerste, S. J. 1909. Notes sur la médecine et la botanique des Anciens Mexicains. Imprimerie Polyglotte Vaticane. URL
Hernández, F. 1628. Novae Hispaniae Thesaurus. Rome. URL
Hernández, F. (Casimiro Gómez Ortega). 1790. Francisci Hernandi, medici atque historici Philippi II, Hispan et Indiar. Regis, et totius novi orbis archiatri, opera : cum edita, tum inedita, ad autographi fidem et integritatem expressa, impensa et jussu regio Vol. I, Libro IV, p. 406
Références
- ↑ Wimmer, A. Dictionnaire de la langue Nahuatl classique. URL : http://sites.estvideo.net/malinal/index.html (consulté le 20/06/2013)
- ↑ Le nixtamal est un broyat de grains de maïs dégagés de leur tégument après macération dans une solution alcaline souvent à base de chaux.
- ↑ Il faut noter que Stanhopea hernandezii (Kunth) Schltr. avait été nommé et rangé par Kunth dans le genre Anguloa en 1822.
--Rémi Tournebize (discussion) 20 juin 2013 à 16:39 (CEST)