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Abelmoschus moschatus (Pharmacopées en Guyane)

Abelmoschus esculentus
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Gossypium barbadense


Abelmoschus moschatus. Fruits de calou diab



Abelmoschus moschatus Medik.

Synonymies

  • Hibiscus abelmoschus L. ;
  • Hibiscus moschatus L.

Noms vernaculaires

  • Créole : calou diab [kalou-djab], calou sauvage, calou grand bois [kalou-gran-bwa].
  • Wayãpi : moy poã, pisana.
  • Palikur : kalu diab, wahitye akawa.
  • Français : ambrette.

Écologie, morphologie

Grande herbe ou sous-arbrisseau peu commun, cultivé et plus rarement spontané [1].

Collections de référence

Grenand 644 ; Jacquemin 1531 ; Prévost 1372.

Emplois

Cette plante introduite de l’Inde est devenue l’une des plantes médicinales les plus importantes de la Guyane où elle trouve de nombreux usages [2].

Les Créoles et les Wayãpi utilisent, avant tout pour soigner les morsures de serpent venimeux, les propriétés stimulantes et antispasmodiques des graines connues depuis longtemps (LEMÉE, IV, 1956) tant en Asie qu’en Amérique. Les Créoles absorbent six graines par jour pendant cinq jours, tandis que les Wayãpi se contentent d’une vingtaine de graines fraîches ou sèches en une seule prise.

Les Créoles attribuent par ailleurs à d’autres parties de la plante des propriétés fébrifuges, antalgiques et anti-inflammatoires. Ainsi, le broyat gluant des feuilles est appliqué en cataplasme sur le front contre les céphalées. La racine fraîche, écrasée et mêlée à du suif, est appliquée en onguent sur les piqûres envenimées de clous ou d’épines. Enfin, la macération des racines dans le rhum est utilisée en friction contre la fièvre.

Chez les Palikur, la décoction des feuilles et des capsules vertes est utilisée, comme Abelmoschus esculentus, en bain pour favoriser l’accouchement, usage que l’on retrouve aussi chez les Tikuna en Amazonie péruvienne (DUKE et VASQUEZ, 1994).

Enfin, Palikur et Créoles signalent l’utilisation de cette plante à des fins de sorcellerie. Chez les Palikur en particulier, elle sert à neutraliser les « poisons » préparés avec les Caladium (Aracées).

Étymologie

  • Créole : de calou, « gombo », (Abelmoschus esculentus) et diab, « mauvais esprit », « gombo maléfique » en raison de son utilisation magique.
  • Wayãpi : de moy, « serpent » et poã, « remède », « remède contre les serpents ».
  • Palikur : de wahitye, « mauvais esprit » et akawa, « gombo », cf. étym. créole.

Chimie et pharmacologie

D’après WONG (1976), l’effet alexitère des graines serait dû à leur capacité absorbante qui inactive le venin de serpent. Les graines possèdent un arôme semblable au musc (le nom français ambrette renvoie d’ailleurs à l’odeur de l’ambre) et renferment des alcaloïdes. Elles contiennent 29 % de protéines et 17 % de matières grasses (PERROT, 1944). L’huile extraite des graines renferme du farnesol (mélange de 4 isomères d’un alcool polyéthylénique), de l’acide ambrettolique et une lactone : l’ambrettolide (KARRER, 1, 1958). Les pétales des fleurs contiennent un flavonol : la cannabiscitrine et deux anthocyanes qui sont des glycosides de la cyanidine (HEGNAUER, 5, 1969).

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  1. Cette plante est généralement cultivée près des habitations. Son introduction semble si ancienne que les populations de Guyane la considèrent comme indigène.
  2. En Orient, les graines musquées servaient surtout en parfumerie. Graines et huile essentielle adoucissent la peau, soulagent rhumatismes, crampes musculaires, spasmes de l'estomac et fatigue nerveuse (BREMNESS, 2001).