|nomcourtsuivant=Germandrée
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<center>GÉRANION. Geranium Robertianum. L.</center>
<center>''Geranium Robertianum primum rubens''. C. Bauh., Tourn. — ''Geranium Robertianum murale''. J. Bauh. — ''Geranium vulgare''. Park.</center>
<center>Herbe à Robert, — bec de grue, — géraine robertin, — herbe à l'esquinancie.</center>
<center>GÉRANIACÉES. Fam. nat. — MONADELPHIE DÉCANDRIE. L.</center>
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — L'herbe à Robert offre une odeur désagréable, comparée à celle de l'urine des personnes qui ont mangé des asperges, et une saveur un peu amère et légèrement austère. Les géranium, les pélargonium et les érodium répandent des odeurs très-fortes qu'ils doivent à des huiles essentielles; ainsi l’''erodium moschatum'', Willd, si répandu dans les lieux sablonneux du midi de la France, exhale une odeur de musc très-prononcée. Nous citerons encore comme très-odorants les ''pelargonium zonale, odoratissimum, fragrans, peltatum, cucullatum, caputatum, graveolens, radula, balsameum, suaveolens, roseum'', Willd ; on extrait de ce dernier une essence très-estimée, mais qui, malheureusement, est employée à falsifier l'essence de roses. Redlenbacher en a isolé un acide qu'il a appelé ''pélargonique'', qui a pour formule C<sub>18</sub> H<sub>17</sub> O<sub>3</sub> HO et qui se produit, d'après Gerhard, par l'action de l'acide azotique sur les corps gras et sur l'essence de rue ; c'est un liquide incolore, d'une odeur faible et désagréable, peu soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et dans l'éther ; il bout à 260 degrés.] (Müller a extrait du ''geranium protense'', espèce voisine de la plante qui nous occupe, un principe amer, la ''géraniine''.)
Le géranion est un peu astringent. Je ne dirai pas, avec Hildanus, que cette plante guérit le cancer, et, avec d'autres auteurs, qu'elle dissout le sang coagulé dans le corps, arrête toutes les hémorrhagies, guérit la phthisie scrofuleuse, etc. ; de telles assertions remontent au temps où la crédulité attribuait aux plantes les plus inertes les propriétés les plus merveilleuses.Mais faut-il, parce que l'expérience n'a pas justifié les éloges prodigués au bec de grue, l'exclure de la matière médicale indigène ? Je l'ai vu employer avec avantage, en décoction concentrée (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau), dans l'hématurie des bestiaux. J'ai pu constater aussi un effet diurétique non irritant de son suc (50 à 100 gr.), étendu dans l'eau ou le petit-lait, dans deux cas de néphrite calculeuse chronique.
Je l'ai mis en usage en gargarisme dans les engorgements des amygdales et vers la fin des angines. Desbois, de Rochefort, recommande cette plante en cataplasme dans les maux de gorge. Elle a produit de bons effets en fomentations dans les inflammations superficielles de la peau, et en cataplasme comme le cerfeuil dans l'ophthalmie et les engorgements laiteux des mamelles. J. Dolaeus regarde comme un remède éprouvé contre la teigne et les achores, un onguent fait avec l'herbe à Robert cuite dans du beurre, passé à travers un linge et employé en frictions sur la tête. Joel signale comme très-efficace cette plante broyée, ou son suc exprimé appliqué sur le cancer ulcéré comme palliatif.