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Chausse-trappe (Cazin 1868)

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== Chausse-trappe ==[276]
Nom accepté : ''[[Centaurea calcitrapa]]''
<center>'''CHAUSSE-TRAPE'''. ''Centaurea calcitrapa''. L.
''Carduus stellatus''. Dod. — ''Carduus stellatus, foliis papaveris erratici''. Bauh. — ''Carduus muriaticus''. Clus. — ''Rhaponticum calcitrapa''. Scop. — ''Spina stella alba''. Tabern. — ''Carduus stellatus seu calcitrapa''. Tourn.
Centaurée chausse-trape, — centaurée étoilée, — chardon étoilé, — pignerolle.
Cette plante vivace (Pl. XIV) croît dans toute la France, sur le bord des chemins, dans les terrains secs, autour des villes et des villages. Les Juifs assaisonnaient l'Agneau pascal avec les feuilles de la centaurée étoilée, et les Egyptiens mangent encore aujourd'hui ses jeunes pousses.
'''Description'''. — Racines longues, charnues, d'un blanc brunâtre. — Tige anguleuse, très-rameuse et en forme de buisson arrondi. — Feuilles alternes, pubescentes, les radicales pinnatifides, à lobes éloignés et dentés, rétrécies en pétiole, étalées en rosette ; les caulinaires sessiles ; les supérieures entières, petites. — Fleurs en capitulesépineux, ovoïdes-oblongs, composés de fleurons purpurins, en cyme et portés sur un pédoncule entouré de bractées ; fleurons en tube irrégulier, 5-fides, sur un réceptacle velu, hermaphrodites au centre, neutres à la circonférence. — Involucre formé d'écailles ovales terminées par de longues et fortes épines jaunâtres, divariquées en étoiles et pinnatifides à leur base. — Fruits : akènes blancs, oblongs, à aigrette sessile.
'''Parties usitées'''. — La racine, les feuilles et les fleurs.
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['''Culture'''. — La chansse-trape n'est cultivée que dans les jardins de botanique ;on la propage par semis faits en pleine terre.]
'''Récolte'''. La récolte de la centaurée chausse-trape doit se faire avant l'épanouissement des fleurs ; plus tard elle est desséchée et sans suc.
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Les feuilles et les fleurs, toutà fait inodores, sont très-amères ; la racine et les semences sont douces. Cette plantecontient, d'après Figuier, de Montpellier, du ligneux, une substance gommeuse, unesubstance résiniforme, une matière azotée, de l'acétate, de l'hydrochlorate et du sulfatede potasse, de l'hydrochlorate et du sulfate de chaux, une matière colorante verte, dela silice, une petite quantité d'acide acétique.
(François Scribe a trouvé dans les feuilles, du cnicin comme dans toutes les plantesamères de la tribu des cynarocéphales.)
Colignon, pharmacien à Apt<ref>''Répertoire de pharmacie'', octobre 1853.</ref>, s'est assuré que cette plante ne contient pas d'alcaloïde et que sa saveur amère est due à une substance à laquelle il a donné la nom
d’''acide calcitrapique'', dont les caractères sont les suivants : amertume très-intense etstyptique, couleur ambrée, transparente, consistance sirupeuse ; non volatil, décomposable par la chaleur ; rougissant fortement le papier de tournesol ; incristallisable ; très-soluble dans l'alcool et dans l'éther; peu soluble dans l'eau, même bouillante ; formantavec les bases solubles, telles que la potasse, la soude et l'ammoniaque, des sels solubles dans l'eau, mais incristallisables. L'alcool qui le tient en solution devient très-difficile à distiller, même à feu nu. Une très-petite quantité dissoute dans ce véhicule suffit pour lui communiquer une amertume très-intense.
<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
 
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Les feuilles et les fleurs de chausse-trape sont considérées comme toniqueset fébrifuges. La racine et les semences sont diurétiques.
L'action des sommités fleuries de cette plante, sur nos organes, est analogue à celle de la petite centaurée et de la gentiane. J. Bauhin, Tournefort,Séguier, Geoffroy, Buchner, Linné, Gilibert, Chrestien de Montpellier<ref>''Bulletin de Pharmacie'', mai 1809.</ref>, Valentin<ref>''Nouveau Journal de médecine'', t. III, 1810.</ref>, ont constaté ses propriétés fébrifuges. Vitet lui reconnaît les mêmes propriétés, et prescrit la décoction concentrée des feuilles ou le suc à grande dose. « C'est, dit Roques, un de nos meilleurs fébrifuges indigènes ; il peut fort bien remplacer le quinquina dans les campagnes. Nous avons guéri, dit encore Roques, avec la décoction des feuilles et des fleurs, plusieurs malades atteints de fièvres de divers types. »
C'est à Clouet<ref>''Journal de médecine militaire'', t. VII.</ref>, qui, en 1787, l'administra avec succès à plus de deuxmille soldats de la garnison de Verdun, que nous devons les expériences lesplus concluantes sur l'efficacité de la chausse-trape contre les fièvres intermittentes. Ce remède n'en fut pas moins abandonné, malgré les résultats ultérieurement obtenus par d'autres médecins. « Nous n'estimons point ce qui croît chez nous, nous n'estimons que ce qui s'achète, ce qui couste ets'apporte de dehors<ref>Charron, ''De la Sagesse''.</ref>.»
Dans ces circonstances, Bertin, professeur agrégé de la Faculté de Montpellier, a lu devant l'Académie des sciences et lettres de la même ville un mémoire très-intéressant sur les propriétés fébrifuges de la chausse-trape<ref>''Revue thérapeutique du Midi'', 1853.</ref>. Ce médecin avait eu le soin de dégager les fièvres de toute complication.
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Au début, il administra le médicament sous forme d'extrait aux doses auxquelles il aurait prescrit le sulfate de quinine, et de la même manière quepour ce dernier, c'est-à-dire le plus loin possible des accès. Le succès futprompt et durable : de nombreuses fièvres quotidiennes, tierces et quartesguérirent par ce remède. Le même résultat fut obtenu dans les fièvresintermittentes larvées et dans les maladies compliquées d'un élément intermittent.
Ces faits, aussi nombreux que bien constatés, prouvent l'incontestableefficacité de l'extrait alcoolique de chausse-trape dans les fièvres intermittentes non pernicieuses, même dans celles d'origine paludéenne. Bertin n'apas cru devoir s'en rapporter à ce médicament dans les fièvres pernicieuses, où la certitude du danger réclame impérieusement l'emploi de l'antipériodique par excellence. Les bons effets de la chausse-trape lui ont paru si constants, que, dans la prison cellulaire de Montpellier, il préfère,par économie, l'extrait de cette plante au sulfate de quinine. Ses maladesn'ont point eu de rechutes ; et cependant plusieurs d'entre eux étaient venusdes rizières du château d'Avignon ou des bords marécageux des étangétangs.
On peut, sans inconvénient, administrer de fortes doses d'extrait dechausse-trape. Cependant Bertin n'a jamais dépassé la dose de 1 gr. 20 centigr., qu'il prescrit en pilules de 20 centigr. chacune.
De tels succès convaincront-ils les médecins qui refusent à nos fébrifuges indigènes la faculté de combattre les fièvres intermittentes d'origine paludéenne ? La vérité se fait difficilement jour à travers les préjugés.
Je regarde le chardon étoilé comme un de nos meilleurs fébrifuges indigènes. J'ai employé plusieurs fois avec succès son suc dans les fièvres intermittentes. Cette préparation m'a réussi dans deux cas où la décoction avait
échoué. J'ai souvent associé avec avantage cette plante à l'écorce de sauleet à l'absinthe dans les fièvres automnales cachectiques. Dans tous les casoù les toniques fixes sont indiqués, la chausse-trape peut remplacer lesamers exotiques. Je l'ai substituée au quassia amara. Elle m'a réussi complètement dans la leucorrhée atonique, soit en décoction, soit infusée dans levin blanc, avec addition d'un peu de racine d'angélique. La semence de calcitrape est certainement très-diurétique. Dodonée dit qu'elle provoque l'urine jusqu'au sang si on ne modère son usage. Cette assertion nous paraît exagérée. Je l'ai fait prendre en poudre avec du vinblanc, dans des cas d'hydropisie, où elle a produit une abondante sécrétion d'urine. La racine ne m'a pas paru avoir une action aussi marquée sur l'appareil urinaire. Elle faisait partie, suivant Desbois, de Rochefort, du remède de Baville, qu'on regardait comme très-efficace contre la gravelle.
La semence de calcitrape est certainement très-diurétique. Dodonée dit
qu'elle provoque l'urine jusqu'au sang si on ne modère son usage. Cette
assertion nous paraît exagérée. Je l'ai fait prendre en poudre avec du vin
blanc, dans des cas d'hydropisie, où elle a produit une abondante sécrétion
d'urine. La racine ne m'a pas paru avoir une action aussi marquée sur l'appareil urinaire. Elle faisait partie, suivant Desbois, de Rochefort, du remède
de Baville, qu'on regardait comme très-efficace contre la gravelle.
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