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Ortie (Cazin 1868)

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__TOC__

[722]

== Ortie ==

Voir la page ''[[]]''

ORTIE. Urtica. L.

Urtica urens minor. C. BAUH., TODRN. — Urtica minor. LAM. —• {frfei
minor acrior. LOB. — Urtica urens minima. DOD.
Urtica minor annua. J. BAUH.

Ortie brûlante, — ortie piquante, — ortie grièche, — petite ortie.
URTICBES. Fam. nat. — MONOECIE TÉTRANDRIE. L.

Cette plante annuelle, que tout le monde connaît, croît partout, parai
les décombres, aux lieux incultes et, abandonnés, le long des haies, dans les
jardins.

Description.— Racine pivotante.— Tige de 30 à 50 centimètres, carrée, simple,
garnie de poils brûlants. — Feuilles opposées, pétiolées, ovales-oblongues, profondé-'
ment dentées, couvertes de poils très-brûlants, à stipules caduques.— Fleurs verdàtres,
monoïques, très-petites, les mâles et les femelles réunies dans une même grappe (mai à
octobre). — Calice quadriparli. — Quatre étamines dans les fleurs mâles ; segments du
calice inégaux dans les fleurs femelles, avec un ovaire surmonté d'un stigmate sessik-
Akène recouvert par le calice. — Graines à tête soudée avec l'endocarpe, ovales (et noi
ovoïdes), aplaties, de couleur de paille, luisantes et petites.

Parties usitées. — Toute la plante.

Récolte. — On peut recueillir l'ortie brûlante pendant tout l'été pour l'employer
fraîche ou pour la faire sécher. Sèche, ses aiguillons paraissent encore, mais ils ne
piquent plus.

[Culture. — L'ortie sauvage suffit aux besoins de la consommation; on la pro-
page par semis des graines, elle croît dans tous les terrains.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur de cette plante est
faible; sa saveur, d'abord herbacée, est ensuite aigrelette et astringente. Analysée par
Saladin (1), elle a fourni du carbonate acide d'ammoniaque, surtout dans les glandes
de la base des aiguillons ; une matière azotée, de la chlorophylle unie à un peu de cire,
du muqueux, une matière colorante noirâtre, du tannin uni à de l'acide gallique, an
nitrate de potasse. .

Le prurit, la cuisson et la douleur qu'on éprouve en touchant des orties, ou en frap-
pant une partie avec cette plante verte (urticalion), sont causés par un suc acre, irnl»
et caustique contenu dans une petite vésicule située et adhérente à la base de]»
raides, minces et aigus, dont les feuilles sont hérissées sur toutes leurs faces. Lorsa»
la pointe de ces aiguillons pénètre dans la peau, la vésicule qui lui sert de »*
comprimée, le fluide qu'elle contient traverse ses aiguillons, qui l'insinuent ainsi
la peau.

ORTIE DIOIQUE. — GJRANDE OKTIE, OKTIE COMMUNE, OKTIE VIVACE. Vm
dioïca, L. — Urtica urens maxima, C. Bauh., ïourn. — Urtica comnm,
Lob. — Urtica urens altéra, Dod. — Croît partout dans les lieux incultes,
buissons, etc. Elle est plus commune que la précédente.

Description. — Tiges de 60 à 90 centimètres, tétragones, P"^^'^
Feuilles opposées, lancéolées, cordiformes, marquées de grosses dents suHes™_j^

(1) Journal de chimie médicale, 1830, L VI, p. 492.
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ORTIE: . 723

«msemblables à celles de la mélisse. — Fleurs dioïques, en grappes pendantes; aiguil-
lons moins forts que ceux de l'ortie brûlante, et la cuisson qu'ils causent sur la peau
moins prononcée que celle produite parla piqûre de celle-ci.

parties usitées. — Les mêmes que celles de la précédente.
; Béeolte..— Elle est aussi la même.

[Culture.—Gomme la précédente.]

Propriétés physiques et chimiques; usages économiques.
-Baladin (i) a trouvé dans celte plante du nitrate de chaux, de l'hydrochlorate de
soudé, du phosphate de potasse, de l'acétate de chaux, du ligneux, de la silice, de l'oxyde

': IIB fsr» ''■.-■■•-

' On mange les jeunes pousses d'ortie dans quelques pays. Murray dit qu'elles sont laxa-
tives si on en prend trop. Comme nourriture des bestiaux, la grande ortie est cultivée
S en Suède de temps immémorial. C'est une nourriture saine et assurée, car elle est pré-
? CM et facile à cultiver; le sol le plus aride lui est propre ; elle ne demande aucun soin;
elle supporte toutes les intempéries et se reproduit d'elle-même. On peut la couper deux
ou trois fois dans un été, et tandis qu'au printemps la nourriture manque pour le bétail,
• cette plante est déjà en pleine croissance; on la coupe jeune pour la donner en vert, ou
ï on la laisse plus longtemps sur pied pour l'employer comme fourrage. Le lait des vaches
î qui s'en nourrissent est meilleur et plus abondant. On la dit propre à préserver les bes-
; liaux des épizooties. Les volailles, qui sont très-avides de ses graines, pondent davan-
..•-tagesion en met dans leur pâtée. On mêle les feuilles hachées à la nourriture des din-
donneaux.'bans certains pays on les donne bouillies aux cochons. Les maquignons en
•mêlent une certaine quantité à l'avoine pour donner aux chevaux un air vif et un poil
'-hrjlant..

; •^ tige fibreuse de la grande ortie peut fournir un bon,fil et de bons tissus. Les
, BasHrSj1g& Kamtschadales, l'emploient à la fabrication des cordes, des toiles et des
filets pour fe pêche. Les Hollandais en ont retiré, sous ce rapport, de grands avantages.
„ 11 suit de la couper au milieu de l'été, et de la faire rouir en la traitant comme le
cjianvre, La racine, bouillie avec un peu d'alun, donne une belle couleur jaune. (La
.:■ décoction jaunâtre obtenue par l'ébullition des orties, exposée à l'action de l'air, devient
. verte, La présence des alcalis favorise cette transformation. — Cette matière verte pré-
i sente les caractères du vert de chrome. On s'en sert, vu son innocuité, pour colorer la
lipur d'absinthe) (2). — La semence de la grande ortie, ainsi que celle de l'ortie brû-
lante, 1 est oléagineuse. Il paraît que les Egyptiens, autrefois, en tiraient de l'huile pour
.'l\isage: alimentaire.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

v.'A ii'oerrÉBiEmt. — Infusion ou décoction des
, -feuilles, 30 à.60gr. par kilogramme d'eau.
SucKprimé (avec addition d'un peu d'eau),
. :60à;i25:gr.-

. -Poudre des semences ou des fleurs, 4 à 8 gr.
' .dwteun véhicule approprié, en électuaire,
- pilules,'etc. .

|Eirtfàit(pilez dans un mortier de marbre les
ï jWfeefeles.tiges, exprimez lé suc, laissez
■; -«épurer par le repos et évaporez au bain-
vJWe jusqu'à consistance de miel), 2 à 6
^gPi'etplusi; : -. '

Sirop (suc d'ortie dépuré par l'ébullition et
passé, sucre blanc, de chaque 1 partie; faites
cuire à une douce chaleur, en consistance
sirupeuse), 30 à 60 gr.

A L'EXTÉRIEUR. — Herbe fraîche pour l'urtica-
tion; fraîche ou sèche, en cataplasmes, fo-
mentations, etc ; racine en décoction pour
le même usage.

Alcoolature (Lubanski).
Il est indifférent d'employer la grande ou la

petite ortie.

.V ■ :ta grande ortie et l'ortie grièche ou petite ortie sont astringentes. On les
recommandées dans l'hémoptysie, l'hématémèse, la métrorrhagie, etc.
, jfflGutusLuzitanus, qui se distingua par son habileté pratique, s'exprime

insi sur la vertu de l'ortie contre l'hémoptysie : « Qui sanguinem expectore'
ityectamnt^et ,a medicis tanquam deplorali sunt habiti, solo urticce succo con-
^mwmxPostmulla autem machinata remédia, nullum ita contulit ut sanguis
■f^Mmur^ac\ urticce succus, quem ad quinque vel sex dies ebiberunt :■ singulis

« iwt diébus une. IF jejuno stomacho : imo et ipsam urticam incoctartijùre
y^_^venec^peco7nedebant{S).n y

' ftife* 4' de ^imie médicale, 1830, t. VI, p. 492.
M ™>™ populaire des sciences, 1803.
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724 ORTIE,

Lazerne, Scopoli, Geoffroy, Desbois (de Rochefort) ont aussi vanté cette
plante contre l'hémoptysie; Peyroux et Lange contre la ménorrhagie%
vière (1) en faisait usage dans le flux immodéré des règles, à la dose te
•16 gr. « C'est, dit Chomel, le remède le plus certain contre l'hémoptysie et
toutes les hémorrhagies; je l'ai prescrit, contre la première maladie, à A.
sieurs personnes, et toujours avec succès. » — uSuccus interne sumpmeqn.
gium stipticum est, dit Wauters en proposant cette plante comme succé-
danée du cachou. Joseph Frank (2)' la recommande dans l'hémoptysie.
Sydenham l'employait contre l'avortement et les hémorrhagies utérines"
CoCchius (3) va jusqu'à la regarder comme propre à dissiper efficacement
les tubercules des poumons : « Vint ignis adstrictoriam et vere bahamka
imitatur in sepulta intrà pectus tuberculorum diceresi— »
- Le suc des orties, dit Lieutaud, introduit dans le nez, arrête les hémor-
rhagies ; la racine a le môme effet.

L'ortie était tombée, comme tant d'autres plantes indigènes, dansn
oubli non mérité, lorsque Ginestet, médecin à Cordes-Tolosanes, présentai
F Académie de médecine (4) un mémoire sur l'efficacité de cette plante dans
le traitement des hémorrhagies de i'utérus. Ce praticien rapporte cinq cas
d'hémorrhagies utérines qui furent presque instantanément arrêtées par
l'usage de ce suc, administré à la dose de 60 à 125 gr. Mérat, dans le rap-
port fait à l'Académie sur ces observations, s'exprime en ces termes : «0»
ne peut qu'être émerveillé du succès du suc d'ortie contre des affections
aussi graves. Nous avons à dessein rapporté celle des trois espèces d'hémor-
rhagies, parmi lesquelles celle qui succède à l'accouchement est très-sou-
vent mortelle. Combien de reconnaissance ne devrait-on pas .à celui qui a
remis en pratique un tel moyen? Nous n'avons nulle raison de douter delà
véracité de ces faits, et si nous n'avons pas répété l'emploi du suc d'ortie,
c'est faute d'occasion ; rien n'est plus facile, puisque la plante abonde par-
tout, et que les hémorrhagies utérines ne sont pas rares dans une certaine
classe de femmes. »

Plus tard, Ginestet communiqua à l'Académie un nouveau fait constatait
la propriété hémostatique du suc d'ortie dans une hémorrhagie utérine qui
durait depuis deux mois, et qui avait résisté à tous les autres moyens em-
ployés. Ce praticien assure avoir employé le même moyen avec succès (ta
l'hématémèse, Tépistaxis et d'autres flux de sang. Ducasse, de Toulouse®
s'est bien trouvé de l'emploi du suc dans les hémorrhagies utérines et dans
le traitement des.leucorrhées chroniques. Ginestet'(in Mérat et Delens)na
pas été aussi heureux que le professeur de Toulouse dans le cas d.e leucor-
hée. Enfin, Mérat a joint son témoignage aux faits rapportés par Ginestet:
ce médicament lui a réussi dans un cas très-grave d'épislaxis survenue»
une jeune femme au moment d'accoucher, et qui avait résisté à la plupart
des moyens employés en pareil cas. ,

'Attilio Menicucçi, de Rome, rapporte qu'il a fait usage de cette plante
(urtica urens) dès les premières années de sa pratique, comme d'unnioye
hémostatique dont il a retiré les résultats les plus satisfaisants. Il 1»*
ployée, en outre, avec succès, pour les relâchements de l'utérus, eni intr
duisànt dans, le vagin une éponge imprégnée du suc de cette plante m
d'eau tiède (6).. . u

J'ai employé le suc d'ortie avec un succès presque constant comme
mostatique dans l'hémoptysie, et surtout dans les pertes utennes.fi

.(1) Cent, iv, obs. LXXX.IV.

(2) Pathologie interne, t. II, p. 479.

(3) Vindicioe cort.peruv. Lugd. Batav.,1150.

~[l>) Bulletin de l'Académie royale de médecine, 1845, t. IX, p. 1015. . j3,

(5) Comptes-rendus des travaux de la Société de médecine ce Toulouse, mai iw> i-

(6) Abeille médicale, 1846, t. III, p. 129.
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ORTIE. 725

antres cas, je" citerai'le suivant: * La femme Sueur, âgée de trente-cinq
ans d'un 'tempérament lymphatique, fut atteinte, au mois de juin 1843,
d'une hémorrhagie utérine contre laquelle on avait depuis quinze jours em-
ployé inutilement divers moyens. La malade était dans l'épuisement; le
pouls était faible, la face décolorée, le moindre exercice impossible. Je
•lûinfls prendre un verre (100 gr. environ) dé suc d'ortie, matin et soir. Dès
Je'second jour, l'écoulement sanguin diminua de moitié ; le quatrième jour,
Japerte était entièrement arrêtée. Cette malade prit chaque matin, pendant
'jruinze jours, pour rétablir ses forces, 4 onces (120 gr.) de bière de petite
centaurée et dé racine de tormentille.

(Des observations nouvelles, publiées dans el Siglo medico 1863, n° 5 604 et
605, viennent établir l'efficacité de ce moyen thérapeutique).
. J'ai vu des paysans arrêter l'hémorrhagie nasale en introduisant dans les
narines un morceau de coton imbibé de suc d'ortie. Je croyais d'abord que
te tamponnement était ici le véritable hémostatique; mais, depuis, j'ai vu
ce suc arrêter seul l'hémorrhagie.
, Lesuc d'ortie a été proposé pour combattre la polyurie. D'après les obser-
vations de Friard (1), la décoction d'ortie amenant la suppression des urines,
on peut l'employer avec succès dans cette maladie (ce qui mérite confirma-
tion). Ce médecin fait prendrepar cuillerées, d'heure en heure, un mélange
de 120 gr. de suc d'ortie et d'une once de sirop de karabé. On conçoit que
le sjrop de karabé peut être remplacé par le sirop de pavot et un aromate
indigène quelconque.

On trouve dans les anciennes matières médicales que l'infusion et le suc
d'ortie brûlant ont été conseillés contre les rhumatismes, la goutte, la
grayelle, la petite vérole, la rougeole, les catarrhes chroniques, l'asthme
humide, la pleurésie, etc. Gesner préconisait la racine d'ortie contre l'ic-
tère, sans indiquer les variétés de cette maladie où elle convient. J'ai vu
employer avec avantage par des paysans, dans la gravelle, l'hydropisie, la
jaunisse, la décoction de racines d'ortie et d'oseille (de chaque 30 gr. pour
Ikilogr. 1/2 réduit à 1 kilogr.).

' Les anciens, au rapport de Matthiole, considéraient la semence d'ortie
comme dangereuse. Sérapion prétend que 20 à 30 gr. des semences de la
grande ortie purgent avec excès. Parmi les modernes, la graine d'ortie brû-
lante, suspectée par les uns d'être vénéneuse, est regardée par les autres
comme emménagogue, purgative, diurétique, vermifuge et même fébrifuge.
«Ses semences, ainsi que celles de Vurtica dioïca, exigent, dit Bulliard
(les précautions dans l'emploi. »

' Linné, Vogel, Richter ont vanté l'emploi des fleurs et des semences d'or-
Mdans les flux diarrhéiques, dans certaines affections des voies urinaires.
ïaber (2) emploie l'ortie dioïque contre la diarrhée et la dysenterie.

Jaivu employer et réussir quelquefois, contre l'incontinence nocturne
nonne, chez les enfants, un remède populaire ainsi composé : semence
a ortie pilée, 16 gr.; farine de seigle, 60 gr. ; mêlez et faites, avec un peu
fléau chaude ou froide et du miel, une pâte dont vous formerez six petits
peaux que vous ferez cuire au four ou au foyer, sur une pierre plate. On
au manger un de ces gâteaux tous les soirs pendant huit, quinze ou vingt

Isff3118^' m^dècin à l'armée d'Italie (3), assure avoir employé les fleurs de
* ijj-rand.e et de la petite ortie en substance, infusées dans le vin, contre les
■ "p^s,lntermittentes, tierces, double-tierces, quartes, et contre la fièvre
.Fraicieuse. Le'succès, dit ce médecin, était souvent plus prompt qu'avec

ï 3 ffiSrff!s^es CorrespondenMatt.

! KIUMmti me Uttre insérée dans l'Ami des arts, 17 novembre 1796.
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726 OKTIE.

l'écorce du.Pérou. On ne doit jamais dépasser la dose de 4 gr. T^M
deux ou trois fois par jour. Ce remède, suivant ce même médecin,' esttrk
propre à relever les forces dans l'épuisement qui caractérise la fièvre ter
nicieuse. Il exige les mêmes précautions dans son administration que le
quinquina; enfin, il l'emporte sur l'écorce du Pérou, soit comme tonioue
soit comme fébrifuge. Il est à désirer que de nouveaux essais viennent M.
tifler de tels éloges. Wauters cite la semence d'ortie comme fébrifuge parmi
les succédanés du quinquina.

Bullar (1) a remarqué que les maladies de peau, celles surtout qni sont
accompagnées d'un état cachectique, cèdent promptement à l'emploi delà
décoction et de l'extrait de grande ortie (urtica dioica) (2). Bullar cite parti.
culièrement l'eczéma chronique, l'eczéma impe'tigenodes, la lepra vuhns
le psoriasis diffusa et le lichen agrius. Il recommande en même temps l'em-
ploi d'un régime convenable et de lotions quotidiennes sur tout le corps
avec du savon et de l'eau. Si la langue est chargée, on commencera le traite-
ment par les mercuriaux et les purgatifs doux. Chez les enfants, on se sert
principalement de sirop préparé avec l'extrait d'ortie. Chez les adultes, ni
donne la décoction (30 gr. de feuilles et de tiges dans 1,500 gr. réduits au
deux tiers) pour boisson ordinaire. L'extrait se donne à la dose de 50 centigr.
à 1 gr.

Le suc et la décoction d'ortie ont été employés en gargarisme ou M
collutoire dans l'angine, la stomacace, l'engorgement des gencives, etc. On
.fait, avec les feuilles de cette plante, cuites et réduites enbouillie, des cata-
plasmes résolutifs et détersifs, pour appliquer sur les tumeurs lymphatiques
et les ulcères de mauvais caractère. Les mêmes feuilles, pilées avec un peu
de sel, sont efficaces contre la gangrène et les ulcères putrides.

Je ne l'ai jamais mise en usage dans ces affections ; mais je l'ai vu em-
ployer avec avantage dans la chirurgie vétérinaire pour satisfaire à ces di-
verses indications, et surtout comme résolutive et détersive, en cataplasme,

Tout le monde sait qu'on se sert de l'ortie pour produire sur la peau
l'urtication dans quelques maladies (apoplexie, léthargie, répercussions
exanthémateuses, rhumatismes chroniques, paralysie, anaphrodisie, choléra
asiatique, fièvres graves, typhoïdes, etc.). Ce moyen, regardé par les an-
ciens comme un puissant révulsif, a été conseillé par Celse (3) et par
Àrétée (4), dans la paralysie, le coma, etc. Du temps de Pétrone (satfim)
les libertins épuisés réveillaient les désirs vénériens par l'urtication, tl
Faventinus ne doute pas qu'elle ne soit un moyen de remédier à la stérilité.
Spiritus (S) a remis en pratique l'usage avantageux qu'on faisait autrefois
de l'urtication appliquée sur les cuisses ou les jambes pour rappeler recol-
lement des règles. Pour pratiquer l'urtication, on prend, avec la main c»
verte d'un gant épais, une poignée d'ortie récemment cueillie (de préfé-
rence l'ortie brûlante, comme, plus active), et l'on en fouette la partie*
laquelle on veut la produire. Il s'y développe de nombreuses échauboulu»
et une sorte d'érysipèle avec chaleur brûlante, insupportable. Pnireie'î
cette flagellation lorsque son effet est dissipé, et on l'entretientainsl™
que l'indication l'exige. Ce moyen révulsif, que l'on emploie rarement P
la médecine urbaine, se présente sous la main à la campagne, ou je
fréquemment mis en usage. Je dois dire, en passant, qu'il m'a réussi
la plupart des cas où il est indiqué, mais que, malgré l'éloge quenon

(1) Annales de Roulers et Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. III, P; " ' >,, fSji
' (2) Les deux orties ont les mêmes propriétés : les pharmaciens et les herDorw-
point de distinction en les faisant cueillir.

(3) Caract. acut., lib. ï, c. n.

(4) De re med., lib. m, c. xvn.

(5) Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. IX, p. 77.
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OSEILLE COMMUNE. 727

Marchand (1) et d'autres médecins, je n'en ai retiré qu'un faible avantage
dansla période algide du choléra épidémique,

* (Trousseau, dans sa Clinique (2), s'exprime ainsi à propos de l'urtication dans
■lès fièvres éruptives compliquées : « Lorsqu'au quatrième jour je voyais, se
manifester des signes du catarrhe, alors que l'exanthème morbilleux" aurait
lit apparaître, je faisais fustiger le corps du malade deux ou trois fois dans
•MVingt-quatre heures, de façon à produire sur la peau une abondante
éruption. Cette urtica Lion, moins douloureuse qu'on ne l'imagine, produit
'un effet immédiat. Bien que la fièvre ne cède pas, l'oppression diminue gra-
duellement à mesure que la fluxion vers le tégument externe se prononee.
Un fait étrange, c'est qu'au second jour de ce traitement, l'éruption ortiée,
alors même qu'on emploie la petite ortie (urtica urens), plus active que la
grande (urtica dioïca), est notablement moindre, et à la fin, après trois ou
quatre jours, l'urtication ne produit plus aucun effet. Cela tient, non à ce
Hjuela vie s'éteignant chez l'individu, le venin n'agit plus sur un organisme
qui ne réagit pas, mais à ce que cet organisme s'est habitué à l'action de ce
venin comme nous le voyons s'habituer à l'action d'autres poisons.

H arrive, chez le sujet soumis à plusieurs reprises successives à l'urtica-
tion, ce qui arrive aux filles de la campagne, qui, après un certain temps,
prennent et portent impunément, sur leurs bras nus ces mêmes orties qui,
les premiers jours, agissaient énergiquement sur leur peau. En dernière
.analyse, l'urtication, dans le catarrhe morbilleux des enfants, nous rend
quelques services, et nous en rend plus encore chez les adultes : cela dé-
pend probablement de ce que chez ceux-ci l'affection pulmonaire est moins
grave que chez ceux-là. »

Lukomski (3) obtient une prompte guërison des brûlures en appliquant sur
les parties souffrantes des linges imbibés d'alcoolature d'ortie. Trois ou
quatre fois par jour, on mouille, avec cette liqueur diluée dans une ou deux
f,ois son volume d'eau, la compresse sans l'enlever, afin de causer moins de
douleur. .<

Malgré cette précaution, ce traitement doit être très-pénible).

D'après tout ce que nous venons de rapporter sur l'ortie, n'a-t-on pas lieu
de s'étonner que Cullen, Peyrilhe, Alibert et plusieurs autres médecins,
aient exclu cette plante de la liste des médicaments?... Quand parfois la
science, outrepassant le doute philosophique, tombe dans le scepticisme,
«lie a ses préjugés comme l'ignorance et la crédulité..


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