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Joubarbe (Cazin 1868)

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== Joubarbe ==

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JOUBARBE. Sempervivum tectorum. L.

Sedum majus vulgare. C. BAUH. — Sedum majus. TOURN. ■—Sempmum

majus. GER.

Grande joubarbe, — joubarbe des toits, — jombarbe, — artichaut sauvage, — herbe aux cors,
CRASSULACÉES. Fam. nat. — DODÉCANDRIE DODÉCAGYNIE.

La grande joubarbe (PI. XXII), plante vivace qui, jeune, a tout l'aspect
d'une tête d'artichaut, se rencontre partout sur les toils de chaume, les
ruines, les vieux murs. Elle est honorée, par les habitants des campagnes,
d'une sorte de respect religieux, sans doute à cause de son usage très-
répandu dans la médecine populaire et traditionnelle. Le peuple, dans cer-
taines contrées, lui accorde la puissance d'empêcher les maléfices des sor-
ciers. Les chèvres et les moutons la mangent ; mais les vaches la refusent

Description.— Racines allongées, fibreuses, traçantes, peu ramifiées. - Tige
simple, haute de 30 à 50 centimètres, molle, cylindrique, charnue, soyeuse, ayant (les
rameaux florifères. — Feuilles sessiles, ovales-oblongues, épaisses, tendres et charnues,
formant, près du collet de la racine, des rosettes persistantes du centre desquelles s'é-
lève la tige. — Fleurs roses, purpurines, disposées en corymbe terminal (juillet-aoul-
septembre.) — Calice profondément divisé en douze ou quinze folioles aiguës. -_ Douze
pétales lancéolés.— Vingt-quatre à trente étamines. — Douze à quinze ovaires à styles
simples courbés en dehors. — Fruit : se compose de douze petits follicules velus, glan-
duleux, rapprochés à la base, divergents au sommet, renfermant les semences placées
sur un seul rang, à la sutureae chaque capsule.

Parties usitées. — Toute la plante, et notamment les feuilles.

Récolte. — Il faut choisir les feuilles les plus fortes des rosettes dont la tige n'est
pas encore montée. Cette plante est ordinairement employée fraîche.

[Culture.— Cette plante se propage avec la plus grande facilité par graines,par
drageons, par éclats de touffes ; elle pousse sur les toils et les chaumes, elle ne de-
mande aucun soin.]

Propriétés physiques et chimiques.— Les feuilles de joubarbe otenl
au goût un sentiment de fraîcheur et d'astringence. Le suc contient beaucoup uaw
mine et de sur-malate de chaux.

La joubarbe est réfrigérante, astringente, antispasmodique, détersn.

(1) Ainslie, Matière médicale indienne, t. II, p. 52.

(2) Réveil, Formulaire des médicaments nouveaux, p. 272.
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JOUBARBE. 537

Qnemployait autrefois lesuc de cette plante contre les fièvres inflamma-
toires, bilieuses et intermittentes, la dysenterie, les maladies convulsives,
la chorée, l'épilepsie, etc. C'est un remède vulgaire dans la brûlure, les
inflammations superficielles, les plaies gangreneuses, les ulcères sordides,
les cors, etc.

Boerhaave recommande le suc de joubarbe dans la dysenterie. Roques en
a fait l'épreuve, et avec un succès rapide, sur une fille qui était affectée de-
puis plusieurs jours d'une diarrhée sanguinolente, accompagnée d'épreintes
et de coliques.

. Eeichel (1) a vanté le suc exprimé de la grande joubarbe comme un nar-
cotique spécifique dans les affections spasmodiques qui tiennent à des
troubles fonctionnels de l'utérus, et non à une lésion organique. Autant,
: dit-il, la valériane et le castoréum sont indiqués quand les troubles affectent
le système nerveux, autant la joubarbe convient quand c'est le système vas-
culajre qui est affecté, ce qu'on reconnaît surtout à l'existence de douleurs
.fixes et pulsatives dans la région hypogastrique, de pesanteur dans le bassin,
i l'augmentation de la chaleur animale, à une plus grande rapidité de la
circulation. Le même remède réussit aussi dans l'aménorrhée et la dysmé-
norrhée. Le suc de joubarbe, fraîchement exprimé, s'administre, dans cette
- circonstance, à la dose d'une demi-cuillerée à café, trois ou quatre fois par
jour, dans un peu d'eau sucrée. Si les spasmes utérins, ajoute Reiche], se
portent plutôt sur la sensibilité que sur la circulation; si les extrémités
sont froides, l'urine pâle, on associe ce suc à partie égale d'alcoolé de valé-
riane, et à moitié seulement d'alcoolé de castoréum : on donne 20 gouttes
de ce mélange sur du sucre trois ou quatre fois par jour. On peut prescrire
en même temps pour tisane une infusion de quelques feuilles de la plante
fraîche, associée à des plantes aromatiques, telles que la mélisse.

Selon Tournefort, rien n'est meilleur pour les chevaux fourbus que de
leur faire .avaler une chopine (500 gr.) de suc de joubarbe.

L'usage de la joubarbe, à l'extérieur, a été recommandé dans diverses
'affections. On s'en est bien trouvé dans la surdité qui a pour cause l'endur-
cissement du cérumen, ou une exsudation inflammatoire, que la maladie
soit ou non accompagnée d'un écoulement de mauvaise odeur. On instille
dans ces cas, plusieurs fois par jour, quelques gouttes du suc dans les
oreilles, et on les y maintient avec un petit bourdonnet de coton ouaté.
- ; Eorestùs employait en onctions sur les ulcérations serpigineuses de la face
.(serpigo), chez les enfants, un mélange de suc de joubarbe et de craie pul-
vérisée, en consistance de Uniment. J'ai employé ce Uniment avec avantage
.dansl'eczéma aigu avec exsudation séro-purulente abondante. Leclerc re-
garde comme un excellent remède contre l'ophthalmie commençante la jou-
barbe pilée avec autant de feuilles de fenouil et appliquée sur les yeux.
-■Boyer appliquait sur les irritations de la peau, sur les dartres vives, ron-
geantes,.-^ fissures, les ulcérations profondes, une pommade adoucissante
composée de suc de joubarbe, 90 gr.; d'axonge lavée, de chaque, 90 gr.;
ahuile d'amande douce, 120 gr. Le suc de cette plante, mêlé à parties
égales d'huile de millepertuis, d'eau de chaux et d'axonge, forme une pom-
made employée avec succès contre les affections prurigineuses des parties
.génitales.' ...

M vu employer le suc de joubarbe étendu dans une suffisante quantité
aeajven gargarisme, avec du miel, dans l'angine tonsillaire. Il m'a paru
produire un très-bon effet dans cette affection, où, comme on sait, les
astringents réussissent beaucoup mieux que les émollients. Ce même suc,
™ ou battu avec de l'huile d'olive ou de noix, appliqué sur les brûlures
W premier et du deuxième degré, apaise les douleurs et prévient les

''■ (1) Abeille mèdicale^t. III, p. 317.
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538 JOUBARBE.

phlyctènes ; mais il faut en renouveler souvent l'application. On a préconisé
les injections pratiquées avec le suc de cette plante dans le cas de fissures à
l'anus. Je l'ai vu produire aussi de bons effets dans les inflammations trau-
matiques, les hémorrhoïdes douloureuses, etc., comme réfrigérant. En cette
dernière qualité, j'ai souvent appliqué la joubarbe pilée sur le front pour
calmer la céphalalgie fébrile; elle m'a fréquemment réussi dans ce cas•
mais, comme pour les brûlures, je faisais constamment renouveler ce to-
pique, que tous les paysans connaissent et emploient journellement, fls
tiennent aussi du suc de joubarbe dans la bouche pour s'opposer à la sé-
cheresse de la langue dans les fièvres bilieuses, inflammatoires ou typhoïdes,
J'ai vu, dans ces circonstances, de même que dans les aphthes, des malades
éprouver beaucoup de soulagement, en se gargarisant avec un mélange de
ce suc, d'eau et de miel. Je fais usage dans le muguet du collutoire suivant:
suc de joubarbe et miel, de chaque 60 gr.; alun, 1 gr. 20 centigr. On en
fait l'application plusieurs fois par jour avec un plumasseau.

Des hémorrhagies nasales ont cessé à l'instant même par l'effet d'un cata-
plasme de feuilles de joubarbe pilées avec du vinaigre et appliqué à froid
sur le scrotum. Cette plante est un remède populaire contre les cors. On
dépouille les feuilles de leur cuticule, puis on les applique sur les points
malades; elles dissipent les douleurs et cautérisent peu à peu les parties en-
durcies. Le suc de cette plante et celui de lierre, mélangés à parties égales,
dont on imbibe un peu de charpie fine, qu'on pose sur le cor en l'y main-
tenant à demeure, est un topique qui, dit-on, le détruit en deux ou trois
applications.

JOUBARBE (PETITE). Sedum acre. L.

Sempervivum minus vermiculatum acre. C. BAUH. — Sedum parvum un
flore luteo. J. BAUH., TOURN. — Vermicularis sive illecebra
minor acris. GER. — Illecebra minor, sive
sedum Dioscoridis. PARK.

Vermiculaire, — vermiculaire brûlante, — sedon acre, —joubarbe brûlante, — sedon brûlant,
orpin brûlant, — poivre des murailles, — illecebra, — pain d'oiseau,
herbe Saint-Jean.

CRASSULACÉES Fam. nat. — DÉCANDRIE PENTAGYNIE. L.
Cette plante vivace (PI. XXII), qui n'appartient pas au même genre que
la précédente, croît sur les vieilles murailles et dans les lieux secs, pier-
reux, sablonneux.

Description. — Racine : souche grêle, rampante, un peu fibreuse. - Tiges
nombreuses, peu rameuses, longues de 5 à 10 centimètres. — Feuilles nombreuses,
épaisses, droites, courtes, pressées, ovoïdes, devenant jaunes en vieillissant. — Fleurs
sessiles, d'un beau jaune, situées le long des rameaux d'une cyme séparée ordinairement
en trois branches (juin-juillet).— Calfce à cinq divisions. — Cinq pétales ovales,lan-
céolés, aigus. — Dix étamines, quelquefois douze. — Cinq ovaires. — Cinq styles.-
Fruit consistant en cinq capsules uniloculaires réunies par la base, ouvertes en étoiles
au sommet, polyspermes ; graines verruqueuses.

Parties usitées. — Toute la plante.

Récolte. — Elle est souvent employée fraîche ; on la trouve verte pendant tome
l'année ; mais elle n'a acquis, toute son énergie qu'en septembre ou octobre. Quand
veut la conserver, on la fait ordinairement sécher au four.

[Culture. — Comme la précédente.]

Propriétés physiques et chimiques. — Celte plante est inodore et
d'une saveur chaude, piquante et acre. Son âcreté, qui paraît résider dans le suc,
perd presque en entier par la dessiccation. Sa décoction aqueuse, jaunâtre, mou» <
acre et nauséeuse, n'éprouve aucun changement par le contact du sulfate de 1er.
principe acre de cette plante accompagne une matière grasse que dissout l'éther ;
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JOUBARBE.

539

en digestion.sur le résidu éthéré de cette solution se charge du principe acre, d'après
Cavéntoii. Ce principe consiste, suivant ce chimiste, en une matière qui a quelque ressem-
ijiance,avec la bile cyslique, d'une âcreté extrême, qui persiste longtemps dans l'arrière-
bèuchê. 30 gr. 1/2 de sedum aire lui a fourni environ 2 gr. de cette matière jaune, de
sorte que 10 centigr. de celle-ci équivalent à 2 gr. de vermiculaire,

: PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A ^INTÉRIEUR-—Décoction, dans l'eau ou la
bière (une poignée pour 1 kilogr. d'eau).

Suc dépuré, de 4 à-15 gr., et même 30 gr.,
selon l'effet qu'on veut produire.

Poudre,, de 25 centigr. à 1 gr. dans un véhi-
cule approprié.

A L'EXTÉRIEUR. — Suc pur ou délayé, décoc-
tion dans la bière ou dans l'eau, pour lo-
tions, fomentations, en cataplasmes, après
l'avoir pilé.

iLe.sedon brûlant est un poison acre. Le suc des tiges et des feuilles, pfis
à la,dose de 30 gr., provoque d'abondantes évacuations et l'inflammation du
tube digestif. Orfila a constaté par des expériences qu'à la dose de 185 gr.
ce suc devient un véritable poison pour les chiens. 11 a trouvé la membrane
muqueuse d'une couleur rouge de feu dans la moitié qui avoisine le py-
lore; le canal intestinal parut sain. Dans le cas d'empoisonnement par ce
végétai, on aurait recours au traitement indiqué aux articles BRYONE, CHÉLI-
ppmB, etc.

Considérée au point de vue thérapeutique, cette plante est un éméto-
catîiartique violent, et que l'on ne doit administrer qu'avec une extrême
prudence. A dose modérée, elle a une action secondaire ou consécutive
sur différents appareils organiques qui lui a fait donner les qualifications
de (diurétique, apéritive, fébrifuge, fondante, etc., etc.; et, comme beau-
coup d'autres plantes actives, elle a été employée dans le traitement de
plusieurs maladies, et particulièrement contre le scorbut, les fièvres inter-
mittentes, f hydropisie, l'épilepsie, la chorée, etc.

Linné (1) dit qu'on donne la vermiculaire en Suède contre le scorbut.
Gunner, Borrichius (2), prétendent avoir guéri des milliers de scorbutiques
avec cette plante. Below (3), médecin suédois, l'administrait à l'intérieur
en.décoction dans le lait ou la bière contre cette affection, et l'appliquait
sur les ulcères et sur les contractures des membres qui surviennent quel-
quefois dans,certaines périodes du scorbut. PourTusage interne, il faisait
bouillir à vase clos huit poignées de vermiculaire dans 8 livres de vieille
bière, jusqu'à réduction de la moitié, et en faisait boire chaque jour, ou de
deux jpurs,l'un, 100àl20 gr. le matin à jeun. Les malades qui vomissaient
.îles,premiers jours étaient plus tôt guéris. Chez ceux dont les gencives
étaient gâtées, et dont les dents vacillaient, il ordonnait un gargarisme
composé de cette.décoction, à laquelle il ajoutait un peu d'alun et de miel
irosatiLange, dans les mêmes indications, mitigeait cette plante en la fai-
sant jhouiilir^^^

Dans quelques parties de la Suède, au rapport de Linné, cette plante est
■employée i contre les fièvres intermittentes; on fait prendre, une heure
ay^nt l'accès, la décoction d'une poignée des feuilles dans 1 kilogr. de
:lnère réduite -à moitié, divisée en plusieurs tasses; ce qui suffît pour couper
ces,fièvres..OEl est à remarquer que ce remède produit un ou plusieurs vo-
Pjssements. Les gens du peuple de Brunswick, pour se guérir des fièvres
intermittentes, se font vomir en avalant une demi-cuillerée de suc exprimé
a? cette joubarbe mêlée avec du vin. Boerhaave avait déjà fait connaître
Pun charlatan employait l'infusion de cette plante pour guérir la fièvre
quarte et d autres affections chroniques.

-Ii!f?,'nJe^eX!'"n«.p-i59-

' hll?qlUafd'Monte» vénéneuses, p. 345.
( 3) **; ntur. cur., déc. 1, an. vi, obs. 22.
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540 JOUBARBE.

A la dose de 4 à 8 gr., le suc de sedum acre excite seulement quelques
nausées et agit comme diurétique efficace. Donné sous cette forme comme
altérant, Gilibert le recommande comme un excellent remède dans les em-
pâtements des viscères abdominaux, dans l'ictère et dans la chlorose,
Blegny (1) dit que l'eau distillée du suc de cette plante, à la dose de 4 onces
(120 gr.), mêlée à 1 once (30 gr.) de suc de citron, est utile dans la colique
néphrétique, et pour faire rendre des graviers. N'oublions pas, toutefois
que l'emploi de ce médicament dans ces cas doit être subordonné à l'état
des organes malades, et qu'il serait dangereux quand il y a irritation ou
phlegmasie chronique des voies urinaires.

Plusieurs faits, publiés en Allemagne et en France, semblent annoncer
que cette plante a été administrée avec succès dans quelques cas d'épilepsie;
mais, ainsi que la plupart des praticiens l'ont remarqué, cela n'a pu arriver
que lorsque les purgatifs et les vomitifs quelconques auraient pu amener
le même résultat, en produisant les mêmes effets révulsifs. Ne peut-on
pas en dire autant de son administration avant l'accès des fièvres intermit-
tentes ?

Quoique les bons effets de ce remède dans l'épilepsie ne puissent être
attribués, ainsi que nous venons de le dire, qu'à son action sur le tube
digestif comme émélo-calhartique, ils n'en méritent pas moins d'être pris
en considération par les praticiens. Consultez : Laubender (2), cité dans le
Journal de médecine de Leroux (3); Peters (4) ; le Journal des progrès, année
1829; Fauverge (S); Godier (6).

Esquirol, au rapport de Mérat et Delens, a employé ce médicament sur
une douzaine d'épileptiques, à la dose de 6 gr. par jour, pendant deuxoa
trois mois, sans le moindre succès. » Mais cette dose d'un gros et demi, qui
ne produisit que quelques nausées, nous fait craindre, disent Mérat et Delens,
que le médicament n'ait été mal préparé, outre qu'on sait combien ils
sont mal pris en général dans les hôpitaux, où les expériences sont presque
toujours peu suivies. » Le défaut de vomissement, et par conséquent de
révulsion, me paraît une cause suffisante de non-réussite, et vient à l'ap-
pui de l'opinion que j'ai émise plus haut sur l'action de la vermiculaire
dans l'épilepsie. Néanmoins, on peut conclure, avec Mérat et Delens :
1° que le sedum acre a presque toujours été utile contre cette maladie;
2° qu'il a le plus souvent éloigné les accès et diminué leur intensité;
3° que quelques malades ont été complètement guéris.

Déjà Quesnay (7) avait employé avec succès la vermiculaire fraîche en to-
pique dans le cancer, lorsque Marquet (de Nancy) (8) vint fixer de nouveau
l'attention des praticiens, en publiant un assez grand nombre de faits sur
cette plante dans le traitement des affections cancéreuses, des plaies gan-
greneuses, des ulcères de mauvaise nature, de la teigne. Ce praticien faisait
piler la plante dans un mortier, et après l'avoir réduite en pâte, il y ajoutait
un peu d'huile d'olive, et en faisait un cataplasme qu'il appliquait soir et
matin sur la partie malade. Dans les ulcères fistuleux, il pratiquait des in-
jections, soit avec le suc, soit avec la décoction. Plusieurs autres praticiens,
tels que P. Em. Hartmann (9); Doron, médecin de Saint-Diez; d'Arbois,
chirurgien à Réthel ; Tournin, chirurgien de l'empereur d'Autriche; Robert,

(1) Zodiac, gall., ann. m, p. 71.

(2) Annales de médecine d'Allembourg, 1804.

(3) Tome X, p. 453.

(4) Journal de Hufeland, février 1815.

(5) Journal général de médecine, t. XCVIII, p. 152.

(6) lbid.,t. CVIII, p. lil.

(7) Traité de l'art de guérir par la saignée. Paris, 1736.

(8) Observations sur la guérison de plusieurs maladies notables. Paris, 1750. Fral!Cfort,

(9) Dissert, de sedo aeri Linn., ejusque virtute in eanero aperto et exulcemo. n
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JOUBARBE. 541

efPierrot, chirurgien de Nancy; Tournon et Verney, etc., disent avoir aussi
à se louer de l'emploi de cette plante dans les affections où Marquet l'avait
employée avec succès.

Hévin prescrit dans le noli me tangere l'application assidue de la petite
joubarbe vermiculaire. On l'applique, dit cet auteur, après l'avoir légère-
ment contuse avec le manche d'un couteau pour en exprimer le jus. Lom-
bard (1) rapporte trois cas de guérison de cancer par l'emploi du sedon
acre. Dans l'un des cas, il s'agit d'un chancre hideux au nez, dont la guéri-
son M opérée en trente-deux jours. Pilhes (Roques), inspecteur des eaux
d'Ussat, s'est également bien trouvé de l'usage de cette plante dans deux cas
d'ulcères cancroïdes. Tarbès (2) a vu le même moyen guérir en vingt-neuf
jours un ulcère cancéreux à la lèvre inférieure, chez un homme de quarante-
cinq ans. Buniva, de Turin (3), dit que les Piémontais font un fréquent usage
de cette plante dans le traitement des ulcères cancroïdes, et que les succès
qu'ils en obtiennent sont très-nombreux. Royer (4), médecin-vétérinaire à
Montpellier, s'est servi du sedon brûlant pendant vingt-huit ans, et en a
retiré des avantages marqués dans les ulcères cancéreux des chiens, dans le
traitement des ulcères rebelles, à la suite des gales humides et opiniâtres.

.Alibert a eu occasion d'essayer les effets de cette plante sur un cancer
ulcéréjlu sein et sur un ulcère cancéreux du nez. L'application en fut sup-
portée difficilement durant les premiers jours; mais ou s'y habitua peu à
peu. «Le résultat que nous avons obtenu, dit Alibert, semble prouver
qu'elle (la petite joubarbe) est douée de vertus détersives très-énergiques. »

Je n'ai trouvé dans la vermiculaire, appliquée sur les cancères ulcérés,
qu'une propriété fortement détersive, mais rien de spécial contre ces affec-
tions. Il est vrai que je ne l'ai mise en usage que dans le cancer du sein, où,
je dois le dire, la décoction de cette plante ou son suc, selon l'effet plus ou
moins actif que je désirais produire, m'a été très-utile dans tous les cas où
j'avais en vue de diminuer là fétidité de l'ichor cancéreux, de combattre
lagangrène, de dégorger les surfaces fongueuses. Je n'ai pas eu l'occasion
deTappliquer sur des ulcères cancéreux ou cancroïdes de la peau.

Le sedum,acre a été employé comme résolutif dans le traitement des
tumeurs du sein. Debout (5) rapporte le fait d'une tumeur au sein qui, jus-
qu'à la ménopause, était restée complètement stationnaire. A cette époque,
etsans que la tumeur eût fait des progrès notables, la malade conçut des
inquiétudes et consulta. Divers remèdes furent inutilement employés. Elle
eut recours alors à un cataplasme composé, dont la partie active était le
.u$m acre. Dès les premières applications de ce topique, la douleur inter-
mittente, dont la tumeur était le siège, avait perdu de sa fréquence et de son
acuité. La malade continua ce moyen pendant plusieurs mois. Le volume de
la:taneur.diminua peu à peu et disparut enfin complètement.
,; .Jette plante, pilée et réduite en pulpe, appliquée sur les tumeurs blanches
Wolentes, Thydarlhrose, les engorgements lymphatiques et glanduleux, a
souvent produit de bons effets. Dans ces cas, je la mêle quelquefois avec
ps ou moins de feuilles d'oseille comme pour les feuilles d'arum, dont
laction résolutive est à peu près la même.

: Les succès que Marquet a obtenus de l'emploi du sedon acre contre la
jeigne sont de nature à appeler l'attention des praticiens. Pendant quarante
fis,qulia appliqué cette plante pilée sur la tète des teigneux, il dit avoir
wujours réussi. C'est, ajoute-t-il, un doux caustique qui enlève et fait tom-

(2) irn 1" 1 ghéral demédeoine, t. XXVIII.

■Wftii. -, -"-.:
$) Bulletin.général de thérapeutique, t. XLI, p. 541.


[542]

ber toutes les croûtes, sans causer aucune douleur. Doron a guéri des tei-
gnes qui avaient résisté à tous les moyens employés en pareil cas, en appli-
quant sur la tête un mélange de parties égales de vermiculaire et de beurre
fondu.

Le suc et la pulpe dé petite joubarbe jouissent de beaucoup de vogue
dans le peuple pour le traitement des cors et des durillons. On alterne l'em-
ploi de cette dernière avec celui de la grande joubartie, qui est même plus
fréquemment employée et qu'on applique entière, après avoir enlevé la pel-
licule qui la recouvre.

La vermiculaire, plante vulgaire, presque abandonnée, et pourtant très-
énergique, doit appeler l'attention des praticiens.

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