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Germandrée (Cazin 1868)

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__TOC__

[478]

== Germandrée ==

Voir la page ''[[]]''

GERMANDRÉE. Teucrium chamoedrys. L.
Chamoedrys major repens BAUH., TOTJRK.^— Tvissago. sive chamoedrys. MAI
Chamoedrys trissago BLACK:—Quercula calamandrina. SCHROED.

Germandrée officinale, -~ petit chêne, — chçnette, — sauge-amfere, — chasse-fi&f*
LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYKAMIE GYMNOSPEMUE- I"
La germandrée, plante vivace (PI. XX), vient spontanément dans tout
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GERMANDRÉE. 479

Erànce, suri l'es coteaux arides, dans les bois montueux, calcaires, les ter-
ïâins sablonneux et secs.

ïf%$jt$LQiièià. — Racines grêles, jaunâtres, un peu rampantes, garnies de fibres
•inrtësj déliées. — Tiges de 15 à 25 centimètres, nombreuses, grêles, un peu couchées
Vers le bas, peu rameuses, velues. — Feuilles opposées, oblongues-lancéolées., courte-
-jn'énl pétioléës, crénelées, lisses, d'un vert gai en dessus, plus pale et peu velues en
•dessous, quelquefois un peu lobées à leur contour. — Fleurs purpurin s ou rosées,
-quelquefois blanches, réunies deux et trois à l'aisselle des feuilles supérieures (qui sont
souvent colorées), courtement pédonculées, en grappes terminales l'euillées (juillet-
septembre). — Calice pubescent, souvent teint de pourpre, à cinq dents pointues,
■presque égales. — Corolle d'apparence unilabiée, à tube court inclus dans le calice;
Itre supérieure très-courte et profondément fendue; lèvre inférieure pendante, à
uW lobes, dont deux latéraux petits, oblongs ou lancéolés-, le moyen beaucoup plus
grand, concave, entier. — Quatre étamines didynames faisant saillie par la fente de la
ièvïê supérieure, [à filets grêles, subùlés, glabres, à anthères ovoïdes, réniformes et
TÔÙgeâtres. — Ovaire composé de trois carpelles ovoïdes, surmonté d'un style simple et
i'nn-stigmate bifide. — Fruit formé de quatre akènes obovales, nus, glabres, soudés-à
labase.J
Parties usitées. — Les feuilles et les sommités fleuries.

[Culture. — La germandrée croît a peu près dans tous les sols ; on la propage de
"graines semées en place ou sur Couche, ou par séparation des pieds faite au printemps
M l'automne.]. . •

Béeolte.— On doit choisir celle qui est courte, garnie de feuilles nombreuses. On
la récolte au mois de juin, et on la fait sécher comme toutes les autres plantes. Lors*
Qu'elle est bien séchéé, elle conserve sa saveur, sa couleur verte et ses vertus.

, Propriétés physiques et chimiques. — Le chamoedrys, d'une odeur
faiblement aromatique et .d'une saveur amère, contient de l'huile volatile et une grande
jftopjirtion d'un principe extractif amer. L'eau dissout ses principes actifs, l'alcool
n'e'ù prend qu'une partie.

-* ' PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

AïfflTÉniEun. — Infusion,' de 30 à 60 gr. par

kilogratamo d'eau.
Pondre, de 2 à 10 gr., en bols, pilules, ou
'. ; 3ànB un liquide approprié.

Eau distillée, de 50 à 100 gr., en po-
tions.

Extrait, de 1 à 8 gr., en bols, pilules, ou dans
du vin.

;■ i La gèrmanèrée ia'jïiïui; d'une grande réputation. Elle a été préconisée
contre lesengorgements déjà rate, l'ictère, les scrofules, l'asthme, le ca-
'vfrrlië pulmonaire chronique, l'aménorrhée, l'hypochondrie, le scorbut, et
;^tout contre les fièvres intermittentes et la goutte.
l' M'aJbéaué0Ùfi trop exalté les vertus de cette plante. C'est un tonique
1 |ffler qui n'a rien de' plus spécial que beaucoup d'autres amers indigènes
rwî'onradteiifiistfe dans tous les cas où une légère médication tonique est

■ ''-"iîc/^y.'i'l^ /v_'i" > ■ ^

\ *fe qualités, physiques de la germandrée, ditChaumeton, ne me semblent

.;«nt;.âs'sez prononcées pour justifier la grande renommée dont cette plante

\*jo.ufcdepuis les temps les plus'reculés jusqu'à nos jours. Pline, qui ne

■iS'a|puiè,'sôuvent que sur des récits incertains, la dit très-efficace contre la

Joux invétérée, les affections pituiteuses de l'estomac, les douleurs de côté,

.'nfdropisie commençante, etc. Suivant Prosper Alpin, les Egyptiens l'op-

: WfetiaTCe.cpnfiance aux fièvres intermittentes, contre lesquelles Matthiole,

; Jloerhaave, iRivièrei Chaumel, Baumes, proclament aussi ses bons effets. On

; â;iuesignait autrefois^ en Italie, sous un nom qui signifie herbe aux fièvres.

, toBrèi;Trp'ussèàu et Pidoux, il y a probablement quelque rapport entre

; 'we propriété et ee que les auteurs grecs, puis arabes, ont toujours ra-

conté.sur son action désobstruante des viscères et surtout de la rate : Lienem
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480 GERMANDRÉE AQUATIQUE.

absumit chamoedrys. Vitet recommande comme succédanée du quinquina
dans les fièvres intermittentes, une forte décoction (deux fortes poignées et
même quatre dans 500 gr. d'eau), à prendre en deux verres, le matin à
jeun, en réitérant chaque jour, même pendant une semaine après la dissi.
pation de la fièvre.

Les médecins de Gênes, d'après Vésale, firent prendre au gouttew
Charles-Quint, pendant soixante jours, une décoction vineuse de german-
drée, sans obtenir la guérison que ces médecins lui avaient promise. Sot
nander et Sennert ont également vanté cette plante contre la goutte. Tour-
nefort dit que de son temps elle était fort en vogue contre cette maladie
mais qu'il n'a pas reconnu, pour son compte, que sa propriété antigout-
teuse fût très-marquée. Cependant, Carrère raconte que son grand-père, qui
était sujet à la goutte, en a fait usage avec succès pendant quarante ans,

«On a trop exalté, sans doute, son utilité dans les affections arthri-
tiques, dit Bodart; mais on ne peut refuser à la germandrée beaucoup d'ef-
ficacité comme tonique amer dans les maladies goutteuses qui reconnais-
sent pour principe une débilité sensible dans les fonctions digestives(l),i
Ces réflexions sont très-justes; mais nous possédons une foule de piaules
amères beaucoup plus énergiques, tant pour remplir cette indication que
pour combattre les fièvres intermittentes, les affections catarrhales, la débi-
lité des voies digestives, etc. En réduisant, toutefois, les propriétés de h
germandrée à leur juste valeur, elles trouvent leur application dans les cir-
constances qui n'admettent que l'usage gradué des toniques. C'est ainsi que
j'emploie avec avantage l'infusion de cette plante après la période d'irrila- .
tion des fièvres muqueuses, lorsque l'état de l'estomac et des intestins ne
permet pas encore l'administration de toniques plus énergiques, bien que
ceux-ci soient indiqués par la débilité générale du malade : ce sont des
nuances thérapeutiques que l'observation apprécie et que l'expérience con-
firme.

(Chomel employait l'infusion dans la convalescence des fièvres conti-
nues. Trousseau, dans sa pratique, ordonne de prendre, la veille de l'admi-
nistration du kousso, deux tasses d'infusion concentrée de germandrée.)

GERMANDRÉE AQUATIQUE. Teucrmm scordium. L,
Scordium. J. BAUH et C. BAUH. — Scordium legitimum. PARK.

Chamaras, — germandrée d'eau, — scordium.
LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.

Cette plante, beaucoup plus énergique que la précédente, croit dans te
terrains numides et marécageux du midi de la France.

Description. — Racines fibreuses. — Tiges faibles, velues, rameuses, couchées
en partie sur la terre, de 1 à 6 décimètres. — Feuilles opposées, molles, OÏ«,
oblongues, d'un vert blanchâtre, pubescenles, dentées. — Fleurs blanches, bleuâtres
ou purpurines, ordinairement deux à chaque- aisselle, courtement pétiolées (ji*
août). — Calice tubulé, à cinq divisions aiguës. — Corolle labiée; lèvre supérieure!*;
petite, profondément fendue en deux dents contre lesquelles sortent quatre éW*
didynames ; lèvre inférieure grande, trifide. — Ovaire à quatre lobes. — Style su»
à stigmate bifide. — Fruit : akènes nus au fond du calice.

Parties usitées.— Les feuilles et les sommités.

[Culture. — Cette plante vient dans tous les sols ; on la propage de graines *
mées en place et de boutures.]

Récolte. — Elle doit être faite pendant la floraison. La dessiccation lui failp«*
une grande partie de son odeur alliacée. Elle peut être regardée comme trop w

(1) Botanique médicale comparée.
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GERMANDRÉE AQUATIQUE. 481

ouand cette odeur est complètement dissipée. Cependant, elle conserve son amertume.
Le scordium qui croît dans le Midi est considéré comme plus actif que celui des autres
parties de la France.

Propriétés physiques et chimiques.— Le scordium exhale une odeur
forte pénétrante, alliacée, surtout quand on le froisse entre les doigts. Le principe
alliacé de cette plante est si pénétrant qu'il infecte le lait des vaches. Le beurre pré-
rare avec ce même lait a un goût détestable. — Le scordium contient un principe
iommo-résineux amer, dépositaire de son action stimulante. — Winckelb (1) y a signalé
un principe amer particulier. (La scordiuine est jaune de corne, aromatique, soluble dans
les alcalis et l'alcool), insoluble dans l'eau froide, donnant une saveur très-amère à l'eau
bouillante, etc. — Selon Newmann et Cartheuser, l'extrait alcoolique qu'on retire de
cette plante est moins abondant, mais plus amer et plus actif que celui qu'on obtient par
l'eau.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 30 à 60 gr. par

kilogramme d'eau.

Snc exprimé et clarifié, de 15 à 60 gr.
Estrait, de 3 à 10 gr., eu pilules ou dans du

vin.
Extrait alcoolique, 2 à 6 gr.

AL'ECTÉHIEDR. — En décoction ou infusion
'aqueuse ou vineuse, en cataplasme, etc.

La germandrée aquatique entre dans le
diascordium.

Le scordium entrait dans un grand nombre
de préparations pharmaceutiques, parmi les-
quelles on peut citer l'essence alexipharma-
que de Stuhl, l'eau vulnéraire, la thériaque,
le diascordium, éloctuaire opiacé, qui lui doit
son nom, et dont on fait encore usage aujour-
d'hui.

Cette plante, presque entièrement oubliée de nos jours, et que des pro-
priétés non équivoques recommandent, était employée dès le temps d'Hip-
pocrate. Ses vertus ont été l'objet d'une sorte de culte. On fit honneur à
Mithridate de sa découverte, de ses merveilleuses propriétés, et les flatteurs
du roi de Pont donnèrent même à cette plante le nom de mithridation. Ga-
lien rapporte qu'à la suite d'une bataille, les morts qui étaient gisants aux
endroits où cette plante était abondante, se corrompaient moins vite, et
qu'ainsi fut découverte sa propriété antiseptique. Dès lors elle devint une
des plantes les plus estimées de l'antiquité; elle fut surtout préconisée
contre la gangrène, les maladies putrides et les poisons.

Parmi les modernes, Rondelet, Guillaume et Pélissier, évoque de Mont-
pellier [in Lobel), ont exalté les vertus du scordium à tel point que l'on a été
jusqu'à le considérer comme le spécifique de la peste. Le baron de Busbec,
dans son voyage à Constantinople, s'en servit pour guérir les gens de sa
suite, atteints de cette maladie après s'être partagé les dépouilles d'un Turc
qui en était mort. «L'odeur du scordium, dit Loiseleur-Deslongchamps (2),
semblable à celle de l'ail, que le vulgaire s'est plu à considérer comme une
sorte de préservatif contre les contagions, est peut-être la cause de ces
exagérations.»

L'expérience, en dissipant les erreurs enfantées par l'ignorance et l'amour
du. merveilleux concernant le scordium, nous a laissé quelque chose de
réel au fond de son creuset. On ne peut refuser à cette plante une propriété
tonique et stimulante, dont l'action physiologique facilite la digestion,
accélère la circulation, augmente la chaleur générale, l'exhalation cutanée,
la.sécrétion de l'urine, etc., avec plus ou moins d'effet sur telle ou telle de
c?s fonctions, suivant les dispositions particulières des organes propres à
chacune dalles. Elle peut donc être employée avec avantage dans les mala-
dies qui tiennent essentiellement à un état de débilité bien caractérisé,
?B,pt les fièvres muqueuses avec prostration des forces, la fièvre
typhoïde, après avoir combattu les points phlegmasiques intenses, s'il en

pste; la paralysie sans congestion sanguine au cerveau, la chlorose, l'amc-

JPuee atonique, l'anasarque, les cachexies, les catarrhes chroniques,

S] Me'in *», sciences médicales. Férussac, t. XVII, p. 174.
i1 muonnatre des sciences médicales, t. L, p. 266.


[482]

hm~ GERMANDRÉE MARITIME.

l'asthme humide, etc; Je me suis bien trouvé de l'usage de l'infusion de
scordium dans les- fièvres muqueuses-vermineuses qui régnent fréquemment
en automne dans les campagnes marécageuses du Calaisis et de l'Ardrésis
Dans les fièvres putrides, après l'administration de quelques purgatifs sa-
lins, ou mieux de la crème de tartre, je mè suis souvent contenté, pour
tout traitement, de la décoction concentrée d'écorce de saule et de som-
mités de scordium, à laquelle je mêlais quelquefois un peu de vin ou de
teinture d'angélique. Par ce traitement simple et pourtant très-efficace
le pauvre ménager n'était pas dans la triste obligation de dépenser eu
quelques jours, pour des drogues officinales^ le fruit des pénibles travaux
de-l'a moisson.

Le scordium a toujours été considéré comme anthelminthique et comme
fébrifuge. Son amertume et son odeur alliacée, suivant Roques, mettent
promptement en fuite les vers lombricoïdes. Sa propriété vermicide m'a
paru plus faible qu'on ne le croit généralement, et celle qu'on lui a attri-
buée comme fébrifuge est douteuse. Elle ne m'a pas réussi dans trois cas de
fièvres intermittentes où je l'ai employée, et comme vermifuge je l'ai mise
en usage sans en éprouver un succès bien constaté. Entre autres faits, je
citerai celui d'un enfant de quatre ans qui, après en avoir pris en infusion
concentrée pendant cinq jours, ne put être débarrassé de plusieurs asca-
rides lombricoïdes que par l'emploi de l'ail bouilli dans le lait. Il est vrai
qu'on ne peut rien conclure de ce seul fait, attendu que tel vermifuge qui
réussit, chez un sujet ne réussit pas chez un autre.

Sans attacher au rapport de Galien sur les vertus antiputrides du scor-
dium plus d'importance qu'il n'en mérite, on peut employer cette planteà
l'extérieur comme stimulant antiseptique, soit en lotion ou cataplasmes,
soit en poudre, contre les ulcères sordides ou atoniques, la gangrène, la
pourriture d'hôpital, etc. Je l'ai appliquée sur un ulcère qu'il a parfaite-
ment détergé. L'infusion ou la décoction de scordium dans le vin ou le
vinaigre, avec addition d'un peu d'alcool camphré ou d'acide hydrochlo-
rique, ou tout simplement une suffisante quantité de sel commun, est un
des meilleurs topiques que l'on puisse opposer à la gangrène.

GERMANDRÉE MARITIME. Teucrium marum. L.

Chamoedrys maritima incana frutescens foliis lanceolatis. TOUM.
Marum verum, seu marum Syriacum. OFF., MTJRR.

Germandrée cotonneuse, — herbe aux chats, — marum.
LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.
Ce sous-arbrisseau (PI. XX), remarquable par sa blancheur, croît sur les
bords de la Méditerranée, aux îles d'Hyères, dans les lieux stériles, rocail-
leux. On le cultive dans les jardins. Les chats aiment le marum autant crue
la cataire et la valériane. Ils se roulent sur lui, le lèchent, le mordent avec
délices, le baignent de leur urine, et même quelquefois de leur sperme.

' Description.. — Racine chevelue. — Tiges nombreuses, droites, cotonneuses,
très-blanches, grêles, d'environ 30 centimètres de hauteur. — Feuilles opposées, très-
petites, entières, ovales-acuminées, d'un vert grisâtre en dessus, tomenteuses (
blanches à leur revers. — Fleurs purpurines, en épis terminaux allongés et fort gr»
(juillet-août). — Calice cotonneux, campanule, à cinq dents. — Corolle à lèvre sup^
rieure nulle, à lèvre inférieure grande, dressée, à trois lobes terminaux et deux nen
pointues à sa base. — Quatre étamines remplaçant la lèvre supérieure. — Stylé
stigmate bifide. — [Ovaire, à quatre carpelles soudés ; le fruit est un tétrakène, accom-
pagné du calice persistant.]

Parties usitées. — Les feuilles.

[483]

GERMANDRÉE MARITIME. 483

[Culture-.---Il faut cultiver le marum en pot suspendu, sous grillage, ou sous une
cage de fer; on le multiplie de graines et de boutures.]

Récolte. — On le recueille pendant tout l'été. La dessiccation ne lui fait rien
perdre de ses qualités. Il faut continuer de le préserver des atteintes des chats.

Propriétés physlqwes et chimiques. — Le marum a une odeur forte,
pénétrante, balsamique, sjtemutatoire, une saveur chaude, aromatique et très-amère,
Ses propriétés résident principalement dans son huile volatile, qui est très-âcre, et dont
l'odeur se rapproche de celle du camphre. On trouve une analyse du marum par Bley (1)
que nous nous dispenserons de rapporter en détail, à cause de sa longueur et de son peu
d'Utilité; il y a, outre l'huile volatile, du tannin, de l'acide gallique, de l'extractif, de
l'albumine, du phosphate de chaux, du gluten, etc. L'eau, le vin et l'alcool s'emparent
de ses principes actifs..

■ ... . PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'fflTÉniEOR. — Infusion, 8 à 30 gr. par

kilogramme d'eau.
Poudre, de 2 à 3 gr., en électuaire, pilules,

;0U dans, du vin.

Extrait, de 1 à 2 gr., en pilules ou dans du
vin.

La germandrée maritime, d'une odeur pénétrante, camphrée, slernuta-
toire,. d'une saveur chaude, amère et acre, est tonique et excitante. Elle
exerce sur le système nerveux une action qui la rend efficace dans toutes
les maladies qui ont pour caractère essentiel un état de débilité, d'atonie.
Elle convient conséquemment dans la paralysie, la. chlorose, l'hydro-,
friorax, l'asthme humide, le catarrhe pulmonaire chronique, le scorbut,
l'aménorrhée par atonie, l'hypochondrie, etc. Wedelius donne à cette plante
la ; qjialîti cation de polychreste ; Cartheuser et Linnée la rangent parmi les
plus précieux médicaments, en proclament les nombreuses et éminentes
vertus.

Bod'art, dont les recherches thérapeutiques ont toujours eu pour but de
détruire le préjugé qui nous fait préférer les plantes exotiques aus plantes
indigènes ayant les mêmes propriétés, parle ainsi des vertus de cette
plante : « Elle mérite le premier rang parmi les cordiaux. Son parfum
suave et doux la rend supportable à presque toutes les constitutions-; on
peut, donc la considérer comme un médicament nervin, diaphorétique,
diurétique, emménagogue, selon les organes atteints plus particulièrement
de la faiblesse à laquelle il remédie. Succédané du camphre, dont Irecèle
une grande quantité, il s'oppose à la putridité, augmente la. sécrétion de la
bile,.favorise les fonctions digestives, ranime l'appétit, et remédie à la len-
teur du système circulatoire. »>

fQas a: attribué au marum la propriété, de guérir les polypes du nez et de
s'opposer à leur reproduction. Eh 1822, Hufeland a annoncé cette propriété
dans son journal. Mayer d'Arbon (2) a préconisé l'emploi de cette plante,
prise par le nez comme le tabac, contre un polype de cette partie ; il en fit
iàreusage après son extraction; il ne repullula point, et l'odorat, qui était
perdu, revint^ Cet auteur cite aussi un cas de guérison de polype nasal par
le même, moyen (3). Il est probable que ces polypes étaient muqueus. La
propriété d'empêcher la reproduction de cette maladie doit surtout fixer
lattention des praticiens. .

.Gomme le marum ne croît ni dans le centre ni dans lé nord de la France,
et^Uiohle trouve rarement dans les officines, on peut lui substituer, clans

WPart.fe cas, la petite sauge, le romarin ou la menthe poivrée.

(Nous signalerons les diverses espèces du genre teucrium, que l'on peut

: | f ullpln d<% sciences médicales,, t. XII, p. 256.

wnaonmed. andphys. Jnurn.,janvier 1834.
(3) Nouvelle bibliothèque médicale, t. II, p. 450.
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hSll GERMANDRÉE MARITIME.

substituer les unes aux autres, dans la plupart des maladies où l'emploi en
est indiqué.)

GERMANDRÉE-IVETTE, PETITE IVETTE, IVETTE COMMUNE. — Teucrim
chameepitis, L. — Chama>pitis lutea vulgaris, sive folio trifido, C. B. — Cha-
maipitis vulgaris odorata flore luteo, J.-B. — Ajuga chameepitis, Schred. -
Iva arthritica, OIT. — Plante annuelle qui croît dans les terrains incultes,
arides, sablonneux.

Description. — Tige droite ou couchée, suivant les lieux où elle croît, télra-

gone, velue sur deux de ses faces, qui alternent à chaque articulation. — Feuilles
opposées alternativement en croix, les inférieures très-allongées, les supérieures Irès-
rapprochées, toutes velues, divisées en trois lobes étroits. — Fleurs jaunes, petites,
axillairjs-verticillées (mai-juillet-août). — Calice anguleux, à cinq dents aiguës, -
Corolle unilabiée à tube très-court. — Quatre étamines didynames saillantes. - Un
style à stigmate bifide.

IVEÏTE MUSQUÉE, Teucrium iva. L., qui croît dans le midi de la
France, diffère de la précédente par ses feuilles ovales, dentées, plus velues;
par ses fleurs roses, son odeur plus aromatique, etc.

GERMANDRÉE BOTRYS, GERMANDRÉE FEMELLE, Teucrium botrys,l.-
Croît dans toute la France. Elle se plaît dans les lieux arides et pierreux,
les bois, les jachères; elle est assez abondante aux environsde Paris.

Description.— Tige herbacée, droite, de 20 à 28 centimètres, tétragone, pubes-
cente, très-rameuse.-— Feuilles pétiolées, pinnatifides, pubescentes, verdàtres, à lobes
peu nombreux, découpés ou trifides. — Fleurs purpurines en grappes, courtement pé-
donculées, trois ou quatre dans chaque aisselle (juin-juillet). — Calice devenant tics-
grand et fortement ventru à la maturité des fruits.

Il ne faut pas confondre ce végétal avec lebotrys (Ghenopodimn 6otrys,L.)
dont nous avons parlé (p. 202).

GERMANDRÉE SAUGE DES BOIS, L., GERMANDRÉE SAUVAGE, BAUME
SAUVAGE, SAUGE DES BOIS, FAUX - SCORDIUM. — Teucrium scorodonia, L.-
Scordium alterum sive salvia agrestis. C. B. — Chamoedrys fructicosa sylvesiris,
melissce folio, Tourn. — Plante vivace qui croît dans les bois montagneux,
les lieux incultes. On la trouve fréquemment sur les coteaux boisés des
environs de Paris.

Description.— Tiges droites, rapprochées, herbacées, pubescentes, fermes,
dures, rameuses en haut. — Feuilles assez grandes, opposées, obiongues-cordiformes,
ridées, légèrement velues, blanchâtres en dessous, dentées. — Fleurs d'un jaune paie,
nombreuses, solitaires à l'aisselle des bractées, disposées en grappes lâches, unilatérales
et terminales (juillet-septembre). — Etamines purpurines remplaçant la lèvre supé-
rieure de la corolle.

Sa saveur est amère, un peu aromatique; son odeur est celle de l'ail. Les -vaches, lis
chèvres, les brebis qui broutent cette plante donnent un lait d'un goût alliacé.

Les propriétés de la sauge des bois se rapprochent beaucoup de celles du
scordium, auquel on pourrait la substituer. Cependant on l'a prescrite
comme antivénérienne : in lue venerea militer exhibitur, dit Ray, qui 'a
regarde aussi comme antihydropique. Elle est mise en usage dans nos cam-
pagnes contre Fanasarque; on la fait infuser dans le vin blanc (30 gr.
par kilogr.), et l'on donne un verre de ce vin trois ou quatre fois par jour.
Ce remède convient, en effet, dans les cachexies, l'oedème et Fanasarque qui
suivent ou accompagnent les fièvres intermittentes, le scorbut et auto
affections qu'une atonie manifeste caractérise. C'est peut-être parce qu'elle
à pu réussir dans certaines dyscrasies syphilitico-mercurielles qu'on l'a con-
sidérée comme antivénérienne. L'examen de ses effets, sous ce rapport, n es
point à dédaigner.
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GESSE. -48C

GERMANDRÉE DE MONTAGNE. Teucrium montanum, L. — Polium lavan-
duh folio, C. Bauh., Tourn. — Croît en touffes dans les pâturages secs et
sur les pelouses. Elle est assez répandue dans les Pyrénées, dans l'Anjou, à
Fontainebleau, à Saint-Germain, aux environs d'Orléans, sur les collines
sèches et pierreuses de la Picardie, etc.

Deseriptio». — Tiges grêles, semi-ligneuses, rameuses, couchées sur la terre,
longues de 12 à 15 centimètres. — Feuilles opposées, oblongues-lancéolées, un peu
obtuses ou linéaires, vertes en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, à bords
roulés comme celles du romarin. — Fleurs d'un blanc jaunâtre, groupées et un peu
serrées en têtes, aplaties à l'extrémité des tiges et des rameaux (juin-juillet.)

GERMANDRÉE POLIUM. Teucrium polium, L. — Croît sur les montagnes
et dans les lieux maritimes du midi de la France (Perpignan, Coret, Arles,
Toulouse, etc.).

Description. — Tiges semi-ligneuses, cylindriques, rameuses, blanchâtres,
cotonneuses, ordinairement un peu couchées à leur base. — Feuilles opposées, sessiles,
oblongues, un peu obtuses, d'un vert blanchâtre et cotonneuses, surtout à leur revers.
— Fleurs petites, blanches ou d'une couleur purpurine, réunies ù l'extrémité des ra-
meaux en têtes arrondies ou ovales (juin-septembre). — Calice recouvert d'un duvet
blanchâtre.

GERMANDRÉE A FLEURS EN TÊTE. Teucrium capitatum, L. — Polium
mttritimum erectum Monspeliacum, C. B. — Habite les rochers dans les dé-
partements méridionaux de la France. On la trouve à Collioure, Bagnols. —
Elle a beaucoup de ressemblance avec la germandrée polium; mais elle en
diffère par sa tige plus élevée, toujours droite et nullement couchée à sa
base.


[[Catégorie:Cazin 1868]]
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